Tech: les géants de l'automobile en quête de partenariats en Chine pour rester compétitifs

Cette photo prise le 11 septembre 2023 montre des voitures électriques BYD attendant d'être chargées sur un navire au terminal international de conteneurs du port de Taicang au port de Suzhou, dans la province chinoise du Jiangsu, à l'est de le Chine. (Photo par AFP)
Cette photo prise le 11 septembre 2023 montre des voitures électriques BYD attendant d'être chargées sur un navire au terminal international de conteneurs du port de Taicang au port de Suzhou, dans la province chinoise du Jiangsu, à l'est de le Chine. (Photo par AFP)
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Publié le Mercredi 08 mai 2024

Tech: les géants de l'automobile en quête de partenariats en Chine pour rester compétitifs

  • Ces entreprises traditionnelles sont désormais engagées dans une guerre des prix face à une centaine de marques chinoises de l'électrique qui rivalisent pour proposer les prix les plus attrayants et les fonctionnalités les plus avancées
  • Les constructeurs étrangers cherchent à nouer des partenariats avec des entreprises locales de la tech non seulement pour tirer parti de leurs innovations, mais aussi pour accéder aux données recueillies par les véhicules en Chine

PÉKIN, Chine : Les constructeurs automobiles étrangers, en difficulté en Chine face à une nouvelle génération de fabricants locaux de véhicules électriques, cherchent à coopérer avec des géants chinois de la tech pour rester compétitifs au sein du plus grand marché de l'électrique au monde.

Au salon de l'automobile de Pékin fin avril, des entreprises étrangères ont annoncé des partenariats en matière de technologie, telles que les japonaises Nissan et Toyota, respectivement avec les mastodontes chinois de la tech Baidu et Tencent.

Les constructeurs traditionnels «sont notoirement des entreprises conservatrices», explique Tu Le, directeur de la société de conseil Sino Auto Insights.

«Elles ont essayé d'investir dans les technologies d'avant-garde (...) mais cela ne vient pas naturellement», relate-t-il. «Elles sont contraintes d'essayer d'être plus ouvertes d'esprit vis-à-vis de la technologie en raison de l'évolution du marché en Chine et des nouveaux entrants dans le secteur - des entreprises comme Xiaomi et Huawei» connues pour leurs produits high-tech.

Ces entreprises traditionnelles sont désormais engagées dans une guerre des prix face à une centaine de marques chinoises de l'électrique qui rivalisent pour proposer les prix les plus attrayants et les fonctionnalités les plus avancées.

«De manière générale, les fabricants étrangers d'automobiles en Chine, particulièrement les constructeurs japonais, ont vraiment été (...) malmenés au cours des 12 à 18 derniers mois sur le marché chinois», explique à l'AFP Gregor Sebastian, analyste et expert de l'électrique chez Rhodium Group, une société indépendante de recherche.

«Ils ont perdu des parts de marché rapidement (...) Cela est lié à une compétition chinoise intense de constructeurs comme BYD mais aussi des nombreuses start-ups de l'électrique», ajoute l'expert.

BYD, poids lourd incontesté du secteur en Chine, a battu l'américain Tesla au 4e trimestre 2023 pour devenir le premier vendeur de véhicules électriques au monde.

- Innovations et données -

Les entreprises étrangères doivent donc rivaliser d'inventivité pour renforcer leur positionnement sur un marché dominé par des véhicules à moindre coût et high-tech. Pour ce qui est de l'électrique, les technologies intelligentes semblent primordiales.

Les constructeurs étrangers cherchent à nouer des partenariats avec des entreprises locales de la tech non seulement pour tirer parti de leurs innovations, mais aussi pour accéder aux données recueillies par les véhicules en Chine, essentielles pour améliorer leurs performances et fonctionnalités intelligentes, notamment fondées sur l'intelligence artificielle.

Pékin a en effet renforcé son contrôle sur l'accès des sociétés étrangères aux informations qu'il considère sensibles, telles que ces données.

«La Chine veut montrer qu'elle joue en respectant les règles et laisse les joueurs étrangers accéder au marché (...) Mais elle ne veut rien céder du côté de la sécurité», observe pour l'AFP Daniel Kollar du cabinet de conseil Intralink.

«Si l'on souhaite proposer des solutions de cartographie particulièrement avancées en Chine, on doit travailler avec une entreprise locale et autoriser ses données de cartographie ou former une coentreprise», explique Gregor Sebastian.

- Potentiel énorme de l'IA -

Le japonais Nissan a présenté son partenariat avec Baidu comme un moyen de proposer «des systèmes intelligents et des services s'appuyant sur l'intelligence artificielle aux clients de Chine et d'ailleurs». Baidu a également commencé à collaborer avec le géant sud-coréen de l'automobile Hyundai et Kia.

Toyota a dit de son côté s'associer au géant du jeu vidéo Tencent.

Ces entreprises chinoises sont des «expertes» dans leur domaine, observe Tu Le.

«Ceci, ajouté au fait que la plupart des constructeurs sont particulièrement faibles en matière de numérique, crée une occasion idéale pour Tencent et Baidu de se tourner vers le secteur de la mobilité.»

Lors d'une visite surprise à Pékin la semaine dernière, le patron de Tesla Elon Musk a rencontré de hauts responsables chinois et obtenu un important feu vert réglementaire des autorités chinoises en matière de sécurité des données. Cette décision a coïncidé avec la signature, rapportée par plusieurs médias, d'un partenariat entre Baidu et Tesla pour les cartes et la navigation.

D'après Gregor Sebastian, ces partenariats s'inscrivent dans une stratégie de long terme visant à rester en bonne place sur le marché chinois.

«Si les relations politiques avec la Chine continuent d'être stables et ne se détériorent pas davantage, peut-être que (les entreprises étrangères) pourront s'appuyer sur Baidu ou Tencent» pour des produits de nouvelle génération dans les années 2030, ajoute-t-il.

D'après Tu Le, le potentiel de l'IA pourrait être énorme pour les véhicules intelligents.

«Imaginez qu'un système autonome dans un véhicule ait l'accès à tout votre historique, vos données de conduite, vos habitudes d'achat et préférences (...) Cela pourrait créer des moyens de vous faire dépenser de l'argent» à intervalles réguliers.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
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  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.


Face à l'explosion des dépenses militaires, l'ONU appelle à «repenser les priorités»

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté. (AFP)
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté. (AFP)
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  • "Aujourd'hui, nous publions un rapport qui révèle une réalité saisissante: le monde dépense bien plus à faire la guerre qu'à construire la paix", a-t-il déclaré Antonio Guterres
  • Selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), les dépenses militaires mondiales ont atteint en 2024 près de 2.700 milliards de dollars, en hausse de plus de 9% sur un an

NATIONS-UNIES: Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté.

"Aujourd'hui, nous publions un rapport qui révèle une réalité saisissante: le monde dépense bien plus à faire la guerre qu'à construire la paix", a-t-il déclaré Antonio Guterres.

Selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), les dépenses militaires mondiales ont atteint en 2024 près de 2.700 milliards de dollars, en hausse de plus de 9% sur un an.

C'est "l'équivalent de 334 dollars par habitant de la planète", "près de 13 fois le montant de l'aide publique au développement des pays les plus riches et 750 fois le budget ordinaire de l'ONU", a noté Antonio Guterres.

Et en parallèle, la majorité des Objectifs de développement durables (ODD) visant à améliorer le sort de l'humanité d'ici 2030 (éradication de l'extrême pauvreté, égalité hommes-femmes, éducation...) ne sont pas sur la bonne voie.

Pourtant, mettre un terme à la faim dans le monde d'ici 2030 nécessiterait seulement 93 milliards de dollars par an, soit 4% des dépenses militaires de 2024, et faire en sorte que chaque enfant soit totalement vacciné coûterait entre 100 et 285 milliards par an, note le rapport demandé par les Etats membres.

Au total, l'ONU estime aujourd'hui à 4.000 milliards de dollars les investissements supplémentaires nécessaires chaque année pour atteindre l'ensemble des ODD, un montant qui pourrait grimper à 6.400 milliards dans les prochaines années.

Alors le secrétaire général de l'ONU a lancé un "appel à l'action, un appel à repenser les priorités, un appel à rééquilibrer les investissements mondiaux vers la sécurité dont le monde a vraiment besoin".

"Des dépenses militaires excessives ne garantissent pas la paix, souvent elles la sapent, encourageant la course aux armements, renforçant la méfiance et détournant des ressources de ce qui représentent les bases de la stabilité", a-t-il ajouté. "Un monde plus sûr commence par investir au moins autant pour lutter contre la pauvreté que nous le faisons pour faire la guerre".

"Rediriger même une fraction des dépenses militaires actuelles pourraient combler des écarts vitaux, envoyer des enfants à l'école, renforcer les soins de santé de base, développer les énergies propres et des infrastructures résistantes, et protéger les plus vulnérables", a-t-il plaidé.