Les cultures en hydroponie et en serre, un pari viable pour l'Arabie saoudite

Le Moyen-Orient est la région du monde la plus soumise au stress hydrique, et la péninsule arabique en particulier doit faire bon usage de moyens intelligents maximisant ses ressources. (Photo fournie)
Le Moyen-Orient est la région du monde la plus soumise au stress hydrique, et la péninsule arabique en particulier doit faire bon usage de moyens intelligents maximisant ses ressources. (Photo fournie)
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Publié le Mercredi 19 janvier 2022

Les cultures en hydroponie et en serre, un pari viable pour l'Arabie saoudite

  • Le système permet un contrôle minutieux des conditions telles que la température, l'équilibre du pH et l'exposition aux nutriments et à l'eau
  • La méthode utilisant de l'eau recyclée est idéale pour l'Arabie saoudite, l'un des pays les plus soumis à un stress hydrique

DJEDDAH : La culture hydroponique est la science qui consiste à faire pousser des plantes sans sol, avec des quantités d'eau limitées. En tant que méthode de culture, elle présente un certain nombre d'avantages : elle aide à développer des racines fibreuses pour une meilleure absorption des  nutriments, réduit le risque de pourriture des racines et favorise la maturité rapide des plantes.
En utilisant une conception innovante qui nécessite un minimum d'espace, les jardins hydroponiques peuvent faire pousser des fruits, des légumes et des fleurs en deux fois moins de temps que l'agriculture traditionnelle, en utilisant 90 % d'eau en moins.
Les archives historiques révèlent que les premières utilisations enregistrées des systèmes hydroponiques se trouvaient dans les jardins suspendus de Babylone, les jardins flottants des Aztèques et les jardins de la Chine ancienne.

L'Arabie saoudite, qui couvre 80% de la péninsule, utilisera des techniques agricoles durables, telles que la culture hydroponique, afin de réduire le gaspillage d'eau de 50% d'ici 2030, ci-dessus. (Photo fournie)


À l'époque moderne, une expérience parrainée par la NASA sur la station spatiale Mir en 1997 a utilisé l'aéroponie pour faire pousser des plants de haricots en apesanteur, ouvrant la perspective d'une agriculture durable dans l'espace. L'aéroponie est une forme de culture hydroponique dans laquelle les plantes sont nourries à l'aide d'un brouillard pulvérisé sur leurs racines, plutôt que d'être suspendues dans l'eau.
Ces dernières années, la popularité de la culture hydroponique a grandi, car les agriculteurs existants comme les amateurs cherchent à tirer parti des progrès technologiques et des avantages potentiels qu'ils peuvent apporter.
Les faibles pluies, la disponibilité limitée d'eau douce provenant des rivières et des lacs et la diminution des réserves d'eau souterraine non renouvelables signifient que le Moyen-Orient est la région la plus soumise au stress hydrique de la planète. Ceci alors que la demande régionale en eau monte en flèche, et devrait continuer à augmenter compte tenu de la croissance démographique et du développement économique récent, entraînant des taux de consommation d'eau par habitant parmi les plus élevés au monde.
Dans la majeure partie de la péninsule arabique, l'une des régions les plus arides de la planète, il y a très peu de précipitations et la majorité d'entre elles tombe dans le sable du désert ou s'évapore rapidement. Une zone couvrant plus de 1 000 000 de miles carrés (1 Square miles = 2589987.83 Square mètres) ne contient presque pas de rivières ou de ruisseaux pérennes, et l'un des plus grands déserts du monde occupe sa partie sud.

Les fermes Al-Badia des Émirats arabes unis à Dubaï utilisent une ferme verticale intérieure dotée d'une technologie hydroponique innovante pour cultiver des fruits et des légumes toute l'année. (Photo, Karim Sahib/AFP)


L'Arabie saoudite représente environ 80% de la péninsule arabique et en est l'un de ses pays les plus secs. Les ressources en eau sont rares et les conditions climatiques sont sévères. Ces dernières provoquent la salinisation des eaux souterraines, qui est un problème commun affectant le secteur agricole du Royaume.
En octobre dernier, le représentant de l'Arabie saoudite, dans le cadre du Groupe des 77 pays en développement et de la Chine, a déclaré à la deuxième commission (économique et financière) de la 76e session de l'Assemblée générale des Nations Unies que le Royaume prenait des mesures pour créer une agriculture durable et améliorer les modes de consommation afin de réduire les déchets de 50 % d'ici 2030, encourager l'innovation et autonomiser les femmes et les jeunes qui travaillent dans le secteur agricole.

Quelques chiffres

Une augmentation de 70 % de la production alimentaire sera nécessaire d'ici 2050 afin de répondre aux besoins caloriques d'une population mondiale de 9,8 milliards d'habitants.
 68% de cette population mondiale estimée à 9,8 milliards vivra dans des zones urbaines d'ici 2050.

 

Gardant un œil sur les futurs défis alimentaires, le ministère saoudien de l'Environnement, de l'Eau et de l'Agriculture explore l'option des technologies agricoles verticales localisées en allouant 27 millions de dollars pour les développer.
Les défis auxquels sont confrontés les décideurs politiques du Royaume ne sont pas différents de ceux auxquels sont confrontés leurs homologues dans de nombreux autres pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord. Eviter que la situation ne s'aggrave et, plus précisément, savoir comment équiper les agriculteurs pour résoudre les problèmes auxquels ils sont confrontés.
Selon les scientifiques agricoles, des investissements substantiels dans l'adaptation seront nécessaires afin d’aider à maintenir les rendements agricoles actuels et à augmenter la production et la qualité des aliments de manière à satisfaire la demande. Les installations agricoles verticales qui utilisent la culture hydroponique sont une solution possible aux défis, en particulier dans les pays aux climats arides et semi-arides.

Le recyclage de l'eau est une caractéristique primordiale de la culture hydroponique, bien que le processus comporte également ses propres défis. (Photo fournie)


Ces dernières années, plusieurs entreprises agroalimentaires en Arabie saoudite ont commencé à utiliser des systèmes hydroponiques, après avoir mené des recherches intensives, collecté des données et mis au point des mécanismes appropriés. Tout cela dans le but de suivre le rythme de la croissance démographique et des besoins alimentaires du Royaume.
Une caractéristique primordiale de la culture hydroponique est l'utilisation d'eau recyclée, qui comporte ses propres défis. Bien que le recyclage de l'eau soit un processus assez simple, les coûts impliqués, de l'investissement initial à l'entretien annuel, ne sont pas négligeables car la qualité de l'eau qui en résulte doit être suffisamment élevée pour la croissance des plantes, selon Tourki Aldouhayan, PDG de Green Mast, un agro-industrie à Riyad.
«Nous envoyons nos échantillons d'eau chaque semaine à des laboratoires aux Pays-Bas et le rapport d'analyse nous fournit les propriétés de l'eau absorbée par les plantes», a-t-il déclaré à Arab News.
«De cette façon, nous pouvons contrôler la consommation d'eau et nous économisons beaucoup, mais assurer une qualité élevée de l'eau n'est pas une mince affaire. Nous recyclons l'eau et économisons de l'argent, mais cela nécessite beaucoup de suivi et d'évaluation pour rester cohérent».

Le Moyen-Orient est la région du monde la plus soumise au stress hydrique, et la péninsule arabique en particulier doit faire bon usage de moyens intelligents maximisant ses ressources. (Photo fournie)


Aldouhayan a indiqué qu'il avait appris ce qui fonctionnait par tâtonnements, ayant dû prendre des décisions allant du type de sol à utiliser dans les serres au test de la longévité d'une plante et de sa capacité à survivre dans une ferme hydroponique. Il a affirmé qu'il avait testé une fois une variété particulière de plants de tomates qui produisaient des fruits jusqu'à neuf mois et poussaient jusqu'à une hauteur de 14 mètres.
Sur la base de ses expériences, Aldouhayan a signalé que les systèmes hydroponiques sont une option attrayante pour de nombreux agriculteurs en Arabie saoudite pour plusieurs de raisons.

En Bref

Les premières utilisations enregistrées de la culture hydroponique remontent aux jardins suspendus de Babylone, aux jardins flottants des Aztèques et aux jardins de la Chine ancienne.

Livrer des produits de la ferme à la table est plus facile à dire qu'à faire, a-t-il expliqué.  Lorsque l'on considère les défis logistiques et de transport impliqués pour s'assurer que les marchandises soient conservées à une température appropriée,qu'elles restent fraîches et qu'elles soient livrées aux fournisseurs à temps.
«C'est l'un des plus grands obstacles et défis auxquels sont confrontées les entreprises hydroponiques», a affirmé Aldouhayan. «L'Arabie saoudite a la taille de l'Europe et il est coûteux de transporter des produits vers des régions très éloignées de leur lieu d'origine. L'entreprise ne se limite pas à la simple production de cultures et de récoltes. Pourtant, l'Arabie saoudite a parcouru un long chemin en quelques années seulement.

Le co-fondateur de Red Sea Farms, Mark Tester, affirme que l'entreprise utilise un système agricole écologiquement durable basé sur l'eau salée. (Photo fournie)


«Le ministère de l'Environnement, de l'Eau et de l'Agriculture d'Arabie saoudite a montré son soutien à l'agriculture hydroponique dans le Royaume, mais il doit y avoir des réglementations plus strictes afin de garantir le respect des protocoles appropriés. Un soutien supplémentaire du ministère, des acheteurs  et des fournisseurs de services de transport peut aider et aidera les agriculteurs à long terme. Au cours des trois années qui se sont écoulées depuis que j'ai lancé mon entreprise, mes coûts ne représentent qu'une fraction de ceux de mes débuts.»
«Vous pouvez être assuré que si vous achetez des tomates cerises dans une ferme hydroponique, elles resteront fraîches plus longtemps que ce à quoi vous vous attendez normalement d'un tel fruit».
Red Sea Farms est une autre entreprise saoudienne qui utilise un système agricole écologiquement durable basé sur l'eau salée. Cette technologie permet aux agriculteurs de cultiver des aliments et de refroidir les serres en utilisant de l'eau salée en plus grande quantité et de meilleurs niveaux de qualité que les systèmes agricoles traditionnels, et de fournir ainsi des produits pour une saison de culture beaucoup plus longue.
Mark Tester, co-fondateur de Red Sea Farms et directeur associé du Centre d'agriculture du désert de l'Université des sciences et technologies du roi Abdallah, a révélé que même si les systèmes hydroponiques ne conviennent pas aux cultures de base telles que le blé, ils peuvent fournir un retour sur investissement pour une grande variété d'autres cultures.
«Du point de vue du gouvernement, les serres offrent une occasion en or de maximiser la valeur de l'eau souterraine (en fin de compte non durable) extraite, offrant le meilleur rendement possible pour cette précieuse ressource», a-t-il déclaré à Arab News.
«Avec les technologies de Red Sea Farms, l'empreinte environnementale de la production est encore réduite, ce qui est bon pour l'environnement compte tenu de la réduction de la consommation d'eau et des émissions de dioxyde de carbone, des coûts réduits et des revenus plus élevés pour l'agriculteur».
Un autre avantage prouvé de l'agriculture hydroponique est qu'elle élimine le besoin d'utiliser des pesticides et des herbicides à grande échelle.

On dit que les tomates d'une ferme hydroponique restent fraîches plus longtemps que celles produites selon la méthode de culture traditionnelle. (Photo fournie)


«Parce que la culture hydroponique dans les serres permet un bon contrôle de l'air et de l'eau, elle offre aussi la possibilité de minimiser l'exposition des plantes aux insectes nuisibles et aux maladies, nous permettant ainsi de réduire l'utilisation de pesticides», a éclairci Tester. «Cela permet aux agriculteurs d'économiser de l'argent, il est meilleur pour l'environnement et produit des aliments plus sains pour les consommateurs. Tout le monde est gagnant».
«Les avantages des systèmes agricoles innovants deviennent de plus en plus appréciés et de plus en plus précieux, même dans des endroits offrant des conditions idéales pour l'agriculture, comme en Europe occidentale».
«L'utilisation des serres est en pleine expansion. Ainsi, même dans le sud du Royaume, les serres ont clairement un rôle très important à jouer dans l'agriculture et la production saine et durable de nos aliments».
Alors que de plus en plus d'entreprises agroalimentaires en Arabie saoudite adoptent des méthodes modernes et innovantes, l'attrait de la culture hydroponique devrait croître rapidement grâce aux nombreux avantages qu'elle offre.
Plus largement, faire pousser des cultures en hydroponie et en serre apparaît de plus en plus comme un pari viable, en particulier pour les générations futures dans les pays aux climats arides et semi-arides, particulièrement vulnérables aux effets du changement climatique, à la dégradation des terres et aux phénomènes météorologiques extrêmes.


Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Un mort et trois blessés dans une attaque près de colonies en Cisjordanie

Une attaque a fait un mort et trois blessés mardi près de colonies israéliennes dans le sud de la Cisjordanie occupée, ont annoncé les services de secours israéliens et l'armée israélienne. (AFP)
Une attaque a fait un mort et trois blessés mardi près de colonies israéliennes dans le sud de la Cisjordanie occupée, ont annoncé les services de secours israéliens et l'armée israélienne. (AFP)
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  • L'attaque a eu lieu au carrefour du Goush Etzion, situé à l'entrée de colonies israéliennes, sur la route entre les villes palestiniennes de Bethléem et Hébron
  • La victime a été identifiée comme Aaron Cohen, un habitant de la colonie de Kyriat Arba, au sud du lieu de l'attaque, selon un communiqué de la mairie

TERRITOIRES PALESTINIENS: Une attaque a fait un mort et trois blessés mardi près de colonies israéliennes dans le sud de la Cisjordanie occupée, ont annoncé les services de secours israéliens et l'armée israélienne.

L'attaque a eu lieu au carrefour du Goush Etzion, situé à l'entrée de colonies israéliennes, sur la route entre les villes palestiniennes de Bethléem et Hébron, dans le sud de la Cisjordanie occupée. Cet endroit a été le théâtre de plusieurs attaques anti-israéliennes depuis fin 2015.

Le Magen David Adom (MDA), équivalent israélien de la Croix-Rouge, a annoncé le décès d'un homme d'une trentaine d'années.

La victime a été identifiée comme Aaron Cohen, un habitant de la colonie de Kyriat Arba, au sud du lieu de l'attaque, selon un communiqué de la mairie.

Le MDA a également déclaré que ses services avaient évacué dans des hôpitaux de Jérusalem trois autres personnes, dont un adolescent de 15 ans "présentant des plaies profondes" et une femme d'environ 40 ans.

L'hôpital Hadassah de Jérusalem a précisé dans un communiqué que la femme, "blessée par balle", avait été hospitalisée dans un état grave.

Selon des médias locaux, elle aurait été blessée durant l'attaque par un tir de soldats visant les assaillants.

L'armée israélienne a précisé que ses "soldats ont éliminé deux terroristes sur place" et que des explosifs ont été "découverts" dans leur véhicule. "Les soldats de l'armée israélienne procèdent à des fouilles et ont mis en place des barrages routiers encerclant la zone", a-t-elle précisé.

L'Autorité générale des affaires civiles palestiniennes a identifié les assaillants comme Imran al-Atrash et Walid Sabbarna, tous les deux âgés de 18 ans et originaires de la région d'Hébron.

"Il s'agit de la deuxième attaque au carrefour du Goush Etzion en un an qui se solde par de graves conséquences", a déclaré à la presse Yaron Rosental, président du conseil régional du Goush Etzion, un bloc de colonies dans la zone du lieu de l'attaque.

Violences records 

Plus de 500.000 Israéliens vivent aujourd'hui en Cisjordanie dans des colonies que l'ONU juge illégales au regard du droit international, au milieu de quelque trois millions de Palestiniens.

"Avec l'armée, nous ferons également payer un prix très élevé aux terroristes et à tout leur entourage, et nous renforcerons également la colonisation", a ajouté M. Rosental.

La veille, des colons extrémistes avaient attaqué le village palestinien de Jabaa, près de Bethléem, après que les forces de sécurité israéliennes ont fait démolir et évacuer l'avant-poste de colonisation juive dit de Tzour Misgavi, dans le bloc de colonies du Goush Etzion.

Les mouvements palestiniens du Hamas et du Jihad islamique, considérés comme des organisations terroristes par les Etats-Unis, l'Union européenne, et Israël, ont salué l'attaque dans des communiqués distincts.

Les violences ont explosé en Cisjordanie depuis le début de la guerre à Gaza déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël.

Selon des données officielles israéliennes, au moins 43 Israéliens, civils et soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Dans le même temps, au moins 1.006 Palestiniens, combattants et civils, y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l'AFP à partir de données de l'Autorité palestinienne.

Ces violences n'ont pas cessé avec la trêve en vigueur à Gaza depuis le 10 octobre. Selon l'ONU, la Cisjordanie a d'ailleurs connu en octobre un pic inédit de violences en près de deux décennies.

 

 


Les États-Unis annulent la visite du commandant en chef de l'armée libanaise

Le président libanais Joseph Aoun félicite le nouveau commandant en chef de l'armée, Rodolphe Haykal, au palais présidentiel de Baabda, à l'est de Beyrouth, au Liban, le 13 mars 2025. (AFP)
Le président libanais Joseph Aoun félicite le nouveau commandant en chef de l'armée, Rodolphe Haykal, au palais présidentiel de Baabda, à l'est de Beyrouth, au Liban, le 13 mars 2025. (AFP)
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  • Une source fait part à Arab News des nombreuses préoccupations des Etats-Unis concernant l'armée
  • La décision a été prise quelques heures seulement avant son départ prévu et en dépit des nombreux préparatifs de la visite

BEYROUTH : L'administration américaine a brusquement annulé mardi les rencontres prévues à Washington avec le général Rodolphe Haykal, commandant de l'armée libanaise.

La décision a été prise quelques heures seulement avant son départ prévu et en dépit des nombreux préparatifs de la visite.

L'ambassade du Liban à Washington a annoncé l'annulation d'une réception qui avait été organisée en l'honneur du commandant de l'armée, exprimant sa gratitude pour la compréhension des invités et déclarant qu'elle les informerait d'une nouvelle date une fois fixée, sans donner d'autres explications à la communauté libanaise.

L'administration libanaise a considéré cette décision comme un message fort adressé à l'armée libanaise, d'autant plus que plusieurs sénateurs américains avaient directement critiqué le commandant de l'armée.

Haykal devait rencontrer de nombreux hauts fonctionnaires, notamment des représentants de la Maison Blanche, des membres du Congrès et des chefs militaires.

Selon une source militaire, l'annulation de la visite serait liée à la déclaration de l'armée libanaise, dimanche dernier, concernant les tirs de l'armée israélienne visant les casques bleus de la FINUL au Liban.

Dans un message publié dimanche sur X, l'armée avait accusé "l'ennemi israélien, qui s'obstine à violer la souveraineté libanaise, (de) déstabiliser le pays et d'entraver le déploiement complet de l'armée dans le sud".

Selon la source, cette déclaration a suscité des discussions au sein du Congrès sur "l'opportunité de poursuivre l'aide à l'armée libanaise".

La source a déclaré à Arab News que les Etats-Unis avaient de nombreuses préoccupations concernant les performances de l'armée libanaise, y compris "son incapacité à progresser dans les tâches qui lui ont été assignées pour s'attaquer de manière adéquate au Hezbollah".

La source a ajouté : "Les Etats-Unis sont également mécontents des positions adoptées par le commandement, y compris l'insistance à décrire Israël comme l'ennemi".

Le sénateur Joni Ernst, militaire à la retraite, a publié sur X : "Déçu par cette déclaration de (l'armée libanaise). Les FAL (Forces armées libanaises) sont un partenaire stratégique et - comme j'en ai discuté avec le CHOD (chef d'état-major de la défense) en août - Israël a donné au Liban une véritable occasion de se libérer des terroristes du Hezbollah soutenus par l'Iran. Au lieu de saisir cette opportunité et de travailler ensemble pour désarmer le Hezbollah, le CHOD rejette honteusement la faute sur Israël".

Le sénateur Lindsey Graham a également publié un message sur le site X, dans lequel il déclare : "Il est clair que le Liban n'a pas été désarmé : "Il est clair que le chef de la défense libanaise - en raison d'une référence à Israël comme l'ennemi et de ses efforts faibles et presque inexistants pour désarmer le Hezbollah - est un énorme revers pour les efforts visant à faire avancer le Liban. Cette combinaison fait que les forces armées libanaises ne sont pas un très bon investissement pour l'Amérique".

Pendant ce temps, Tom Harb, membre du Parti républicain d'origine libanaise, a déclaré sur X : "L'administration Trump est frustrée par le gouvernement et l'armée libanais. Ils ont annulé toutes les réunions prévues à Washington pour le commandant de l'armée libanaise Rodolphe Haykal demain, et l'ambassade du Liban à Washington a dû annuler une réception prévue en son honneur."

Il a remercié M. Graham "d'avoir pris note du comportement de l'armée libanaise et de la réticence du gouvernement libanais à prendre des mesures contre le Hezbollah et à mettre en œuvre la résolution 1559 du Conseil de sécurité des Nations unies - au lieu de se contenter de blâmer Israël".

Il a déclaré que M. Graham avait "pris la bonne décision" en annulant la réunion avec M. Haykal, et a ajouté : "L'argent de nos impôts doit fournir un retour sur investissement au Liban. Espérons que le président Joseph Aoun interprétera très bien l'administration Trump et remplacera bientôt le chef de l'armée par quelqu'un désireux de faire le travail !"

Les responsables politiques libanais ont évité de commenter l'action des États-Unis, une source officielle ayant déclaré à Arab News que "l'affaire concerne l'armée libanaise."

Une source militaire libanaise a déclaré : "L'institution militaire a décidé de contenir ce qui s'est passé en n'amplifiant pas la question afin de préserver les intérêts de l'armée.

La source a réaffirmé que l'armée libanaise accomplissait toutes ses missions conformément à son plan visant à limiter à l'État les armes présentes sur le territoire libanais.

Il a ajouté que l'armée "poursuit sa mission au sud du fleuve Litani avec sagesse et dans le délai qu'elle s'est fixé pour la fin de l'année, après quoi elle poursuivra sa mission au nord du fleuve Litani, en appliquant les décisions de l'autorité politique".

M. Haykal avait précédemment indiqué lors de deux sessions du cabinet, alors qu'il faisait le point sur les réalisations de l'armée au sud du Litani, qu'Israël avait fait pression sur l'armée pour qu'elle pénètre dans les maisons des habitants du sud à la recherche d'armes appartenant au Hezbollah - une demande que M. Haykal a rejetée. Il a également souligné les attaques israéliennes qui entravaient les opérations de l'armée libanaise sur le terrain.

Conférence des investisseurs

Parallèlement aux développements politiques et militaires, le front de mer de Beyrouth a accueilli la conférence Beirut One intitulée "Beirut is Rising Again".

D'éminents investisseurs libanais et arabes, notamment une délégation d'Arabie Saoudite, ont participé à cet événement placé sous le patronage du président libanais qui a souligné dans son discours "l'ouverture du Liban sur son environnement arabe et international".

Il a souligné que "le Liban doit retrouver son rôle naturel d'acteur économique et culturel dans la région, de pont entre l'Orient et l'Occident, et de plateforme d'interaction et de coopération entre les entreprises, les investisseurs et les institutions de développement".

M. Aoun a souligné que le Liban s'était engagé sur "la voie des vraies réformes", notant que le gouvernement avait pris des mesures sérieuses pour reconstruire les institutions de l'État sur des bases solides et renforcer la sécurité intérieure.

Il a ajouté : "Les investisseurs qui viennent au Liban doivent être assurés que leur protection n'est pas soumise à des caprices politiques, mais qu'elle est au contraire fermement ancrée dans la loi.

Il a ajouté : "Nous ne recherchons pas un calme temporaire, mais une stabilité durable", soulignant que les réformes entreprises par le gouvernement n'étaient pas faciles.

"Nous nous heurtons à des résistances au sein même du système, car les changements réels affectent des intérêts bien établis, mais nous restons inébranlables", a déclaré M. Aoun.


Le prince héritier saoudien arrive à la Maison Blanche pour rencontrer Donald Trump 

 Le président américain Donald Trump accueille le prince héritier et Premier ministre du Royaume d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane sur la pelouse sud de la Maison Blanche. (AFP)
Le président américain Donald Trump accueille le prince héritier et Premier ministre du Royaume d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane sur la pelouse sud de la Maison Blanche. (AFP)
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  • Au cours de cette visite, le prince héritier et le président devraient discuter des relations entre leurs pays et des moyens de les renforcer dans divers domaines
  • Des avions de chasse américains ont survolé la Maison Blanche dans le cadre d'une cérémonie officielle en l'honneur du prince héritier

WASHINGTON: Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane est arrivé mardi à la Maison Blanche à Washington, où il a été accueilli par le président américain Donald Trump.

Des avions de chasse américains ont survolé la Maison Blanche dans le cadre d'une cérémonie officielle en l'honneur du prince héritier.

Au cours de cette visite, le prince héritier et le président devraient discuter des relations entre leurs pays et des moyens de les renforcer dans divers domaines, tandis que des questions d'intérêt commun seront également abordées, a rapporté l'agence de presse saoudienne.