Macron à «l'écoute» des agriculteurs, les syndicats restent déterminés

"Nous lui avons dit qu'il fallait agir très vite, en urgence", déclare Karine Duc, agricultrice et co-présidente de la Coordination rurale du sud-ouest du Lot-et-Garonne, à l'issue d'un entretien avec le président français Emmanuel Macron (Photo, AFP).
"Nous lui avons dit qu'il fallait agir très vite, en urgence", déclare Karine Duc, agricultrice et co-présidente de la Coordination rurale du sud-ouest du Lot-et-Garonne, à l'issue d'un entretien avec le président français Emmanuel Macron (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 15 février 2024

Macron à «l'écoute» des agriculteurs, les syndicats restent déterminés

  • Le président de la République, qui reçoit traditionnellement les syndicats avant le salon, s'est successivement entretenu dans l'après-midi avec des représentants de la Coordination rurale et de la Confédération paysanne
  • Il verra la semaine prochaine la FNSEA, majoritaire, tandis que son premier ministre Gabriel Attal doit se rendre jeudi dans une exploitation bovine de la Marne

PARIS: A dix jours du Salon de l'agriculture, Emmanuel Macron a reçu mercredi deux syndicats agricoles qui ont salué "l'écoute" du chef de l'Etat tout en choisissant de poursuivre la mobilisation sur le terrain, en attendant "la concrétisation" des annonces du gouvernement.

Le président de la République, qui reçoit traditionnellement les syndicats avant le salon, s'est successivement entretenu dans l'après-midi avec des représentants de la Coordination rurale et de la Confédération paysanne, respectivement 2e et 3e syndicats agricoles.

Il verra la semaine prochaine la FNSEA, majoritaire, tandis que son premier ministre Gabriel Attal doit se rendre jeudi dans une exploitation bovine de la Marne.

L'atmosphère reste électrique. Si les syndicats ont pris acte des aides d'urgence annoncées - 400 millions d'euros -, cela ne suffit pas selon eux pour répondre au malaise profond des campagnes où de nombreux agriculteurs ne parviennent pas à dégager "un revenu décent".

Le chef de l'Etat "a pris la mesure de la situation" et entendu "notre message subliminal: +Foutez-nous la paix et laissez-nous travailler+", a déclaré à la presse Serge Bousquet-Cassagne, président de la chambre d'agriculture du Lot-et-Garonne et figure de la Coordination rurale (CR), en sortant de l'Elysée.

A ses côtés, Karine Duc, co-présidente de la CR en Lot-et-Garonne, a listé les "points forts" abordés, notamment la demande de "mesures d'urgence de trésorerie" pour les agriculteurs, la "simplification à tous les étages", la levée des contraintes de production, notamment environnementales, ou l'imposition aux importations des mêmes normes qu'en France.

"L'écologie, c'est nous qui la faisons dans nos champs, on a déjà fait plein d'efforts. Laissez-nous produire", a-t-elle ajouté, alors que le gouvernement a suspendu, à la consternation des ONG environnementales, le plan Ecophyto sur la réduction de l'usage des pesticides en France.

"Après les mesures annoncées par le gouvernement, nous avons demandé un calendrier clair", a indiqué Karine Duc, précisant que son syndicat maintiendrait "la pression" avec des actions aussi longtemps que nécessaire.

«Au bout d'un système»

Mercredi à Agen - d'où le syndicat avait initié un convoi vers Rungis, poumon alimentaire de la région parisienne -, des adhérents de la CR ont déversé de la paille devant une agence bancaire, pour réclamer la suspension des remboursements de prêts pour 2024.

La Coordination rurale a également prévenu le chef de l'Etat que toute réunion de l'exécutif avec la seule FNSEA "serait entachée du soupçon de la cogestion".

La veille, le patron de la puissante fédération, Arnaud Rousseau, et le président des Jeunes agriculteurs, Arnaud Gaillaud, avaient salué des "avancées" après deux heures de réunion avec Gabriel Attal, tout en indiquant également "maintenir la pression".

La FNSEA veut voir dans les fermes les premiers résultats des mesures de simplification, exige un "changement de logiciel" du gouvernement et attend la levée des freins à la production: interdiction de pesticides, concurrence déloyale, surabondance de normes et de paperasserie, selon elle.

"On contrôle plus nos agriculteurs que les points de deal et les trafics de drogue", a abondé le LR Laurent Wauquiez, qui nourrit des ambitions présidentielles pour 2027, lors de la dernière étape mercredi de son discret "tour de France agricole" de trois semaines.

FNSEA et JA ont obtenu de Gabriel Attal le principe d'un point mensuel de suivi sur la simplification, mais Arnaud Rousseau a prévenu: après deux semaines de blocage et la pire crise du monde agricole en 30 ans, "que personne ne pense que parce que les tracteurs sont rentrés, les choses sont réglées". La "qualité" de la visite d'Emmanuel Macron au salon "en dépendra".

La Confédération paysanne, reçue en fin d'après-midi par le président, a demandé "un signal fort" au gouvernement "pour mettre fin à la mise en concurrence des agriculteurs entre eux". "Nous demandons au gouvernement d'annoncer l'arrêt des négociations des traités de libre-échange", notamment celui du Mercosur avec l'Amérique latine, a déclaré sa porte-parole Laurence Marandola.

Sur la question du revenu, centrale pour le syndicat né des luttes paysannes altermondialistes, Laurence Marandola a plaidé pour légiférer sur "l'interdiction des transactions sous le prix de revient, c'est-à-dire les coûts de production, la rémunération et la protection sociale".

"On est au bout d'un système. Ce n'est pas une crise agricole comme les autres", avait-elle dit à l'AFP dans la journée.

Face au changement climatique, à la pollution des sols et à l'épuisement des hommes, la Confédération paysanne attend du gouvernement un "accompagnement fort pour la transition agro-écologique" et la réaffirmation "indispensable" d'une trajectoire ambitieuse de réduction des pesticides.

Elle non plus n'entend pas baisser la garde avant le Salon de l'agriculture et prévoit de nombreuses actions, pacifiques, partout en France. Dans le Var, elle a organisé mercredi devant un magasin Carrefour un "marché sauvage", proposant des "produits paysans" pour sensibiliser les consommateurs.


Un homme tué par balles près de Grenoble

Un homme non identifié et porteur de deux impacts de balles a été retrouvé mort dans la nuit de mardi à mercredi à Echirolles, en périphérie de Grenoble, a indiqué la police. (AFP)
Un homme non identifié et porteur de deux impacts de balles a été retrouvé mort dans la nuit de mardi à mercredi à Echirolles, en périphérie de Grenoble, a indiqué la police. (AFP)
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  • L'homme a été retrouvé par une passante, vers 02H00, gisant inanimé au sol dans une mare de sang
  • La Division de la criminalité organisée et spécialisée (DCOS, ex-PJ) a été saisie de l'enquête

GRENOBLE: Un homme non identifié et porteur de deux impacts de balles a été retrouvé mort dans la nuit de mardi à mercredi à Echirolles, en périphérie de Grenoble, a indiqué la police.

L'homme a été retrouvé par une passante, vers 02H00, gisant inanimé au sol dans une mare de sang, la mâchoire brisée, avec une trottinette à ses pieds. En arrêt cardio-respiratoire, il a été déclaré décédé sur place par le SAMU.

Deux impacts de balles dans son dos et dans sa mâchoire ont été relevés par la suite par le médecin légiste, selon même la source.

La Division de la criminalité organisée et spécialisée (DCOS, ex-PJ) a été saisie de l'enquête.


«Mieux vaut être un homme en politique»: quand les députés testent le programme Evars

En plein débat budgétaire, les associations veulent convaincre les élus de débloquer des moyens pour ces séances, qu'elles évaluent à 620 millions d’euros par an. (AFP)
En plein débat budgétaire, les associations veulent convaincre les élus de débloquer des moyens pour ces séances, qu'elles évaluent à 620 millions d’euros par an. (AFP)
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  • Prévu dans la loi depuis 2001 et doté d'un contenu depuis la rentrée, le programme d'Education à la vie affective, relationnelle et sexuelle (Evars) aborde, de façon adaptée à chaque âge, la santé reproductive, la prévention, l’égalité filles-garçons
  • A l'Assemblée, une petite vingtaine de députés, sur 577, ont répondu mardi après-midi à l'invitation de Marie-Charlotte Garin (écologiste), Véronique Riotton (EPR) et le Collectif pour une véritable éducation à la sexualité

PARIS: "Mieux vaut être un homme, en politique, qu’une femme". Comme des collégiens ou des lycéens, des députés ont suivi une séance d'Evars, un programme proposé aux élèves pour notamment remettre en cause les stéréotypes sexistes.

Prévu dans la loi depuis 2001 et doté d'un contenu depuis la rentrée, le programme d'Education à la vie affective, relationnelle et sexuelle (Evars) aborde, de façon adaptée à chaque âge, la santé reproductive, la prévention, l’égalité filles-garçons, la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, ainsi que les questions d’orientation et d’identité sexuelles.

A l'Assemblée, une petite vingtaine de députés, sur 577, - principalement de la gauche au centre-droit - ont répondu mardi après-midi à l'invitation de Marie-Charlotte Garin (écologiste), Véronique Riotton (EPR) et le Collectif pour une véritable éducation à la sexualité (Planning familial, Sidaction, Fédération des centres d' information sur les droits des femmes et des familles...) qui milite depuis 2023 pour la généralisation de ces séances.

"Nous voulons faire de la pédagogie auprès des députés pour qu’ils deviennent nos ambassadeurs dans les territoires", explique Marie-Charlotte Garin, en signalant que les députés reçoivent des courriers de parents opposés au programme, notamment de l'association Parents vigilants.

"Nous voulons faire vivre ces séances aux députés pour leur donner des arguments, il y a beaucoup de fantasmes autour de ce programme", observe Mme Riotton, présidente de la Délégation aux droits des femmes.

"On galère" 

Après une première partie sur des sujets à destination des CP (vocabulaire des parties intimes, prévention des violences sexuelles), le Planning familial propose ensuite aux élus de tester "la rivière du doute", outil utilisé cette fois au collège pour réfléchir aux stéréotypes sexistes.

"Je vais vous dire une affirmation et ceux qui sont d'accord se placent à gauche, ceux qui sont contre à droite: +Il vaut mieux être un homme en politique qu’une femme+, lance sa présidente Sarah Durocher.

Chez les députés présents, six sont d'accord. Et comme en classe, le dialogue s’engage.

"Je dis oui, mais c’est ce qu’il faut changer", commence Jean-Francois Rousset (EPR).

"C'est plus difficile d'être une femme, on galère, c'est difficile de se faire entendre", confirme Soumya Bourouaha (GDR). "Il y a beaucoup à changer et ça ne viendra pas des hommes" , renchérit une autre élue.

Second stéréotype: "Les hommes savent naturellement prendre la parole en public. D'accord ou pas?"

"Qu'ils soient compétents ou pas, la réalité montre qu’ils osent plus", remarque Anne-Cécile Violland (Horizons). "Tout à l'heure, j’ai pris spontanément la parole et je ne m’en suis même pas aperçu", constate Jean-Francois Rousset.

 "Sujet politique" 

"Nous voulons que ce programme devienne un sujet politique, dont s'emparent les députés. Il permet d'éviter les LGBTphobies, les féminicides, les maladies sexuellement transmissibles, c'est bénéfique pour les individus et collectivement", plaide Sarah Durocher.

En plein débat budgétaire, les associations veulent convaincre les élus de débloquer des moyens pour ces séances, qu'elles évaluent à 620 millions d’euros par an.

Depuis 2001, la loi impose trois séances annuelles d’information et d’éducation à la sexualité dans les écoles, collèges et lycées, mais elles n’ont jamais été généralisées.

Saisi par le Planning familial, Sidaction et SOS Homophobie, le tribunal administratif de Paris a reconnu mardi que l’État avait manqué à ses obligations, en tardant jusqu'en février dernier pour adopter le programme Evars. Dans son jugement, il écarte les arguments avancés par le ministère de l'Education qui avait fait valoir "la sensibilité du sujet et les controverses qu'il suscite" pour expliquer ce retard.

Les trois associations demandent "la reconnaissance" du "rôle central des associations" dans sa mise en œuvre". "Nous avons formé 150.000 jeunes dans 3.600 établissements, mais nous avons refusé autant de demandes faute de moyens", explique la présidente du Planning.

Pour Sandrine Josso (Horizons), "les députés devraient aussi suivre une formation sur les violences sexistes et sexuelles. Il en existe une depuis 2022 et personne n’y va".


Ukraine: Zelensky accueilli par Macron à Paris pour faire le point sur les négociations

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été accueilli lundi par son homologue français Emmanuel Macron au palais présidentiel de l'Elysée pour faire le point sur les intenses négociations en cours pour tenter de mettre fin à la guerre en Ukraine. (AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été accueilli lundi par son homologue français Emmanuel Macron au palais présidentiel de l'Elysée pour faire le point sur les intenses négociations en cours pour tenter de mettre fin à la guerre en Ukraine. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été accueilli lundi par son homologue français Emmanuel Macron au palais présidentiel de l'Elysée
  • Cette nouvelle visite en France, la dixième depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022, intervient au lendemain de discussions entre délégations américaine et ukrainienne en Floride

PARIS: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été accueilli lundi par son homologue français Emmanuel Macron au palais présidentiel de l'Elysée pour faire le point sur les intenses négociations en cours pour tenter de mettre fin à la guerre en Ukraine, a constaté un journaliste de l'AFP.

Cette nouvelle visite en France, la dixième depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022, intervient au lendemain de discussions entre délégations américaine et ukrainienne en Floride, et à la veille d'une rencontre à Moscou entre l'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, et le président russe Vladimir Poutine.