Un Palestinien libéré par Israël dit être "revenu d'entre les morts"

Muazzaz Khalil Abayat (R), a 37-year-old Palestinian from Bethlehem, receives care at a hospital following his release days earlier after being detained by Israeli forces, in Beit Jala in the Israeli occupied West Bank, on July 11, 2024 (AFP)
Muazzaz Khalil Abayat (R), a 37-year-old Palestinian from Bethlehem, receives care at a hospital following his release days earlier after being detained by Israeli forces, in Beit Jala in the Israeli occupied West Bank, on July 11, 2024 (AFP)
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Publié le Vendredi 12 juillet 2024

Un Palestinien libéré par Israël dit être "revenu d'entre les morts"

  • Je suis revenu d'entre les morts", témoigne-t-il dans un hôpital de sa ville de Bethléem, en Cisjordanie occupée, après neuf mois dans une prison du Néguev (sud d'Israël), passés en détention administrative.
  • L'ONU avait pour sa part dénoncé début juillet des informations faisant état d'abus "inacceptables" voire de tortures subies par des détenus palestiniens depuis le début de la guerre à Gaza, et exigé une enquête.

BETHLEEM : Visage émacié, jambes squelettiques, barbe longue et cheveux hirsutes, le Palestinien Moazzaz Abayat peine à se remettre, sur son lit d'hôpital, de sa détention dans une prison israélienne, qu'il compare au centre de détention américain de haute sécurité de Guantanamo.

"Je suis revenu d'entre les morts", témoigne-t-il dans un hôpital de sa ville de Bethléem, en Cisjordanie occupée, après neuf mois dans une prison du Néguev (sud d'Israël), passés en détention administrative. Une disposition controversée mais très courante qui permet à Israël de détenir des Palestiniens sans inculpation ni jugement.

Ce boucher de profession a été arrêté le 26 octobre - sans savoir pourquoi dit-il - après l'attaque sans précédent du Hamas islamiste sur le sol israélien du 7 octobre, qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza.

"Ils m'ont arrêté chez moi, pas parmi des combattants mais entouré de mes enfants et de ma femme enceinte", raconte à l'AFP M. Abayat, 37 ans.

D'après le Club des prisonniers, une ONG palestinienne de défense des détenus, environ 9.700 Palestiniens sont actuellement emprisonnés par Israël, dont des centaines sous ce régime de la détention administrative.

Le Club estime que le nombre d'arrestations depuis le 7 octobre a doublé par rapport à la même période l'année dernière, a indiqué un porte-parole à l'AFP.

La guerre à Gaza a intensifié les violences en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, où les tensions étaient déjà vives depuis deux ans. Depuis le 7 octobre, au moins 572 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou colons israéliens, selon les autorités palestiniennes, et au moins 16 Israéliens dans des attaques ou attentats palestiniens, d'après des chiffres officiels israéliens.

Dans une vidéo largement diffusée sur les réseaux sociaux palestiniens à sa libération, mardi, on voit Moazzaz Abayat frêle, boitant et soutenu par un homme pour avancer. Sa main droite semble paralysée.

- "Petite prison, grande prison" -

"Ma détention était injuste", clame-t-il aujourd'hui. "J'ai quitté la prison de +Guantanamo+ dans le Néguev qui pratique la torture la plus laide et la plus intense contre des prisonniers sans défense, enchaînés, malades", ajoute-t-il, en référence à la prison militaire américaine installée sur l'île de Cuba.

Il évoque des "coups avec des matraques, des chaînes de fer, de la torture". Et en montrant ses jambes osseuses, dit avoir mal partout.

"Ils nous donnaient 10 à 12 haricots avec du chou à sept heures du matin et nous devions attendre jusqu'au dîner" pour un autre repas, raconte-t-il.

Interrogée par l'AFP, l'administration pénitentiaire israélienne a indiqué "ne pas être au courant" de ces accusations.

D'après elle, "tous les prisonniers sont détenus conformément à la loi et tous les droits fondamentaux sont respectés par des surveillants pénitentiaires qualifiés".

"Comme indiqué dans son dossier, le prisonnier a été examiné et soigné par les meilleurs médecins de la prison tout au long de sa détention", a affirmé une porte-parole, ajoutant que les détenus avaient la possibilité de porter plainte.

L'ONU avait pour sa part dénoncé début juillet des informations faisant état d'abus "inacceptables" voire de tortures subies par des détenus palestiniens depuis le début de la guerre à Gaza, et exigé une enquête.

Les images de la libération de M. Abayat étaient accompagnées sur les réseaux sociaux d'une photo de lui avant l'arrestation, le montrant baraqué et musclé, les cheveux coupés ras.

A l'hôpital de Bethléem, le pèse-personne indique 54 kilos.

"Cela suffit à expliquer ce qui m'est arrivé", note-t-il.

"Mon fils pesait 100 à 110 kilos avant son arrestation", raconte Khalil Abayat, attristé par la confusion qui semble régner chez Moazzaz. "Quand je l'ai vu, il ressemblait à un homme mort. Seule son âme vit encore en lui".

"Il ne me reconnaît plus, il est désorienté, son état de santé est au plus bas", souffle-t-il à l'AFP, toutefois rassuré que les médecins se disent confiants.

Son fils a recommencé à manger. Sur son lit d'hôpital, l'ancien détenu enchaîne les phrases, dit avoir "oublié des choses".

Mais résume sa situation ainsi: "je suis sorti d'une petite prison pour la grande prison" de l'occupation israélienne.


Israël: des élus favorables à une loi instaurant la peine de mort pour les «terroristes»

 La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
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  • Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative
  • La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture

JERUSALEM: La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir.

La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture.

Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative.

Dans une note explicative de la commission, il est indiqué que "son objectif est de couper le terrorisme à sa racine et de créer une forte dissuasion".

Le texte propose qu'un "terroriste reconnu coupable de meurtre motivé par le racisme ou la haine (...) soit condamné à la peine de mort - de manière obligatoire", ajoutant que cette peine serait "non optionnelle".

La proposition de loi a été présentée par une élue du parti Otzma Yehudit (Force Juive) d'Itamar Ben Gvir.

Ce dernier a menacé de cesser de voter avec la coalition de droite de Benjamin Netanyahu si ce projet de loi n'était pas soumis à un vote parlementaire d'ici le 9 novembre.

"Tout terroriste qui se prépare à commettre un meurtre doit savoir qu'il n'y a qu'une seule punition: la peine de mort", a dit le ministre lundi dans un communiqué.

M. Ben Gvir avait publié vendredi une vidéo de lui-même debout devant une rangée de prisonniers palestiniens allongés face contre terre, les mains attachées dans le dos, dans laquelle il a appelé à la peine de mort.

Dans un communiqué, le Hamas a réagi lundi soir en affirmant que l'initiative de la commission "incarne le visage fasciste hideux de l'occupation sioniste illégitime et constitue une violation flagrante du droit international".

"Nous appelons les Nations unies, la communauté internationale et les organisations pertinentes des droits de l'Homme et humanitaires à prendre des mesures immédiates pour arrêter ce crime brutal", a ajouté le mouvement islamiste palestinien.

Le ministère palestinien des Affaires étrangères et des expatriés, basé à Ramallah, a également dénoncé cette décision, la qualifiant de "nouvelle forme d'extrémisme israélien croissant et de criminalité contre le peuple palestinien".

"C'est une étape dangereuse visant à poursuivre le génocide et le nettoyage ethnique sous le couvert de la légitimité", a ajouté le ministère.


Frappes israéliennes sur le sud du Liban: deux morts 

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
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  • Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé
  • Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani

BEYROUTH: Des frappes israéliennes sur le sud du Liban ont tué lundi deux personnes et blessé sept autres, a indiqué le ministère libanais de la Santé, au lendemain de la menace d'Israël d'intensifier ses attaques contre le Hezbollah pro-iranien.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024, Israël continue de mener des attaques régulières contre les bastions du Hezbollah. Et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a accusé dimanche le Hezbollah de tenter de se "réarmer".

Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé.

Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani.

Sur place, un photographe de l'AFP a vu des pompiers tenter d'éteindre l'incendie de la voiture visée qui s'est propagé à d'autres véhicules à proximité. Des ouvriers ramassaient les bris de verre des devantures de commerces endommagées, a-t-il également constaté.

Une autre frappe sur un village de la région de Bint Jbeil a fait un mort, selon le ministère de la Santé.

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah.

Des centaines de personnes ont participé à leurs funérailles dimanche dans la ville de Nabatiyé, scandant "Mort à Israël".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth, mais il demeure financièrement résilient et armé.

Les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, ce que le Hezbollah refuse.

"Nous attendons du gouvernement libanais qu'il fasse ce qu'il s'est engagé à faire, c'est-à-dire désarmer le Hezbollah, mais il est clair que nous exercerons notre droit à l'autodéfense comme convenu dans les termes du cessez-le-feu", avait averti le Premier ministre israélien dimanche.


La Turquie mobilise ses partenaires musulmans autour de Gaza

La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
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  • Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël
  • "Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens

ISTANBUL: La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien.

Les ministres de ces sept pays (Turquie, Arabie saoudite, Qatar, Emirats arabes unis, Jordanie, Pakistan et Indonésie), tous membres de l'organisation de la coopération islamique (OCI), avaient été reçus par Donald Trump fin septembre à New York en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, avant la présentation du plan de paix américain six jours plus tard.

Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 10 octobre, alors que "le Hamas semble déterminé" à respecter l'accord, estime-t-il.

"Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens.

En amont de cette réunion, le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan a reçu samedi une délégation du bureau politique du Hamas emmenée par Khalil al-Hayya, le négociateur en chef du mouvement islamiste palestinien.

Selon des responsables du ministère des Affaires étrangères, M. Fidan doit appeler à la mise en place de mécanismes permettant aux Palestiniens d'assurer la sécurité et la gouvernance de Gaza.

"Agir avec prudence" 

"Nous devons mettre fin au massacre à Gaza. Un cessez-le-feu à lui seul ne suffit pas", a insisté M. Fidan lors d'un forum à Istanbul.

"Nous devons reconnaître que Gaza doit être gouvernée par les Palestiniens et agir avec prudence", a encore souligné le ministre turc, plaidant de nouveau pour une solution à deux Etats.

Le chef de la diplomatie turque accuse Israël de chercher des prétextes pour rompre le cessez-le-feu.

Mais les efforts d'Ankara, qui multiplie les contacts diplomatiques avec les pays de la région et cherche à infléchir la position pro-israélienne des Etats-Unis, sont vus d'un mauvais œil par Israël qui juge Ankara trop proche du Hamas.

Les dirigeants israéliens ont exprimé à plusieurs reprises leur refus de voir la Turquie participer à la force internationale de stabilisation à Gaza.

En vertu du plan de Donald Trump, sur lequel est basé l'accord de cessez-le-feu, cette force de stabilisation, formée principalement de troupes de pays arabes et musulmans, doit se déployer à Gaza à mesure que l'armée israélienne s'en retirera.

Seuls des pays jugés "impartiaux" pourront rejoindre cette force, a cependant prévenu le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar.

Autre signe de la méfiance du gouvernement israélien : une équipe de secouristes turcs dépêchée pour participer à la recherche de corps, y compris israéliens, dans les ruines de Gaza, attendait toujours en fin de semaine dernière le feu vert israélien pour entrer dans le territoire palestinien, selon Ankara.