Virus: les économies plongent et la bataille des vaccins commence

Les enfants jouent au Koweït. (AFP)
Les enfants jouent au Koweït. (AFP)
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Publié le Dimanche 02 août 2020

Virus: les économies plongent et la bataille des vaccins commence

  • A ce jour, plus de 17,6 millions de personnes ont été contaminées dans le monde et plus de 680.000 en sont mortes
  • En France, la chute du 2e trimestre est de 13,8%, en Espagne de 18,5%, en Allemagne, moteur économique de l'Europe, de 10,14%

Paris: Plongeon des économies, mesures sanitaires en ordre dispersé et bilan humain toujours plus lourd: la pandémie de coronavirus va probablement être "très longue", prédit l'OMS, alors que pointe déjà une bataille des vaccins.

Six mois après avoir décrété l'urgence mondiale, l'organisation a réuni à Genève son Comité d'urgence pour la quatrième fois pour réévaluer la pandémie et son verdict a été sans appel: le monde doit se préparer à lutter pendant très longtemps.

La veille le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, avait estimé que "cette pandémie est une crise sanitaire comme on n'en voit qu'une par siècle, et ses effets seront ressentis pour les décennies à venir".

A ce jour, plus de 17,6 millions de personnes ont été contaminées dans le monde et plus de 680.000 en sont mortes, selon un bilan établi samedi par l'AFP.

En sinistre position de tête, les Etats-Unis comptent 153.314 morts dont 1.442 vendredi - un décès toutes les minutes -, suivis du Brésil (92.475 morts), du Mexique (46.688 décès) et du Royaume-Uni (46.119 morts).

Le Vietnam et les Fidji ont annoncé leur premier mort.

Au Japon, l'état d'urgence a été déclaré dans la région touristique d'Okinawa à la suite d'une "propagation explosive" du coronavirus, selon les autorités. La population est invitée à se confiner pendant deux semaines et les hôpitaux sont submergés.

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Hong Kong affronte également une nouvelle vague de contaminations et a ouvert samedi un hôpital de campagne de 500 lits, après l'annonce la veille du report des législatives à l'année prochaine, officiellement à cause de l'épidémie.

- Intense course aux vaccins -

Sur le front médical, signe de la compétition intense entre les Etats, les alliances se multiplient pour s'assurer un accès à un futur vaccin anti-Covid-19 et les rivalités surgissent.

L'immunologue américain Anthony Fauci, directeur de l'Institut national des maladies infectieuses, a jeté un pavé dans la mare vendredi devant le Congrès américain en émettant des doutes sur la sécurité des vaccins actuellement développés par la Russie et la Chine.

Moscou a annoncé cette semaine espérer entamer dès l'automne la production industrielle de deux vaccins conçus par des chercheurs de centres étatiques.

En Chine, un projet de vaccin d'un institut de recherche militaire a été autorisé fin juin dans les rangs de l'armée chinoise, alors même que les dernières phases de test n'avaient pas démarré.

"Affirmer disposer d'un vaccin prêt à être distribué avant même de le tester est, selon moi, problématique, pour ne pas dire plus", a lancé M. Fauci.

Côté européen, le français Sanofi et le britannique GSK ont annoncé vendredi un accord avec les Etats-Unis pour un financement de plus de 2 milliards de dollars contre la fourniture initiale de 100 millions de doses aux Américains. L'Union européenne s'est mise sur les rangs en réservant 300 millions de doses pour une somme indéterminée, pour l'année prochaine.

Le Japon a de son côté signé avec l'alliance germano-américaine Biontech/Pfizer pour s'assurer 120 millions de doses d'un vaccin potentiel.

Cette âpre compétition fait polémique car elle pose la question de l'accès à l'immunisation des pays à bas revenus.

- Economies en berne -
Sur le plan économique, les statistiques mondiales, plombées par les restrictions et mesures de confinement dans de nombreux pays, donnent le tournis.

La zone euro a enregistré au deuxième trimestre un plongeon historique de 12,1% de son PIB, a annoncé vendredi l'Office européen de statistiques.

En France, la chute du 2e trimestre est de 13,8%, en Espagne de 18,5%, en Allemagne, moteur économique de l'Europe, de 10,14%.

Aux Etats-Unis, le confinement a entraîné un effondrement du PIB de 32,9% pendant la même période en rythme annualisé.

- Restrictions renouvelées -
Face à une pandémie que rien ne semble pouvoir arrêter, les autorités renouvellent les mesures sanitaires en ordre dispersé.

Londres a ainsi décidé de repousser d'au moins deux semaines la prochaine phase du déconfinement en Angleterre, initialement prévue samedi.

Plusieurs pays européens ont pris des mesures de quarantaine à l'encontre d'autres Etats ou régions de l'UE, comme le Royaume-Uni vis-à-vis de l'Espagne en raison d'un rebond de l'épidémie, prenant de court des milliers de touristes déjà sur place.

Le secteur aérien a dénoncé des restrictions de voyage "incohérentes" qui "sapent la confiance des consommateurs" et "sont contraires aux conseils des experts", réclamant davantage de coordination.

Chez British Airways, les pilotes ont accepté une baisse de salaire de 20% pour limiter les licenciements, qui devraient toucher un quart des effectifs selon la direction.

L'été, marqué par des températures suffocantes en Europe de l'Ouest, a poussé les autorités à rappeler la persistance de l'épidémie à ceux qui se ruent sur les plages ou abandonnent le masque. En France, les préfets pourront étendre l'obligation du port du masque à l'extérieur.

A Berlin, quelque 17.000 personnes, aux cris de "Bas les masques", "pas de vaccination obligatoire", ou "retour des libertés!" ont réclamé l'abolition des mesures contraignantes pour combattre le Covid-19, dont les nouvelles infections inquiètent pourtant les autorités.


Automobile: les équipementiers français pressent Bruxelles d'imposer un contenu local

 Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
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  • Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe
  • Mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie"

PARIS: Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi.

Dans cette missive adressée à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et datée du 12 décembre, les dirigeants des équipementiers Valeo, Forvia et OPmobility demandent à la Commission "des mesures claires sur le contenu local lors des annonces du 16 décembre".

Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe, mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie", écrivent Christophe Périllat (Valeo), Martin Fisher (Forvia) et Félicie Burelle (OPmobility).

"Les perspectives actuelles indiquent que 350.000 emplois et 23% de la valeur ajoutée des automobiles dans l'UE sont en danger d'ici 2030 si des mesures fortes ne sont pas prises de manière urgente", ajoutent-ils.

Ces équipementiers soutiennent "la position des ministres français en faveur de +flexibilités ciblées+ dans la réglementation sur (les émissions de) CO2 si elle est assortie de conditions de critères de contenu local, dans l'intérêt des emplois, du savoir-faire dans l'automobile" et de "l'empreinte carbone" en Europe.

Les constructeurs automobiles européens et l'Allemagne notamment réclament depuis des semaines de nets assouplissements dans l'interdiction de vendre des voitures neuves thermiques ou hybrides prévue à partir de 2035.

Les annonces de la Commission sont attendues mardi après-midi.

La semaine dernière, plusieurs ministres français avaient envoyé une lettre aux commissaires européens pour dire qu'ils acceptaient des "flexibilités ciblées", à condition qu'elles s'accompagnent d'une règlementation incitative à la production en Europe.

"On est prêt à faire preuve de flexibilité", avait ensuite expliqué Roland Lescure, ministre français de l'Economie. "Si vous voulez vendre encore un peu de moteurs thermiques en 2035 très bien, mais il faut qu’ils soient faits en Europe", avec "au moins 75% de la valeur ajoutée faite en Europe", avait-il ajouté.


Espagne: amende de 64 millions d'euros contre Airbnb pour avoir publié des annonces de logements interdits

Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
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  • L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation
  • "Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux"

MADRID: Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays.

En Espagne, les plateformes de location de courte durée suscitent un vif débat, surtout dans les grandes villes touristiques, où de nombreux habitants leur reprochent de contribuer à la flambée des loyers.

L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation, ajoutant que la plateforme basée aux Etats-Unis devait désormais "corriger les manquements constatés en supprimant les contenus illégaux".

"Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux", a critiqué le ministre de la Consommation, Pablo Bustinduy, cité dans le communiqué.

"Aucune entreprise en Espagne, aussi grande ou puissante soit-elle, n'est au-dessus des lois", a-t-il poursuivi.

L'Espagne a accueilli en 2024 un nombre record de 94 millions de visiteurs, ce qui en fait la deuxième destination touristique dans le monde derrière la France. Ce chiffre pourrait être battu cette année.

Mais si le tourisme est un moteur de l'économie, de nombreux Espagnols dénoncent la congestion des infrastructures, la disparition des commerces traditionnels, remplacés par des boutiques touristiques, et surtout la flambée des loyers, les propriétaires de logements se tournant vers la location touristique, y compris sur Airbnb, nettement plus rentable.

Face à cette poussée de colère, plusieurs régions et municipalités ont annoncé des mesures ces derniers mois, à l'image de la mairie de Barcelone (nord-est), qui a promis de ne pas renouveler les licences de quelque 10.000 appartements touristiques, qui expireront en novembre 2028.

 


La RATP se cherche un ou une présidente

Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
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  • Après le départ de Jean Castex à la SNCF, l’Élysée s’apprête à nommer rapidement le nouveau président ou la nouvelle présidente de la RATP
  • Plusieurs profils circulent, tandis que la régie fait face à d’importants défis

PARIS: Après le départ de Jean Castex à la SNCF, la RATP se cherche un ou une présidente, dont la nomination pourrait intervenir "rapidement", selon des sources concordantes.

L'annonce se fera par communiqué de l'Elysée en vertu de l'article 13 de la Constitution qui prévoit que le président de la République nomme aux emplois civils et militaires de l'Etat.

Suivront, deux semaines plus tard, deux auditions de l'impétrant devant les sénateurs, puis devant les députés. Les parlementaires ont la possibilité de s'opposer au candidat d'Emmanuel Macron s'ils réunissent trois cinquième de leurs votes cumulés contre le nom choisi par l'Elysée.

En revanche, si le candidat est adoubé par le Parlement, son nom est proposé en conseil d'administration comme nouvel administrateur, puis confirmé dans la foulée par un décret suivant le conseil des ministres.

Depuis l'arrivée de l'ancien Premier ministre Jean Castex à la tête de la SNCF début novembre, les rumeurs se multiplient sur le nom de celui ou celle qui sera chargé de lui succéder aux commandes de la Régie autonome des transports parisiens, vieille dame créée le 21 mars 1948 et désormais plongée dans le grand bain de l'ouverture à la concurrence.

Les articles de presse pèsent les différents "profils" pressentis, politiques ou techniques qui pourraient "faire le job".

Les noms qui reviennent le plus souvent sont ceux de Xavier Piechaczyk, président du directoire du distributeur d'électricité RTE et ex-conseiller énergie-transport de Jean-Marc Ayrault et François Hollande, Alain Krakovitch, actuel directeur des TGV et Intercités à SNCF Voyageurs, Jean-François Monteils, président du directoire de la Société des grands projets (SGP) et selon la Tribune, Valérie Vesque-Jeancard, présidente de Vinci Airways et directrice déléguée de Vinci Airports.

"Si le nom sort de l'Elysée avant la fin de l'année, cela permettrait au PDG de prendre ses fonctions fin janvier-début février" souligne un fin connaisseur des milieux ferroviaires qui requiert l'anonymat.

- "Aller vite" -

"Une entreprise industrielle comme la RATP ne peut pas rester sans pilote très longtemps" souligne une autre source, proche du dossier, qui requiert aussi l'anonymat, avant d'ajouter "il faut aller vite, car c'est aussi une boite politique, la RATP".

Une entreprise aux enjeux d'autant plus complexes, que malgré son ancrage initial parisien, la RATP dépend du financement de la région Ile-de-France pour ses matériels, s'étend de plus en plus loin dans la banlieue, voire en métropole, et gère des réseaux de transports dans 16 pays sur les cinq continents.

En France, elle est notamment pressentie pour gérer les transports ferroviaires régionaux autour de Caen en Normandie à partir de 2027 après avoir répondu - via sa filiale RATP Dev - à des appels d'offre d'ouverture à la concurrence.

A Paris, la RATP est en train d'introduire progressivement de nouveaux matériels sur son réseau. Le nouveau métro MF19 construit par Alstom, ira d'abord sur la ligne 10 puis sept autres lignes (7 bis, 3 bis, 13 d'ici 2027, puis 12, 8, 3 et 7 d'ici 2034).

L'ensemble du processus prendra une dizaine d'années environ de travaux de modernisation sur les lignes concernées: beaucoup d'ingénierie fine à organiser pour réaliser les travaux pendant la nuit sans interrompre le trafic diurne et de désagréments pour les voyageurs.

A échéance plus lointaine, le ou la future patronne devra déterminer la stratégie du groupe dans les nouvelles ouvertures à la concurrence qui se dessinent: les tramway en 2030 puis le métro en 2040.

Sur le réseau de bus francilien, où la RATP a d'ores et déjà perdu son monopole, elle est parvenue à conserver l'exploitation de 70% des lignes d'autobus qu'elle gérait à l'issue des dernières vagues d'appels d'offre de mise en concurrence qui se sont achevées cet automne.

En particulier, elle continue d'exploiter via RATP Dev tous les bus de Paris intra-muros et a engagé un processus de verdissement de sa flotte de bus, financé par Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports.

Ses concurrents Keolis (filiale de la SNCF), Transdev et l'italien ATM ont pris les rênes le 1er novembre des lignes remportées.