France-Palestine: l'Assemblée rejette la transformation du groupe d'étude en « groupe d'amitié »

Un manifestant brandit des fusées tandis que deux autres tiennent une banderole « Solidarité avec la Palestine » lors d'une manifestation pro-palestinienne dans la cour de l'Institut d'études politiques (Sciences Po) à Lyon, dans le centre-est de la France, le 30 avril 2024. (AFP).
Un manifestant brandit des fusées tandis que deux autres tiennent une banderole « Solidarité avec la Palestine » lors d'une manifestation pro-palestinienne dans la cour de l'Institut d'études politiques (Sciences Po) à Lyon, dans le centre-est de la France, le 30 avril 2024. (AFP).
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Publié le Jeudi 16 mai 2024

France-Palestine: l'Assemblée rejette la transformation du groupe d'étude en « groupe d'amitié »

  • L'Assemblée compte déjà en son sein "un groupe d'étude à vocation internationale" (GEVI) sur la Palestine, présidé par le député MoDem Richard Ramos, et qui réunit en son sein des députés de plusieurs bancs
  • M. Ramos souhaitait qu'il soit transformé en un "groupe d'amitié", comme il en existe pour la plupart des Etats, dont Israël

PARIS: Le Bureau de l'Assemblée nationale, sa plus haute instance collégiale, a rejeté mercredi la demande de transformation d'un groupe d'étude France-Palestine en "groupe d'amitié", estimant que ses critères de création n'étaient pas réunis, au grand dam de la gauche et de son président MoDem.

L'Assemblée compte déjà en son sein "un groupe d'étude à vocation internationale" (GEVI) sur la Palestine, présidé par le député MoDem Richard Ramos, et qui réunit en son sein des députés de plusieurs bancs. M. Ramos souhaitait qu'il soit transformé en un "groupe d'amitié", comme il en existe pour la plupart des Etats, dont Israël.

Ces structures, qui disposent d'un budget, peuvent prendre des initiatives diplomatiques et culturelles, notamment auprès de Parlements et parlementaires étrangers, en effectuant par exemple des déplacements ou en invitant au contraire des représentants et citoyens étrangers en France.

La demande de M. Ramos a été rejetée par 11 voix contre 8, dans un contexte tendu par la guerre entre Israël et le Hamas, et la menace d'une large offensive terrestre à Rafah.

La gauche a voté pour. La droite et l'extrême droite s'y sont opposées selon des sources parlementaires, comme la plupart des élus du camp présidentiel.

M. Ramos a dénoncé une "erreur historique".

La présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet s'est prononcée contre, les critères présidant à la création d'un groupe d'amitié n'étant pas réunis selon son entourage: l'existence d'un Parlement dans l'Etat, la reconnaissance de l'Etat par l'ONU, et des relations diplomatiques avec la France.

L'Autorité palestinienne dispose d'une représentante en France mais "ça fait plus de 17 ans (2006, NDLR) qu'il n'y a pas eu d'élections législatives, et la Palestine n'est pas reconnue à l'ONU", argue une source parlementaire.

"Le Parlement existe", et s'il n'y a pas eu d'élections c'est parce qu'"on n'arrive pas à faire avec nos amis Israéliens de vote à Jérusalem-Est", a rétorqué M. Ramos.

Le MoDem divisé 

Un autre argument de certains opposants à la mesure est que les GEVI permettent de conduire des initiatives diplomatiques similaires aux groupes d'amitié. Mais M. Ramos plaide pour qu'un groupe d'amitié France-Palestine vienne "travailler de façon commune" avec le groupe France-Israël, par exemple pour organiser des voyages à Jérusalem.

"En diplomatie il faut une symétrie des formes", a-t-il insisté.

Il a par ailleurs regretté que deux députées MoDem aient voté contre le groupe d'amitié sur ce vote serré, alors qu'il assure que son groupe politique s'est prononcé hier "à 80% pour" entériner la création d'un groupe d'amitié.

"J'ai pris une décision personnelle mais fondée sur le droit", a répondu Elodie Jacquier-Laforge, vice-présidente MoDem de l'Assemblée. "Nous souhaitons arriver à une situation où la Palestine sera reconnue comme un Etat de plein droit à l'ONU, mais notre volonté n'est malheureusement pas une réalité".

Le président de la commission des Affaires étrangères Jean-Louis Bourlanges, également MoDem, a regretté dans un communiqué la décision du bureau de l'Assemblée.

"Par la décision de son bureau, l'Assemblée s'est non seulement refusée à s'engager, fût-ce par une décision symbolique, dans une direction salutaire mais elle a de surcroît marqué le pas derrière un gouvernement qui (...) n'a pas hésité à voter au Conseil de sécurité des Nations unies en faveur de la reconnaissance de l'Etat palestinien", a-t-il commenté.

 


Macron nommera «dans les prochains jours» un Premier ministre pour un gouvernement «d'intérêt général»

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  • Emmanuel Macron a promis jeudi de nommer "dans les prochains jours" un Premier ministre chargé de former un gouvernement "resserré"
  • Ce futur chef du gouvernement, "je le chargerai de former un gouvernement d'intérêt général représentant toutes les forces politiques d'un arc de gouvernement qui puisse y participer ou, à tout le moins, qui s'engage à ne pas le censurer"

PARIS: Emmanuel Macron a promis jeudi de nommer "dans les prochains jours" un Premier ministre chargé de former un gouvernement "resserré" et "d'intérêt général", dans une allocution aux Français prononcée au lendemain de la censure du gouvernement de Michel Barnier.

Ce futur chef du gouvernement, "je le chargerai de former un gouvernement d'intérêt général représentant toutes les forces politiques d'un arc de gouvernement qui puisse y participer ou, à tout le moins, qui s'engage à ne pas le censurer", a expliqué le président de la République.

La dissolution "n'a pas été comprise"

Emmanuel Macron a reconnu jeudi que sa décision de dissoudre l'Assemblée nationale en juin "n'a pas été comprise", assumant "sa responsabilité" dans une allocution aux Français au lendemain de la censure du gouvernement de Michel Barnier.

Cette décision, "beaucoup me l'ont reprochée et je sais, beaucoup continuent de me le reprocher. C'est un fait et c'est ma responsabilité", a affirmé le président de la République.

 


Censure, gouvernement: Macron reçoit Bayrou à déjeuner

Le nom du président du MoDem, allié du chef de l'Etat depuis 2017, circule pour le poste de Premier ministre, de même que celui du ministre des Armées Sébastien Lecornu. (AFP)
Le nom du président du MoDem, allié du chef de l'Etat depuis 2017, circule pour le poste de Premier ministre, de même que celui du ministre des Armées Sébastien Lecornu. (AFP)
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  • M. Macron s'adressera aux Français à 20H00, au lendemain du renversement du gouvernement de Michel Barnier par l'Assemblée nationale, une première en France depuis 1962
  • Le nom du président du MoDem, allié du chef de l'Etat depuis 2017, circule pour le poste de Premier ministre, de même que celui du ministre des Armées Sébastien Lecornu

PARIS: Emmanuel Macron a déjeuné jeudi à l'Élysée avec François Bayrou, dont le nom circule pour prendre la succession de Michel Barnier à Matignon, a-t-on appris de source proche du dirigeant du MoDem, confirmant une information de RTL et du Parisien.

Le patron du MoDem avait auparavant rencontré l'ex-Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve, ont indiqué à l'AFP deux de ses proches.

Le président de la République, qui a reçu à la mi-journée la présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet, devait s'entretenir à 15H00 avec le président du Sénat, Gérard Larcher.

M. Macron s'adressera aux Français à 20H00, au lendemain du renversement du gouvernement de Michel Barnier par l'Assemblée nationale, une première en France depuis 1962.

Le nom du président du MoDem, allié du chef de l'Etat depuis 2017, circule pour le poste de Premier ministre, de même que celui du ministre des Armées Sébastien Lecornu.

 


Avec la chute de Barnier, la France renoue avec le cycle infernal

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  • Le premier ministre est libéré du poids de son poste, mais lui président de la République prend cette crise politique, ce chaos selon certains, en pleine figure
  • Pourtant Macron qui s’était adressé aux journalistes qui l’accompagnaient à Riyad, semblait serein. L’était-il vraiment, difficile à dire…

PARIS: Au soir du 4 décembre, la France a plongé dans l’inconnu.

Une majorité de 331 députés d’extrême droite, de gauche et d’extrême gauche ont voté la motion de défiance contre le gouvernement présidé par Michel Barnier, provoquant sa chute.

La France est à nouveau sans gouvernement, comme au lendemain des élections législatives anticipées du printemps dernier, où il a fallu attendre 50 jours, avant la nomination de Barnier.

Ce soir, vingt-quatre heures plus tard, le président français Emmanuel Macron s’adresse aux Français dans une allocution solennelle.

Le président qui a accepté dans la matinée la démission de Barnier est sommé d’agir.

Les spéculations vont bon train dans le milieu politique et médiatique sur la marge de manœuvre présidentielle et sur sa capacité à reprendre la main sur la situation.

Le pessimisme règne, et le déchaînement infernal qui s’est emparé du pays depuis la dissolution de parlement et les législatives anticipées a repris son cours.

La France est en panne, pris de court par le vote de défiance contre le gouvernement, à son retour d’une visite d’Etat en Arabie saoudite, le président qui a accepté dans la matinée la démission de Barnier est sommé d’agir.

Le premier ministre est libéré du poids de son poste, mais lui président de la République prend cette crise politique, ce chaos selon certains, en pleine figure.

Pourtant Macron qui s’était adressé aux journalistes qui l’accompagnaient à Riyad, semblait serein. L’était-il vraiment, difficile à dire…

Pour lui, il est impensable que le Rassemblement National (extrême droite) et La France Insoumise (extrême gauche) et ennemis jurés et le Parti socialiste votent une même motion de défiance.

Ce vote a pourtant eu lieu, et son ampleur est dévastatrice, elle dépasse de 43 voix la majorité de 288 voix requise pour faire tomber le gouvernement, avec un motif invoqué :  des désaccords sur les mesures budgétaires.

« Ce serait un vote d’un cynisme insoutenable » a-t-il affirmé, et « une perte complète de repères » se disant sûr que « tout le monde va prendre ses responsabilités ».

Ce vote a pourtant eu lieu, et son ampleur est dévastatrice, elle dépasse de 43 voix la majorité de 288 voix requise pour faire tomber le gouvernement, avec un motif invoqué: des désaccords sur les mesures budgétaires.

Alors force pour lui de constater, selon son entourage qu’un front antirépublicain s’est constitué à l’Assemblée nationale, et de se remettre au travail pour trouver un remplaçant à Barnier dans le plus bref délai.

Des noms de potentiels candidats...

D’ailleurs au fil des heures, plusieurs noms ont commencé à circuler, comme celui de l’ancien premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve, celui de son allié de toujours, l’ancien ministre centriste François Bayrou, ou encore celui du ministre de La Défense Sébastien Lecornu ou du ministre de l’Intérieur et figure de proue de la droite républicaine Bruno Retailleau.

Mais le vrai problème, n’est plus de savoir qui prendra la tête du nouveau gouvernement, mais comment remédier à la profonde crise institutionnelle et politique que traverse le pays.

Cette crise est bien là, c’est elle qui avait incité Macron à prendre la décision brutale de convoquer des législatives anticipées, et c’est bien elle qui a donné lieu à un parlement atypique au lendemain de ces élections.

Le président avait justifié sa décision par la volonté de redonner la parole aux français qui ont opté pour une assemblée législative avec trois blocs parlementaires de force presque égale mais tous dépourvu de majorité.

La crise s’est incarnée au sein même de l’hémicycle rendant la France ingouvernable, et à la merci des forces politiques extrêmes, qui ont forgé une alliance contre nature l’espace d’un vote parlementaire, mettant un terme au mandat de Barnier au bout de 91 jours.

Partant de là, tous les scénarios semblent possibles pour l’extrême gauche qui s’est précipitée pour appeler à une élection présidentielle anticipée en 2025, c’est-à-dire un peu plus de deux ans avant la fin du second mandat présidentiel de Macron.

Les socialistes et les écologistes, pourtant alliés à l’extrême gauche dans le cadre du Nouveau front républicain, divergent sur ce point.

Le groupe écologiste à l’assemblée réclame une feuille de route pour gouverner, et propose une entente de non-recours à l’article 49-3, qui permet au gouvernement d’adopter des textes de lois sans recourir au vote des députés.

Le parti Socialiste pour sa part avance une proposition qui va dans le même sens, avec un deal de non-recours au 49-3 en échange de non-censure.

Le Rassemblement National par la voix de sa dirigeante Marine Le Pen, veut jouer le jeu institutionnel en récusant la demande de démission de Macron et en se disant prêt à travailler avec le futur chef du gouvernement à construire un budget acceptable pour tous.

A la tête du bloc parlementaire le plus grand en nombre et en cohésion, elle est bien consciente de la menace qu’elle peut faire peser sur le nouveau chef du gouvernement, quel qu’il soit.

Ce contexte de chaos politique est bien illustré par l’ancien ambassadeur français à Washington Gérard Araud qui indique sur X qu’avec un parlement où les deux grands blocs ne veulent pas tant gouverner, que pousser le président vers la sortie, la France est condamnée à aller d’une crise à une autre.