Blocage des bovins français par l'Algérie: «pas de signaux» d'une dégradation des relations, affirme un chercheur

Le Nader. Un cargo de bétail, transportant quelque 800 taureaux, est aperçu au mouillage au large du port de Sète, dans le sud-est de la France, le 22 septembre 2022 (Photo, AFP).
Le Nader. Un cargo de bétail, transportant quelque 800 taureaux, est aperçu au mouillage au large du port de Sète, dans le sud-est de la France, le 22 septembre 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 03 juin 2024

Blocage des bovins français par l'Algérie: «pas de signaux» d'une dégradation des relations, affirme un chercheur

  • La décision est préventive, on peut imaginer les conséquences sanitaires et financières d'une contagion du cheptel algérien
  • Les relations difficiles entre les deux pays incitent toujours à s'interroger

PARIS: Le blocage depuis septembre par l'Algérie de l'importation de bovins en provenance de France relève d'enjeux sanitaires stricts plus que d'un jeu diplomatique, estime Brahim Oumansour, directeur de l'Observatoire du Maghreb à l'Iris (Institut de relations internationales et stratégiques, Paris), dans un entretien à l'AFP.

QUESTION: Les raisons sanitaires invoquées par l'Algérie pour bloquer les arrivées de bovins vivants vous paraissent-elles légitimes, là où certains voisins ont rouvert leur marché ?

REPONSE: L'argument officiel algérien est que la suspension de l'importation (de bovins français) a été décidée suite à la présence d'une maladie virale dans le cheptel français.

La décision est préventive, on peut imaginer les conséquences sanitaires et financières d'une contagion du cheptel algérien. L'argument paraît légitime dans un pays où les éleveurs manqueraient de moyens en cas d'épidémie.

Sur un sujet proche, il est bon de rappeler que l'Algérie avait été radicale dans sa réponse à la pandémie de Covid-19 avec la fermeture des vols du jour au lendemain, y compris pour la diaspora algérienne en France, et des rapatriements au compte-gouttes.

Q: La thèse d'un froid diplomatique doit donc être évacuée ?

R: Les relations difficiles entre les deux pays incitent toujours à s'interroger.

S'il y avait une dégradation des relations diplomatiques, on pourrait peut-être spéculer sur une volonté sous-jacente non affichée. Mais pour le moment, je ne vois pas de signaux qui vont dans ce sens, il est difficile dans le contexte actuel de penser à une manoeuvre.

Sur ce cas particulier, ce qui confirmera ou infirmera l'argumentaire algérien est plutôt la durée de cette suspension de l'importation, il faudra voir ce qui advient dans les prochains jours ou semaines.

Dans un contexte plus large, les autorités algériennes limitent l'importation de produits pour développer la production locale: il y a environ 800 produits interdits à l'importation au niveau des douanes algériennes, pas seulement français.

Ces dernières années, il y a eu une volonté forte dans le pays de diversifier les approvisionnements. C'est notamment lié au traumatisme des conséquences de la pandémie et de la guerre en Ukraine sur les approvisionnements, par exemple des céréales. Tout cela laisse des traces en terme de sécurité alimentaire et de volonté de diversification et de production locale.

 

Q: Quel est l'état des relations économiques et diplomatiques entre les deux pays?

R: Au plan économique, l'importation algérienne de produits français reste stable, les échanges ont même augmenté en 2023 en raison des importations françaises de gaz.

Pour le reste, le réchauffement de la relation décidée par les présidents des deux Etats se poursuit, une visite du chef d'Etat algérien est d'ailleurs programmée pour l'automne, c'est aussi un signe de continuité du rapprochement.

Bien entendu les relations sont compliquées sur différents dossiers notamment mémoriels. Il y a une revendication algérienne sur la restitution d'archives notamment de l'époque ottomane, et la restitution d'objets ayant appartenu à des révolutionnaires. Et sur le plan régional la question de la relation avec le Maroc sur le Sahara occidental, le Sahel. Ces dossiers peuvent présenter des entraves à la relation bilatérale, mais aussi des opportunités.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.