Un an avant l'Expo universelle d'Osaka, promesses et controverses au Japon

Selon un récent sondage de l'agence de presse japonaise Kyodo, 82% des entreprises et organisations nippones impliquées dans l'événement s'inquiètent du manque d'enthousiasme du public pour l'heure. (AFP).
Selon un récent sondage de l'agence de presse japonaise Kyodo, 82% des entreprises et organisations nippones impliquées dans l'événement s'inquiètent du manque d'enthousiasme du public pour l'heure. (AFP).
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Publié le Jeudi 11 avril 2024

Un an avant l'Expo universelle d'Osaka, promesses et controverses au Japon

  • Les pavillons des 161 pays et territoires participants seront bâtis à l'intérieur de ce cercle grandiose pour symboliser "un monde uni", vante Sachiko Yoshimura, responsable de la communication de l'Expo 2025
  • Mais cette vision idéale se heurte à la réalité des conflits et tensions dans le monde, de l'Ukraine à Gaza. La Russie a décidé de ne pas participer à l'Expo

OSAKA: Délicatement, une grue hisse un imposant élément de charpente jusqu'au "grand toit", la structure phare de l'Exposition universelle d'Osaka (ouest du Japon) prévue dans un an, mais qui est actuellement plombée par diverses polémiques et difficultés.

Imaginé par Sou Fujimoto, l'une des stars de l'architecture japonaise contemporaine, cet anneau d'environ 2 km de circonférence et 20 mètres de hauteur sera l'une des plus grandes structures en bois jamais construites au monde.

Les pavillons des 161 pays et territoires participants seront bâtis à l'intérieur de ce cercle grandiose pour symboliser "un monde uni", vante Sachiko Yoshimura, responsable de la communication de l'Expo 2025 interrogée par l'AFP sur le chantier.

Mais cette vision idéale se heurte à la réalité des conflits et tensions dans le monde, de l'Ukraine à Gaza. La Russie a décidé de ne pas participer à l'Expo. Et au Japon, l'événement est loin de faire l'unanimité pour l'instant.

Selon un récent sondage de l'agence de presse japonaise Kyodo, 82% des entreprises et organisations nippones impliquées dans l'événement s'inquiètent du manque d'enthousiasme du public pour l'heure.

« Des difficultés »

Les médias locaux soulignent depuis des mois l'explosion de ses coûts de construction, à cause de la flambée des prix et de la pénurie de main-d'oeuvre au Japon.

Le budget du chantier pour le pays organisateur, financé aux deux tiers par la ville d'Osaka, son département et l'Etat, a été réévalué à 235 milliards de yens (1,4 milliard d'euros), un bond de 27% par rapport à la précédente estimation en 2020.

Le "grand toit", sur lequel les visiteurs pourront déambuler et sous lequel ils pourront s'abriter de la pluie ou du soleil, doit coûter à lui seul 35 milliards de yens (plus de 210 millions d'euros).

Ce qui lui a valu d'être surnommé l'an dernier "le parasol le plus cher au monde" par Kenta Izumi, le leader du principal parti d'opposition au Japon.

La facture de l'Expo paraît d'autant plus salée que ses structures sont censées être temporaires: après les six mois de l'événement (13 avril-13 octobre 2025), la ville souhaite récupérer le site, l'île artificielle de Yumeshima dans la baie d'Osaka, projetant d'y construire à terme un complexe touristique avec un casino.

L'Expo a aussi été accusée par certains détracteurs d'accaparer les efforts du Japon, à un moment où le gouvernement devrait selon eux se concentrer sur la reconstruction des zones dévastées par le séisme du 1er janvier dans le centre du pays. Environ 6.300 personnes y vivent encore dans des centres d'évacuation ou des hôtels.

Le gouvernement nippon a cependant exclu d'annuler ou de reporter l'événement.

"La plupart des constructions sont dans les temps", selon Mme Yoshimura.

Jun Takashina, secrétaire général adjoint de l'Expo 2025, admet "des difficultés" pour certains pays étrangers construisant eux-mêmes leurs pavillons, confrontés eux aussi à la flambée des coûts et devant s'adapter aux strictes normes de construction japonaises.

"Nous veillerons à ce que tous les pavillons soient prêts à l'ouverture", promet-il, notant que les cérémonies du "premier coup de pelle" se multiplient ces temps-ci. Celle du pavillon français, dont le thème sera "Un hymne à l'amour", est prévue le 23 avril.

Taxis volants et mascotte bizarroïde

Des voitures électriques volantes à décollage vertical (e-VTOL) sont l'une des attractions les plus attendues à cette Expo axée sur le développement durable, et dont le thème principal s'intitule "Concevoir le futur, imaginer notre vie de demain".

Mais l'usage de ces aéronefs expérimentaux, qui font face à des obstacles réglementaires, s'annonce limité.

Les organisateurs tablent sur 28,2 millions de visiteurs (dont 3,5 millions de l'étranger), soit 4 millions de plus qu'à l'Expo 2020 de Dubaï. Plus de 1,2 million de billets ont déjà été vendus.

La promotion de l'Expo est déjà intense à Osaka, où sa mascotte officielle "Myaku-Myaku", étrange créature extraterrestre rouge et bleue aux cinq yeux éparpillés, est omniprésente.

"Ce sera une bonne opportunité pour doper Osaka, comme beaucoup de gens devraient venir de l'étranger, ça va renforcer l'économie", déclare à l'AFP Kosuke Ito, un médecin de 36 ans.

Yuka Nakamura, une vendeuse de 26 ans, est du même avis. Mais elle n'est pas encore certaine d'aller à l'Expo, s'inquiétant des "prix élevés" des billets (de 4.000 à 7.500 yens par adulte pour une journée, soit de 24 à 45 euros).


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
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  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.