Des habitants de Gaza réduits à boire des eaux usées, dénonce une responsable régionale de l'OMS

Hana Abdelrahaman al-Rai, un enfant de quatre ans souffrant de malnutrition et déplacé de la banlieue est de la ville de Gaza, Shujaiya, dort à l'intérieur d'une tente à Zawayda, dans le centre de la bande de Gaza, le 4 juin 2024, dans le cadre du conflit en cours dans le territoire palestinien entre Israël et le Hamas. (AFP).
Hana Abdelrahaman al-Rai, un enfant de quatre ans souffrant de malnutrition et déplacé de la banlieue est de la ville de Gaza, Shujaiya, dort à l'intérieur d'une tente à Zawayda, dans le centre de la bande de Gaza, le 4 juin 2024, dans le cadre du conflit en cours dans le territoire palestinien entre Israël et le Hamas. (AFP).
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Publié le Mardi 04 juin 2024

Des habitants de Gaza réduits à boire des eaux usées, dénonce une responsable régionale de l'OMS

  • La guerre entre Israël et le Hamas dans l'étroit territoire palestinien a aussi des répercussions sur les soins de santé dans l'ensemble de la région, a mis en garde Hanan Balkhy, directrice régionale de l'Organisation mondiale de la santé
  • A Gaza, "il y a des gens qui mangent désormais de la nourriture animale, de l'herbe, et boivent des eaux usées", a-t-elle affirmé

GENEVE: Des habitants de Gaza en sont réduits à boire des eaux usées et manger des aliments pour animaux, a dénoncé mardi la responsable régionale de l'OMS, en plaidant pour une augmentation immédiate de l'aide humanitaire au territoire assiégé.

La guerre entre Israël et le Hamas dans l'étroit territoire palestinien a aussi des répercussions sur les soins de santé dans l'ensemble de la région, a mis en garde Hanan Balkhy, directrice régionale de l'Organisation mondiale de la santé pour la Méditerranée orientale, lors d'un entretien avec l'AFP au siège de l'OMS à Genève.

La responsable, qui a pris ses fonction en février, a aussi souligné l'impact de la guerre sur les enfants à long terme.

A Gaza, "il y a des gens qui mangent désormais de la nourriture animale, de l'herbe, et boivent des eaux usées", a-t-elle affirmé, ajoutant que "les enfants peuvent à peine manger, alors que les camions stationnent à l'extérieur de Rafah", la ville du sud de Gaza.

Le point de passage de Rafah entre l’Égypte et Gaza est fermé depuis le 7 mai par l'armée israélienne. C'était l'un des principaux points d'entrée de l'aide humanitaire depuis le déclenchement de la guerre en riposte à l'attaque sans précédent du mouvement islamiste Hamas sur le territoire israélien le 7 octobre.

L'ONU et des ONG mettent régulièrement en garde contre un risque de famine dans le territoire palestinien assiégé, où des produits entrent au compte-goutte essentiellement par le passage de Kerem Shalom, en quantité très insuffisantes.

L'insécurité liée aux combats et bombardements et les voies de communication souvent encombrées de débris rendent aussi la distribution d'aide très difficile.

L'attaque du Hamas a fait 1.194 morts, pour la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels israéliens.

Les bombardements et l'offensive terrestre de représailles d'Israël ont tué au moins 36.550 personnes à Gaza, également pour la plupart des civils, selon le ministère de la Santé du territoire contrôlé par le Hamas.

Traumatismes 

L'ONU avertit depuis longtemps que la famine menace à Gaza, avec 1,1 million de personnes – environ la moitié de la population de Gaza – confrontées à des niveaux catastrophiques d'insécurité alimentaire.

Pour la responsable régionale, Gaza a besoin de "paix, de paix, de paix", et d'une augmentation substantielle de l'aide arrivant par voie terrestre.

Après une récente visite au point de passage de Rafah, Hanan Balkhy a exhorté Israël à "ouvrir ces frontières".

Elle est particulièrement frustrée par le fait qu'Israël empêche l'entrée sur le territoire palestinien de matériel médical dont il estime qu'il peut être à double usage, civil et militaire.

"Nous parlons de ventilateurs, de produits chimiques de purification pour purifier l'eau", a-t-elle déclaré.

Elle a rappelé que jusqu'à 11.000 personnes gravement malades et blessées nécessitaient une évacuation médicale de Gaza et étaient pour le moment bloquées sur le territoire.

"Les patients qui sortent présentent des traumatismes extrêmement complexes : fractures ouvertes, infections multirésistantes, enfants grièvement mutilés", a-t-elle expliqué.

"Pour permettre à ces personnes de revenir à une vie normale et les guérir, il faut des soins de santé très complexes", a insisté la médecin, soulignant les répercussions sur les systèmes de santé fragiles des pays d'accueil voisins, notamment l’Égypte.

La semaine dernière, l'OMS a averti qu'il y avait eu un "arrêt brutal" des évacuations médicales depuis qu'Israël a lancé son offensive à Rafah début mai et que davantage de personnes mourraient faute de soins.

Santé mentale des enfants

Pédiatre spécialiste des maladies infectieuses, la docteure Balkhy a évoqué les impacts à court et à long terme du conflit sur les enfants.

La guerre a eu des conséquences dévastatrices sur l'hygiène de base (eau potable, alimentation saine, vaccinations) et expose les enfants à la rougeole, la varicelle, la diarrhée et aux maladies respiratoires.

"Cela va avoir un impact énorme sur la santé mentale et provoquer d'énormes syndromes de stress post-traumatique", a-t-elle prévenu. Et pour les enfants sortis des décombres, "je ne sais même pas comment on s'en remet psychologiquement".

Quant à la perspective de reconstruire un jour le système de santé de Gaza, la responsable a déclaré que  "sans paix, c'est impossible."

 


Liban: le chef de l'Etat demande à l'armée de «s'opposer à toute incursion israélienne»

Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
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  • Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens"
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BERYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit.

Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens".

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".


Liban: incursion israélienne dans un village frontalier, un employé municipal tué

Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien. (AFP)
Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien. (AFP)
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  • En vertu d'un cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce pays a retiré ses troupes du sud du Liban mais continue d'occuper cinq points sur le territoire libanais, frontalier du nord d'Israël
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BEYROUTH: Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien.

En vertu d'un cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce pays a retiré ses troupes du sud du Liban mais continue d'occuper cinq points sur le territoire libanais, frontalier du nord d'Israël.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".

L'armée israélienne a confirmé avoir mené cette incursion, affirmant qu'elle intervenait dans le cadre de ses "activités visant à détruire une infrastructure terroriste" du Hezbollah.

Elle a ajouté que l'unité avait "repéré un suspect à l'intérieur du bâtiment" de la municipalité et ouvert le feu après avoir identifié "une menace directe" sur les soldats.

L'incident "fait l'objet d'une enquête", selon l'armée.

Dans un autre village frontalier, Adaissé, une unité israélienne a dynamité un bâtiment servant à abriter des cérémonies religieuses, selon l'Ani.

Ces derniers jours, l'aviation israélienne a intensifié ses frappes au Liban, affirmant viser des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Mardi, le porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme, Jeremy Laurence, a indiqué que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour qu'il livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.

Le mécanisme de surveillance du cessez-le-feu, qui regroupe outre le Liban et Israël, les Etats-Unis, la France et l'ONU, s'est réuni mercredi dans la localité frontalière de Naqoura, qui abrite le quartier général des forces de l'ONU.

L'émissaire américaine Morgan Ortagus a déclaré au cours de la réunion que "l'armée libanaise doit à présent exécuter entièrement son plan" visant à "placer toutes les armes sous le contrôle de l'Etat d'ici la fin de l'année".


Soudan: l'ONU appelle à mettre un terme au siège d'El-Facher après une tuerie dans une maternité

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  • Le chef des paramilitaires soudanais Mohamed Daglo a reconnu mercredi soir une "catastrophe" dans la ville, assurant: "La guerre nous a été imposée"
  • Antonio Guterres s'est dit "gravement préoccupé par l'escalade militaire récente" à El-Facher, appelant à "mettre un terme immédiatement au siège et aux hostilités"

PORT-SOUDAN: Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé jeudi à mettre un terme à l'"escalade militaire" au Soudan, après le meurtre de plus de 460 personnes dans une maternité à El-Facher, ville clé prise par les forces paramilitaires.

Les informations se multiplient sur des exactions massives depuis que les Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) ont pris dimanche, après 18 mois de siège, cette dernière grande ville qui échappait à leur contrôle dans la vaste région du Darfour, où "les massacres continuent" selon des images satellite analysées par le Humanitarian Research Lab (HRL) de l'université Yale.

Le chef des paramilitaires soudanais Mohamed Daglo a reconnu mercredi soir une "catastrophe" dans la ville, assurant: "La guerre nous a été imposée".

Antonio Guterres s'est dit "gravement préoccupé par l'escalade militaire récente" à El-Facher, appelant à "mettre un terme immédiatement au siège et aux hostilités".

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est dite "consternée par les informations faisant état du meurtre tragique de plus de 460 patients et accompagnateurs à la maternité saoudienne d'El-Facher". Selon l'institution, cette maternité était le seul hôpital encore partiellement opérationnel dans la ville.

Après la prise d'El-Facher à leurs rivaux, l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane, les FSR contrôlent désormais l'ensemble du Darfour, vaste région de l'ouest du Soudan couvrant le tiers du pays.

Les communications satellite restent coupées -sauf pour les FSR qui contrôlent le réseau Starlink-, les accès d'El-Facher restent bloqués malgré les appels à ouvrir des corridors humanitaires. Dans ce contexte, il est extrêmement compliqué de joindre des sources locales indépendantes.

Maîtres du Darfour 

"Plus de 2.000 civils ont été tués au cours de l'invasion de la milice (des FSR) à El-Facher, ciblant les mosquées et les volontaires du Croissant-Rouge", a pour sa part affirmé Mona Nour Al-Daem, chargée de l'aide humanitaire au gouvernement pro-armée.

A El-Facher, le comité de résistance local, qui documente les exactions depuis le début du conflit, a rapporté mercredi soir avoir entendu des tirs dans l'ouest de la ville, "où quelques soldats restants combattent avec (...) ténacité".

Depuis dimanche, plus de 36.000 personnes ont fui les violences, majoritairement vers la périphérie d'El-Facher et vers Tawila, cité située à 70 km plus à l'ouest et qui était déjà la plus importante zone d'accueil du Soudan, selon l'ONU, avec plus de 650.000 déplacés.

De rares images de l'AFP en provenance de Tawila montrent des déplacés portant leurs affaires sur leur dos ou sur leur tête. Certains montent des tentes, d'autres, parfois blessés, sont assis dans des conditions précaires.

Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a alerté sur le "risque croissant d'atrocités motivées par des considérations ethniques" en rappelant le passé du Darfour, ensanglanté au début des années 2000 par les massacres et les viols des milices arabes Janjawid, dont sont issues les FSR, contre les tribus locales Massalit, Four ou Zaghawa.

"Unité" 

Les FSR, qui ont installé au Darfour une administration parallèle, contrôlent désormais l'ouest du Soudan et certaines parties du sud, avec leurs alliés. L'armée contrôle le nord, l'est et le centre du troisième plus vaste pays d'Afrique, ravagé par plus de deux ans de guerre.

Des experts craignent une nouvelle partition du Soudan, après l'indépendance du Soudan du Sud en 2011. Mais le chef des FSR a affirmé mercredi que la prise complète du Darfour par ses forces favoriserait "l'unité" du pays.

"La libération d'El-Facher est une opportunité pour l'unité du Soudan et nous disons : l'unité du Soudan par la paix ou par la guerre", a déclaré M. Daglo mercredi.

Les pourparlers menés depuis plusieurs mois par le groupe dit du "Quad", qui réunit les Etats-Unis, l'Egypte, les Emirats arabes Unis et l'Arabie saoudite, sont restés dans l'impasse, selon un responsable proche des négociations.

Leurs propositions de trêve se heurtent, selon lui, "à l'obstructionnisme continu" du pouvoir de M. Burhane, qui a refusé en septembre une proposition prévoyant à la fois son exclusion et celle des FSR de la transition politique post-conflit.