Européennes: la campagne dans la dernière ligne droite, «rien n'est joué» pour la majorité

L'eurodéputée Valérie Hayer applaudit aux côtés du Premier ministre français Gabriel Attal lors de son dernier meeting de campagne à Aubervilliers (Photo, AFP).
L'eurodéputée Valérie Hayer applaudit aux côtés du Premier ministre français Gabriel Attal lors de son dernier meeting de campagne à Aubervilliers (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 02 juin 2024

Européennes: la campagne dans la dernière ligne droite, «rien n'est joué» pour la majorité

  • Le président a enregistré une autre mauvaise nouvelle au plan intérieur
  • L'agence sanctionne ainsi les déficits publics du pays et marque sa défiance vis-à-vis des projections du gouvernement

PARIS: "Rien n'est joué", a assuré Valérie Hayer, la tête de liste de la majorité présidentielle, en meeting à Aubervilliers avec Gabriel Attal, alors que la campagne pour les européennes, de LFI à Toulouse à Raphaël Glucksmann à Marseille, est entrée samedi dans sa dernière ligne droite.

"N'écoutez plus ceux qui attendent que l'on baisse les bras. Jusqu'au dernier quart d'heure, rien n'est joué", a lancé la tête de liste macroniste devant quelque 2.500 personnes réunies aux Docks d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) pour ce dernier "meeting national" de la campagne.

"Allons-nous, enfin, nous réveiller ? Nous rendre compte de ce que ça veut dire, pour la France, d’avoir une extrême droite à 40% ? 40% ?", a insisté Valérie Hayer.

Ce nouveau slogan -"rien n'est joué"- barrait les écrans installés dans cette salle des Docks où Gabriel Attal a une énième fois appelé au "sursaut", demandant aux Français s'ils voulaient vraiment "qu'en 45 ans, entre 1979 et 2024, le visage de la France passe de celui de Simone Veil à celui de Marine Le Pen".

"Il nous faut nous mobiliser. Les sept jours qui viennent seront décisifs parce que la plupart de nos concitoyens n'ont pas encore fait leur choix", a insisté le Premier ministre.

Une défaite des pro-Européens et "c’est Poutine qui sable le champagne" ainsi que "l’Iran, tous les ennemis de la liberté, de l’indépendance et du droit", avait précédemment mis en garde le président du MoDem, François Bayrou.

A huit jours du scrutin, le camp Macron est toujours à la peine dans les sondages, largement distancé par le RN de Jordan Bardella et talonné par la liste PS-Place Publique de Raphaël Glucksmann. Les intentions de vote de ce trio de tête sont respectivement de 32,5%, 16% et 13% dans la dernière enquête Elabe pour BFMTV et La Tribune Dimanche parue samedi.

Emmanuel Macron entrera-t-il en campagne ? Dimanche, Valérie Hayer donnera un meeting à Amiens, sa ville natale. Ensuite le chef de l’État entamera une intense semaine de commémorations, auxquelles se joindra le président américain Joe Biden.

Le président a enregistré une autre mauvaise nouvelle au plan intérieur: l'agence de notation S&P a dégradé vendredi la note souveraine de la France, de AA à AA-, une baisse inédite depuis 2013.

L'agence sanctionne ainsi les déficits publics du pays et marque sa défiance vis-à-vis des projections du gouvernement, S&P ne croyant pas que le déficit puisse être ramené sous les 3% du PIB en 2027, comme le gouvernement le prévoit (2,9%).

«Aventure politique nouvelle»

De son côté, Raphaël Glucksmann a poursuivi sa campagne à Marseille, promettant une nouvelle fois d'être "la grande et belle surprise" du 9 juin, devant environ 700 personnes réunies dans la salle des Docks-du-Sud.

"Quelque chose de beau, quelque chose de grand est en train de se produire. C'est (...) une aventure politique nouvelle, fondée sur l'intégrité et la sincérité, la clarté et aussi sur la joie", a dit l'essayiste de 44 ans, se projetant au-delà du scrutin.

A Toulouse, Manon Aubry a tenu un meeting avec Jean-Luc Mélenchon et Rima Hassan, devant quelque 3.000 personnes selon les organsiateurs. Face à la "fausse alternative Attal/Bardella, (...) des jeunes aux idées du passé", elle a appelé à la mobilisation: "faites du 9 juin le grand pot de départ de Gabriel Attal, (...) d'Ursula Von der Leyen, de leur politique de malheur, (...) antisociale, (...) écocide", a-t-elle lancé.

L'eurodéputée est créditée de 8,5 points dans le même sondage, 1,5 de plus que l'écologiste Marie Toussaint.

Menacée de passer sous la barre fatidique des 5% nécessaires pour envoyer des députés européens à Bruxelles, la candidate des Verts sera elle aussi en meeting à Aubervilliers dimanche.

Auprès du Figaro, elle s'est dite "déterminé(e) à déjouer les sondages", assurant que "les européennes n'intéressent les Français que depuis peu" et que "les gens choisissent au dernier moment leur vote".

Le candidat du Rassemblement national Jordan Bardella tiendra lui meeting dimanche au Dôme de Paris. L'occasion de peaufiner sa stature de président du "grand parti de l'alternance", à une semaine d'un scrutin qui devrait voir les extrêmes droites progresser significativement à l'échelle européenne.

 


La défiance à l'égard de Macron et de Bayrou au plus haut, selon un sondage Paris, France

Le Premier ministre français François Bayrou et le président français Emmanuel Macron assistent à une réunion avec les élus de Nouvelle-Calédonie et les représentants de l'État au palais de l'Élysée, à Paris, le 12 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français François Bayrou et le président français Emmanuel Macron assistent à une réunion avec les élus de Nouvelle-Calédonie et les représentants de l'État au palais de l'Élysée, à Paris, le 12 juillet 2025. (AFP)
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  • La défiance à l'égard du président Emmanuel Macron s'est accrue en juillet pour atteindre le niveau le plus élevé de son second quinquennat
  • Le Premier ministre François Bayrou a établi un nouveau record d'impopularité, selon un sondage Elabe pour Les Echos publié jeudi

PARIS: La défiance à l'égard du président Emmanuel Macron s'est accrue en juillet pour atteindre le niveau le plus élevé de son second quinquennat, tandis que le Premier ministre François Bayrou a établi un nouveau record d'impopularité, selon un sondage Elabe pour Les Echos publié jeudi.

Près des trois quarts des Français interrogés (73%) affirment ne pas faire confiance au chef de l'Etat et la moitié (49%) va jusqu'à "ne pas lui faire du tout confiance", le niveau le plus élevé atteint de son second mandat, qu'il n'a dépassé qu'une seule fois depuis son arrivée à l'Elysée en 2017 au plus fort de la crise des gilets jaunes en décembre 2018.

Selon le sondage, seuls 21% des Français font confiance à Emmanuel Macron, soit un point de moins qu'en juin et 6 de perdus par rapport à mars.

Pour François Bayrou, qui a présenté à la mi-juillet les mesures d'économie prévues par le gouvernement dans son projet de budget pour l'année prochaine, la chute se poursuit avec seulement 12% des Français qui disent lui faire confiance, soit un nouveau record d'impopularité (-2 points).

La défiance à l'égard du chef du gouvernement a progressé, avec 80% des Français (+5 points en un mois) qui disent ne pas lui faire confiance et 56% qui affirment ne pas lui faire "du tout" confiance, soit un bond de 9 points depuis juin.

Au classement des personnalités, le RN Jordan Bardella conserve la première place avec 39% des Français (+3 points) qui ont une image positive de lui, devant l'ancien Premier ministre Edouard Philippe (37%) et Marine Le Pen (35%).

A gauche, le mieux classé est l'ancien président François Hollande qui s'installe en huitième position grâce à un bond de 6 points en un mois.

Sondage réalisé par internet les 29 et 30 juillet auprès d'un échantillon de 1.000 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas. Marge d'erreur entre 1,4 et 3,1 points.


Accord EU-USA: Bayrou juge que la France a été "un peu seule"

Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis
  • Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire"

PARIS: Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis, en marge d'un déplacement dans les locaux de Tracfin, organisme de lutte contre la criminalité financière, à Montreuil (93).

Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire", et qu'il fallait "un processus encore pas totalement élucidé de ratification" de cet accord.

"Il y a à vérifier quelle est la portée exacte de ces accords, et les Etats auront d'une manière ou d'une autre leur mot à dire", a-t-il ajouté.

"Je sais que toutes les autorités françaises, et en particulier le président de la République (Emmanuel Macron), ont été ceux qui se sont battus le plus contre des concessions qu'on considérait comme excessives", a-t-il affirmé avant de s'interroger: "Est-ce que nous avons été un peu seuls? Oui".

"Est-ce qu'on a le sentiment qu'à l'intérieur de l'Union européenne, des forces politiques et économiques étaient plutôt sur une ligne de trouver des accommodements? Oui", a-t-il ajouté, en estimant que de son point de vue, "la voie pour l'Europe est une voie d'affirmation et de résistance quand il faut et de fierté le plus souvent possible".

La classe politique française a été unanime à dénoncer l'accord conclu entre le président américain, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui prévoit notamment une hausse de 15% des droits de douane sur les exportations européennes.

Le président Emmanuel Macron a déploré mercredi en Conseil des ministres que l'Union européenne n'ait pas été assez "crainte" dans ses négociations commerciales avec les Etats-Unis, affirmant que la France continuerait de faire montre "d'exigence et de fermeté" dans la suite des discussions.


Lille: enquête ouverte après les propos sur internet d'une étudiante gazaouie

L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
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  • Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie

LILLE: Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie, dont Sciences Po Lille a annulé l'inscription mercredi.

"Une enquête a été ouverte pour apologie du terrorisme, apologie de crime contre l'humanité avec utilisation d'un service de communication au public en ligne", a écrit la procureure de la République de Lille, Carole Etienne, à l'AFP.

Des captures d'écran circulant sur les réseaux sociaux montrent qu'un compte, attribué à cette étudiante par des internautes et fermé depuis, a repartagé des messages appelant à tuer des juifs.

Elle a été désinscrite de l'Institut d'études politiques de Lille, où elle devait étudier à partir de septembre, en raison du contenu de certaines de ses publications qui "entre en contradiction frontale avec les valeurs portées par Sciences Po Lille", a indiqué l'établissement mercredi.

"Pourquoi on est passé à travers? Il y a quand même une question, il faut y répondre", a reconnu jeudi sur RMC François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l'Intérieur.

"Il y aura des poursuites qui seront engagées et sur la base de ces éléments-là, elle est susceptible d'être renvoyée dans son pays, bien évidemment", a-t-il ajouté.

"Administrativement, semble-t-il, je suis très prudent, il n'y avait pas de difficulté particulière, sauf que sur les réseaux sociaux, voilà, on s'en est rendu compte", a-t-il ajouté, précisant que "les services des titres de séjour relèvent du ministère des Affaires étrangères".

Sollicité par l'AFP, Sciences Po Lille a expliqué avoir "accueilli cette étudiante sur proposition du consulat général de France à Jérusalem".

L'incident a fait largement réagir dans la classe politique, jusqu'au gouvernement.

"Une étudiante gazaouie tenant des propos antisémites n'a rien à faire en France", a réagi sur X le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Il a indiqué avoir "demandé à ce qu'une enquête interne soit diligentée pour que cela ne puisse en aucun cas se reproduire".

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a souligné sur le même réseau social avoir "demandé de faire fermer ce compte haineux", et a martelé que "les propagandistes du Hamas n'ont rien à faire dans notre pays".