L’Arabie saoudite construit un secteur agricole durable grâce à l'innovation

La ferme de Wadi Ben Hashbal, à Asir, couvre plus de 3,2 millions de mètres carrés et est reconnue par le Guinness World Records. (Photos fournies/fichier)
La ferme de Wadi Ben Hashbal, à Asir, couvre plus de 3,2 millions de mètres carrés et est reconnue par le Guinness World Records. (Photos fournies/fichier)
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Publié le Samedi 08 juin 2024

L’Arabie saoudite construit un secteur agricole durable grâce à l'innovation

  • Une ferme verticale de Riyad a produit un plus grand nombre de fraises que les agriculteurs locaux, tout en utilisant une fraction moindre d'eau
  • Wadi Ben Hashbal, la ferme durable du Royaume qui a battu le record du monde Guinness, utilise de l'eau traitée pour irriguer ses cultures

RIYAD : Le changement climatique constitue une menace importante pour l'agriculture, ce qui a de graves répercussions sur la sécurité alimentaire, les moyens de subsistance et l'accès à l'eau. C'est pourquoi l'Arabie saoudite adopte une série de pratiques agricoles innovantes et durables.

Alors que les températures estivales deviennent plus intenses dans le monde entier, les rendements agricoles diminuent et la pénurie d'eau s'accentue, ce qui fait planer le spectre de l'insécurité alimentaire dans certaines régions et de l'augmentation des prix sur les marchés nationaux et mondiaux.

L'agriculture contribue également de manière importante aux émissions de gaz à effet de serre. Selon le groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, environ 24 % des émissions d'origine humaine résultent de l'agriculture, de la sylviculture et de l'utilisation des terres.

Pour limiter les dommages environnementaux causés par l'agriculture tout en adaptant la production agricole à des conditions plus chaudes et plus sèches, Les gouvernements et les entreprises du monde entier adoptent de nouvelles technologies, méthodes et pratiques en vue d'une agriculture durable.

Selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, les stratégies pour l'agriculture et la sylviculture, contrairement à d'autres secteurs, peuvent simultanément accroître la capacité d'adaptation et atténuer le changement climatique si elles sont mises en œuvre de manière durable.

L'agriculture durable fait référence aux méthodes et pratiques qui préservent l'environnement, protègent les ressources naturelles, garantissent la sécurité des chaînes d'approvisionnement alimentaire et assurent des revenus suffisants aux agriculteurs.

L'Arabie saoudite a mis en place plusieurs initiatives en matière d'agriculture durable, notamment en encourageant l'utilisation d'eau traitée pour l'irrigation et l'adoption de techniques de culture sans sol – des mesures conçues pour répondre aux besoins d'une population en mutation.

Selon la Banque mondiale, la population urbaine mondiale devrait être multipliée par 1,5 d'ici 2045, pour atteindre 6 milliards d'habitants. Étant donné que de plus en plus de personnes quittent les zones rurales à la recherche d'opportunités dans les villes, la façon dont les aliments sont produits et distribués doit être repensée.

C'est pourquoi l'Arabie saoudite étudie l'utilisation de la technologie de l'agriculture urbaine, notamment l'agriculture verticale ou la culture hors-sol, comme solution alternative.

L'agriculture verticale permet de relever les défis posés par la disponibilité limitée des terres, la saisonnalité des cultures et la croissance de la population mondiale. (Shutterstock)
L'agriculture verticale permet de relever les défis posés par la disponibilité limitée des terres, la saisonnalité des cultures et la croissance de la population mondiale. (Shutterstock)

L'agriculture verticale ou hors-sol fait référence à une méthode de culture des plantes qui n'utilise pas de sol, les nutriments étant apportés aux racines par l'eau – un processus également connu sous le nom d'hydroponie.

Les plantes sans sol utilisent des techniques d'irrigation au goutte-à-goutte ou par aspersion, ce qui permet de mieux contrôler la distribution de l'eau et d'éviter le gaspillage. Selon le Forum économique mondial, cette technique permet d'économiser 98 % d'eau par rapport à l'agriculture traditionnelle.

Les régions confrontées à une pénurie d'eau, à une faible fertilité des sols ou à la salinité pourraient bénéficier de cette méthode, non seulement pour économiser l'eau et réduire l'utilisation des pesticides, mais aussi pour permettre la production de cultures tout au long de l'année.

Le Centre national de recherche et de développement pour l'agriculture durable, ou Estidamah, est un centre de recherche autonome, légal et à but non lucratif, basé en Arabie saoudite. Son programme d'agriculture verticale vise à optimiser la production de cultures – principalement des légumes à feuilles et des fraises.

Le Centre national de recherche et de développement pour l'agriculture durable, ou Estidamah, a produit des tomates à haut rendement dans ses serres. (Photo Estidamah)
Le Centre national de recherche et de développement pour l'agriculture durable, ou Estidamah, a produit des tomates à haut rendement dans ses serres. (Photo Estidamah)

Pour soutenir cette initiative, le ministère de l'Environnement, de l'Eau et de l'Agriculture a débloqué 100 millions de riyals saoudiens (27 millions de dollars). En 2021, des scientifiques d'Estidamah et de l'université de Wageningen aux Pays-Bas ont réussi à cultiver des fraises de la variété Estavana dans une serre à Riyad.

Le rendement de ces fraises, ainsi que celui de deux autres variétés, ont été considérablement plus élevés que celui des agriculteurs locaux, démontrant ainsi l'immense potentiel de cette technologie.

Toutefois, l'engagement de l'Arabie saoudite en faveur de l'agriculture durable est peut-être le mieux démontré par les méthodes et les pratiques utilisées à Wadi Ben Hashbal, une mégaferme située dans la région montagneuse d'Asir, au sud-ouest du pays.

« Cette ferme est la plus grande ferme expérimentale ou de démonstration de recherche durable au monde, avec une superficie de plus de 3,2 millions de mètres carrés, comme le reconnaît le Guinness World Records », a déclaré à Arab News Ahmed Al-Mujthal, directeur général de la branche Asir du ministère de de l'environnement et de l'eau.

L'une des caractéristiques les plus impressionnantes de la ferme est l'utilisation d'eau traitée pour irriguer les cultures. « L'eau traitée est divisée en eaux usées municipales et industrielles, chaque type nécessitant des usines de traitement spécifiques », a souligné Al-Mujthal.

LE SAVIEZ-VOUS ?

- L'Arabie saoudite exporte du blé, des dattes, des produits laitiers, des œufs, du poisson, de la volaille, des fruits, des légumes et même des fleurs.

- La ferme durable de Wadi ben Hashbal est reconnue par le Guinness World Records comme la plus grande au monde utilisant de l'eau traitée pour irriguer les cultures.

- L'agriculture urbaine et le traitement des eaux usées pour l'irrigation sont quelques-unes des pratiques agricoles durables adoptées par l'Arabie saoudite.

La phase de traitement primaire élimine les grosses particules et les huiles, la phase de traitement secondaire fait intervenir des bactéries aérobies et le traitement tertiaire utilise des filtres pour éliminer les polluants et les odeurs restants.

« La chloration est effectuée pour éliminer les microbes et l'eau traitée est adaptée à tous les usages, à l'exception de la consommation humaine directe », a précisé Al-Mujthal. « La quantité d'eau produite par les usines de traitement dans la région d'Asir dépasse les 240 000 mètres cubes par jour ».

L'eau traitée est ensuite transportée dans toute la région jusqu'à l'endroit où elle est nécessaire. « Il existe quatre principales stations d'épuration dans la région d'Asir, qui utilisent toutes la méthode du triple traitement et conviennent parfaitement à l'irrigation de toutes les cultures », a ajouté Al-Mujthal.

Wadi Ben Hashbal compte environ 16 000 arbres produisant huit variétés de fruits saisonniers, en plus de 2 400 arbres locaux non fruitiers et d'un champ destiné à la culture de fourrage et à l'élevage de bétail. Il comprend également cinq fermes protégées et climatisées destinées à la recherche.

La réussite des projets d'agriculture durable du Royaume est de bon augure pour les nations vulnérables au climat dans le monde entier. (Photos fournies/fichier)
La réussite des projets d'agriculture durable du Royaume est de bon augure pour les nations vulnérables au climat dans le monde entier. (Photos fournies/fichier)

« La surveillance de la qualité de l'eau et du sol, qui s'effectue sur l'exploitation en prélevant constamment des échantillons et en les analysant dans des laboratoires spécialisés accrédités par le ministère, est plus importante encore », a expliqué Al-Mujthal.

Cela s'ajoute à la mesure de la température et de l'humidité du sol, ainsi que de la quantité de pluie et de la vitesse du vent sur le site grâce à la station climatique installée dans la ferme.

La région d'Asir a été stratégiquement choisie pour la ferme car elle se caractérise par une géographie unique, la fertilité de son sol et son climat favorable.

« En général, les données reçues des autorités compétentes indiquent que les précipitations moyennes dans la région d'Asir dépassent 300 mm par an », a poursuivi Al-Mujthal. Dans les zones montagneuses à la végétation dense, les précipitations peuvent même dépasser 500 mm par an.

« D'autres facteurs incluent l'abondance relative des eaux de surface et des eaux souterraines, ainsi que la présence d'excellentes infrastructures de drainage et de traitement de l'eau dans la région d'Asir », a ajouté Al-Mujthal.

La réussite des projets d'agriculture durable du Royaume est de bon augure pour les nations vulnérables au climat qui luttent pour s'adapter à la pénurie d'eau et à la hausse des températures.

En effet, s'il est possible de cultiver durablement en Arabie saoudite – l'un des endroits les plus chauds et les plus secs de la planète – il y a encore de l'espoir pour l'agriculture dans un monde en mutation.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
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  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.


Face à l'explosion des dépenses militaires, l'ONU appelle à «repenser les priorités»

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté. (AFP)
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté. (AFP)
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  • "Aujourd'hui, nous publions un rapport qui révèle une réalité saisissante: le monde dépense bien plus à faire la guerre qu'à construire la paix", a-t-il déclaré Antonio Guterres
  • Selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), les dépenses militaires mondiales ont atteint en 2024 près de 2.700 milliards de dollars, en hausse de plus de 9% sur un an

NATIONS-UNIES: Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté.

"Aujourd'hui, nous publions un rapport qui révèle une réalité saisissante: le monde dépense bien plus à faire la guerre qu'à construire la paix", a-t-il déclaré Antonio Guterres.

Selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), les dépenses militaires mondiales ont atteint en 2024 près de 2.700 milliards de dollars, en hausse de plus de 9% sur un an.

C'est "l'équivalent de 334 dollars par habitant de la planète", "près de 13 fois le montant de l'aide publique au développement des pays les plus riches et 750 fois le budget ordinaire de l'ONU", a noté Antonio Guterres.

Et en parallèle, la majorité des Objectifs de développement durables (ODD) visant à améliorer le sort de l'humanité d'ici 2030 (éradication de l'extrême pauvreté, égalité hommes-femmes, éducation...) ne sont pas sur la bonne voie.

Pourtant, mettre un terme à la faim dans le monde d'ici 2030 nécessiterait seulement 93 milliards de dollars par an, soit 4% des dépenses militaires de 2024, et faire en sorte que chaque enfant soit totalement vacciné coûterait entre 100 et 285 milliards par an, note le rapport demandé par les Etats membres.

Au total, l'ONU estime aujourd'hui à 4.000 milliards de dollars les investissements supplémentaires nécessaires chaque année pour atteindre l'ensemble des ODD, un montant qui pourrait grimper à 6.400 milliards dans les prochaines années.

Alors le secrétaire général de l'ONU a lancé un "appel à l'action, un appel à repenser les priorités, un appel à rééquilibrer les investissements mondiaux vers la sécurité dont le monde a vraiment besoin".

"Des dépenses militaires excessives ne garantissent pas la paix, souvent elles la sapent, encourageant la course aux armements, renforçant la méfiance et détournant des ressources de ce qui représentent les bases de la stabilité", a-t-il ajouté. "Un monde plus sûr commence par investir au moins autant pour lutter contre la pauvreté que nous le faisons pour faire la guerre".

"Rediriger même une fraction des dépenses militaires actuelles pourraient combler des écarts vitaux, envoyer des enfants à l'école, renforcer les soins de santé de base, développer les énergies propres et des infrastructures résistantes, et protéger les plus vulnérables", a-t-il plaidé.