Macron dénonce la «volonté d'agression» et le «durcissement» de la Russie

Le président français Emmanuel Macron attend l'arrivée du président ukrainien au palais présidentiel de l'Elysée à Paris, le 16 février 2024 (Photo, AFP).
Le président français Emmanuel Macron attend l'arrivée du président ukrainien au palais présidentiel de l'Elysée à Paris, le 16 février 2024 (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 17 février 2024

Macron dénonce la «volonté d'agression» et le «durcissement» de la Russie

  • «La Russie est entrée dans une nouvelle phase et nous devons être lucides sur ce sujet», a lancé M. Macron quelques heures après l'annonce de la mort d'Alexeï Navalny
  • «La Russie de Vladimir Poutine est devenue un acteur méthodique de la déstabilisation du monde», a asséné Emmanuel Macron

PARIS: Le président français Emmanuel Macron s'est livré vendredi à une charge virulente contre Vladimir Poutine et le "régime du Kremlin", dénonçant une "volonté d'agression" à l'égard des Européens et un "durcissement" en Russie à l'approche de l'élection présidentielle de mars.

"La Russie est entrée dans une nouvelle phase et nous devons être lucides sur ce sujet", a lancé M. Macron quelques heures après l'annonce de la mort d'Alexeï Navalny, opposant numéro un au Kremlin.

C'est "une phase d'agression à l'égard des pays européens par des actions de désinformation et des attaques cyber", a-t-il pointé au côté du président ukrainien Volodymyr Zelensky, avec qui il venait de signer un accord bilatéral de sécurité à Paris.

"La Russie a franchi plusieurs seuils sur ce plan ces dernières semaines et ces derniers mois", a-t-il ajouté, dénonçant un changement d'"échelle" et de "nature". "Il y a très clairement une volonté d'agression à notre endroit", a-t-il affirmé.

Paris a révélé lundi une nouvelle ingérence numérique venant de la Russie, qui repose sur un réseau "structuré et coordonné" de 193 sites, baptisé "Portal Kombat", publiant des contenus prorusses à grande échelle et ciblant les pays qui soutiennent l'Ukraine.

Deux ans après le début de l'offensive russe dans ce pays, "la Russie de Vladimir Poutine est devenue un acteur méthodique de la déstabilisation du monde", a asséné Emmanuel Macron.

«Sursaut collectif»

Faisant référence aux "inquiétudes exprimées ces derniers jours sur le possible déploiement par la Russie d'armes nucléaires dans l'espace", le président français a demandé "sans tarder des explications" à Moscou.

De hauts responsables américains ont annoncé mercredi que les Etats-Unis étaient confrontés à une nouvelle et "grave menace" pour leur sécurité, liée selon des médias à un projet de la Russie de déployer une arme nucléaire anti-satellites dans l'espace.

La Russie a démenti ces information "infondées", évoquant à l'inverse une "ruse" de Washington pour pousser à l'adoption d'une aide de 60 milliards de dollars à l'Ukraine, bloquée par les élus républicains au Congrès.

Ce "changement de posture" de la Russie "exige un sursaut collectif" des Européens et de leurs alliés, a martelé M. Macron, appelant à "ouvrir une phase de réflexion stratégique et opérationnelle nouvelle".

Il s'est toutefois refusé à tirer plus avant la sonnette d'alarme alors que plusieurs responsables européens s'inquiètent d'une possible attaque russe, au-delà de l'Ukraine, contre des pays membres de l'Union européenne ou de l'Otan.

Le président français a aussi dressé un sombre tableau de la situation intérieure russe, à un mois de la présidentielle.

«Impunité»

La mort d'Alexeï Navalny, dans une prison de l'Arctique russe, "rappelle de la plus tragique des manières la réalité du régime du Kremlin et son durcissement", a-t-il dit.

"Il emprisonne, ce n'est pas nouveau. Ces derniers mois il a durci la posture à l'égard d'opposants, d'associations, d'ONG, d'associations", a détaillé M. Macron.

Il a cité le cas d'Oleg Orlov, vétéran de la défense des droits humains au sein de l'ONG Memorial, qui risque cinq ans de prison pour avoir dénoncé l'offensive russe en Ukraine, et celui de l'opposant Vladimir Kara-Mourza, condamné à 25 ans de prison et cible de deux tentatives d'empoisonnement.

"Au fond une forme d’impunité s’est installée. Tuer un opposant, ils le font. Interdire les autres candidats (à une élection), ils le font", a-t-il asséné, sans aller jusqu'à accuser le Kremlin d'avoir délibérément éliminé Alexeï Navalny.

La Russie "met au goulag ses esprits libres" et les y "condamne à mort", a-t-il poursuivi. La mort d'Alexeï Navalny "dit la faiblesse du Kremlin et la peur de tout opposant", a-t-il aussi pointé.

"Très clairement, les conditions de déroulement de la campagne présidentielle, notamment le nombre très faible de candidats habilités à concourir, ne font que confirmer la dégradation à l'œuvre depuis des années", a-t-il conclu.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.