Macron veut «finaliser» une coalition pour envoyer des instructeurs en Ukraine

Le président français Emmanuel Macron apparaît sur un écran alors qu'il s'adresse au public lors d'une interview télévisée à Caen, dans le nord-ouest de la France, le 6 juin 2024, axée sur la prochaine élection du Parlement européen et la situation internationale. (Photo par Sebastien Bozon AFP)
Le président français Emmanuel Macron apparaît sur un écran alors qu'il s'adresse au public lors d'une interview télévisée à Caen, dans le nord-ouest de la France, le 6 juin 2024, axée sur la prochaine élection du Parlement européen et la situation internationale. (Photo par Sebastien Bozon AFP)
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Publié le Samedi 08 juin 2024

Macron veut «finaliser» une coalition pour envoyer des instructeurs en Ukraine

  • «Plusieurs de nos partenaires ont déjà donné leur accord» et «nous allons utiliser les jours à venir pour finaliser une coalition», a déclaré le chef de l'Etat lors d'une conférence de presse à l'Elysée
  • Emmanuel Macron a balayé les menaces récurrentes de la Russie pour qui la France devient cobélligérante et court le risque de voir ses soldats tués en Ukraine

PARIS : Le président français Emmanuel Macron a assuré vendredi, au côté de son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, vouloir «finaliser une coalition» de pays prêts à envoyer des instructeurs militaires en Ukraine et confirmé le début prochain de la formation de pilotes ukrainiens sur des chasseurs Mirage 2000-5 français.

«Plusieurs de nos partenaires ont déjà donné leur accord» et «nous allons utiliser les jours à venir pour finaliser une coalition», a déclaré le chef de l'Etat lors d'une conférence de presse à l'Elysée, jugeant «légitime» cette demande de l'Ukraine.

Les Ukrainiens ont exprimé de «manière explicite les besoins pour une raison simple», ils sont en train de «mobiliser très fortement» et vont avoir à «former des dizaines de milliers de soldats», ce qui est «plus pratique sur le sol ukrainien», a souligné le président français.

Emmanuel Macron a balayé les menaces récurrentes de la Russie pour qui la France devient cobélligérante et court le risque de voir ses soldats tués en Ukraine. «Qui serions nous pour céder aux invocations ou aux menaces de la Russie ?», a-t-il rétorqué.

Il a aussi appelé la Russie à libérer sans délai le Français Laurent Vinatier, un collaborateur d'une ONG suisse accusé de collecter des renseignements sur l'armée russe, dénonçant des «éléments de propagande» à son sujet qui «ne correspondent pas à la réalité».

Selon le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, les annonces de soutien militaire du président Macron à l'Ukraine montrent que la France est «prête à participer directement au conflit».

- «Avec vous» -

S'il s'est refusé à préciser le nombre de Mirage 2000-5 qui pourraient être cédés par la France, ni les autres pays qui pourraient faire de même, le président Macron a assuré que la formation des pilotes et mécaniciens commencerait «dans les prochains jours» en France.

Les deux présidents ont aussi assisté à la signature de deux accords avec à la clé 650 millions d'euros de prêts et de dons à l'Ukraine pour soutenir notamment les infrastructures critiques énergétiques visées par la Russie.

Le groupe d'armement franco-allemand KNDS, qui fabrique notamment les canons Caesar, a aussi officialisé la création d'une filiale en Ukraine.

Sur le terrain politique, le président français a aussi apporté son soutien au «lancement effectif» de négociations d'adhésion de l'Ukraine à l'UE «d'ici la fin du mois», malgré l'opposition de la Hongrie.

Lors d'une rencontre à la mi-journée avec son homologue américain Joe Biden à Paris - tous deux étaient en France pour commémorer le 80e anniversaire du Débarquement allié en Normandie -Volodymyr Zelensky s'est aussi vu promettre une nouvelle aide américaine de 225 millions de dollars.

«Les Etats-Unis seront toujours avec vous», a promis le locataire de la Maison Blanche qui vient d'autoriser l'Ukraine à frapper de l'autre côté de la frontière russe.

«Vous n'avez pas plié. Vous n'avez pas cédé du tout», a dit Joe Biden, en présentant ses «excuses» pour les mois de tractations ayant précédé la pénible adoption par le Congrès américain d'une enveloppe de soutien à l'Ukraine.

Kiev ne cesse de demander à l'Europe d'augmenter son soutien militaire, alors que la Russie grignote du terrain dans l'est et le nord de l'Ukraine et que les alliés s'inquiètent des conséquences sur le conflit d'une possible victoire de Donald Trump à la prochaine élection présidentielle américaine.

S'adressant aux députés français au lendemain des cérémonies des 80 ans du Débarquement en Normandie, le président ukrainien a brossé un tableau noir de la situation sur le Vieux Continent.

- «Capitulards» -

«De nouveau en Europe, les villes sont entièrement détruites et des villages sont incendiés», a déclaré le président ukrainien, dont le pays est visé depuis février 2022 par une offensive russe meurtrière.

«De nouveau en Europe, apparaissent des camps de filtration, des déportations et la haine», a-t-il énuméré, qualifiant le président russe Vladimir Poutine «d'ennemi commun» de son pays et de l'Europe.

Volodymyr Zelensky a jugé que le sommet international sur la paix prévu les 15 et 16 juin en Suisse pourrait rapprocher l'Ukraine «de la fin juste de cette guerre». Cette conférence réunira plus d'une centaine de pays et d'organisations, mais pas la Russie.

Le chef de l'Etat ukrainien a aussi affirmé que la victoire était possible, malgré les avancées russes sur le front. «Pouvons-nous gagner cette bataille ? Certainement, oui», a-t-il assuré.

Emmanuel Macron a accusé certains «pacifistes» d'être des «capitulards», dans une allusion à certains de ses opposants, notamment en France, qui lui reprochent sa position sur l'Ukraine et appellent à des négociations avec la Russie.

«On connaît ce camp des pacifistes, c'est celui des capitulards, c'est l'esprit de défaite», a-t-il dit.

 


Laurent Wauquiez dépose une proposition de loi pour interdire le voile aux mineures

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  • Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public
  • Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier

PARIS: Le chef des députés Les Républicains Laurent Wauquiez a déposé lundi une proposition de loi pour interdire aux mineures de porter le voile dans l'espace public, mais son examen rapide semble peu probable et sa constitutionnalité mise en doute par des juristes.

M. Wauquiez veut interdire "à tout parent d'imposer à sa fille mineure ou de l'autoriser à porter, dans l'espace public, une tenue destinée à dissimuler sa chevelure", selon l'article unique de sa proposition de loi.

Il s'appuie notamment sur un rapport sur les Frères musulmans commandé par le gouvernement et publié en mai dernier, relatant l'augmentation "massive et visible du nombre de petites filles portant le voile".

Il estime que "le voilement de jeunes filles" heurte les principes républicains "les plus fondamentaux", tels que la "protection de l'enfant", "la liberté de conscience" et "l'égalité entre les hommes et les femmes".

Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public.

Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier.

En outre, des professeurs de droit public interrogés par l'AFP émettent de sérieuses réserves quant à la conformité avec la Constitution de cette proposition déjà formulée, tout en la circonscrivant aux moins de 15 ans, par le patron des députés macronistes Gabriel Attal en mai - même si celui-ci n'avait pas déposé de texte.

Pour la constitutionnaliste Anne-Charlène Bezzina, elle n'a "aucune chance d'être conforme", rappelant que la loi sur la dissimulation du visage que son texte vient modifier a un motif de "sécurité à l'ordre public" et ne "vise aucune religion en particulier".

Or, M. Wauquiez cible très clairement le voile islamique dans l'espace public, contrevenant "au principe de liberté de religion", ajoute l'enseignante.

Jean-Philippe Derosier, professeur de droit public à l’Université de Lille, se dit également "très réservé".

Bien que le texte se heurte au principe de liberté religieuse, Laurent Wauquiez justifie sa démarche par la "préservation des droits de l’enfant", ce qui est "assez habile", reconnaît-il, mais insuffisant pour garantir sa conformité constitutionnelle.

Assimiler le port du voile par une mineure à "une forme d’asservissement" reste juridiquement fragile. "Incontestablement, une fillette de 9 ans pourrait le faire par mimétisme ou sous l'effet d’une instrumentalisation", observe-t-il. "Mais une adolescente de 16 ans peut davantage le porter par conviction personnelle."

Il rappelle par ailleurs que l’interdiction de dissimulation du visage est justifiée par des raisons de sécurité, avec la nécessité de pouvoir "identifier les personnes", un raisonnement difficilement transposable au fait de se couvrir la chevelure.


Quatre associations musulmanes portent plainte contre un sondage Ifop

Le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, pose dans la grande mosquée de Lyon le 30 septembre 2025. (AFP)
Le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, pose dans la grande mosquée de Lyon le 30 septembre 2025. (AFP)
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  • Les Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) du Loiret, de l'Aube, des Bouches-du-Rhône et de Seine-et-Marne ont déposé plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris après la publication le 18 novembre du sondage Ifop
  • Les CDCM sont l'échelon départemental du Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam auprès des pouvoirs publics, tombée en disgrâce en 2021

PARIS: Quatre associations du culte musulman ont porté plainte lundi pour dénoncer le manque d'objectivité supposé d'un sondage Ifop sur le rapport des fidèles à l'islam, ont annoncé leurs avocats à l'AFP.

Les Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) du Loiret, de l'Aube, des Bouches-du-Rhône et de Seine-et-Marne ont déposé plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris après la publication le 18 novembre du sondage Ifop "Etat des lieux du rapport à l'islam et à l'islamisme des musulmans de France".

Les CDCM sont l'échelon départemental du Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam auprès des pouvoirs publics, tombée en disgrâce en 2021.

Ce sondage "viole le principe d'objectivité posé par la loi du 19 juillet 1977 relative à la publication et la diffusion des sondages d'opinion", se "fonde sur des questions orientées" et se "focalise sur des résultats minoritaires mis en avant à des fins polémiques", accusent les avocats Mes Raphaël Kempf et Romain Ruiz, dans un communiqué.

Selon eux, le sondage distille "le poison de la haine dans l'espace public", renforçant "les amalgames".

Contacté par téléphone, François Kraus, directeur du pôle politique/actualités de l'Ifop, a indiqué qu'il répondrait à l'AFP par écrit, ce qu'il n'avait pas fait dans l'après-midi.

Le CFCM avait déjà dans un communiqué vendredi déploré "une nouvelle mise à l’index des citoyens français de confession musulmane et de leurs pratiques religieuses", avec des analyses et données "contestables".

L'enquête Ifop, basée sur un échantillon de 1.005 personnes de religion musulmane, a été commandée par le média confidentiel "Ecran de veille", qui se présente comme "le mensuel pour résister aux fanatismes".

L'attention médiatique et politique s'est beaucoup focalisée sur le sous-échantillon des 15-24 ans, constitué de 291 personnes, et révélant une forte pratique (87% se considèrent religieux, 67% disent prier "au moins une fois par jour", 83% font le ramadan)

François Kraus écrit dans sa conclusion sur le site de l'Ifop que "cette enquête dessine très nettement le portrait d'une population musulmane traversée par un processus de réislamisation, structurée autour de normes religieuses rigoristes et tentée de plus en plus par un projet politique islamiste".

Le sondage a provoqué de vives réactions, l'extrême droite y voyant un signe d'"islamisation", tandis que des représentants de la communauté musulmane ont regretté "une stigmatisation".

"A mal poser les questions, on finit toujours par fabriquer les peurs qu’on prétend mesurer", affirmait dans son billet hebdomadaire le recteur de la Grande mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz.

Le politiste Haouès Seniguer qualifie pour sa part de raccourci "grossier et réducteur" l'idée, sous-jacente selon lui au sondage, qu'une observance stricte de l'islam soit la porte d'entrée mécanique vers l'islamisme.


Macron invité de RTL mardi matin

 Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué. (AFP)
Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué. (AFP)
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  • Après sa participation au G20 ce week-end à Johannesburg et une visite au Gabon, le chef de l'Etat Français a décollé lundi pour l'Angola, où il doit participer au sommet Union européenne-Union africaine
  • Emmanuel Macron se rendra notamment jeudi à Varces (Isère), sur un site de l'armée de terre, où il pourrait annoncer l'instauration d'un service militaire volontaire

PARIS: Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué.

Le président de la République sera notamment interrogé sur la situation internationale, alors qu'une nouvelle réunion de la "coalition des volontaires" au soutien de l'Ukraine est prévue mardi en visioconférence.

Après sa participation au G20 ce week-end à Johannesburg et une visite au Gabon, le chef de l'Etat a décollé lundi pour l'Angola, où il doit participer au sommet Union européenne-Union africaine.

M. Macron sera aussi interrogé sur "les menaces qui pèsent sur la France", selon le communiqué de RTL.

Emmanuel Macron se rendra notamment jeudi à Varces (Isère), sur un site de l'armée de terre, où il pourrait annoncer l'instauration d'un service militaire volontaire.