Comment l'Arabie saoudite favorise-t-elle des régimes alimentaires sains et durables grâce à des alternatives à base de plantes ?

Dans une société où la consommation de la viande est prédominante, il est difficile d'imaginer les Saoudiens se tourner vers des alternatives à base de plantes. Cependant, à mesure que le monde se rapproche du réchauffement climatique, des entreprises du monde entier, telles que Ayla's Choice, basée en Arabie saoudite, doivent repousser les limites de l'imagination. (Photo fournie)
Dans une société où la consommation de la viande est prédominante, il est difficile d'imaginer les Saoudiens se tourner vers des alternatives à base de plantes. Cependant, à mesure que le monde se rapproche du réchauffement climatique, des entreprises du monde entier, telles que Ayla's Choice, basée en Arabie saoudite, doivent repousser les limites de l'imagination. (Photo fournie)
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Publié le Samedi 13 avril 2024

Comment l'Arabie saoudite favorise-t-elle des régimes alimentaires sains et durables grâce à des alternatives à base de plantes ?

  • De nouvelles technologies agricoles moins gourmandes en eau et à faible émission de CO2 gagnent du terrain en Arabie saoudite
  • Le gouvernement a conclu des accords avec plusieurs entreprises privées spécialisées dans les technologies agricoles pour développer des substituts à la viande et aux produits laitiers

RIYAD : Il y a peu, l'idée de déguster un nigiri végétalien au thon ou un shawarma sans viande en Arabie saoudite semblait inconcevable. Mais grâce aux récents investissements dans l'agritech, ces alternatives à base de plantes sont désormais bien présentes dans les menus.

Face à la montée en puissance de l'alimentation sans viande en réponse aux préoccupations croissantes pour l'environnement et la santé, les secteurs public et privé du Royaume conjuguent leurs efforts pour produire des denrées alimentaires de manière plus durable.

« La transition vers les produits à base de plantes est essentielle pour promouvoir la durabilité environnementale », a déclaré Faisal al-Sughayer, cofondateur et directeur général de la marque saoudienne Ayla's Choice, spécialisée dans les produits à base de plantes, à Arab News.

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Faisal Alsughayer, cofondateur et directeur général d'Ayla's Choice, affirme que l'objectif de l'entreprise est de proposer aux consommateurs des alternatives saines aux produits d'origine animale. (Photo fournie)

« Notre engagement dans le domaine agricole vise à préserver les ressources, à améliorer la santé humaine, à garantir la sécurité alimentaire, et à créer des opportunités économiques, tout en renforçant la résilience climatique.

En faisant des choix conscients pour intégrer davantage d'options à base de plantes dans notre alimentation et notre mode de vie, nous pouvons contribuer à un changement positif et créer une société plus saine et plus durable. »

Depuis le lancement de l'Initiative verte saoudienne en mars 2021, le Royaume a connu des changements significatifs grâce à son engagement à renforcer la sécurité alimentaire, à promouvoir une agriculture durable et à s'adapter aux tendances alimentaires émergentes.

Conscients des vulnérabilités de la chaîne d'approvisionnement mondiale, les investissements du Royaume dans l'innovation et la diversification de l'industrie alimentaire visent également à atteindre un certain degré d'autosuffisance pour répondre aux besoins alimentaires de la population.

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L'année dernière, l'un des projets gigantesques les plus attendus de l'Arabie saoudite, NEOM, a annoncé sa collaboration avec une entreprise néerlandaise spécialisée dans les serres pour créer une oasis horticole aux abords de la cité urbaine. (Photo fournie)

Ces avancées sont en partie dues à des initiatives gouvernementales, aux progrès technologiques et aux évolutions des préférences des consommateurs.

Il y a environ un an, le ministère de l'Environnement, de l'Eau et de l'Agriculture saoudien a conclu des accords avec le Conseil des sociétés coopératives, la Société de gestion des serres saoudiennes et de commercialisation agricole, ainsi qu'Ayla's Choice pour développer des produits alimentaires à base de plantes.

Grâce à ces partenariats, le ministère vise à promouvoir une alimentation saine, à fournir des alternatives végétaliennes et végétariennes de haute qualité fabriquées localement, et à utiliser des technologies avancées pour produire des substituts à la viande et aux produits laitiers.

Ces accords contribueront également à moderniser les systèmes agricoles et de commercialisation, à renforcer la sécurité alimentaire, à favoriser la durabilité environnementale et à soutenir le développement global du secteur agricole du Royaume.

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Ayla's Choice se passionne pour la création de produits locaux durables à base de plantes. (Photo fournie)

Selon Al-Sughayer, Ayla's Choice a été la première entreprise en Arabie saoudite à obtenir une licence du  ministère de l'Environnement, de l'Eau et de l'Agriculture pour la production de produits à base de plantes, ouvrant ainsi la voie à davantage de licences et à des possibilités d'investissement accrues.

L'objectif de l'entreprise n'est pas seulement de promouvoir un régime alimentaire entièrement sans viande et sans produits laitiers, mais surtout de fournir aux consommateurs des alternatives saines aux produits d'origine animale.

Lors d'un de leurs récents ateliers en collaboration avec le ministère de l'Environnement, de l'Eau et de l'Agriculture, l'entreprise a présenté une gamme de produits innovants, tels que le caviar à la truffe et aux olives, des tartelettes au saumon fumé à base de carottes, des nigiris au thon tomate et des nigiris à l'aubergine façon unagi.

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Lors d'un de leurs récents ateliers en collaboration avec le ministère de l'Environnement, de l'Eau et de l'Agriculture, Ayla's Choice a présenté une gamme de produits innovants, tels que le caviar à la truffe et aux olives, des tartelettes au saumon fumé à base de carottes, des nigiris au thon à base de tomate et des nigiris à l'aubergine façon unagi. (Photo fournie)

« Nous sommes enthousiastes à l’idée d'explorer les possibilités de collaboration pour les initiatives de planification de la durabilité, notamment en fixant des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, en conservant les ressources en eau, en préservant la biodiversité, et en participant à des groupes de travail ou des équipes dirigées par le gouvernement et axées sur les systèmes alimentaires durables », a déclaré M. Al-Sughayer. 

Dans cette optique, l'entreprise vise « à fournir une expertise et des contributions de nos sites du secteur des produits à base de plantes, ainsi que du secteur agricole pour renforcer la sécurité alimentaire en Arabie saoudite », a-t-il ajouté.

À l'heure actuelle, des collaborations sont en cours avec le ministère de l'Environnement, de l'Eau et de l'Agriculture, le ministère de l'Économie et de la Planification, ainsi qu'avec des entreprises individuelles afin de mettre en place des coentreprises qui garantiront la disponibilité des aliments sans viande et sans produits laitiers de la plus haute qualité.

EN BREF

  • À la fin de 2023, Vertical Farms Co. a lancé le plus grand projet d’agriculture verticale en intérieur jamais réalisé en Arabie saoudite. Il devrait débuter ses opérations au cours du second semestre de 2024
  • Des entreprises comme iFarm s'efforcent de simplifier le processus de production de masse de culture de légumes commerciales durables au niveau local
  • Avec une superficie de 3,2 millions de mètres carrés, une ferme à grande échelle dans le Wadi ben Hashba à Asir détient le record mondial de la plus grande ferme durable

Saudi Greenhouses Management and Agri Marketing Co., également connue sous le nom d'Al-Rasheed Greenhouses, est l'une des plus grandes entreprises agricoles et horticoles du Conseil de coopération du Golfe, avec plus de 40 ans d'expérience dans le secteur. La société opère dans neuf sites, gérant plus de 90 hectares de serres et 27 hectares supplémentaires de nouvelles expansions dans des serres de haute technologie à travers le Royaume. Elle est le plus grand fournisseur de produits frais pour les principaux détaillants d'Arabie saoudite.

« La société contrôle entièrement l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement des produits frais, allant de la conception des spécifications de serres adaptées aux régions de culture dans le Royaume, jusqu’à la livraison des produits frais sur les étagères pour les consommateurs », a déclaré Abdallah Al-Rasheed, le directeur de projet principal de l'entreprise, à Arab News.

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La ferme durable de la région d'Asir, récemment distinguée par le Livre Guinness des records comme la plus grande au monde, utilise de l'eau traitée pour irriguer les cultures réparties sur une superficie de 3,2 millions de mètres carrés. (Photo fournie)

« La gestion des consultations logistiques sur les cultures, et de la production est entièrement assurée par notre entreprise. »

Al-Rasheed Greenhouses a récemment signé un accord pour cultiver et fournir des ingrédients à base de plantes à Ayla's Choice pour ses produits, tels que les champignons Lion's mane, qui sont une alternative sans viande aux steaks.

Al-Sughayer espère que ce partenariat encouragera les agriculteurs locaux en Arabie saoudite à envisager d'adapter leurs cultures pour répondre à la demande croissante de l'industrie alimentaire à base de plantes, générant ainsi un meilleur rendement de leurs produits et réduisant le gaspillage.

« Cela peut avoir des avantages significatifs tant pour les agriculteurs que pour la sécurité alimentaire en Arabie saoudite, » a-t-il déclaré. « Notre objectif est de diversifier les sources alimentaires en travaillant avec les agriculteurs locaux pour développer des produits à base de plantes à partir de la surabondance de produits locaux. »

Le secteur alimentaire de l'Arabie saoudite a fait d’énormes progrès en matière de durabilité. L'année dernière, l'un des gigaprojets les plus attendus du Royaume, la ville intelligente NEOM, a annoncé une nouvelle collaboration avec une entreprise néerlandaise spécialisée dans les serres pour construire une oasis horticole autosuffisante.

Grâce à des technologies révolutionnaires, ce partenariat avec Van Der Hoeven permettra au paysage désertique de la région, soumis à des températures élevées et asséché par de faibles précipitations, de prospérer grâce à des produits cultivés localement.

SweGreen, une entreprise d'agritech basée à Stockholm et spécialisée dans la culture verticale, représente un autre partenaire potentiel.

En utilisant la technologie de culture sans sol et des systèmes de surveillance gérés par l’intelligence artificielle, SweGreen a permis aux supermarchés locaux de cultiver des produits en magasin avec un contrôle absolu sur la qualité et le processus de croissance.

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SweGreen a fait les gros titres au niveau international grâce à ses solutions agricoles en magasin de pointe et à son système de pilotage et de surveillance numérique basé sur l'intelligence artificielle. (Photo fournie)

« SweGreen a établi quatre records mondiaux dans l'industrie pour l'efficacité et la durabilité en agriculture », a déclaré Scott A. Ellis, le consultant de liaison de l'entreprise, à Arab News.

« Le premier est un record mondial pour les émissions de CO2 les plus faibles, mesurées par kilogramme de laitue produite, et comparées à l'impact environnemental du transport des aliments à travers la planète et de leur gaspillage simultané.

Bien sûr, cela réduit l'empreinte carbone et contribue également à une planète plus durable », a ajouté Ellis.

La technologie a également permis d’atteindre le taux de consommation d'énergie le plus bas et l'efficacité de production la plus élevée. Plus important encore pour l'Arabie saoudite, la technologie a obtenu la meilleure note pour la conservation de l'eau, nécessitant seulement 1,3 litre par kilogramme de légumes produits. »

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L’Égypte exhorte toutes les parties à exercer davantage de pression pour mettre fin au conflit à Gaza

De la fumée s’élève après qu’une frappe aérienne israélienne a touché des bâtiments situés près du mur séparant l’Égypte et Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le lundi 6 mai 2024. (Photo AP)
De la fumée s’élève après qu’une frappe aérienne israélienne a touché des bâtiments situés près du mur séparant l’Égypte et Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le lundi 6 mai 2024. (Photo AP)
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  • Le président Abdel Fattah al-Sissi salue les progrès réalisés lors des récents pourparlers
  • Le Caire avertit Israël que l’attaque de Rafah menace plus d’un million de personnes à Gaza

LE CAIRE: Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a salué les progrès réalisés lundi lors des pourparlers de paix visant à conclure une trêve dans la guerre menée par Israël à Gaza.

M. Al-Sissi a déclaré suivre «de près les développements positifs relatifs aux négociations en cours pour parvenir à une trêve globale dans la bande de Gaza».

Il a appelé toutes les parties à redoubler d’efforts pour parvenir à un accord qui mettra fin à la tragédie humaine du peuple palestinien et finalisera l’échange d’otages et de prisonniers.

Le Hamas a accepté lundi une proposition de cessez-le-feu sous la médiation de l’Égypte et du Qatar. Les démarches diplomatiques à fort enjeu et les manœuvres militaires ont fait naître une légère lueur d’espoir concernant la conclusion d’un accord. En effet, un accord pourrait au moins permettre de marquer une pause dans cette guerre qui dure depuis sept mois et qui a ravagé la bande de Gaza.

Un conflit entre l’armée israélienne et les groupes armés palestiniens dirigés par le Hamas se déroule principalement à l’intérieur et autour de la bande de Gaza depuis le 7 octobre. La guerre a commencé lorsque le Hamas a lancé une attaque surprise sur le sud d’Israël depuis la bande de Gaza, tuant environ 1 200 personnes et prenant 150 otages.

Les frappes israéliennes ultérieures contre Gaza ont contraint environ 80% des 2,3 millions d’habitants du territoire à fuir et elles ont causé des destructions massives d’appartements, d’hôpitaux, de mosquées et d’écoles dans plusieurs villes.

Selon les autorités sanitaires locales, le nombre de Palestiniens morts à Gaza s’élève à plus de 34 500.

Par ailleurs, le ministère égyptien des Affaires étrangères a rappelé qu’il avait mis en garde contre les dangers d’une éventuelle opération militaire israélienne dans la région de Rafah, à Gaza, «étant donné que cette escalade entraîne de graves dangers humanitaires qui menacent plus d’un million de Palestiniens résidant dans cette région».

Le ministère a appelé Israël à faire preuve de «la plus grande retenue» et à «s’abstenir de toute nouvelle escalade à ce moment extrêmement critique des négociations de cessez-le-feu, afin d’épargner la vie des civils palestiniens qui subissent une catastrophe humanitaire sans précédent depuis le début de la guerre».

Il a assuré que l’Égypte continuait à discuter avec toutes les parties pour éviter que la situation ne se détériore.

Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri, a évoqué la situation à Rafah avec son homologue émirati, le cheikh Abdallah ben Zayed al-Nahyane, lors d’un appel téléphonique.

Les deux ministres ont échangé sur la possibilité que l’armée israélienne mène une opération militaire dans la ville assiégée.

M. Choukri a réitéré sa mise en garde contre les dangers d’une escalade militaire israélienne à Rafah, qui est considérée comme la dernière zone relativement sûre de la bande de Gaza et le refuge de plus d’un million de Palestiniens.

Les ministres égyptien et émirati ont insisté sur l’urgence de parvenir à un accord de trêve qui permette l’échange d’otages et de détenus et garantisse un cessez-le-feu permanent.

Ils sont convenus de poursuivre les négociations avec les différentes parties afin d’éviter que le conflit ne s’étende à d’autres pays de la région.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Gaza : près de 60% des bâtiments endommagés ou détruits

Une vue générale montre la destruction dans la zone entourant l'hôpital Al-Shifa de Gaza après le retrait de l'armée israélienne du complexe abritant l'hôpital le 1er avril 2024 (AFP)
Une vue générale montre la destruction dans la zone entourant l'hôpital Al-Shifa de Gaza après le retrait de l'armée israélienne du complexe abritant l'hôpital le 1er avril 2024 (AFP)
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  • D'après les analyses satellites des chercheurs américains Corey Scher et Jamon Van Den Hoek, au 21 avril, 56,9% des bâtiments de la bande de Gaza avaient été endommagés ou détruits, soit 160 000 en tout
  • Dans le nord, la ville de Gaza, qui comptait 600 000 habitants avant la guerre, n'est que désolation avec près des trois quarts (74,3%) de ses bâtiments touchés.

PARIS: Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas palestinien il y a sept mois, l'offensive israélienne a causé, outre un lourd bilan humain et une grave crise humanitaire, des destructions d'une ampleur "énorme et sans précédent" dans la bande de Gaza.

La ville de Gaza aux trois quarts détruite

D'après les analyses satellites des chercheurs américains Corey Scher et Jamon Van Den Hoek, au 21 avril, 56,9% des bâtiments de la bande de Gaza avaient été endommagés ou détruits, soit 160.000 en tout. Et c'est au cours des deux/trois premiers mois du conflit que les destructions ont été les plus importantes, précise à l'AFP Corey Scher.

Depuis le 7 octobre et l'attaque sans précédent menée par le Hamas sur le sol israélien, qui a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, majoritairement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes, l'armée israélienne pilonne sans relâche ce territoire exigu de 365 km2 et densément construit.

L'offensive israélienne a fait jusqu'à présent 34.789 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du Hamas dans le territoire palestinien assiégé par Israël. A 70% des femmes et des enfants, précise l'ONU.

Dans le nord, la ville de Gaza, qui comptait 600.000 habitants avant la guerre, n'est que désolation avec près des trois quarts (74,3%) de ses bâtiments touchés.

A la lisière sud du territoire, Rafah --devenue un refuge pour 1,4 million de Palestiniens, habitants et déplacés, selon les derniers chiffres de l'ONU-- est pour l'instant la ville la moins détruite (avec 33,9% de bâtiments touchés) mais l'armée israélienne y a déployé des chars mardi et l'a bombardée.

Cinq hôpitaux totalement détruits

Les hôpitaux sont souvent pris pour cible par l'armée israélienne, qui accuse le Hamas d'utiliser les civils comme boucliers humains. Le plus grand, celui d'al-Chifa dans la ville de Gaza, a été visé par une opération de l'armée israélienne. L'OMS a indiqué début avril qu'il avait été réduit à une "coquille vide" jonchée de dépouilles humaines.

Au cours des six premières semaines de la guerre, "60% des établissements de santé ont été déclarés endommagés ou détruits", détaille à l'AFP l'universitaire Corey Scher.

Aujourd'hui, cinq d'entre eux sont complètement détruits (selon des données OpenStreetMap, du ministère de la Santé du Hamas via l'Ocha, le bureau des Affaires humanitaires de l'ONU, et de l'Unosat, le centre satellitaire des Nations unies, compilées par l'AFP) et 28% fonctionnent partiellement, selon l'ONU.

Plus de 70% des écoles endommagées

Les bâtiments scolaires, qui servent de refuge aux déplacés notamment ceux sur lesquels flottent le drapeau bleu de l'ONU, payent également un lourd tribut : l'Unicef comptabilise, au 25 avril, 408 écoles endommagées (soit au moins 72,5% des 563 établissements qu'il a répertoriés). Parmi elles, 53 ont été totalement détruites et 274 directement touchées.

L'ONU estime que les deux tiers des établissements auront besoin d'une reconstruction complète ou de travaux de réhabilitation importants pour être à nouveau fonctionnels.

Pour les lieux de cultes, en combinant des données de l'Unosat et de OpenStreetMap, il ressort que 61,5% des mosquées ont été endommagées ou détruites.

Dresde

Une étude militaire américaine datant de 1954 reprise par le Financial Times indique que le bombardement de Dresde en 1945 avait endommagé 59% des bâtiments de la ville allemande. Un niveau de destruction largement dépassé dans le nord de la bande de Gaza. Et ce n'est que quarante ans plus tard, que la "Frauenkirche", l'église emblème de la ville, a vu sa reconstruction entamée, faute de financement. Le Havre, rasé à 85%, est la ville française la plus touchée à l'époque.

Alors que la guerre en Ukraine se poursuit depuis plus de deux ans, il y avait, fin avril, plus de débris et de gravats à déblayer à Gaza que dans le pays attaqué par la Russie, selon un responsable de l'ONU. L'organisation a estimé début mai à entre 30 et 40 milliards de dollars le coût de la reconstruction à Gaza. "L'ampleur de la destruction est énorme et sans précédent", a-t-elle affirmé.

"Le rythme des destructions enregistrées ne ressemble à rien de ce que nous avons étudié auparavant, il est beaucoup plus rapide et plus important", analyse Corey Scher.

 

 

 


L'ONU interdite d'accès au point de passage de Rafah par les autorités israéliennes

Une pancarte accueille ceux qui arrivent à Gaza, avant d'être démolie par un véhicule militaire israélien, alors qu'Israël revendique le contrôle du poste frontière de Rafah dans la bande de Gaza lors de son conflit avec le groupe islamiste palestinien Hamas (Photo, Reuters).
Une pancarte accueille ceux qui arrivent à Gaza, avant d'être démolie par un véhicule militaire israélien, alors qu'Israël revendique le contrôle du poste frontière de Rafah dans la bande de Gaza lors de son conflit avec le groupe islamiste palestinien Hamas (Photo, Reuters).
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  • Quant au point de passage d'Erez, donnant accès au nord de la bande de Gaza et récemment rouvert par Israël, toute l'aide qui pourrait y passer doit être soumise au contrôle des autorités israéliennes à Kerem Shalom
  • L'armée israélienne a déployé des chars mardi dans Rafah et pris le contrôle de la partie palestinienne du point de passage avec l'Egypte

GENEVE: L'ONU s'est vue interdire par Israël l'accès au point de passage de Rafah dans la bande de Gaza, a-t-elle indiqué mardi, soulignant que l'aide ne pouvait plus entrer dans le territoire palestinien, y compris le diesel indispensable pour l'aide humanitaire.

"Nous n'avons actuellement aucune présence physique au point de passage de Rafah car le Cogat (organisme israélien chargé de coordonner la politique israélienne dans les territoires palestiniens occupées, NDLR) nous a refusé l'accès à cette zone", qui est le principal point de passage de l'aide humanitaire, a déclaré Jens Laerke, le porte-parole du Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), lors d'un point de presse régulier à Genève.

"On nous a dit qu'il n'y aurait pas de passage de personnel ou de marchandises dans les deux sens pour le moment... Pour combien de temps ? Je n'en sais rien", a-t-il ajouté.

"Cela a un impact considérable", a-t-il souligné. Aucune aide ne peut plus entrer non plus par le point de passage de Kerem Shalom fermé depuis dimanche par l'armée israélienne après des tirs de roquette.

"Actuellement les deux principales artères pour acheminer l'aide à Gaza sont bloquées. Ce matin est l'un des plus sombres de ce cauchemar qui dure depuis sept mois", a-t-il poursuivi. Si le carburant est bloqué, "ce serait une manière très efficace d'enterrer l'opération humanitaire", a jugé le porte-parole.

Quant au point de passage d'Erez, donnant accès au nord de la bande de Gaza et récemment rouvert par Israël, toute l'aide qui pourrait y passer doit être soumise au contrôle des autorités israéliennes à Kerem Shalom, a indiqué un porte-parole du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef), James Elder, lors du point de presse. Kerem Shalom étant "fermé", rien ne peut être contrôlé, a-t-il dit.

L'ONU bientôt à court de carburant 

Israël a lancé une vaste opération militaire contre le Hamas dans la bande de Gaza après l'attaque massive du mouvement islamique sur le territoire israélien le 7 octobre.

L'armée israélienne a déployé des chars mardi dans Rafah et pris le contrôle de la partie palestinienne du point de passage avec l'Egypte, et affirmé mener une opération de "contreterrorisme" dans "des zones spécifiques" de l'est de Rafah.

L'ONU est d'autant plus préoccupée qu'il n'y a pas de réserves importantes d'aide dans Gaza: toute celle qui entrait jusqu'à présent a été immédiatement distribuée.

Pour le carburant, selon M. Laerke, il n'entre que par Rafah, la réserve "est pour l'ensemble" de l'opération humanitaire à Gaza et est "très, très courte, environ une journée (...) principalement de diesel, pour faire fonctionner les camions et les générateurs".

A ses côtés, une porte-parole de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Margaret Harris, a confirmé que le point de passage de Rafah est fermé depuis lundi sans exception: "Pas de personnel entrant ou sortant, pas d'évacuations, rien. Et je crois savoir qu'il en va de même aujourd'hui".

«Pire qu'à Rafah»

Pour le porte-parole de l'Unicef, il est "difficile de voir comment les agences d'aide peuvent éviter la famine dans la bande de Gaza si cette porte est fermée pendant une longue période".

L'armée israélienne (IDF) a largué des tracts appelant les habitants à évacuer "vers la zone humanitaire élargie d'al-Mawasi", à une dizaine de kilomètres de Rafah.

"Les IDF ont facilité" à al-Mawasi "la construction d'hôpitaux de campagne, de tentes" ainsi que l'arrivée d'eau, de nourriture et de matériel médical, a assuré un porte-parole de l'armée, Nadav Shoshani, lors d'un briefing mardi.

"La situation dans les zones où les gens ont reçu l'ordre de se rendre est incroyablement pire qu'à Rafah", a souligné le porte-parole de l'Unicef. Des habitants et des organisations humanitaires y décrivent des secteurs déjà surpeuplés ou détruits par la guerre tandis que Rafah abrite le dernier grand hôpital de Gaza, l'hôpital européen, qui, selon M. Elder, "est l'une des dernières bouées de sauvetage pour les civils".