Prévention des pandémies: pas d'accord mais des espoirs sont permis

Des personnes brandissent des banderoles sur lesquelles on peut lire "Des vaccins pour tous" et "Non aux brevets" lors d'une manifestation de membres de partis de gauche devant le siège de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à Buenos Aires, le 14 avril 2021, dans le contexte de la pandémie de coronavirus. (photo Juan Mabromata, AFP)
Des personnes brandissent des banderoles sur lesquelles on peut lire "Des vaccins pour tous" et "Non aux brevets" lors d'une manifestation de membres de partis de gauche devant le siège de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à Buenos Aires, le 14 avril 2021, dans le contexte de la pandémie de coronavirus. (photo Juan Mabromata, AFP)
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Publié le Samedi 25 mai 2024

Prévention des pandémies: pas d'accord mais des espoirs sont permis

  • Des espoirs restent permis que le fruit de deux ans de négociations ardues ne soit pas jeté aux oubliettes
  • Optimiste de nature, Tedros Ghebreyesus veut voir dans cette pause une «bonne opportunité de se régénérer» parce que «le monde a toujours besoin d'un traité sur les pandémies et le monde a toujours besoin de se préparer»

GENÈVE : Les négociations pour tenter de trouver un accord sur la prévention et la lutte contre les pandémies se sont achevées vendredi sans consensus, mais des espoirs restent permis que le fruit de deux ans de négociations ardues ne soit pas jeté aux oubliettes.

Marqués par les ravages causés par le Covid-19 – qui a tué des millions de personnes, mis à genoux l'économie mondiale et détruit des systèmes de santé – les 194 pays membres de l'Organisation mondiale de la santé ont tenté de s'entendre sur des engagements contraignants en matière de prévention, de préparation et de réponse à des pandémies afin de ne pas refaire les même erreurs.

Les tractations sont devenues plus intenses à l'approche de la date butoir que les membres s'étaient fixé : l'Assemblée mondiale de la santé 2024, qui début lundi à Genève.

«Ce n'est pas un échec», a lancé le directeur général de l'OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, aux délégués vendredi soir.

Optimiste de nature, il veut voir dans cette pause une «bonne opportunité de se régénérer» parce que «le monde a toujours besoin d'un traité sur les pandémies et le monde a toujours besoin de se préparer».

- «Nous n'en avons pas terminé»-

L'assemblée, qui est l'organe de décision suprême de l'OMS, va devoir faire le point et décider de la suite à donner.

Les pays veulent clairement parvenir à un accord ont expliqué à l'AFP Roland Driece et Precious Matsoso, qui ont présidé ensemble aux négociations.

«Ce n'est pas la fin», martèle Mme  Matsoso, soulignant que ce sont les mêmes ministres qui ont lancé le processus qui vont devoir décidé que faire des progrès réalisés jusqu'à présent.

«Ce sont eux qui vont dire : 'OK, vous n'avez pas fini ça. S'il vous plaît, remettez vous au travail et finalisez» l'accord, a-t-elle expliqué.

Roland Driece veut aussi voir les aspects positifs, même si le projet d'accord «n'est pas un accord, mais c'est un texte alors que nous sommes partis d'une feuille blanche. De rien».

«Ce serait vraiment complètement idiot s'ils ne mettaient pas la touche finale» à un accord, juge le néerlandais.

Les marchandages, discussions et réunions qui finissaient souvent à 3H00 du matin ont permis aux négociateurs de s'entendre sur 17 pages du texte qui en compte 32 au total, a révélé Mme Matsoso.

- Points d'achoppement -

«Il s'agit bien d'une pause. La plupart des Etats membres veulent continuer et consolider les acquis», a confié à l'AFP un diplomate asiatique participant aux négociations, sous couvert d'anonymat.

«Les gens ont besoin de temps pour ajuster leurs positions. La grande question est de savoir ce qu'il faudra pour que le Nord et le Sud convergent. Il faut du temps», a-t-il ajouté.

Les principaux différends tournaient autour des questions d’accès et d’équité : accès aux agents pathogènes détectés dans les pays et aux produits permettant de les combattre comme des vaccins, issus des recherches sur ces microbes.

D’autres points de contention concernaient le financement durable, la surveillance des agents pathogènes, les chaînes d'approvisionnement et la distribution équitable non seulement des tests, des traitements et des vaccins, mais également des moyens de les produire.

«Le mieux est d'avoir un bon texte inclusif. Que ce soit maintenant ou plus tard n'a pas d'importance», a expliqué à l'AFP un négociateur africain, avant d'insister : «Nous voulons poursuivre le processus. Nous voulons vraiment ce texte».

- Engagement ferme -

Après l'annonce de la fin des négociations, de nombreux pays ont souligné leur engagement.

La négociatrice américaine Pamela Hamamoto s'est dite «heureuse que nous ayons le projet de texte qui témoigne du travail que nous avons accompli ensemble».

L'Éthiopie a déclaré que les pays africains «restent fermement engagés». Le Royaume-Uni a souligné de «réels progrès», tandis que l'Union européenne a redit son «entière détermination» à mener les négociations à terme.

Le Bangladesh souhaite toujours obtenir un «résultat positif qui servira l'humanité», tandis que l'Indonésie a déclaré que «nous devrions continuer jusqu'à ce que cela se soit achevé».

Des discussions parallèles ont eu lieu sur la révision du Règlement sanitaire international, adopté pour la première fois en 1969 et mis à jour pour la dernière fois en 2005. Les résultats des négociations sur le RSI seront également présentés lors de l'assemblée de la semaine prochaine.

Le RSI fournit un cadre juridique définissant les droits et obligations des pays dans la gestion des événements et des urgences de santé publique susceptibles d'affecter plusieurs pays.

 


Pourparlers sur l'Ukraine: Kiev et l'Europe voient des avancées mais encore beaucoup de travail

Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre". (AFP)
Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre". (AFP)
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  • Les discussions entre Ukrainiens, Américains et Européens, convoquées dimanche dans l'urgence, se sont tenues sur la base du projet de plan en 28 points de Donald Trump, considéré comme largement favorable à Moscou
  • Américains et Ukrainiens ont affirmé qu'un "futur accord" de paix devrait respecter la souveraineté de l'Ukraine

KIEV: Le chancelier allemand a insisté lundi pour que la Russie rejoigne la table des négociations sur un plan de paix pour l'Ukraine, au lendemain de pourparlers à Genève ayant donné lieu à un "nouvel élan", mais qui nécessitent encore "du travail" selon Kiev et l'UE.

Les discussions entre Ukrainiens, Américains et Européens, convoquées dimanche dans l'urgence, se sont tenues sur la base du projet de plan en 28 points de Donald Trump, considéré comme largement favorable à Moscou. Américains et Ukrainiens ont affirmé qu'un "futur accord" de paix devrait respecter la souveraineté de l'Ukraine.

L'Ukraine, qui lutte depuis près de quatre ans contre l'invasion de la Russie, est de nouveau au coeur d'échanges lundi à Luanda en marge d'un sommet entre l'UE et l'Union africaine. Et la "Coalition des volontaires", qui réunit les alliés de l'Ukraine, se réunira mardi en visioconférence.

"La Russie doit être présente à la table (des négociations)", a affirmé le chancelier allemand Friedrich Merz, jugeant néanmoins improbable "une percée" diplomatique cette semaine.

Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre".

Salué par le président russe Vladimir Poutine, le texte initial du plan Trump reprenait plusieurs exigences cruciales pour Moscou. Le Kremlin a dit lundi n'avoir aucune information à l'issue des pourparlers de Génève, mais savoir que des "modifications" avaient été apportées.

Si M. Zelensky a salué lundi des avancées, il a estimé qu'il fallait "beaucoup plus" pour parvenir à une "paix réelle" avec la Russie et mettre fin au conflit le plus meurtrier en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

Atmosphère "constructive"

Le dirigeant ukrainien s'est néanmoins félicité de l'inclusion d'éléments "extrêmement sensibles": la libération totale des prisonniers ukrainiens selon la formule de "tous-contre-tous" et des civils, et le retour des "enfants ukrainiens enlevés par la Russie".

Un haut responsable ukrainien a indiqué à l'AFP que l'hypothèse d'une visite de Volodymyr Zelensky à Washington était "au stade de la discussion", sans date fixée.

L'atmosphère à Genève était "parfois tendue, parfois plus légère mais dans l'ensemble constructive", a-t-il décrit, évoquant une ambiance "typique des négociations extrêmement importantes".

Depuis Luanda, les alliés européens de Kiev se sont dit prudemment optimistes.

"Il reste encore du travail à faire mais il y a une base solide pour avancer", a dit la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Le président du Conseil européen, Antonio Costa, a lui salué un "nouvel élan".

Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a aussi noté les "progrès significatifs" réalisés à Genève.

Aucune nouvelle version du texte n'a pour l'heure été publiée.

"Nous continuons tous à travailler avec nos partenaires, en particulier les États-Unis, et à rechercher des compromis qui nous renforcent et ne nous affaiblissent pas", a dit M. Zelensky lors d'une conférence virtuelle en Suède, ajoutant que son pays se trouve à un "moment critique".

Le président américain a semblé se réjouir de l'issue de la rencontre à Genève. "Est-ce vraiment possible que de grands progrès soient réalisés dans les pourparlers de paix entre la Russie et l'Ukraine??? Ne croyez que ce que vous voyez, mais quelque chose de bon pourrait bien se produire", a-t-il écrit sur son réseau Truth Social.

A Genève, son secrétaire d'Etat Marco Rubio s'était dit dimanche "très optimiste" sur la possibilité de conclure "très vite" un accord, estimant que "les points qui restent en suspens ne sont pas insurmontables".

Les Russes auront "leur mot à dire", avait-il aussi assuré.

Lors d'un entretien téléphonique lundi entre Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, le dirigeant russe a réitéré son opinion selon laquelle le plan initial des États-Unis pourrait "servir de base à un règlement de paix final".

La poussée lente, mais progressive, des troupes russes accentue la pression sur Kiev.

Moscou a revendiqué lundi la prise d'un village dans la région de Zaporijjia (sud), tandis que des frappes aériennes russes ont fait au moins quatre morts à Kharkiv.

La Russie cible quasi quotidiennement le pays au moyen de drones ou de missiles. Les infrastructures énergétiques sont particulièrement visées, faisant craindre un hiver difficile en Ukraine. Kiev vise de son côté régulièrement des dépôts et raffineries de pétrole et d'autres installations côté russe.

 


L'IA générative, un potentiel «Frankenstein des temps modernes», prévient le chef des droits humains de l'ONU

Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes. (AFP)
Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes. (AFP)
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  • "Le modèle économique actuel des plateformes de médias sociaux alimente déjà la polarisation, l'extrémisme et l'exclusion. De nombreux pays peinent à endiguer ce phénomène", a souligné M. Türk
  • Et si l'IA générative est porteuse d'"immenses promesses", les droits humains peuvent en "être les premières victimes", a-t-il estimé

GENEVE: Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes.

"L'IA générative recèle un immense potentiel, mais son exploitation à des fins purement politiques ou économiques peut manipuler, déformer et détourner l'attention", a déclaré le Haut Commissaire Volker Türk lors d'une réunion à Genève (Suisse), soulignant que "sans garanties et réglementations adéquates, les systèmes d'IA pourraient se transformer en un monstre de Frankenstein des temps modernes".

"Le modèle économique actuel des plateformes de médias sociaux alimente déjà la polarisation, l'extrémisme et l'exclusion. De nombreux pays peinent à endiguer ce phénomène", a souligné M. Türk lors d'un forum sur les entreprises et les droits humains.

Et si l'IA générative est porteuse d'"immenses promesses", les droits humains peuvent en "être les premières victimes", a-t-il estimé.

L'exploitation de cette technologie "à des fins purement politiques ou économiques" fait peser une menace "sur plusieurs droits humains, notamment le droit à la vie privée, la participation politique, la liberté d'expression et le droit au travail".

Le Haut Commissaire a averti que ces menaces "pourraient se concrétiser en préjudices qui compromettent les promesses des technologies émergentes et pourraient engendrer des conséquences imprévisibles".

"Il est de la responsabilité des gouvernements de s'unir pour éviter un tel scénario", a insisté M. Türk.

Par ailleurs, le chef des droits humains de l'ONU a mis en évidence une autre menace représentée par la concentration croissante du pouvoir des entreprises et l'"accumulation massive de richesses personnelles et d'entreprises entre les mains d'une poignée d'acteurs".

"Dans certains cas, cela dépasse le poids économique de pays entiers", a-t-il déclaré, insistant sur le fait que lorsque "le pouvoir n'est pas encadré par la loi, il peut mener à des abus et à l'asservissement".

 


L'UE promet 88 millions d'euros en faveur de l'Autorité palestinienne

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  • "Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica
  • Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël

BRUXELLES: Les pays de l'Union européenne vont verser quelque 88 millions d'euros pour aider l'Autorité palestinienne, pressée de se réformer par les Européens, soucieux de son rôle futur dans le cadre du plan Trump pour la région.

"Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica, à l'issue d'une conférence des donateurs à Bruxelles.

Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël.

"Aujourd'hui, nous avons présenté les progrès réalisés dans le cadre de notre programme de réforme nationale, qui est mis en œuvre, pas seulement promis, mais mis en œuvre et en avance sur le calendrier, ce qui a été reconnu par nos partenaires", a indiqué de son côté le Premier ministre palestinien Mohammed Mustafa.

Et cela "en dépit d'un environnement défavorable", a-t-il ajouté, accusant Israël de chercher "à affaiblir l'Autorité palestinienne ainsi que sa capacité à fonctionner".

Mme Suica a réitéré sur ce point les appels lancés par l'Union européenne pour qu'Israël accepte de libérer les recettes fiscales dues à l'Autorité palestinienne, indispensables à son fonctionnement.

"Cela a été dit par tous les participants", a-t-elle assuré.

Concernant Gaza, M. Mustafa a assuré que l'Autorité palestinienne avait un plan, soutenu par les pays arabes pour sa reconstruction. "Nous gouvernerons, nous réformerons et nous dirigerons la reconstruction de Gaza", a-t-il assuré.

L'Union européenne est le principal soutien financier de l'Autorité palestinienne. Elle conditionne toutefois le versement futur de cette aide à des réformes, qu'elle juge indispensables pour que cette Autorité soit en mesure de jouer pleinement son rôle dans le cadre de la solution à deux États, israélien et palestinien, que les Européens défendent depuis des années.

"Tout notre soutien à l'Autorité palestinienne est lié aux efforts pour poursuivre l'agenda des réformes", a rappelé Mme Suica.