L'Inde se prépare à de nouvelles législatives dont Modi est donné vainqueur

Longtemps ostracisé par certains pays occidentaux pour son nationalisme hindou décomplexé, le Premier ministre indien Narendra Modi, favori des législatives qui débutent vendredi, est devenu un acteur incontournable sur la scène internationale. (AFP)
Longtemps ostracisé par certains pays occidentaux pour son nationalisme hindou décomplexé, le Premier ministre indien Narendra Modi, favori des législatives qui débutent vendredi, est devenu un acteur incontournable sur la scène internationale. (AFP)
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Publié le Mardi 16 avril 2024

L'Inde se prépare à de nouvelles législatives dont Modi est donné vainqueur

  • Modi est encore très populaire après deux mandats, au cours desquels l'Inde a accru son influence diplomatique et son poids économique
  • Les analystes politiques l'ont d'ores et déjà donné vainqueur face à une coalition de partis d'opposition qui n'a pas encore nommé son candidat pour le poste de Premier ministre

NEW DELHI: Les élections législatives en Inde débutent vendredi pour une durée de six semaines, la victoire apparemment inéluctable du Premier ministre nationaliste hindou Narendra Modi suscitant des inquiétudes pour l'état de santé de la plus grande démocratie du monde.

M. Modi est encore très populaire après deux mandats, au cours desquels l'Inde a accru son influence diplomatique et son poids économique.

Selon une enquête Pew publiée l'an dernier, il bénéficiait d'une opinion favorable de 80% des Indiens après presque une décennie au pouvoir.

Il a déjà donné au parti nationaliste hindou Bharatiya Janata (BJP) deux victoires écrasantes en 2014 et 2019 en jouant sur la fibre religieuse de l'électorat hindou.

Cette année, il a inauguré dans la ville d'Ayodhya un grand temple dédié à la divinité Ram, bâti sur le site d'une mosquée vieille de plusieurs siècles détruite par des fanatiques hindous.

Cet événement, très attendu par ses militants, a bénéficié d'une ample couverture médiatique et de festivités publiques dans toute l'Inde.

"La nation est en train de créer la genèse d'une histoire nouvelle", a-t-il clamé aux milliers de personnes rassemblées pour la cérémonie, parmi lesquelles des célébrités de Bollywood et des stars du cricket.

Les analystes politiques l'ont d'ores et déjà donné vainqueur face à une coalition de partis d'opposition qui n'a pas encore nommé son candidat pour le poste de Premier ministre.

Plusieurs enquêtes criminelles ouvertes contre ses opposants ont fait réagir le Haut-Commissaire des droits de l'homme de l'ONU, Volker Türk, et des organisations de défense des droits humains, qui estiment que les élections sont biaisées.

"Je n'ai pas besoin que les Nations unies me disent que nos élections doivent être libres et équitables", a rétorqué le ministre des Affaires étrangères S. Jaishankar devant la presse pendant sa campagne ce mois-ci.

"Le peuple indien y veillera", a-t-il ajouté. "Pas d'inquiétude à cet égard."

Narendra Modi, le nationaliste indien devenu très fréquentable

Longtemps ostracisé par certains pays occidentaux pour son nationalisme hindou décomplexé, le Premier ministre indien Narendra Modi, favori des législatives qui débutent vendredi, est devenu un acteur incontournable sur la scène internationale.

Le président russe Vladimir Poutine vante le "partenariat privilégié" entre les deux pays, son homologue américain Joe Biden évoque des "valeurs communes" et l'a convié à s'exprimer devant le Congrès à Washington, et Emmanuel Macron n'est pas en reste.

Le chef d'Etat français l'a ainsi convié comme invité d'honneur du défilé militaire du 14-Juillet à Paris l'an dernier, lui remettant la plus haute distinction nationale pour "l'excellente relation d'amitié et de confiance qui unit la France et l'Inde".

Le dirigeant indien âgé de 73 ans lui a rendu la politesse en le recevant avec faste pour la fête de la Constitution en janvier, quatre mois après avoir accueilli le gotha mondial lors du G20 de New Delhi.

Un parcours aux allures de revanche pour ce fils d'un simple vendeur de thé, qui avait été déclaré persona non grata aux Etats-Unis et au Royaume-Uni après des émeutes interreligieuses sanglantes en 2002 au Gujarat, Etat dont il était alors gouverneur.

Arrivé au pouvoir avec son parti le BJP en 2014, ce tribun charismatique et autoritaire, à la barbe blanche soigneusement taillée, n'a pourtant pas dérivé de sa ligne suprématiste hindoue, la religion majoritaire dans ce pays de 1,4 milliard d'habitants, au détriment notamment de la minorité musulmane.

Mais sa "nouvelle Inde" à l'économie modernisée et numérique est vue comme un contrepoids à la Chine et connaît la croissance la plus soutenue des grandes économies, dépassant l'ancienne puissance coloniale britannique et devenant un client de choix pour les exportations d'armes, de pétrole et d'avions.

«Humbles origines»

Né le 17 septembre 1950 dans le Gujarat, à 900 km au sud-ouest de New Delhi, Narendra Modi est le troisième des six enfants d'un vendeur de thé à la gare de sa localité, Vadnagar.

Des origines modestes dont il joue toujours volontiers, se posant en champion des "petites gens" et privilégiant l'hindi dans ses allocutions officielles, là où ses prédécesseurs préféraient l'anglais.

"Oui, une personne d'origine modeste est devenue Premier ministre", s'était-il félicité lors d'un discours en 2019, affirmant que ses opposants le "détestent à cause de (ses) humbles origines".

Membre très jeune du mouvement nationaliste Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS), Narendra Modi se fait rapidement remarquer pour ses qualités d'orateur et son ambition.

Il monte en grade au sein de cette organisation de masse aux méthodes paramilitaires, rejoignant son aile politique, le BJP, jusqu'à devenir le chef de l'exécutif du Gujarat en 2001.

L'année suivante, des émeutes intercommunautaires éclatent dans cet Etat après la mort de dizaines de pèlerins hindous dans un incendie. On décompte au moins 1.000 morts, en majorité des musulmans. M. Modi est accusé d'avoir attisé les troubles et de ne pas avoir mobilisé les forces de l'ordre pour y mettre fin.

Visé par une enquête et finalement blanchi, le dirigeant, entre temps mis au ban par Washington et Londres, devait déclarer à la BBC par la suite que sa seule erreur avait été de ne pas avoir su "gérer les médias".

Puissance majeure 

Son gouvernement est depuis régulièrement accusé par les défenseurs des droits et l'opposition d'instrumentaliser la justice et d'intimider les médias à des fins politiques.

A l'approche du scrutin qui se déroulera jusqu'à début juin, M. Modi a promis de faire de l'Inde une des "trois principales économies du monde" d'ici 2027 et de "lancer un assaut final et décisif contre la pauvreté".

Autre cheval de bataille: l'adoption d'un code civil unique, visant à standardiser les lois sur des sujets comme le mariage, le divorce ou l'héritage pour les diverses religions et croyances.

Présenté comme un gage de modernité et d'égalité des sexes, ce projet est perçu par de nombreuses communautés, en particulier les quelque 210 millions de musulmans, comme une attaque contre leurs règles religieuses et leur identité.

Le dirigeant juge que sa politique permet à l'Inde d'enfin assumer pleinement son statut de puissance majeure, après des siècles d'asservissement aux moghols musulmans puis à l'empire britannique.

En janvier, il avait inauguré un temple hindou à Ayodhya (nord) sur l'emplacement d'une mosquée centenaire, symbole selon lui d'un pays "brisant les chaînes de l'esclavage".

Arrestations et gel des comptes 

Le Congrès, principal parti d'opposition qui a dirigé le pays presque sans interruption pendant des décennies après l'indépendance de l'Inde, n'est plus que l'ombre de lui-même et ne gouverne plus que dans trois des 28 Etats du pays.

Ses dirigeants ont constitué une coalition avec plus d'une vingtaine de partis régionaux pour affronter le BJP et ses rouages électoraux bien huilés et généreusement financés.

Mais le bloc est en proie à des différends sur les accords de partage des sièges, et a subi la défection vers le gouvernement d'un de ses dirigeants.

La coalition accuse le gouvernement de M. Modi d'instrumentaliser la justice pour neutraliser certains dirigeants de l'opposition, visés par des enquêtes criminelles, dont le ministre en chef de Delhi Arvind Kejriwal.

Le leader du Congrès Rahul Gandhi, 53 ans, dont le père, la grand-mère et l'arrière-grand-père ont tous été Premier ministre, a été brièvement écarté du Parlement l'an dernier après avoir été reconnu coupable de diffamation.

Les comptes bancaires de son parti sont gelés depuis février par le fisc indien, à la suite d'un différend sur des déclarations de revenu datant d'il y a cinq ans.

"Nous n'avons pas d'argent pour faire campagne, nous ne pouvons pas soutenir nos candidats", a prévenu Rahul Gandhi en mars. "Notre faculté de livrer la bataille électorale a été endommagée."

«Mépris de toute dissidence»

Rahul Gandhi blâme le gouvernement pour le recul démocratique et le nationalisme hindou qui inquiète la minorité musulmane du pays, forte de 220 millions de personnes dans ce pays de plus de 1,4 milliard d'habitants.

Sous les mandats de M. Modi, l'Inde est devenue la cinquième économie mondiale devant le Royaume-Uni, l'ancienne puissance coloniale.

Les défenseurs des droits affirment que la liberté de la presse est de plus en plus attaquée.

Depuis l'arrivée au pouvoir de M. Modi en 2014, l'Inde a perdu 21 places dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières, se situant au 161e rang sur 180 pays.

Son troisième mandat, s'il le remporte, "sera encore plus caractérisé par le mépris de toute dissidence", a prédit à l'AFP le politologue Suhas Palshikar.

Au total, 970 millions d'Indiens seront appelés à élire les 543 membres de la chambre basse, soit plus que la population totale des Etats-Unis, de l'Union européenne et de la Russie réunis.

Le vote se déroulera en sept étapes entre le 19 avril et le 1er juin, avec plus d'un million de bureaux de vote à travers le pays.

Les bulletins de vote de tout le pays seront dépouillés le 4 juin. Les résultats sont généralement annoncés le même jour.

Elections nationales en Inde : ce qu'il faut savoir

Les élections législatives en Inde débuteront vendredi avec près d'un milliard d'électeurs appelés aux urnes dans la plus grande démocratie du monde.

Comment votent les Indiens ? 

Tous les Indiens âgés de 18 ans et plus ont le droit de voter, soit 968 millions d'électeurs, selon la commission électorale. Le taux de participation aux dernières élections nationales a dépassé 67%, avec près de 615 millions de voix exprimées.

L'Inde a recours au vote sur machine électronique qui fait gagner du temps, notamment pour le dépouillement.

Selon la commission électorale, le système est sûr, sans risque d'être contrôlé à distance ni de voir les résultats altérés.

Des machines d'audit dans les bureaux permettent aux électeurs de vérifier que leur vote a bien été enregistré.

Des fonctionnaires doivent acheminer le matériel de vote par tous les moyens, parfois même à dos de chameau, de mulet et ou de yak, selon les régions, pour s'assurer que chaque électeur puisse s'exprimer.

Ils sont parfois accompagnés par des forces de sécurité dans des régions au passé insurrectionnel.

Quelle logistique ? 

Du fait de la croissance de la population et du nombre d'électeurs en Inde, cette élection nationale, comme les précédentes, représente le plus grand exercice démocratique de l’histoire.

Au total, 15 millions d'agents électoraux seront mobilisés pour ce scrutin, dont certains issus de multiples secteurs de la fonction publique.

Les lois électorales garantissent qu'aucun électeur ne soit éloigné de plus de deux kilomètres d'un isoloir.

Ainsi, lors des dernières élections, en 2019, un isoloir avait été installé pour un électeur qui vivait au cœur d’une forêt de l’Etat du Gujarat, à l’ouest du pays.

Selon les organisateurs, faire fonctionner les 1,05 million de bureaux de vote en une seule journée est une tâche logistique impossible. Le scrutin est donc étalé sur six semaines.

La météo locale, les fêtes religieuses, les récoltes agricoles et les calendriers scolaires sont également pris en compte pour garantir que toute l'Inde puisse prendre part au vote.

Combien coûte l'élection ?

Selon un rapport du Centre d'études sur les médias (CMS) 8,7 milliards de dollars ont été dépensés pour les élections de 2019.

Environ un quart de ce montant était constitué de paiements en espèces versés directement aux électeurs par les candidats pour tenter d'influencer leur décision, selon le rapport.

En février, ce groupe de réflexion prévoyait que les dépenses électorales de cette année dépassent 14,2 milliards de dollars, un montant presque équivalent à celles des élections de 2020 aux États-Unis.

Quelles perspectives ? 

Le Premier ministre Narendra Modi, 73 ans, brigue un troisième mandat après ses victoires écrasantes aux élections de 2014 et 2019.

Selon une enquête de l'institut Pew publiée l'an dernier, il bénéficiait d'une opinion favorable de 80% des Indiens après près d'une décennie au pouvoir.

L'opposition a été handicapée par des luttes intestines mais aussi, selon les défenseurs des droits, par des enquêtes judiciaires à caractère politique visant à barrer la route à tout adversaire du parti nationaliste hindou, Bharatiya Janata (BJP), de M. Modi.

Si la victoire du BJP ne fait guère de doute, son ampleur reste à vérifier. Les dirigeants du parti assurent publiquement qu'ils remporteront une majorité des deux tiers à la chambre basse.

Un tel résultat permettrait au parti de modifier la constitution laïque de l'Inde à sa guise et de poursuivre d'autres projets, comme celui, controversé, d'un code cicil unique visant à uniformiser des lois comme celles sur le mariage et le divorce qui diffèrent selon les religions, notamment musulmane et sikh.

A quand les résultats ?

La publication de données à la sortie des urnes est illégale en vertu de la loi indienne.

Le dépouillement ne commencera pas avant la fin des opérations de vote dans chacun des 28 États et huit territoires du pays prévu le 1er juin. Le dépouillement commencera trois jours plus tard, le 4 juin, et les résultats devraient être annoncés le même jour.

Le parti disposant d'une majorité simple de 273 sièges ou plus à la chambre basse sera invité à former un gouvernement avec son choix de Premier ministre.

Si aucun parti n’atteignait cet objectif, la présidente indienne devrait demander au parti majoritaire de former une coalition avec des partis régionaux plus petits.

Cela a donné lieu par le passé à d’intenses tractations, durant des jours et parfois des semaines, pour réunir une majorité.


Affaires de corruption en Espagne: Pedro Sánchez devant une commission d'enquête

Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez comparaît jeudi devant une commission d'enquête sénatoriale afin de s'expliquer sur un scandale de corruption dont les principaux protagonistes ont longtemps été ses hommes de confiance. (AFP)
Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez comparaît jeudi devant une commission d'enquête sénatoriale afin de s'expliquer sur un scandale de corruption dont les principaux protagonistes ont longtemps été ses hommes de confiance. (AFP)
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  • L'objectif du PP est de montrer que le Premier ministre était au courant des malversations révélées par l'enquête sur l'affaire Koldo et qu'il y était même impliqué
  • Face à ce séisme, Pedro Sánchez a demandé pardon à plusieurs reprises aux Espagnols, assurant qu'il ignorait tout de l'affaire et que le Parti socialiste, dont il est secrétaire général depuis 2017, n'avait jamais bénéficié de financements illégaux

MADRID: Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez comparaît jeudi devant une commission d'enquête sénatoriale afin de s'expliquer sur un scandale de corruption dont les principaux protagonistes ont longtemps été ses hommes de confiance.

Connue sous le nom d'"affaire Koldo", du nom de Koldo García Izaguirre, l'assistant d'un ancien ministre des Transports et ex-bras droit de M. Sánchez, José Luis Ábalos, cette affaire est l'un des scandales qui éclaboussent depuis plus d'un an l'entourage du Premier ministre.

Sa comparution devant cette commission sénatoriale se produira dans un climat de polarisation politique extrême, le Parti populaire (PP, opposition de droite), majoritaire à la chambre haute, ayant fait de la corruption l'axe principal de son offensive contre le gouvernement de gauche dirigé par M. Sánchez.

"Pensez-vous dire la vérité demain (jeudi) devant la commission?", lui a ainsi demandé le leader du PP, Alberto Núñez Feijóo, mercredi matin au Congrès des députés.

"Vous mentirez de nouveau" 

M. Feijóo a ajouté que sa question était "rhétorique", dans la mesure où il est, selon lui, exclu que Pedro Sánchez puisse dire la vérité sur cette affaire, de peur de s'incriminer.

"Vous mentirez de nouveau, parce que vous savez que la vérité entraînerait votre chute" a lancé le chef du premier parti d'opposition, accusant M. Sánchez d'avoir menti "à tous" et sur tous les sujets.

L'objectif du PP est de montrer que le Premier ministre était au courant des malversations révélées par l'enquête sur l'affaire Koldo et qu'il y était même impliqué.

Ce scandale a éclaté au grand jour en février 2024 avec l'arrestation de Koldo García Izaguirre, soupçonné d'être au cœur d'une énorme escroquerie ayant permis à une petite société d'obtenir entre mars et juin 2020 - au plus fort de la pandémie de Covid-19 - des contrats d'un montant de 53 millions d'euros pour fournir des masques à diverses administrations. Ces contrats avaient dégagé des commissions illégales de plusieurs millions d'euros.

La justice est vite remontée jusqu'à José Luis Ábalos, le juge chargé de l'enquête considérant qu'il avait joué un rôle d'"intermédiaire" dans la combine.

Outre son poste de ministre, M. Ábalos était surtout secrétaire à l'Organisation du Parti socialiste, poste clé qui en faisait l'homme de confiance de M. Sánchez.

Il a été expulsé du Parti socialiste, mais l'affaire n'a fait ensuite que s'aggraver pour le Premier ministre.

Car le successeur de M. Ábalos comme secrétaire à l'Organisation du Parti socialiste, Santos Cerdán, a à son tour été mis en cause en juin dernier, après la publication d'un rapport de police selon lequel il était au cœur du réseau de corruption et avait touché des pots-de-vin en échange de contrats publics.

Il a été placé en détention provisoire en juillet.

Englué 

Face à ce séisme, Pedro Sánchez a demandé pardon à plusieurs reprises aux Espagnols, assurant qu'il ignorait tout de l'affaire et que le Parti socialiste, dont il est secrétaire général depuis 2017, n'avait jamais bénéficié de financements illégaux.

Il a redit en septembre qu'il ne disposait d'"aucune information" sur les délits reprochés à José Luis Ábalos, Santos Cerdán et Koldo García Izaguirre, et a rejeté toute "corruption systémique" au sein de son parti.

Il reprendra cette ligne de défense jeudi devant la commission sénatoriale, mais il est certain qu'il ne convaincra pas la droite, qui se dit assurée qu'il était au courant et l'accuse d'avoir tenté d'étouffer le scandale.

Outre cette tentaculaire affaire Koldo, M. Sánchez est englué dans d'autres affaires judiciaires qui le touchent de près: son épouse, Begoña Gómez, devrait être jugée pour une affaire de corruption et trafic d'influence, son frère David le sera également pour trafic d'influence et le procureur général de l’État, Álvaro García Ortiz, qu'il a nommé, sera jugé à partir de lundi pour violation du secret judiciaire.

L'audition de Pedro Sánchez, qui doit débuter à 09H00 (08H00 GMT), devrait durer plusieurs heures.


Elon Musk lance Grokipedia pour concurrencer Wikipédia qu'il juge orienté à gauche

Le PDG de Tesla, Elon Musk, assiste à la cérémonie de commémoration de l'activiste d'extrême droite Charlie Kirk au State Farm Stadium à Glendale, Arizona. (AFP)
Le PDG de Tesla, Elon Musk, assiste à la cérémonie de commémoration de l'activiste d'extrême droite Charlie Kirk au State Farm Stadium à Glendale, Arizona. (AFP)
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  • Elon Musk et xAI ont lancé Grokipedia, une encyclopédie en ligne concurrente de Wikipédia, générée par intelligence artificielle et présentée comme “plus objective” selon Musk, avec déjà 885.000 définitions
  • Grokipedia est critiquée pour un biais idéologique apparent dans certains articles, notamment ceux sur Musk, Black Lives Matter ou Tucker Carlson, tandis que Wikipédia revendique un point de vue neutre

NEW YORK: Elon Musk et son entreprise xAI ont mis en ligne lundi Grokipedia, présenté comme le concurrent de l'encyclopédie en ligne Wikipédia, accusée de biais idéologique par une partie des républicains aux États-Unis.

La version a été numérotée 0.1 et comptait déjà lundi soir plus de 885.000 définitions, contre plus de 7 millions en anglais pour Wikipédia.

Dans un message posté sur X, Elon Musk a promis l'arrivée prochaine d'une version 1.0, "dix fois meilleure" que la 0.1, qui est déjà "meilleure que Wikipédia à (son) avis".

Il y a une semaine, l'entrepreneur avait décidé de reporter de quelques jours le lancement de Grokipedia, annoncé fin septembre, un délai justifié par la nécessité d'effectuer "un travail supplémentaire pour purger la propagande".

A l'image de responsables républicains, Elon Musk critique régulièrement Wikipédia depuis plusieurs années. En 2024, il avait taxé le site d'être "contrôlé par des activistes d'extrême gauche" et appelé à ne plus faire de don à la plateforme.

"Le but de Grok et de (Grokipedia) est la vérité, toute la vérité, rien que la vérité", a affirmé l'homme le plus riche du monde, qui a précisé que le programme informatique de l'encyclopédie était en accès libre (open source). "Tout le monde peut donc l'utiliser pour n'importe quoi gratuitement."

- "Biais systémiques" -

Le contenu de certains articles de Grokipedia témoigne d'une orientation des résultats, à l'image de la page consacrée à Elon Musk.

Dans les premiers paragraphes de résumé, la plateforme indique que le patron de Tesla et SpaceX a "influencé le débat" sur plusieurs sujets, ce qui lui a valu "des critiques des médias traditionnels qui font preuve de penchants à gauche dans leur couverture".

Concernant le mouvement des droits civiques "Black Lives Matter", Grokipedia écrit qu'il a "mobilisé des millions de personnes".

"Cependant, ces manifestations ont entraîné des émeutes, (...) les plus coûteuses de l'histoire des assurance pour les dommages aux biens", poursuit l'encyclopédie, sans mentionner, comme le fait Wikipédia, que "la grande majorité des manifestations de 2020 se sont déroulées dans le calme".

Autre exemple, la page consacrée à l'éditorialiste conservateur Tucker Carlson, qui souligne son "rôle (...) dans la dénonciation des biais systémiques du journalisme traditionnel". Elle renvoie à un article du site du magazine Newsweek qui ne mentionne ces biais que dans des citations de Tucker Carlson lui-même.

Créé en 2001, Wikipédia est une encyclopédie collaborative gérée par des bénévoles, largement financée par des dons, et dont les pages peuvent être écrites ou modifiées par les internautes.

Elle revendique un "point de vue neutre" dans ses contenus.

Le contenu de Grokipedia est lui généré par intelligence artificielle (IA) et l'assistant d'IA générative Grok mais cite également plusieurs sources sur chaque page.

En avril, le procureur fédéral de Washington, Ed Martin, remplacé depuis, avait adressé une demande de documents à la fondation Wikimédia, qui a autorité sur Wikipédia.

Il disait vouloir déterminer si Wikimédia était bien habilitée à bénéficier de l'exonération d'impôts octroyée aux fondations.

Le procureur désigné par Donald Trump avait dénoncé "la manipulation de l'information" dont Wikipédia se rendait coupable, selon lui, la plateforme cherchant à "masquer la propagande".

Fin août, deux élus républicains de la Chambre des représentants, James Comer et Nancy Mace, ont ouvert une enquête sur des "manoeuvres organisées (...) pour influencer l'opinion américaine (...) en manipulant des articles Wikipédia".

La naissance de Grokipedia a été saluée par plusieurs personnalités de droite, notamment l'idéologue ultranationaliste russe Alexandre Douguine, qualifiant l'article le concernant de "neutre", "objectif" et "juste" alors que celui de Wikipédia est, selon lui, "diffamatoire".


La Russie dit avoir intercepté 193 drones ukrainiens dans la nuit

Le ministère russe de la Défense a déclaré lundi avoir abattu 193 drones ukrainiens au cours de la nuit, les autorités locales faisant état d'une personne tuée dans l'attaque. (AP)
Le ministère russe de la Défense a déclaré lundi avoir abattu 193 drones ukrainiens au cours de la nuit, les autorités locales faisant état d'une personne tuée dans l'attaque. (AP)
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  • La Russie affirme avoir intercepté 193 drones ukrainiens dans la nuit de dimanche à lundi, dont 40 près de Moscou et 47 dans la région de Briansk, où une personne a été tuée et cinq blessées
  • Alors que Kiev intensifie ses frappes sur les infrastructures russes, Donald Trump écarte pour l’instant toute nouvelle rencontre avec Vladimir Poutine, faute de perspective d’accord sur la fin du conflit

KIEV: Le ministère russe de la Défense a annoncé lundi matin avoir intercepté 193 drones ukrainiens dans la nuit de dimanche à lundi, une attaque qui a fait un mort selon des autorités locales.

Un chauffeur de minibus a été tué et cinq passagers ont été blessés dans le village de Pogar, a affirmé lundi matin sur Telegram Aleksandre Bogomaz, gouverneur de la région de Briansk, frontalière de l'Ukraine.

Parmi les drones décomptés, 47 ont survolé la région de Briansk et 40 la région de Moscou, dont la majorité se dirigeait vers la capitale russe, selon le ministère de la Défense.

Depuis le début de son offensive il y a trois ans et demi, la Russie lance quasi-quotidiennement drones et missiles sur l'Ukraine, qui répond régulièrement en frappant le territoire russe.

Kiev intensifie ses frappes et vise notamment les infrastructures énergétiques russes.

Sur le front diplomatique, le président américain Donald Trump a affirmé samedi qu'il ne "perdrait pas son temps" à programmer une nouvelle rencontre avec son homologue russe Vladimir Poutine sans accord en vue pour mettre fin au conflit en Ukraine.

De son côté, la Russie a dénoncé dimanche des "tentatives" de saper son dialogue "constructif" avec les Etats-Unis.

Fin septembre, Moscou exerçait un contrôle total ou partiel sur 19% du territoire ukrainien, selon l'analyse par l'AFP des données fournies par l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW), qui travaille avec le Critical Threats Project (CTP).

Quelque 7% - la Crimée et des zones de la région industrielle du Donbass - étaient déjà contrôlés avant le début de l'assaut russe en février 2022.