Législatives: la macronie cherche une alternative à la gauche, le RN arrive à l'Assemblée

Les députés français nouvellement élus et membres du parti d'extrême droite Rassemblement national (RN) Laure Lavalette (C-L) et Marine Le Pen (C-R) et d'autres membres du parti posent pour une photo de groupe alors qu'ils arrivent pour une journée d'accueil à l'Assemblée nationale à Paris, le 10 juillet 2024, à la suite du second tour des élections législatives françaises. (Photo: AFP)
Les députés français nouvellement élus et membres du parti d'extrême droite Rassemblement national (RN) Laure Lavalette (C-L) et Marine Le Pen (C-R) et d'autres membres du parti posent pour une photo de groupe alors qu'ils arrivent pour une journée d'accueil à l'Assemblée nationale à Paris, le 10 juillet 2024, à la suite du second tour des élections législatives françaises. (Photo: AFP)
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Publié le Mercredi 10 juillet 2024

Législatives: la macronie cherche une alternative à la gauche, le RN arrive à l'Assemblée

  • Le camp présidentiel tente mercredi de dégager une alternative à la gauche pour gouverner la France en se tournant vers une droite hésitante
  • Arrivé en tête des législatives avec 190 à 195 élus, le Nouveau Front populaire doit-il former un gouvernement, ce qu'il appelle de ses voeux ?

PARIS: Le camp présidentiel tente mercredi de dégager une alternative à la gauche pour gouverner la France en se tournant vers une droite hésitante, tandis que les troupes du Rassemblement national ont entamé leur "examen de conscience" à l'Assemblée après leur déconvenue électorale, promettant une revanche future.

Arrivé en tête des législatives avec 190 à 195 élus, le Nouveau Front populaire doit-il former un gouvernement, ce qu'il appelle de ses voeux ? Une large partie de la macronie s'y refuse et sort la calculatrice au Palais Bourbon.

"On est un peu plus de 160 aujourd'hui (...) et j'entends des députés LR, divers droite, UDI (centre-droit, ndlr), même divers gauche, qui seraient prêts à nous rejoindre, ce qui veut dire qu'on pourrait numériquement dépasser le bloc de gauche", a affirmé Aurore Bergé sur France 2.

Comme la ministre de l'Egalité femmes-hommes, réélue députée dimanche, les responsables macronistes multiplient les efforts pour élargir le bloc central.

Le chef sortant des députés Renaissance Sylvain Maillard a d'ailleurs convoqué une "réunion de groupe" mercredi pour "regarder quels sont les députés susceptibles" de les rallier.

- Matignon pour la droite ? -

Comme depuis 2022, le camp présidentiel regarde essentiellement vers la droite pour trouver des alliés. "Il peut y avoir un Premier ministre de droite, ça ne me gênerait en rien", a ainsi déclaré le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin sur CNews et Europe 1.

Une option approuvée par de nombreux députés qui veulent éviter "à tout prix" un gouvernement comprenant des membres La France insoumise (LFI), qu'il promettent de censurer s'il arrivait au pouvoir.

Mardi soir, l'ancien Premier ministre Edouard Philippe avait déjà appelé à la signature d'un "accord technique" avec Les Républicains, en vue "d'avancer et de gérer les affaires du pays pendant au moins un an".

Après avoir été inflexibles sur l'hypothèse d'une coalition, certains responsables de la droite semblent peu à peu s'ouvrir à l'idée, à l'image du président LR des Hauts-de-France Xavier Bertrand et de l'ancien chef des députés LR Olivier Marleix.

Ces derniers ont plaidé pour la nomination d'un Premier ministre issu de leur camp qui prendrait la tête d'un "gouvernement de rassemblement".

Mais Laurent Wauquiez, un autre ténor qui fait son retour dans le paysage national et paraît bien parti pour être élu président du nouveau groupe parlementaire LR, défend lui une ligne "sans compromission", ce qui pourrait compliquer la donne.

Surtout, avec au maximum une soixantaine de députés LR ou divers droite, ces futurs alliés potentiels sont loin d'assurer une majorité absolue aux macronistes.

C'est pourquoi le patron du MoDem François Bayrou prône lui une autre ligne, qui serait fixée avant tout par Emmanuel Macron dans la désignation d'un Premier ministre consensuel.

"Ce n'est pas les partis qui feront la majorité, c'est le président qui décide quelle est la personnalité qui peut rassembler le plus largement en tenant compte des nuances de l'Assemblée nationale", a-t-il expliqué sur BFMTV.

- "Partie remise" pour le RN -

Devant ces tractations, la gauche a dénoncé les "manigances" du camp présidentiel. Le coordinateur de LFI Manuel Bompard a accusé Emmanuel Macron de "multiplier les manoeuvres" pour "détourner le résultat" des élections législatives.

Mais le NFP bataille aussi en interne entre ses deux principales composantes, des Insoumis à peu près stable entre 70 et 80 élus, et un Parti socialiste (PS) revigoré et qui espère faire au moins jeu égal pour proposer un Premier ministre issu de ses rangs, comme son premier secrétaire Olivier Faure.

Jean-Luc Mélenchon évoque lui avec insistance le nom de la jeune députée du Val-de-Marne, Clémence Guetté, 33 ans, coordinatrice de son programme présidentiel en 2022.

En parallèle, les socialistes devraient reconduire à la tête de leur groupe le député des Landes Boris Vallaud.

Face à ce désordre, Marine Le Pen a fustigé le "bourbier" consécutif aux législatives anticipées, à son entrée au Palais Bourbon.

Dans une ambiance tendue au milieu des caméras, les nouveaux députés RN - qui seront environ 143 avec leurs alliés - ont ainsi pris leurs marques à l'Assemblée dans la matinée.

"Un certain nombre de manœuvres, notamment de désistements massifs, nous ont privés de la majorité absolue. Ce n'est que partie remise", s'est justifiée Marine Le Pen, réélue présidente du groupe RN à l'Asssemblée.

Jordan Bardella a ensuite réuni les députés du groupe, leur demandant d'être "parfaitement irréprochables" durant leur mandat, en écho aux multiples dérapages de candidats RN qui avaient pollué la campagne. "Votre responsabilité sera (...) d'accentuer la crédibilité de notre projet", a-t-il lancé, promettant d'effectuer "examen de conscience" au parti, victime d'un front républicain particulièrement robuste qui l'a placé à la troisième place au deuxième tour.

Toujours silencieux face à la situation politique, Emmanuel Macron s'envole lui pour Washington, où il doit participer pendant deux jours à un sommet de l'Otan. La situation se sera-t-elle décantée à son retour ?


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».