En Grèce, l'enjeu «majeur» de la protection des données personnelles avant les européennes

Le président de l'Autorité hellénique de protection des données (HDPA), Konstantinos Menoudakos, s'exprime lors d'un entretien avec l'AFP dans son bureau à Athènes, en Grèce, le 29 mars 2024. (AFP)
Le président de l'Autorité hellénique de protection des données (HDPA), Konstantinos Menoudakos, s'exprime lors d'un entretien avec l'AFP dans son bureau à Athènes, en Grèce, le 29 mars 2024. (AFP)
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Publié le Vendredi 05 avril 2024

En Grèce, l'enjeu «majeur» de la protection des données personnelles avant les européennes

  • Des centaines de Grecs résidant en majorité dans d'autres pays européens se sont plaint d'avoir reçu par courriel de la communication politique d'une eurodéputée, alors candidate pour le scrutin de juin
  • Les électeurs concernés reprochent à l'élue européenne d'avoir utilisé «leurs données personnelles sans leur consentement»

ATHENES: A deux mois des élections européennes, la fuite récente de fichiers d'électeurs en Grèce a ravivé le débat sur les failles de la protection des données personnelles dans le pays, un sujet "majeur" selon des experts.

Le scandale a éclaté début mars. Des centaines de Grecs résidant en majorité dans d'autres pays européens ainsi qu'aux Etats-Unis se sont plaint d'avoir reçu par courriel de la communication politique de l'eurodéputée Anna-Michelle Assimakopoulou, alors candidate pour le scrutin de juin sur la liste de la Nouvelle-Démocratie (ND), le parti conservateur au pouvoir.

Les électeurs concernés reprochent à l'élue européenne d'avoir utilisé "leurs données personnelles sans leur consentement" et accusent le ministère grec de l'Intérieur de lui avoir fourni leurs coordonnées, explique Vassilis Sotiropoulos, avocat de certains d'entre eux.

"Des actions seront intentées contre l'Etat grec pour réclamer des dommages et intérêts", a-t-il affirmé à l'AFP.

L'Autorité indépendante des données personnelles (HDPA) a lancé une enquête et une investigation judiciaire est menée par le parquet d'Athènes.

Le Premier ministre, Kyriakos Mitsotakis, a récemment souligné la nécessité d'éclaircir l'affaire assurant que son parti, accusé d'avoir transmis ces données via le ministère de l'Intérieur, "effectue sa propre enquête".

Le président de la HDPA, Konstantinos Menoudakos, souligne que "pendant les périodes électorales, les abus de la communication politique et la violation du règlement général sur la protection des données personnelles (RGDP) sont courants" en Grèce.

Mais d'ordinaire cette violation "n'est pas d'une telle ampleur", estime-t-il.

Les courriels "de milliers de personnes" ont été utilisés sans leur accord, souligne cet ancien président du Conseil d'Etat, à la tête de l'Autorité depuis plus de six ans, dans un entretien à l'AFP.

«Questions de démocratie»

L'affaire intervient alors que pour la première fois en Grèce le vote par correspondance sera autorisé, ce qui a donné lieu à une vaste campagne du gouvernement ciblant l'importante diaspora grecque dans le monde.

Il s'agit du "second cas majeur" de violation des données en deux ans, souligne M. Menoudakos pour qui le respect des règles de protection des données "est essentiel pour l'État de droit".

"Toute violation soulève d'importantes questions de démocratie", poursuit-il.

La Grèce a été ébranlée en 2022 par un retentissant scandale d'écoutes illégales de dizaines d'hommes politiques et journalistes par le logiciel espion Predator, qui a éclaboussé le gouvernement de Kyriakos Mitsotakis.

La fuite des courriels d'électeurs a provoqué un tollé au point que l'eurodéputée sortante a retiré sa candidature et deux hauts responsables du ministère de l'Intérieur ont démissionné.

Médias et ONG de défense des droits continuent d'interpeller le gouvernement à propos de l'affaire.

"Nous n'avons rien de plus (...) les responsabilités ont été assumées, il y a eu des démissions, l'enquête est en cours", a encore assuré lundi le porte-parole du gouvernement, Pavlos Marinakis.

Pour Eleftherios Chelioudakis, co-fondateur de Homo digitalis, ONG de protection des droits numériques, "l'ampleur de l'affaire a encore plus sensibilisé l'opinion publique" sur la protection des données.

Sous-financement 

Par ailleurs, une amende de 175.000 euros vient d'être infligée au ministère des Migrations pour des violations du système numérique de sécurité électronique, installé il y a deux ans dans les centres d'accueil de migrants sur des îles de la mer Egée.

De "graves lacunes" dans le respect des règles de protection des données par le ministère ont en effet été constatées, mais leur nature n'a pas été précisée par l'organisme de contrôle.

Durant le confinement lié à la pandémie du Covid-19, le ministère de l'Education avait également été sanctionné pour des violations dans l'enseignement à distance.

Des grandes entreprises privées ont aussi été épinglées: les groupes télécoms OTE et Cosmote ainsi que la Banque du Pirée s'étaient vu infliger des amendes de 9 millions d'euros et de 200.000 euros en 2022 et 2023 respectivement.

Pourtant, l'Autorité de protection des données a connu "une baisse de 15% de son budget entre 2020 et 2024", à l'inverse d'autres pays où les fonds ont augmenté, déplore son président, qui regrette aussi un "important manque d'effectifs" limitant les contrôles.


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.