Dans une cité de Marseille, une jeunesse qui veut être accompagnée, pas stigmatisée

Des policiers patrouillent près d'un point de trafic de drogue dans le centre-ville de Marseille, dans le sud de la France, le 21 mars 2024, deux jours après la visite du président français, axée sur la sécurité et le trafic de drogue. (AFP)
Des policiers patrouillent près d'un point de trafic de drogue dans le centre-ville de Marseille, dans le sud de la France, le 21 mars 2024, deux jours après la visite du président français, axée sur la sécurité et le trafic de drogue. (AFP)
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Publié le Samedi 27 avril 2024

Dans une cité de Marseille, une jeunesse qui veut être accompagnée, pas stigmatisée

  • La cité et ses habitants sont encore marqués par la mort d'un jeune homme de 18 ans, tué par balles le 5 juin 2023, dans un contexte de guerre de gangs en lien avec le trafic de drogues
  • Le quartier retombe dans l'abandon dès lors que les associations ou les institutions l'ont déserté

MARSEILLE: Dans la cité du Castellas, dans le 15e arrondissement de Marseille, l'un des plus pauvres de la ville, des jeunes sont sortis avec quelques parents malgré le mistral pour profiter d'activités organisées pendant les vacances. Ils ont soif d'accompagnement plus que de répression.

La mairie de gauche, avec plusieurs associations du quartier, la préfecture des Bouches-du-Rhône et les pompiers, a organisé une journée dédiée à la prévention et la protection des jeunes.

Au moment où plusieurs villes comme Béziers, Nice ou Les-Pennes-Mirabeau (Bouches-du-Rhône) ont annoncé des couvre-feux, "la solution de fermer, de se barricader, ça n'a jamais fonctionné", juge l'adjoint au maire de Marseille chargé de la tranquillité et de la sécurité, Yannick Ohanessian.

Il dit préférer "renouer un climat de confiance entre la population et les services de sécurité et de secours".

Une dizaine de stands sont disposés autour de la place, des enfants tapent dans un ballon de football, d'autres découvrent les premiers soins avec deux marins-pompiers ou suivent une session fitness.

Une scène est également installée, permettant à Keryna, 14 ans et Nolan, 13 ans, d'assurer leur tout premier concert de rap.

Le duo, originaire du quartier voisin du Plan d'Aou, écrit depuis un an des textes avec la "volonté de délivrer des messages" concernant la délinquance, la discrimination ou le harcèlement.

"Ce sont des sujets qui peuvent toucher tout le monde, et on a envie de sensibiliser notre génération", explique Keryna.

Consciente des difficultés que peuvent rencontrer certains enfants de son âge (le nombre de mineurs enrôlés par les trafiquants de drogue comme petites mains est en hausse ces dernières années), elle estime que ces jeunes "ne sont parfois pas assez accompagnés".

«Faut pas nous abandonner»

"On a tous au moins un point fort, mais il ne faut pas nous abandonner", insiste Nolan.

Un peu plus loin, un groupe de trois jeunes filles discutent sur un banc: "On est descendues pour les activités, parce que sinon pendant les vacances il ne se passe rien", explique Noor, 12 ans.

Le quartier retombe dans l'abandon dès lors que les associations ou les institutions l'ont déserté: "Il n'y a pas de jeux, de toboggans, d'activités, même pas une fontaine d'eau potable", énumère Amira, 13 ans.

A cause de ce vide, "on ne se sent pas en sécurité", ajoute-t-elle.

La cité et ses habitants sont encore marqués par la mort d'un jeune homme de 18 ans, tué par balles le 5 juin 2023, dans un contexte de guerre de gangs en lien avec le trafic de drogues: "Depuis les tirs, on a l'impression d'avoir tout perdu", lâche Amira.

Un problème dont sont conscientes Annisa et Inès, 18 ans chacune, étudiantes en BTS tourisme et création sites web, qui ont grandi au Castellas.

"C'est compliqué", répondent-elle quand on les interroge sur la vie dans leur quartier. Mais pour elles, la stratégie punitive de certaines communes n'est pas une solution viable: "Ils mettent beaucoup de pression sur les jeunes et finissent par punir des gens qui ne sont pas coupables", estime Inès à propos des couvre-feux envisagés.

"Au lieu de régler des problèmes qu'ils ne connaissent pas, ils s'en prennent aux autres jeunes et créent encore plus de frustrations", renchérit Annisa.

Le directeur de cabinet adjoint du préfet des Bouches-du-Rhône, Yannis Bouzar, insiste sur l'importance "des actions de prévention" à destination de ces jeunes avec "le soutien du tissu associatif", mais aussi les témoignages de "victimes d'actions violentes". Sans ce travail de prévention, "nous savons que nous ne réussirons pas à gagner ce combat".


Budget: Lecornu fragilisé par une alliance gauche-RN sur la fiscalité des multinationales

Les députés votent en levant la main lors du débat et de l'examen du budget de l'État 2026 à l'Assemblée nationale française, la chambre basse du parlement français, à Paris, le 29 octobre 2025. (AFP)
Les députés votent en levant la main lors du débat et de l'examen du budget de l'État 2026 à l'Assemblée nationale française, la chambre basse du parlement français, à Paris, le 29 octobre 2025. (AFP)
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  • Alliance gauche–RN : Les députés ont adopté plusieurs taxes sur les grandes entreprises, défiant le gouvernement
  • Crise budgétaire : Le budget 2026 est fragilisé, avec un risque de passage en force par ordonnances

PARIS: Les députés ont voté mercredi de nouvelles taxes visant les grandes entreprises, dans une alliance de circonstance entre la gauche et l'extrême droite, rendant plus difficile l'adoption du budget par le camp gouvernemental qui dénonce une "folie fiscale".

Sébastien Lecornu se retrouve face à une équation politique de plus en plus impossible, alors même que les mesures les plus sensibles – notamment sur la taxation des hauts patrimoines, condition posée par les socialistes à leur non-censure – n'ont pas encore été examinées.

Jeudi, les députés feront une pause dans les débats budgétaires, avec une journée réservée à l'examen de textes proposés par le Rassemblement national.

Mais ils reprendront vendredi, avec l'examen prioritaire dès 09H00 de l'article 3 du projet de loi de Finances instaurant une taxe sur les holdings, suivi des amendements de la gauche pour créer une taxe Zucman.

Dans ce contexte déjà tendu, le gouvernement avait haussé le ton dès mercredi matin. "La justice fiscale a laissé place à la surenchère fiscale", a mis en garde mercredi le ministre de l'Economie Roland Lescure. Le Premier ministre s'est lui inquiété devant les sénateurs d'une déconnexion entre le débat fiscal et "la question économique générale et globale".

Dans leur ligne de mire, le vote mardi par une alliance de la gauche et du RN d'un "impôt universel" sur les multinationales, pour lutter contre l'évasion et l'optimisation fiscale.

Une mesure censée rapporter 26 milliards d'euros, selon ses défenseurs, mais jugée inopérante, contraire à la législation et néfaste pour l'économie française, par le gouvernement.

- "Pas honteux" -

Marine Le Pen, pointée du doigt par la droite pour son soutien, a défendu la mesure. "Il s'agit juste de faire respecter la loi", selon elle.

"Pour l'instant, ce qui a été voté" à l'Assemblée dans le cadre de l'examen du budget de l'Etat n'est "pas honteux, contrairement aux hurlements du gouvernement", a enfoncé la cheffe des députés RN.

Mais les mises en garde du camp gouvernemental n'ont pas freiné les députés dans leur lancée, au contraire.

Dans l'après-midi, ils ont continué d'adopter des mesures visant les grands groupes.

Là encore, ce sont les votes réunis de la gauche et du RN qui ont permis l'adoption d'une mesure portée par LFI visant à élargir le champ d'application de l'impôt minimum de 15% sur les bénéfices des multinationales.

C'est "une autoroute vers le contentieux", qui fragiliserait les efforts coordonnés avec l'OCDE pour lutter contre l'évasion fiscale, a fustigé dans l'hémicycle le ministre de la Fonction publique, David Amiel.

"On assume à 100%" ce vote, a martelé le député RN Jean-Philippe Tanguy.

Dans la foulée, le gouvernement a essuyé deux nouveaux revers: le RN a réussi à faire adopter de justesse un amendement pour alourdir la taxation sur les rachats d'actions, afin de lutter contre la spéculation. Les députés de gauche se sont pour la plupart abstenus. Puis c'est la France Insoumise qui a réussi à faire adopter, lors d'un vote très serré, un amendement instaurant une taxe exceptionnelle sur les superdividendes.

Ces derniers votes ne devraient pas faciliter la tâche de Sébastien Lecornu.

Mercredi matin, le président de LR Bruno Retailleau avait dénoncé une "folie fiscale", et "le coût de la stabilité politique exorbitant". Le chef des députés MoDem Marc Fesneau estime aussi que le texte "devient totalement invotable".

- Amendement de compromis ? -

A l'issue du Conseil des ministres, la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, avait relativisé les votes de la veille, rappelant qu'on n'est "qu'au tout début du processus parlementaire".

M. Retailleau pense d'ailleurs que la première partie du budget sur les recettes "sera refusée par l'Assemblée" et donc que ce sera le Sénat "qui devra reprendre la copie".

Sous couvert d'anonymat, plusieurs cadres de la coalition gouvernementale disent s'attendre à ce qu'il n'y ait "pas de budget" et que le gouvernement doive se contenter d'une "loi spéciale", qui lui permet de reconduire en 2026 les impôts et dépenses de 2025.

Autre option: l'adoption d'un budget par ordonnances, comme l'autorise la Constitution si les délais d'examen du texte sont dépassés, et comme s'en inquiète le RN.

Les groupes politiques ont accepté de retirer une partie de leurs amendements afin d'accélérer les débats.

La fiscalité va continuer d'alimenter les tensions dès la reprise vendredi matin.

Du fait de l'opposition résolue du bloc central, de la droite et du RN, la taxe Zucman n'a guère de chance d'être votée, que ce soit dans sa forme initiale (un impôt minimum de 2% sur les patrimoines de plus de 100 millions d'euros) ou modifiée (3% à partir de 10 millions d'euros, mais en excluant les entreprises innovantes et familiales).

Un amendement de compromis pourrait donc être encore présenté par le gouvernement au moment des débats. "Il y a encore du travail", a reconnu Mme Bregeon.


Municipales: à Paris, Renaissance tourne le dos à Dati et soutient Bournazel

Le secrétaire général du parti Horizons et conseiller de Paris Pierre-Yves Bournazel prononce un discours lors du lancement de sa campagne électorale pour la mairie de Paris, lors d'un rassemblement à la salle de concert du Trianon à Paris, le 3 juin 2025. (AFP)
Le secrétaire général du parti Horizons et conseiller de Paris Pierre-Yves Bournazel prononce un discours lors du lancement de sa campagne électorale pour la mairie de Paris, lors d'un rassemblement à la salle de concert du Trianon à Paris, le 3 juin 2025. (AFP)
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  • Renaissance soutient Pierre-Yves Bournazel (Horizons) pour les municipales à Paris, un choix validé à une large majorité mais qui divise le camp macroniste, dont certains préféraient Rachida Dati
  • Cette décision révèle des tensions entre Renaissance, Horizons et les partisans de Dati, sur fond de calculs nationaux et d’équilibres internes, alors que la succession d’Anne Hidalgo reste ouverte

PARIS: Renaissance a entériné mardi son soutien à Pierre-Yves Bournazel, du parti Horizons d’Édouard Philippe, pour les élections municipales à Paris, un choix qui divise au sein du parti macroniste dont une partie œuvrait pour un soutien à Rachida Dati.

La commission d'investiture du parti dirigé depuis un an par Gabriel Attal a "validé à l'unanimité moins deux voix le soutien à Pierre-Yves Bournazel", a indiqué le parti.

Lors de cette réunion, la direction de Renaissance a plaidé pour ce "candidat de rassemblement", "plus clair sur la gouvernance, le projet et la répartition" sur les futures listes électorales à composer, "contrairement à Dati, plutôt muette sur nos attentes", selon un des participants.

Mais cette décision ne fait pas l'unanimité: le député Sylvain Maillard, artisan d'un soutien à Mme Dati, a annoncé mardi qu'il se mettait "en retrait" de la présidence de la fédération Renaissance de la capitale, ajoutant au Parisien qu'il entendait "jouer un rôle, être au cœur de la campagne" de la ministre de la Culture.

Quarante-et-un cadres et élus parisiens de Renaissance, dont David Amiel, Olivia Grégoire et Astrid Panosyan-Bouvet, justifient au contraire, dans une tribune à L'Opinion, leur soutien à M. Bournazel, dénonçant notamment la "foire d'empoigne" des Conseils de Paris, où Rachida Dati mène l'opposition à Anne Hidalgo.

M. Maillard, qui fut le premier député du parti macroniste élu en 2017, reste néanmoins membre de Renaissance, a-t-il précisé à l'AFP.

- Le cas Édouard Philippe -

Ancien du parti de droite Les Républicains, soutien d’Édouard Philippe depuis 2017, secrétaire général d'Horizons, Pierre-Yves Bournazel, 48 ans, fait un pas vers l'Hôtel de ville, son ambition de longue date, après une candidature à la primaire des LR en 2014 et un ralliement à Renaissance en 2020.

M. Bournazel et Gabriel Attal devraient s'afficher prochainement lors d'un déplacement commun dans la capitale.

"Renaissance aura 55% de place dans ma liste, ainsi que dix têtes de liste pour les mairies d'arrondissement", a précisé M. Bournazel dans un entretien au Parisien.

Les partisans d'un soutien à Mme Dati ont notamment dénoncé les déclarations d’Édouard Philippe suggérant à Emmanuel Macron une démission pour une élection présidentielle anticipée.

Favorable au soutien à M. Bournazel, le ministre David Amiel l'a lui aussi invité à ne "participer à strictement aucune des attaques insupportables d'Horizons contre le président de la République".

Favorable à un appui à Mme Dati, la ministre Aurore Bergé a par ailleurs demandé un "engagement public" de M. Bournazel qu'il ne rallierait pas le candidat socialiste Emmanuel Grégoire s'il n'était pas en tête au premier tour.

- "Tractations nationales" -

Rachida Dati, soutenue par Emmanuel Macron selon plusieurs sources, faisait figure de candidate évidente pour une partie des macronistes depuis son entrée au gouvernement en 2024.

Mais ce scénario avait également ses détracteurs qui pointaient par ailleurs les ennuis judiciaires de Mme Dati, qui sera jugée après l'élection, en septembre 2026, pour corruption et trafic d'influence dans l'affaire Renault-Ghosn. Des faits qu'elle conteste.

La maire du 7e arrondissement a entre-temps reçu l'investiture des LR. Mais les relations restent compliquées avec le parti de droite, dirigé par Bruno Retailleau, qui a suspendu les ministres de son parti membres du gouvernement Lecornu 2.

La porte-parole de LR et présidente de la fédération parisienne Agnès Evren a dit à l'AFP "regretter cette candidature concurrente qui n'a pas de sens" alors que "contrairement à la gauche, nous sommes d'accord sur l'essentiel".

Proche de la ministre de la Culture, la conseillère de Paris Nelly Garnier a pointé une décision de Renaissance "faite selon des tractations nationales" avec Horizons. "Nous, notre objectif est d'accueillir tous les gens de Renaissance qui veulent s'inscrire dans une dynamique gagnante."

S'il n'y a "pas d'accord national" entre les deux partis, Horizons va soutenir les têtes de liste Renaissance à Annecy, Bordeaux, Dijon, Lille et Nîmes, a précisé Renaissance.

L'élection à Paris (15 et 22 mars) est incertaine, Anne Hidalgo ne se représentant pas après 24 ans de gestion PS depuis l'élection de Bertrand Delanoë.

A gauche, le candidat socialiste Emmanuel Grégoire, ancien premier adjoint de Mme Hidalgo, et l'écologiste David Belliard sont engagés dans de difficiles discussions sur une union dès le premier tour, chacun revendiquant la tête de liste.


Budgets: PS et gouvernement progressent dans leurs accords, la discussion sur les retraites démarre

Vue générale de l'hémicycle lors de l'examen d'un projet de loi de finances dans le cadre du débat et de l'examen du budget de l'État 2026 à l'Assemblée nationale française, à Paris, le 27 octobre 2025. (AFP)
Vue générale de l'hémicycle lors de l'examen d'un projet de loi de finances dans le cadre du débat et de l'examen du budget de l'État 2026 à l'Assemblée nationale française, à Paris, le 27 octobre 2025. (AFP)
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  • Le PS et le gouvernement ont trouvé un accord provisoire à l’Assemblée sur la surtaxe des bénéfices des grandes entreprises, dans le cadre de l’examen du budget, mais des divergences persistent
  • Les députés ont voté la baisse de la CVAE et d’autres mesures de soutien aux entreprises, tandis que la suspension de la réforme des retraites jusqu’en 2028 reste au cœur des débats et suscite des tensions avec le Sénat

PARIS: Le PS et le gouvernement ont trouvé lundi à l'Assemblée un terrain d'entente sur la surtaxe sur les bénéfices des entreprises, semblant progresser dans la quête d'un accord budgétaire global, même si des haies restent à franchir sur la taxation des patrimoines ou la suspension de la réforme des retraites.

Saisis du projet de budget de l'Etat, les députés ont longuement débattu dans l'hémicycle de la surtaxe sur les bénéfices des entreprises.

Au fil des discussions, le gouvernement a dégainé un amendement augmentant le rendement de la taxe de 4 à 6 milliards d'euros, en faisant peser le poids de la hausse sur les plus grandes entreprises.

Au grand dam de députés du groupe ciottiste UDR, et même de certains élus LR et macronistes de Renaissance qui demandaient la suppression pure et simple de la mesure.

Manuel Bompard (LFI) a dénoncé un marché passé "dans des salles parallèles" entre le gouvernement et le PS, son groupe votant toutefois la mesure.

"On s'est engagé à ce que le gouvernement écoute les débats au sein de l'Assemblée", a rétorqué le ministre de l'Economie et des Finances Roland Lescure.

Devant la presse, le patron des députés socialistes Boris Vallaud s'est lui montré circonspect face à la désunion du camp gouvernemental. "Il n'y a pas de bloc central ni de socle commun. Ce n'est pas rassurant pour la suite", a-t-il pointé.

La "suite" passera notamment cette semaine par l'examen de la taxe Zucman pour une imposition minimum du patrimoine, ou d'une version allégée de celle-ci mise sur la table par les socialistes, qui attendent du camp gouvernemental qu'il concoure à la faire adopter.

Olivier Faure, patron du PS, a agité dimanche le spectre d'une nouvelle dissolution si le gouvernement ne cède pas dans les prochains jours en faveur d'une taxe sur les hauts patrimoines.

En attendant, les députés ont voté lundi en fin d'après-midi la baisse et la suppression accélérée de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE), un impôt de production décrié par le camp gouvernemental comme par l'extrême droite. Le coût est de 1,3 milliard.

- A l'horizon, les retraites -

En fin de matinée, le député PS Jérôme Guedj avait salué prudemment des "signaux faibles" en vue d'un accord global, après l'adoption en commission des Affaires sociales de son amendement rehaussant la CSG sur les revenus du patrimoine et des capitaux, au premier jour de l'examen du budget de la Sécurité sociale.

Une adoption avec l'abstention de macronistes, qui attendent toutefois des garde-fous pour soutenir la mesure dans l'hémicycle à partir du 4 novembre, où les parlementaires repartiront de la copie initiale du gouvernement.

La commission a aussi voté contre le gel, proposé par le gouvernement, du barème utilisé pour calculer des taux de CSG, insistant pour l'indexer sur l'inflation.

Autre mesure du gouvernement rejetée par la commission: la création d'une cotisation patronale sur les tickets-restaurants et les chèques-vacances.

La mesure-phare du budget de la Sécu restera la suspension de la réforme des retraites, condition de la non-censure du PS.

Elle ne sera formellement examinée qu'en fin de débats, mais les députés ont pris de l'avance rejetant largement en commission la piste d'une surtaxe sur les mutuelles pour la financer.

Les groupes de gauche, le Rassemblement national et même Les Républicains, membres de la coalition gouvernementale, ont supprimé l'article, arguant tous que les malades paieraient au bout du compte la facture.

Le projet de loi suspend jusqu'à janvier 2028 la marche en avant vers les 64 ans, tout comme le relèvement du nombre de trimestres pour partir à taux plein.

La droite s'y oppose, et proposera d'effacer cette suspension. Si l'Assemblée la suspend, le Sénat (contrôlé par la droite et les centristes) rétablira la réforme, a prévenu son président Gérard Larcher.

Sébastien Lecornu a reçu lundi les chefs des groupes de droite et du centre du Sénat, irrités par les concessions faites aux socialistes. "Je n'ai pas de deal avec les socialistes", leur a-t-il assuré selon plusieurs participants, leur indiquant qu'il "comprenait" que le Sénat ait lui aussi "ses propres lignes" sur le budget.

Le coût de la suspension de la réforme des retraites est estimé à 100 millions d'euros en 2026 et 1,4 milliard d'euros en 2027. Les pistes pour la financer font controverse, alors que le projet de budget de la Sécu est d'une exceptionnelle rigueur financière, avec des économies massives pour réduire le déficit à 17,5 milliards en 2026 (23 milliards en 2025).