Dans le nord d'Israël, des habitants redoutent une guerre à tout moment avec le Liban

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Publié le Mardi 30 juillet 2024

Dans le nord d'Israël, des habitants redoutent une guerre à tout moment avec le Liban

  • Dans cette région, les échanges de tirs entre l'armée israélienne et le mouvement islamiste libanais sont quasi quotidiens depuis le début de la guerre contre le Hamas palestinien dans la bande de Gaza le 7 octobre.
  • Au Centre médical de Galilée, situé dans la petite ville de Nahariya, la crainte d'une guerre avec le Hezbollah est sur toutes les lèvres.

NAHARIYA : Depuis le début de la guerre à Gaza, "on s'attend à une véritable guerre avec le Liban, et encore plus ces derniers jours", s'inquiète Florence Touati-Wachsstock: dans le nord d'Israël, des habitants redoutent une nouvelle confrontation armée avec le Hezbollah libanais après une brusque montée des tensions.

Dans cette région, les échanges de tirs entre l'armée israélienne et le mouvement islamiste libanais sont quasi quotidiens depuis le début de la guerre contre le Hamas palestinien dans la bande de Gaza le 7 octobre.

Les craintes se sont accentuées depuis samedi, après un tir de roquette qui a coûté la vie à 12 jeunes et fait des dizaines de blessés sur un terrain de football à Majdal Shams, petite ville druze située à quelques kilomètres du Liban.

En visite lundi à Majdal Shams, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a accusé le Hezbollah d'en être l'auteur et prévenu que cette "organisation terroriste" en paierait "le prix fort".

Le Hezbollah multiplie depuis près de dix mois les tirs de projectiles vers Israël, disant agir en soutien du Hamas et des Palestiniens, mais il a nié être l'auteur du tir de roquette meurtrier.

- "Rester? Partir?" -

"Avant, on se sentait en sécurité, on ne ressentait pas de danger", lâche Amal al-Shaar, une habitante de Majdal Shams, au chevet de son fils Adam, 12 ans, blessé par des éclats de roquette. Maintenant, "nous avons payé le prix fort avec la vie de nos enfants", dit cette mère de 46 ans, l’émotion lisible dans ses yeux.

"Ca fait peur et Majdal Shams en a fait les frais", renchérit Florence Touati-Wachsstock, à Maalot, autre petite ville du nord d'Israël devenue une cible des tirs du Hezbollah. "On n'est même pas encore à l'intérieur de l'abri (anti-aérien pour se protéger des bombardements) que déjà on entend les explosions", raconte cette éducatrice de 47 ans.

"Est-ce qu'on doit rester? Partir? A quel moment saura-t-on qu'il faut partir? On n'a aucune idée en fait de ce qui peut arriver ce soir, demain", s'inquiète-t-elle.

Dans la même région, un civil israélien a été tué mardi par la chute d'une roquette.

Au Centre médical de Galilée, situé dans la petite ville de Nahariya, la crainte d'une guerre avec le Hezbollah est sur toutes les lèvres.

Le 7 octobre, jour de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël, qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza, le directeur du Centre médical de Galilée, Masad Barhoum, a décidé de transférer des services dans le parking souterrain, protégé contre les attaques de missiles.

"Nous sommes le seul hôpital à fonctionner sous terre ou en zone protégée depuis le 7 octobre", dit le médecin, un Arabe israélien.

- "Prêts à tenir sept jours" -

Des dizaines de milliers d'Israéliens vivant proches de la frontière ont été évacués peu après le début de la guerre à Gaza il y a près de dix mois, mais à Nahariya, petite ville balnéaire à une quinzaine de kilomètres de la frontière, la population est restée.

Aux yeux de M. Barhoum, Nahariya est devenue la "nouvelle frontière", désormais l'endroit le plus proche de la frontière où les habitants n'ont pas été évacués, dit-il.

"Quand il y aura une guerre, ce sera ici", dit-il, mais le centre médical pour la région est "prêt à tenir sept jours" sans aucun contact avec le monde extérieur.

Dans les souterrains, entre les différents départements de l'hôpital, on peut voir des petits drapeaux israéliens accrochés en forme de guirlandes depuis le début de la guerre contre le Hamas, en signe de soutien.

Au service de néonatalogie, le premier à avoir été transféré en sous-sol, les nourrissons sont sous haute protection. On n'entend pas les sirènes d'alerte dans le sous-sol et seul le bruit des incubateurs vient troubler le silence de la salle.

"On est en sécurité ici, loin du monde", affirme Vered Fleisher-Shefer, directrice du département, qui refuse de "vivre dans la peur".

En 2006, lors de la seconde guerre du Liban, des milliers de roquettes avaient été tirées par le Hezbollah vers le nord d'Israël en un mois. Mais cette fois, dit M. Barhom, "le scénario qui se dessine" en cas de nouvelle guerre, ce sont des milliers de roquettes tirées chaque jour sur Israël.


Liban: le chef de l'Etat demande à l'armée de «s'opposer à toute incursion israélienne»

Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
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  • Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens"
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BERYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit.

Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens".

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".


Liban: incursion israélienne dans un village frontalier, un employé municipal tué

Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien. (AFP)
Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien. (AFP)
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  • En vertu d'un cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce pays a retiré ses troupes du sud du Liban mais continue d'occuper cinq points sur le territoire libanais, frontalier du nord d'Israël
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BEYROUTH: Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien.

En vertu d'un cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce pays a retiré ses troupes du sud du Liban mais continue d'occuper cinq points sur le territoire libanais, frontalier du nord d'Israël.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".

L'armée israélienne a confirmé avoir mené cette incursion, affirmant qu'elle intervenait dans le cadre de ses "activités visant à détruire une infrastructure terroriste" du Hezbollah.

Elle a ajouté que l'unité avait "repéré un suspect à l'intérieur du bâtiment" de la municipalité et ouvert le feu après avoir identifié "une menace directe" sur les soldats.

L'incident "fait l'objet d'une enquête", selon l'armée.

Dans un autre village frontalier, Adaissé, une unité israélienne a dynamité un bâtiment servant à abriter des cérémonies religieuses, selon l'Ani.

Ces derniers jours, l'aviation israélienne a intensifié ses frappes au Liban, affirmant viser des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Mardi, le porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme, Jeremy Laurence, a indiqué que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour qu'il livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.

Le mécanisme de surveillance du cessez-le-feu, qui regroupe outre le Liban et Israël, les Etats-Unis, la France et l'ONU, s'est réuni mercredi dans la localité frontalière de Naqoura, qui abrite le quartier général des forces de l'ONU.

L'émissaire américaine Morgan Ortagus a déclaré au cours de la réunion que "l'armée libanaise doit à présent exécuter entièrement son plan" visant à "placer toutes les armes sous le contrôle de l'Etat d'ici la fin de l'année".


Soudan: l'ONU appelle à mettre un terme au siège d'El-Facher après une tuerie dans une maternité

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  • Le chef des paramilitaires soudanais Mohamed Daglo a reconnu mercredi soir une "catastrophe" dans la ville, assurant: "La guerre nous a été imposée"
  • Antonio Guterres s'est dit "gravement préoccupé par l'escalade militaire récente" à El-Facher, appelant à "mettre un terme immédiatement au siège et aux hostilités"

PORT-SOUDAN: Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé jeudi à mettre un terme à l'"escalade militaire" au Soudan, après le meurtre de plus de 460 personnes dans une maternité à El-Facher, ville clé prise par les forces paramilitaires.

Les informations se multiplient sur des exactions massives depuis que les Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) ont pris dimanche, après 18 mois de siège, cette dernière grande ville qui échappait à leur contrôle dans la vaste région du Darfour, où "les massacres continuent" selon des images satellite analysées par le Humanitarian Research Lab (HRL) de l'université Yale.

Le chef des paramilitaires soudanais Mohamed Daglo a reconnu mercredi soir une "catastrophe" dans la ville, assurant: "La guerre nous a été imposée".

Antonio Guterres s'est dit "gravement préoccupé par l'escalade militaire récente" à El-Facher, appelant à "mettre un terme immédiatement au siège et aux hostilités".

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est dite "consternée par les informations faisant état du meurtre tragique de plus de 460 patients et accompagnateurs à la maternité saoudienne d'El-Facher". Selon l'institution, cette maternité était le seul hôpital encore partiellement opérationnel dans la ville.

Après la prise d'El-Facher à leurs rivaux, l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane, les FSR contrôlent désormais l'ensemble du Darfour, vaste région de l'ouest du Soudan couvrant le tiers du pays.

Les communications satellite restent coupées -sauf pour les FSR qui contrôlent le réseau Starlink-, les accès d'El-Facher restent bloqués malgré les appels à ouvrir des corridors humanitaires. Dans ce contexte, il est extrêmement compliqué de joindre des sources locales indépendantes.

Maîtres du Darfour 

"Plus de 2.000 civils ont été tués au cours de l'invasion de la milice (des FSR) à El-Facher, ciblant les mosquées et les volontaires du Croissant-Rouge", a pour sa part affirmé Mona Nour Al-Daem, chargée de l'aide humanitaire au gouvernement pro-armée.

A El-Facher, le comité de résistance local, qui documente les exactions depuis le début du conflit, a rapporté mercredi soir avoir entendu des tirs dans l'ouest de la ville, "où quelques soldats restants combattent avec (...) ténacité".

Depuis dimanche, plus de 36.000 personnes ont fui les violences, majoritairement vers la périphérie d'El-Facher et vers Tawila, cité située à 70 km plus à l'ouest et qui était déjà la plus importante zone d'accueil du Soudan, selon l'ONU, avec plus de 650.000 déplacés.

De rares images de l'AFP en provenance de Tawila montrent des déplacés portant leurs affaires sur leur dos ou sur leur tête. Certains montent des tentes, d'autres, parfois blessés, sont assis dans des conditions précaires.

Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a alerté sur le "risque croissant d'atrocités motivées par des considérations ethniques" en rappelant le passé du Darfour, ensanglanté au début des années 2000 par les massacres et les viols des milices arabes Janjawid, dont sont issues les FSR, contre les tribus locales Massalit, Four ou Zaghawa.

"Unité" 

Les FSR, qui ont installé au Darfour une administration parallèle, contrôlent désormais l'ouest du Soudan et certaines parties du sud, avec leurs alliés. L'armée contrôle le nord, l'est et le centre du troisième plus vaste pays d'Afrique, ravagé par plus de deux ans de guerre.

Des experts craignent une nouvelle partition du Soudan, après l'indépendance du Soudan du Sud en 2011. Mais le chef des FSR a affirmé mercredi que la prise complète du Darfour par ses forces favoriserait "l'unité" du pays.

"La libération d'El-Facher est une opportunité pour l'unité du Soudan et nous disons : l'unité du Soudan par la paix ou par la guerre", a déclaré M. Daglo mercredi.

Les pourparlers menés depuis plusieurs mois par le groupe dit du "Quad", qui réunit les Etats-Unis, l'Egypte, les Emirats arabes Unis et l'Arabie saoudite, sont restés dans l'impasse, selon un responsable proche des négociations.

Leurs propositions de trêve se heurtent, selon lui, "à l'obstructionnisme continu" du pouvoir de M. Burhane, qui a refusé en septembre une proposition prévoyant à la fois son exclusion et celle des FSR de la transition politique post-conflit.