Européennes: Face au triomphe de l'extrême droite, Macron convoque des élections législatives

La "décision grave, lourde". "Mais c'est avant tout un acte de confiance", a assuré Emmanuel Macron (Photo, AFP)
La "décision grave, lourde". "Mais c'est avant tout un acte de confiance", a assuré Emmanuel Macron (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 10 juin 2024

Européennes: Face au triomphe de l'extrême droite, Macron convoque des élections législatives

Emmanuel Macron
  • Le parti d'extrême droite Rassemblement national de Jordan Bardella a frappé un grand coup aux européennes
  • Le nouvel homme fort de la gauche, Raphaël Glucksmann a souligné sa responsabilité "désormais immense en Europe et en France"

PARIS : Le président français Emmanuel Macron a annoncé dimanche la dissolution de l'Assemblée nationale et la convocation d'élections législatives, un coup de tonnerre politique et un pari risqué après la victoire historique de l'extrême droite aux élections européennes en France.
Les élections législatives auront lieu les 30 juin et 7 juillet prochains, a annoncé le chef de l'Etat, défendant une "décision grave, lourde". "Mais c'est avant tout un acte de confiance", a-t-il assuré.

Avec 31,5 à 32% des voix selon les instituts Ipsos et Ifop, le parti d'extrême droite Rassemblement national de Jordan Bardella a frappé un grand coup aux européennes, réalisant son meilleur score dans une élection nationale (hors second tour) et va contribuer de manière décisive à la montée en puissance du camp nationaliste et souverainiste au Parlement européen, principal enseignement du scrutin au niveau des Vingt-Sept.

La liste macroniste de Valérie Hayer, eurodéputée sortante inconnue du grand public, est reléguée très loin derrière avec moins de la moitié des voix, à environ 15%, talonnée par le social-démocrate Raphaël Glucksmann, 44 ans, qui s'inscrit entre 14 et 14,3%, soit plus du double de son résultat de 2019.
Pour justifier ces élections anticipées, Emmanuel Macron a fait valoir que la France avait "besoin d'une majorité claire pour agir dans la sérénité et la concorde" et a souligné avoir "entendu" le message des Français et leurs préoccupations". "Je ne les laisserai pas sans réponse", a-t-il assuré.
De fait, le camp présidentiel, déjà en situation de majorité relative au Parlement national, pourrait être contraint à une cohabitation en cas de victoire du RN à quelques jours des Jeux olympiques de Paris.

Les moments forts du Rassemblement national (RN), ex-Front National (FN)

Né le 1er juin 2018, 46 ans après la création du Front national (FN) par Jean-Marie Le Pen, le Rassemblement national (RN) a réalisé une percée historique aux élections européennes et rêve déjà de Matignon, après la dissolution surprise de l'Assemblée nationale par le président Macron.

Poursuivre la «mue» du parti 

Marine Le Pen, qui accède le 16 janvier 2011 à la tête du FN cofondé par son père en 1972, décide sept ans plus tard de le rebaptiser en RN: réélue pour un troisième mandat à la tête du parti d'extrême droite, elle veut symboliser sa "mue" en un "parti de gouvernement" susceptible de nouer des alliances, et polir son image marquée par les propos polémiques de son père sans abandonner le thème de la "priorité nationale".

En juin, la justice européenne confirme qu'elle doit rembourser près de 300 000 euros au Parlement européen pour l'emploi douteux d'une assistante parlementaire. Elle dénonce un "assassinat politique". Sa mise en examen est requalifiée en "détournement de fonds publics", un procès doit avoir lieu à l'automne 2024.

2019: en tête aux européennes

Le 26 mai 2019, le RN, avec Jordan Bardella en tête de liste, arrive en tête des élections européennes (23,31%), devançant de peu La République en marche du président Emmanuel Macron. Le parti attire des cadres LR, mais recule ensuite aux municipales et aux régionales.

En septembre 2021, Marine Le Pen cède les rênes du RN à Jordan Bardella pour se consacrer à la campagne présidentielle. Son rival à l'extrême droite, Eric Zemmour, lui ravit des figures du parti comme Stéphane Ravier, Gilbert Collard et sa nièce Marion Maréchal.

2022 : record de 89 députés 

L'Office européen de lutte antifraude (Olaf) préconise en mars 2022 le remboursement d'environ 600 000 euros que Mme Le Pen aurait abusivement utilisés comme eurodéputée à des fins de politique nationale.

Le 10 avril, Marine Le Pen se qualifie pour le second tour de la présidentielle face à Emmanuel Macron avec 23,15% des votes, mais s'incline avec 41,5% des suffrages. Jamais l'extrême droite ne s'est approchée à ce point du pouvoir sous la Ve République.

Aux législatives de juin, le RN réalise une percée historique (89 élus), surpassant le précédent record de 1986 (35 députés). Il devient le premier parti d'opposition devant La France insoumise.

Bardella succède à Marine Le Pen 

Le 5 novembre 2022, Jordan Bardella est élu, à 27 ans, président du RN, le premier à ne pas porter le patronyme Le Pen.

Le parti est alors secoué par l'exclusion pour 15 jours de l'Assemblée du député RN Grégoire de Fournas, pour avoir lancé "qu'il retourne en Afrique!" à Carlos Martens Bilongo, un parlementaire noir de LFI.

Le 15 mars 2023, le RN est condamné en appel à une amende de 250.000 euros dans l'affaire des "kits de campagne" du FN utilisés par ses candidats aux législatives de 2012.

Marine Le Pen indique le 1er avril qu'elle refusera d'être Première ministre en cas de dissolution et de victoire du RN à des élections législatives anticipées, souhaitant se consacrer à la présidentielle de 2027. Le groupe parlementaire RN marque son opposition à la réforme des retraites d'Elisabeth Borne, mais sans appeler à manifester.

Le 21 mai 2024, le RN annonce qu'il ne siègera pas avec l'AfD (Alternative pour l'Allemagne) à "la prochaine législature du Parlement européen", la tête de liste de ce parti populiste et anti-migrants ayant publiquement affirmé qu'un SS "n'est pas automatiquement un criminel".

Score historique et dissolution choc 

Le 09 juin, Jordan Bardella triomphe aux européennes avec 31,36% des voix, deux fois plus que la liste macroniste (14,60%). Le RN devrait envoyer 30 des 81 eurodéputés français au Parlement européen.

Le président Macron dissout dans la foulée l'Assemblée nationale.

"Nous sommes prêts à exercer le pouvoir si les Français nous font confiance lors des futures législatives", affirme Marine Le Pen. Son parti présente Jordan Bardella comme favori pour Matignon.

Echec cuisant
"Nous sommes prêts à exercer le pouvoir si les Français nous font confiance", a réagi la dirigeante d'extrême droite Marine Le Pen, arrivé deux fois derrière Emmanuel Macron aux élections présidentielles de 2017 et 2022, et qui vise l'échéance de 2027 pour entrer à l'Elysée.

Tête de liste du RN aux européennes, Jordan Bardella, 28 ans, a quant à lui accueilli ce résultat "avec humilité, avec gravité" devant une foule de partisans galvanisés, après avoir salué un "score historique" pour son parti.
C'est un échec cuisant pour la majorité macroniste qui, en 2019, n'était distancée que d'un seul point par le Rassemblement national (23,34% pour le RN contre 22,42% pour la majorité). Et un coup dur pour Emmanuel Macron, arrivé au pouvoir en 2017 avec la volonté de renforcer l'influence française au sein de l'Union européenne, et avec la promesse d'éradiquer les extrêmes sur la scène nationale.

La victoire de l'extrême droite en France était attendue : Bardella, qui a concentré son discours sur les thèmes de l'immigration, de la sécurité et du pouvoir d'achat, a caracolé en tête pendant toute la campagne, loin devant Valérie Hayer.

Avec ses formules travaillées, son aisance médiatique, il a su s'imposer en moins de cinq ans dans un paysage politique français en plein renouvellement, et a poursuivi la stratégie de dédiabolisation du parti de l'extrême droite française, entamée il y a une décennie par Marine Le Pen.

Champ républicain
Pour les élections législatives des 30 juin et 7 juillet, le camp Macron "donnera l'investiture" aux députés sortants, y compris d'opposition, "faisant partie du champ républicain" et souhaitant "s'investir dans un projet clair" autour de la majorité présidentielle, a déclaré dimanche Stéphane Séjourné, secrétaire général du parti Renaissance et ministre des Affaires étrangères.

De son côté, le nouvel homme fort de la gauche, Raphaël Glucksmann a souligné sa responsabilité "désormais immense en Europe et en France".
"Ce que nous allons faire émerger, c'est un nouvel espace politique en France et en Europe fondé sur l'attachement viscéral à la démocratie, à la liberté, à l'écologie, à la solidarité. Et c'est cet espace politique qui empêchera l'extrême droite de prendre le pouvoir", a-t-il estimé.

Quand aux Verts, qui ont obtenu un score historique de 13,4% en 2019, s'écroulent tout en restant légèrement supérieur à 5%, le seuil minimum pour obtenir des eurodéputés en France.

Les élections européennes en France auront aussi été marquées par une poussée relative de la gauche radicale représentée par La France insoumise (LFI) et Manon Aubry : 8,7% contre 6,3% des voix en 2019.


Aéroports parisiens: des milliards d'euros pour répondre à la hausse prévue du trafic

Un passager consulte le tableau des départs au terminal 2 de l'aéroport international Roissy Charles de Gaulle (CDG), dans la banlieue parisienne, le 12 mai 2025. (AFP)
Un passager consulte le tableau des départs au terminal 2 de l'aéroport international Roissy Charles de Gaulle (CDG), dans la banlieue parisienne, le 12 mai 2025. (AFP)
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  • ADP prévoit un plan d’investissements de 8,4 milliards d’euros entre 2027 et 2034 pour moderniser et agrandir les aéroports parisiens
  • Malgré une hausse envisagée des redevances pour les compagnies, le projet vise à renforcer la compétitivité de CDG et Orly, améliorer la fluidité des parcours passagers et développer les connexions ferroviaires

PARIS: Démolition de terminaux, construction ou transformation d'autres bâtiments, gare agrandie: les aéroports parisiens pourraient bientôt entrer dans une période de grands travaux pour s'adapter à la croissance prévue du trafic aérien, selon un plan à 8,4 milliards d'euros divulgué mercredi.

Le gestionnaire de ces installations, le Groupe ADP (ex-Aéroports de Paris) défend des "investissements historiques", nécessaires afin de préserver la compétitivité de Paris-Charles-de-Gaulle (CDG) et Orly face à la concurrence étrangère et la qualité des services rendus aux compagnies aériennes et à leurs clients.

La proposition de contrat de régulation économique (CRE) pour la période 2027-2034 présentée par ADP est un document qui fixe la trajectoire budgétaire des aéroports pour le fonctionnement des activités aéronautiques, et donc le niveau des redevances acquittées par les compagnies.

Si le projet aboutit, celles-ci pourraient tiquer face à l'augmentation proposée des tarifs: en moyenne, 2,6 points de plus que l'inflation chaque année sur huit ans. ADP assure qu'ils resteront dans la fourchette "basse" de ceux des aéroports européens comparables.

Le contrat, qui de par la loi, doit être "tout juste rentable", devra être agréé par l'Autorité de régulation des transports (ART). Il ne concerne pas la partie non régulée des aéroports, par exemple l'exploitation des commerces ou des parkings, ou encore les florissantes activités d'ADP à l'international.

En mai 2020, en plein Covid-19 qui avait torpillé le transport aérien mondial, ADP avait demandé la résiliation du CRE de l'époque, constatant l'impossibilité d'atteindre ses engagements.

Presque six ans après, les installations aéroportuaires franciliennes n'ont toujours pas retrouvé leur fréquentation prépandémie, évoluant sur les dix premiers mois de 2025 à 98,5% du nombre de voyageurs de la même période de 2019. Une tendance lestée par CDG, premier aéroport français.

- Le Terminal 2G démoli -

Passée la crise sanitaire, la trajectoire de croissance des aéroports parisiens s'est aplatie, ADP l'estimant désormais à 1,6% de passagers en plus par an d'ici à 2034 contre 2,3% entre 2005 et 2019, la conséquence aussi d'une montée en puissance de plateformes de correspondance concurrentes, en Turquie ou dans le Golfe.

Mais selon leur gestionnaire, les installations, qui ont vu passer 103,4 millions de voyageurs au total en 2024, doivent tout de même "continuer de se développer pour accompagner" cette progression. Le CRE mentionne une augmentation de capacité totale de 18 millions de passagers pour CDG et Orly.

ADP assure avoir entendu les remontées des riverains inquiets des nuisances et parle d'un projet industriel "sobre et progressif", avec des "aménagements proposés (qui) s'inscrivent en grande partie dans l'existant", loin de la philosophie du projet controversé du Terminal 4 à CDG, abandonné en 2021.

Concrètement, l'un des premiers chantiers serait la transformation du Terminal 1, bâtiment circulaire de béton brut inauguré en 1974, et où de nouvelles zones de passage de la frontière seraient aménagées. Le 2E, point de départ de nombreux longs-courriers d'Air France, verrait également une fluidification des parcours des passagers.

A plus long terme, ADP veut notamment créer une "nouvelle salle d'embarquement international de 28.000 m2" dans l'est de CDG, proche de l'actuel Terminal 2G qui sera à terme détruit, tout comme le 3, au nord-ouest.

Avec l'évolution des comportements des voyageurs, de plus en plus nombreux à opter pour le train en France et en Europe, ADP estime que sa clientèle internationale va représenter 56% du total en 2034 contre 51% en 2019, et veut mettre l'accent sur la fluidité, sans que les passagers aient à passer une nouvelle fois les postes de police et d'inspection.

La solution viendrait d'un "nouveau train de correspondance" qui permettrait de relier l'ensemble des salles d'embarquement de la plateforme. Toujours côté ferroviaire, ADP veut créer "un nouveau hall intermodal" à la gare SNCF de CDG2, amenée à voir sa fréquentation doubler à 30 millions de passagers en 2030.

Lundi, ADP avait déjà annoncé un "choc de simplification" à venir dans les noms de ses terminaux de CDG, rebaptisés d'un seul chiffre, de 1 à 7, au lieu de la nomenclature actuelle de chiffres et de lettres qui désorientait certains passagers.

Cette évolution aura lieu en mars 2027, échéance prévue de l'inauguration de la nouvelle ligne "CDG Express" qui va permettre de relier l'aéroport au centre de Paris en 20 minutes sans arrêt.


L’eau et l’environnement au cœur d’un partenariat renouvelé entre la France et les pays arabes

Placée cette année sous le thème « L’eau, l’environnement : au cœur des besoins, des crises et des opportunités dans le monde arabe », cette édition a confirmé la place centrale qu’occupe désormais la transition écologique dans les relations économiques entre la France et le monde arabe. (AFP)
Placée cette année sous le thème « L’eau, l’environnement : au cœur des besoins, des crises et des opportunités dans le monde arabe », cette édition a confirmé la place centrale qu’occupe désormais la transition écologique dans les relations économiques entre la France et le monde arabe. (AFP)
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  • Inauguré par le président de la CCFA, Vincent Reina, dont le retour a été chaleureusement salué par les participants, le sommet a donné lieu à trois grandes tables rondes
  • L’un des moments les plus marquants du sommet a été l’intervention de Wissam Fattouh, secrétaire général de l’Union des banques arabes

PARIS: Le sixième Sommet économique France–Pays arabes, organisé par la Chambre de commerce franco-arabe, s’est ouvert à Paris pour deux journées de débats, de rencontres et d’échanges stratégiques.
Placée cette année sous le thème « L’eau, l’environnement : au cœur des besoins, des crises et des opportunités dans le monde arabe », cette édition a confirmé la place centrale qu’occupe désormais la transition écologique dans les relations économiques entre la France et le monde arabe.

Inauguré par le président de la CCFA, Vincent Reina, dont le retour a été chaleureusement salué par les participants, le sommet a donné lieu à trois grandes tables rondes réunissant responsables gouvernementaux, diplomates, experts économiques, dirigeants d’entreprises et représentants du secteur financier arabe.

Doyen du corps diplomatique arabe en France, l’ambassadeur de Djibouti, Ayeid Yahya, a dressé un panorama lucide des tensions géopolitiques qui traversent encore la région : guerre au Soudan, trêve fragile au Yémen, bombardements persistants au Liban, effets prolongés de la crise syrienne, sans oublier la question centrale du conflit israélo-palestinien, qui continue de mobiliser les efforts diplomatiques et humanitaires.

Pourtant, malgré « un monde arabe ralenti par les conflits », l’ambassadeur a insisté sur la résilience et la capacité d’action collective des pays arabes. Il a salué les progrès diplomatiques des années 2024 et 2025, notamment la reconnaissance accrue de l’État palestinien et le rôle déterminant joué par la France, l’Arabie saoudite, l’Égypte et la Jordanie dans les initiatives de médiation.

L'émergence d’une vision partagée

Son discours a également marqué le retour de la Syrie dans ce cadre multilatéral, un signal politique fort, selon lui, pour l’avenir du partenariat économique.

L’un des moments les plus marquants du sommet a été l’intervention de Wissam Fattouh, secrétaire général de l’Union des banques arabes, qui a rappelé l’ampleur inédite des défis hydriques auxquels fait face le monde arabe.
Selon Fattouh, 60 % de la population arabe souffre déjà d’un stress hydrique sévère et, d’ici à 2030, l’écart entre l’offre et la demande en eau dépassera les 40 %.

Pour faire face à cette situation critique, l’Union des banques arabes s’est engagée auprès de la CESAO à mobiliser 1 000 milliards de dollars de financements dédiés aux Objectifs de développement durable (ODD) d’ici à 2030, une première dans l’histoire bancaire de la région.
Mais les chiffres actuels montrent que les financements réellement orientés vers l’eau, l’agriculture durable, la lutte contre la pauvreté ou le climat restent « encore très faibles ». Fattouh a pourtant rappelé que la région dispose de tous les ingrédients pour se transformer en un acteur clé de la transition, citant notamment les énergies renouvelables, les capitaux, la position géographique stratégique et des ressources humaines jeunes et qualifiées.

Il a appelé à repenser le modèle économique arabe, non plus fondé sur l’exportation brute de ressources, mais sur une intégration active dans la nouvelle économie mondiale, notamment dans l’hydrogène, l’agriculture intelligente et la diversification énergétique.

Pour Khaled Hanafy, secrétaire général de l’Union des chambres arabes, le monde arabe est prêt : « Le secteur privé est pleinement préparé à relever les défis. » Il a exhorté à « faire les choses différemment », afin de construire non seulement des marchés, mais aussi des relations porteuses de valeurs communes entre l’Europe et le monde arabe.
Dans un monde en mutation rapide, il a invité à dépasser les logiques traditionnelles d’échange pour entrer dans une ère de co-construction, fondée sur l’innovation, la compréhension mutuelle et la durabilité.

Intervenant avec force, Samira Sitail, ambassadrice du Maroc en France, a détaillé le rôle clé que joue son pays dans ces dynamiques. Elle a tout d’abord rappelé le soutien « stratégique et essentiel » de la France à la souveraineté marocaine sur ses provinces du Sud, un geste politique qu’elle a qualifié de « justice rendue ».

Mais c’est surtout la dimension économique qu’elle a mise en avant, saluant l’engagement du MEDEF International et des entreprises françaises dans les projets structurants des provinces du Sud, notamment le port de Dakhla, déjà construit à 50 %. Ce futur hub atlantique offrira aux pays enclavés d’Afrique de vastes débouchés, pouvant accroître de 30 à 35 % leurs exportations comme leurs importations.

Elle a plaidé pour un renforcement de la coopération France–Maroc–Afrique, citant l’exemple très concret de la coopération triangulaire Maroc–France–Burkina Faso dans la gestion de l’eau, présentée lors du dernier Sommet mondial de l’eau à Marrakech.

Face à l’impact du changement climatique, particulièrement sévère dans le monde arabe, où les températures augmentent 50 % plus vite qu’ailleurs, elle s’est montrée résolument optimiste.
Elle a salué les « visions à long terme » de pays comme l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et le Qatar, qui ont engagé des stratégies ambitieuses de transition hydrique et énergétique.

Cette sixième édition du Sommet économique France–Pays arabes a démontré l’émergence d’une vision partagée : la gestion de l’eau sera le défi stratégique de la région pour les prochaines décennies, et la transition écologique une opportunité majeure de développement.

Le partenariat France–monde arabe doit désormais se construire dans une logique d’intégration, de co-développement et de long terme, à l’heure où la région se prépare à une croissance de 0,7 % en 2026 dans un contexte international incertain.


Tentative de putsch au Bénin: des forces spéciales françaises sont intervenues en appui 

Des forces spéciales françaises sont intervenues dimanche lors de la tentative déjouée de putsch au Bénin en appui de l'armée béninoise qui a "vaillamment" repoussé les mutins, a affirmé mercredi à l'AFP le chef de la Garde républicaine, le colonel Dieudonné Djimon Tévoédjrè. (AFP)
Des forces spéciales françaises sont intervenues dimanche lors de la tentative déjouée de putsch au Bénin en appui de l'armée béninoise qui a "vaillamment" repoussé les mutins, a affirmé mercredi à l'AFP le chef de la Garde républicaine, le colonel Dieudonné Djimon Tévoédjrè. (AFP)
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  • Mardi, la présidence française avait indiqué avoir appuyé "en termes de surveillance, d'observation et de soutien logistique" le pouvoir béninois, à sa demande, sans confirmer ni démentir la présence de ses forces
  • "L'armée béninoise a été vraiment vaillante et a fait face à l'ennemi toute la journée" dimanche, a expliqué à l'AFP le colonel Tevoédjrè, précisant que des "forces spéciales françaises ont été envoyées depuis Abidjan"

COTONOU: Des forces spéciales françaises sont intervenues dimanche lors de la tentative déjouée de putsch au Bénin en appui de l'armée béninoise qui a "vaillamment" repoussé les mutins, a affirmé mercredi à l'AFP le chef de la Garde républicaine, le colonel Dieudonné Djimon Tévoédjrè.

Mardi, la présidence française avait indiqué avoir appuyé "en termes de surveillance, d'observation et de soutien logistique" le pouvoir béninois, à sa demande, sans confirmer ni démentir la présence de ses forces.

"L'armée béninoise a été vraiment vaillante et a fait face à l'ennemi toute la journée" dimanche, a expliqué à l'AFP le colonel Tevoédjrè, précisant que des "forces spéciales françaises ont été envoyées depuis Abidjan, utilisées pour du ratissage après que l'armée béninoise ait fait le travail".

Le colonel Tevoédjrè - qui a personnellement dirigé sur place la riposte contre un assaut sur la résidence du chef de l'Etat Patrice Talon tôt dimanche matin - estime à une centaine le nombre de mutins, "avec beaucoup de moyens, des engins blindés".

Il note toutefois que les putschistes, qui ont compté sur "l'effet de surprise", n'ont pas reçu de soutien d'autres unités, saluant l'attitude "républicaine" de l'armée béninoise.

La Garde républicaine a "eu le soutien spontané d'autres unités qui ont été utilisées toute la journée pour reprendre possession de zones, de points stratégiques de Cotonou", détaille t-il.

C'est en fin de journée, alors que les mutins étaient retranchés dans un camp situé dans une zone résidentielle de la capitale économique, que des frappes aériennes du Nigeria voisin et des forces spéciales françaises ont aidé le Bénin, afin notamment "d'éviter des dommages collatéraux".

Le colonel n'a pas donné de bilan chiffré du nombre de victimes des évènements de dimanche, mais a précisé que les mutins étaient "repartis avec des corps et des blessés" de leur tentative d'assaut sur la résidence présidentielle, après un "rude combat".

Dimanche matin, huit militaires étaient apparus à la télévision béninoise, annonçant qu'ils avaient destitué Patrice Talon.

Après une journée d'incertitude à Cotonou, le chef de l'Etat avait déclaré que la situation était "totalement sous contrôle". Les autorités béninoises ont ensuite fait état de "plusieurs victimes", notamment dans des affrontements opposant mutins et forces loyales.