Les négociateurs attendus au Caire sur fond de tollé suscité par la mort de travailleurs humanitaires

Un bombardement israélien dévastateur de Gaza a réduit une grande partie de l'enclave en ruines. (AP)
Un bombardement israélien dévastateur de Gaza a réduit une grande partie de l'enclave en ruines. (AP)
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Publié le Dimanche 07 avril 2024

Les négociateurs attendus au Caire sur fond de tollé suscité par la mort de travailleurs humanitaires

  • Selon des médias américains, le chef de la CIA, Bill Burns, est ce week-end au Caire pour rencontrer le chef du Mossad israélien, David Barnea, ainsi que des responsables égyptiens et qataris
  • «Le Royaume-Uni tout entier est choqué par le bain de sang et consterné par le meurtre de braves héros britanniques qui apportaient de la nourriture à ceux qui en avaient besoin», a déploré samedi le Premier ministre britannique Rishi Sunak

TERRITOIRES PALESTINIENS : La guerre dévastatrice dans la bande de Gaza entre dimanche dans son septième mois, le jour où les négociateurs des Etats-Unis, d'Egypte, du Qatar, d'Israël et du Hamas se retrouvent au Caire pour une énième tentative de parvenir à une trêve associée à une libération d'otages.

Déclenchée le 7 octobre par une attaque sanglante sans précédent du Hamas en Israël, l'offensive israélienne ne connaît aucun répit. Elle a fait 33.137 morts, pour la plupart des civils, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste palestinien, et provoqué un désastre humanitaire avec la majorité des 2,4 millions d'habitants menacés de famine, d'après l'ONU.

Selon des médias américains, le chef de la CIA, Bill Burns, est ce week-end au Caire pour rencontrer le chef du Mossad israélien, David Barnea, ainsi que des responsables égyptiens et qataris. La Maison Blanche a confirmé des pourparlers.

Des délégations israélienne et du Hamas se rendront dimanche dans la capitale égyptienne, aux côtés de M. Burns et du ministre qatari des Affaires étrangères, a indiqué samedi le média égyptien progouvernemental Al-Qahera News.

Le président américain Joe Biden a appelé le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu «à conclure un accord sur les otages» enlevés pendant l'attaque du Hamas. Il a aussi demandé au Qatar et à l'Egypte, les médiateurs avec les Etats-Unis, «d'obtenir du Hamas qu'il s'engage à accepter un accord», selon un haut responsable américain sous couvert d'anonymat.

Le Hamas, qui a confirmé le départ de sa délégation au Caire dimanche, a affirmé samedi qu'il ne renoncerait pas à ses exigences pour une trêve, dont «un cessez-le-feu complet», un retrait israélien de Gaza, un retour des déplacés, et un «sérieux» accord d'échange d'otages et de prisonniers palestiniens détenus par Israël.

Après une trêve d'une semaine fin novembre qui a permis la libération d'une centaine d'otages en échange de détenus palestiniens, plusieurs séries de négociations indirectes entre les protagonistes, via les médiateurs, ont eu lieu pour un nouveau cessez-le-feu. En vain.

Israël et le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, se renvoient la responsabilité du blocage.

Le gouvernement israélien se dit déterminé à poursuivre la guerre jusqu'à «l'élimination du Hamas», considéré comme une organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël notamment.

Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza ont mené une attaque dans le sud d'Israël qui a entraîné la mort de 1.170 personnes en Israël, en majorité des civils tués le jour même, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.

Plus de 250 personnes ont été enlevées pendant l'attaque et emmenées à Gaza où 129 sont toujours détenues, parmi lesquelles 34 sont mortes, selon des responsables israéliens.

- «Six mois en enfer» -

Le Premier ministre fait face à des pressions accrues en Israël. Samedi soir, une large mobilisation anti-Netanyahu a eu lieu à Tel-Aviv et dans d'autres localités israéliennes pour réclamer sa démission, des élections législatives anticipées et un accord sur les otages, se trouvant depuis «six mois en enfer», pouvait-on lire sur une pancarte.

Le président israélien, Issac Herzog, a déclaré samedi que l'armée se battait, dans une «guerre «difficile», pour ramener tous les otages. Il a ajouté qu'une commémoration pour les six mois de l'attaque du Hamas aurait lieu dimanche à 06H29 locales (03H29 GMT).

En outre, le chef de l'opposition israélienne, Yaïr Lapid, est parti samedi pour Washington où il va rencontrer de hauts dirigeants américains, sur fond de tensions au sujet de la conduite de la guerre par M. Netanyahu.

L'armée israélienne a annoncé dimanche la mort de quatre soldats dans la bande Gaza, portant à 604 le nombre de militaires israéliens tués dans le territoire palestinien depuis le 7 octobre.

- «Tout a été détruit» -

En représailles à l'attaque du Hamas, l'armée israélienne a lancé une campagne de bombardements aériens intenses sur la bande de Gaza, suivie d'une offensive terrestre qui lui a permis de progresser dans le territoire dévasté qu'elle assiège depuis le 9 octobre.

A Rafah (sud), s'entassent près de 1,5 million de Palestiniens, en majorité des déplacés, qui craignent, en plus des bombardements, une offensive terrestre voulue par M. Netanyahu pour qui cette ville est le «dernier grand bastion du Hamas». Une offensive à laquelle s'oppose son allié américain.

«Tout a été détruit», se lamente Siham Achour, 50 ans, qui a trouvé refuge dans une tente de Rafah après avoir fui Khan Younès.

Le gouvernement Netanyahu subit de fortes pressions internationales pour laisser entrer davantage d'aide à Gaza, surtout après la mort lundi d'humanitaires de World Center Kitchen (WCK) --un Palestinien, trois Britanniques, une Australienne, un Polonais et un Américano-Canadien --, tués par un drone israélien.

- «Guerre contre l'humanité» -

«Le Royaume-Uni tout entier est choqué par le bain de sang et consterné par le meurtre de braves héros britanniques qui apportaient de la nourriture à ceux qui en avaient besoin», a déploré samedi le Premier ministre britannique Rishi Sunak. «Cette terrible guerre doit cesser. Les otages doivent être libérés. L'aide (...) doit affluer», a-t-il ajouté.

«Cela fait six mois que (l'armée israélienne) vise tout ce qui a l'air de bouger. Cela ne ressemble pas à une guerre contre la terreur, cela ne ressemble plus à une guerre pour défendre Israël. A ce stade, cela ressemble vraiment à une guerre contre l'humanité en soi», a déclaré sur la chaîne ABC le fondateur de WCK, le chef américano-espagnol José Andrés.

Le gouvernement australien a annoncé la nomination d'un conseiller spécial pour collaborer avec l'enquête israélienne sur ce drame.

Contrôlée strictement par Israël, l'aide, venant principalement d'Egypte, entre au compte-gouttes via le passage de Kerem Shalom entre le territoire israélien et le sud de Gaza.

Vendredi, Israël a annoncé prévoir l'ouverture «temporaire» d'autres points de passage pour acheminer l'aide, ainsi qu'une «augmentation de l'aide par Kerem Shalom».

Des mesures jugées «insuffisantes» par l'ONU.

La guerre a des répercussions à la frontière entre le Liban et Israël, où l'armée israélienne échange quotidiennement des tirs avec le Hezbollah libanais.

Dimanche, l'armée israélienne a confirmé avoir mené des frappes dans l'est du Liban, visant des sites du Hezbollah en riposte à la destruction d'un de ses drones par ce mouvement samedi au-dessus du Liban. La Défense civile libanaise n'a pas fait état de victimes.


Gaza: la Défense civile annonce au moins 20 morts dont des enfants dans deux frappes aériennes à Khan Younès

Une première frappe a visé une maison familiale du quartier d'al-Manara, dans le sud-est de la ville, faisant 14 morts dont neuf enfants de moins de seize ans, selon le porte-parole de l'organisme, Mahmoud Bassal. (AFP)
Une première frappe a visé une maison familiale du quartier d'al-Manara, dans le sud-est de la ville, faisant 14 morts dont neuf enfants de moins de seize ans, selon le porte-parole de l'organisme, Mahmoud Bassal. (AFP)
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  • L'armée israélienne poursuit ses opérations dans la bande de Gaza et a lancé une nouvelle offensive dans le nord du territoire où, selon elle, les combattants du Hamas se regroupent
  • Selon la Défense civile, plus de 770 personnes sont mortes dans le nord depuis le début de cette offensive le 6 octobre

TERRITOIRES PALESTINIENS: Au moins 20 personnes, dont des enfants, ont été tuées dans deux frappes aériennes israéliennes nocturnes sur Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, a annoncé vendredi la Défense civile du territoire palestinien.

Une première frappe a visé une maison familiale du quartier d'al-Manara, dans le sud-est de la ville, faisant 14 morts dont neuf enfants de moins de seize ans, selon le porte-parole de l'organisme, Mahmoud Bassal.

Une autre a visé une seconde maison à proximité, tuant six personnes, a-t-il précisé.

Les victimes ont été transportées à l'hôpital européen de la ville, où les corps de plusieurs enfants ont été enveloppés d'un linceul par leurs proches, selon des photographes de l'AFP.

L'armée israélienne a seulement indiqué dans un communiqué avoir "éliminé plusieurs terroristes depuis les airs et le sol et démantelé de nombreuses infrastructures terroristes".

L'armée israélienne poursuit ses opérations dans la bande de Gaza et a lancé une nouvelle offensive dans le nord du territoire où, selon elle, les combattants du Hamas se regroupent.

Selon la Défense civile, plus de 770 personnes sont mortes dans le nord depuis le début de cette offensive le 6 octobre.

La guerre a Gaza a été déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien sur le sud d'Israël le 7 octobre 2023.

L'attaque a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles israéliennes, incluant les otages tués ou morts en captivité.

Sur les 251 personnes alors enlevées, 97 restent otages à Gaza, dont 34 ont été déclarées mortes par l'armée.

En représailles, Israël a juré d'anéantir le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, et lancé une offensive dans laquelle au moins 42.847 Palestiniens ont été tués, majoritairement des civils, d'après les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.


Trois journalistes tués au Liban, qui dénonce un «crime de guerre » israélien

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BEYROUTH: Trois journalistes ont été tués dans une frappe israélienne vendredi au Liban, le gouvernement dénonçant un "crime de guerre" au moment où Israël intensifie ses bombardements contre le Hezbollah tout en menant une offensive terrestre dans le sud du pays.

L'armée israélienne poursuit parallèlement son offensive dans la bande de Gaza contre le mouvement islamiste palestinien Hamas, allié du Hezbollah et lui aussi soutenu par l'Iran, où des frappes aériennes ont fait au moins vingt morts, selon la Défense civile.

Au Liban, la chaîne pro-iranienne Al Mayadeen a annoncé la mort d'un cameraman, Ghassan Najjar, et d'un ingénieur de radiodiffusion, Mohammad Reda, dans une frappe qu'elle a qualifiée de "délibérée contre une résidence de journalistes".

 


Blinken estime « vraiment urgent » de parvenir à une «solution diplomatique » au Liban

"Nous voulons nous assurer que, dans des endroits comme Beyrouth, il y a un réel effort pour s'assurer que les gens sont sains et saufs et que les civils ne sont pas pris dans ces tirs croisés", a dit M. Blinken. (AFP)
"Nous voulons nous assurer que, dans des endroits comme Beyrouth, il y a un réel effort pour s'assurer que les gens sont sains et saufs et que les civils ne sont pas pris dans ces tirs croisés", a dit M. Blinken. (AFP)
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  • "Nous avons le sentiment qu'il est vraiment urgent de parvenir à une solution diplomatique et à la mise en œuvre intégrale de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies, afin qu'il puisse y avoir une véritable sécurité le long de la front
  • M. Blinken a déclaré qu'il était essentiel d'"obtenir les ententes nécessaires à la mise en œuvre complète" de cette résolution

LONDRES: Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a estimé vendredi à Londres qu'il était "vraiment urgent" de parvenir à une "solution diplomatique" au Liban.

"Nous avons le sentiment qu'il est vraiment urgent de parvenir à une solution diplomatique et à la mise en œuvre intégrale de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies, afin qu'il puisse y avoir une véritable sécurité le long de la frontière entre Israël et le Liban", a déclaré M. Blinken après avoir rencontré le Premier ministre libanais Najib Mikati dans la capitale britannique.

La résolution 1701 adoptée en 2006 a mis fin à une guerre précédente entre le Hezbollah et Israël. Elle prévoit la cessation des hostilités entre les deux parties et stipule que seuls l'armée libanaise et les Casques bleus doivent être déployés dans le sud du Liban, frontalier d'Israël.

M. Blinken a déclaré qu'il était essentiel d'"obtenir les ententes nécessaires à la mise en œuvre complète" de cette résolution.

Il a également plaidé en faveur de la protection des civils, sans appeler à un cessez-le-feu.

"Nous voulons nous assurer que, dans des endroits comme Beyrouth, il y a un réel effort pour s'assurer que les gens sont sains et saufs et que les civils ne sont pas pris dans ces tirs croisés", a-t-il ajouté.

M. Mikati n'a fait aucune remarque à la presse à l'occasion de sa rencontre avec M. Blinken.

La veille, au cours de la conférence sur le Liban à Paris, il avait déclaré que seuls l'État et l'armée libanaise devraient porter des armes.

Le ministre jordanien des Affaires étrangères, Ayman Safadi, qui s'est entretenu séparément avec M. Blinken à Londres, a déclaré que le gouvernement libanais avait clairement fait savoir qu'il mettrait en œuvre la résolution 1701. "L'agression contre le Liban doit immédiatement cesser. Rien ne justifie sa poursuite", a dit M. Safadi.

Au moins 1.552 personnes ont été tuées au Liban depuis le début de la campagne de frappes aériennes israéliennes le 23 septembre, d'après un comptage de l'AFP reposant sur des données officielles.