JO-2024: "Mais où sont les touristes?", à Paris, l'affluence ne profite pas à tous

L'Italien Guido Migliozzi sort un coup d'un bunker lors du 1er tour du stroke play individuel de golf masculin des Jeux Olympiques de Paris 2024 au Golf National à Guyancourt, au sud-ouest de Paris, le 1er août 2024. (AFP)
L'Italien Guido Migliozzi sort un coup d'un bunker lors du 1er tour du stroke play individuel de golf masculin des Jeux Olympiques de Paris 2024 au Golf National à Guyancourt, au sud-ouest de Paris, le 1er août 2024. (AFP)
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Publié le Jeudi 01 août 2024

JO-2024: "Mais où sont les touristes?", à Paris, l'affluence ne profite pas à tous

  • Hôteliers, restaurateurs, cafetiers et commerçants comptent désormais sur la "cérémonie d’ouverture réussie" pour "un retour de fréquentation: l'ambiance est à la fête, les transports en commun circulent parfaitement, malgré les saturations annoncées"
  • Les taxis ont fait part de leur "grande déception" et demandé jeudi via leur syndicat au gouvernement à ce que leur baisse d'activité soit compensée

PARIS: "On nous a annoncé 15 millions de visiteurs à Paris mais où sont-ils?" Au terme de la première semaine des Jeux, si certains tirent leur épingle du jeu, beaucoup de professionnels du tourisme sont déçus par l'affluence, en particulier les restaurateurs.

"D'habitude on passe notre temps à refuser du monde, là il y a de la place. On a une super programmation musicale, je suis prêt mais il n'y a pas de touristes", regrette Arnaud Seite, qui gère trois péniches festives amarrées le long de la Seine.

Julia Sedefdjian, cheffe du restaurant étoilé Baieta dans le Ve arrondissement, se sent "flouée": "on a le sentiment d'être exclu d'une fête qui aurait dû être belle pour tout le monde, alors qu'on a joué le jeu et fait le pari de rester ouvert tout l'été, en embauchant du personnel".

La cheffe évalue sa perte d'activité à plus de 30% sur le mois de juillet, dit-elle à l'AFP jeudi.

Pourtant les arrivées touristiques dans la capitale sont en hausse par rapport à l'année dernière : 650.000 du 24 au 27 juillet, soit une progression de +17,3% pour les visiteurs français et de +14,8% pour les étrangers, selon l'Office du tourisme de Paris.

"Les arrivées aériennes internationales entre le 24 juillet et le 11 août devraient augmenter de +8%, la demande est forte de la part de certains marchés clés comme la Chine (+109%), le Japon (+42%), l'Allemagne (+29%) et les États-Unis (+25%)", abonde Olivier Ponti de chez Forwardkeys, société d'analyses de données touristiques.

Côté hôtels, le taux d'occupation attendu à Paris pour le premier week-end d'août est estimé à près de 90%.

Sur toute la période des Jeux, il est un peu plus bas, à 82%, et il fléchit à 45% dès le 12 août pour remonter à 54% pour les paralympiques, détaille la première organisation du secteur, l'Umih.

- Fan zones -

"Après les grosses difficultés de juin et des premières semaines de juillet, le mois de septembre nous inquiète. Sur l'été, on risque d'être au mieux à l'équilibre par rapport à l'an dernier", indique à l'AFP Olivier Cohn, directeur général France de Best Western.

"Les JO ont fait fuir la clientèle habituelle avec des prix trop élevés et la communication anxiogène. Il y a 2 millions de touristes étrangers qui ont fait fuir les 3 millions de touristes habituels", résume Didier Arino directeur général du cabinet Protourisme.

Selon lui, le haut de gamme s'en tire bien mais c'est plus compliqué pour l'hôtellerie moyenne gamme en raison de prix trop élevés.

Les professionnels ont d'ailleurs ajusté leur prix qui sont aujourd'hui à peine plus élevé en moyenne que l'an dernier: 218 euros par nuitée dans Paris et sa région.

Hôteliers, restaurateurs, cafetiers et commerçants comptent désormais sur la "cérémonie d’ouverture réussie" pour "un retour de fréquentation: l'ambiance est à la fête, les transports en commun circulent parfaitement, malgré les saturations annoncées", écrivent les principales fédérations professionnelles dans un communiqué.

Elles invitent les visiteurs "à explorer la capitale autrement qu’à travers les sites olympiques".

A Disneyland Paris, habituellement trés fréquenté l'été, l'application du parc indique des temps d'attente bien inférieurs à d'habitude dans les différentes attractions.

Les taxis ont fait part de leur "grande déception" et demandé jeudi via leur syndicat au gouvernement à ce que leur baisse d'activité soit compensée.

"Les visiteurs sont là où se font les Jeux, notamment autour des grandes fan zones et des sites de compétitions olympiques", souligne l'Office du tourisme, notamment dans le 19e, qui accueille le Club France ou en Seine-Saint-Denis.

C’est l’occasion de présenter "un visage et une image de la Seine-Saint-Denis rassemblée loin des caricatures", s'est réjoui le président de ce département défavorisé lors d'une visioconférence mercredi, précisant que 50.000 personnes avaient profité des activités et concerts proposés au parc de La Courneuve pour les Jeux.

Autres "gagnants" de ces jeux en termes de fréquentation, les lieux d'hospitalité gérés par des pays ou par On Location, partenaire de l'organisation des jeux qui vend des packages billets et accès à des lieux festifs.

Le groupe américain, qui attend plus de 10.000 invités par jour sur ses 130 lieux d'hospitalités, affiche complet dans certains endroits comme Le Palais de Tokyo.


Ukraine: Zelensky accueilli par Macron à Paris pour faire le point sur les négociations

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été accueilli lundi par son homologue français Emmanuel Macron au palais présidentiel de l'Elysée pour faire le point sur les intenses négociations en cours pour tenter de mettre fin à la guerre en Ukraine. (AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été accueilli lundi par son homologue français Emmanuel Macron au palais présidentiel de l'Elysée pour faire le point sur les intenses négociations en cours pour tenter de mettre fin à la guerre en Ukraine. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été accueilli lundi par son homologue français Emmanuel Macron au palais présidentiel de l'Elysée
  • Cette nouvelle visite en France, la dixième depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022, intervient au lendemain de discussions entre délégations américaine et ukrainienne en Floride

PARIS: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été accueilli lundi par son homologue français Emmanuel Macron au palais présidentiel de l'Elysée pour faire le point sur les intenses négociations en cours pour tenter de mettre fin à la guerre en Ukraine, a constaté un journaliste de l'AFP.

Cette nouvelle visite en France, la dixième depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022, intervient au lendemain de discussions entre délégations américaine et ukrainienne en Floride, et à la veille d'une rencontre à Moscou entre l'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, et le président russe Vladimir Poutine.

 


La France fixe une nouvelle doctrine d'intervention en mer contre les traversées clandestines vers l'Angleterre

Un bateau de la Gendarmerie maritime française navigue à proximité de bateaux de passeurs transportant des migrants qui tentent de traverser la Manche au large de la plage de Gravelines, dans le nord de la France, le 27 septembre 2025. (AFP)
Un bateau de la Gendarmerie maritime française navigue à proximité de bateaux de passeurs transportant des migrants qui tentent de traverser la Manche au large de la plage de Gravelines, dans le nord de la France, le 27 septembre 2025. (AFP)
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  • La France prévoit de lancer prochainement des opérations en mer pour intercepter les “taxi-boats” transportant clandestinement des migrants vers l’Angleterre
  • Cette initiative intervient après une hausse des traversées de la Manche, avec plus de 39 000 arrivées en 2025

LILLE: Après des mois de discussions, la France a annoncé vendredi qu'elle allait débuter "prochainement" des opérations visant à intercepter en mer des petits bateaux clandestins en chemin vers l'Angleterre, avant qu'ils n'embarquent des groupes de migrants.

Ce changement de doctrine engagé par Paris sous pression de Londres était en gestation depuis plusieurs mois.

Les forces de l'ordre françaises peinent à trouver la parade face aux "taxi-boats", un mode d'action des passeurs consistant à faire partir une embarcation d'un point éloigné des principales plages de départ où sont rassemblés les migrants.

Le taxi-boat s'approche ensuite du rivage et vient récupérer des passagers directement dans l'eau, avant de poursuivre sa route vers l'Angleterre.

"La Gendarmerie maritime sera bientôt en mesure d'effectuer des opérations de contrôle et d'intervention en mer, sur des embarcations soupçonnées d'être des taxi-boats", a déclaré à l'AFP la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord (Prémar), confirmant des informations du journal Le Monde.

Le quotidien évoque un document signé par le préfet maritime mais aussi ceux du Nord, de la Somme et du Pas-de-Calais.

Le ministère de l'Intérieur français n'a pas souhaité réagir.

Côté britannique, un porte-parole du gouvernement a simplement rappelé vendredi à l'AFP que Londres a "déjà travaillé à s'assurer que les autorités en France réforment leurs tactiques en mer afin qu'elles puissent intervenir dans les eaux peu profondes".

- Pas de filets à ce stade -

Actuellement, une fois une embarcation clandestine en mer, seul le dispositif de secours intervient en cas de besoin, en raison des risques que présentent ce type d'opérations, comme prévu par les conventions internationales.

Désormais, il pourra aussi y avoir des "opérations de contrôle et d'intervention (...) issues d'études menées par l'ensemble des services de l’État concernés", a précisé la Prémar. Elles "comportent des dispositions prenant en compte la primauté de la sauvegarde de la vie humaine".

Ces futures opérations de la gendarmerie maritime sont prévues en amont de l'embarquement de passagers, pour ne pas mettre leurs vies en péril, selon une source proche du dossier.

"L'ensemble des travaux sur le sujet se fait en lien avec les parquets concernés", a souligné à l'AFP la procureure de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), Cécile Gressier.

En outre, la Prémar précise que "l'emploi de filets visant à stopper le taxi-boat n'est pas envisagé à ce stade".

Cette méthode, mentionnée la semaine dernière dans la presse, avait soulevé l'indignation d'associations d'aide aux migrants et d'ONG comme Amnesty International.

Pour le professeur de droit international Thibaut Fleury-Graff, "les interceptions sont susceptibles d'être contraires au droit de quitter tout pays" inscrit dans le Pacte de l'ONU sur les droits civils et politiques, et doivent respecter "l'ensemble des droits de la personne humaine".

Les taxi-boats embarquent leurs passagers sur une ou plusieurs haltes et repartent en direction de l'Angleterre surchargés, transportant régulièrement plus de 70 candidats à l'exil dans des conditions périlleuses.

Au moins 27 migrants sont morts cette année lors de ces dangereuses tentatives de traversées de la Manche, selon un décompte de l'AFP.

Après le pire naufrage dans la Manche, qui a fait 31 morts en novembre 2021, le parquet de Paris a demandé vendredi un procès en correctionnelle pour 14 hommes, nés pour la plupart en Afghanistan et en Irak, soupçonnés d'être impliqués dans des réseaux de passeurs à l'origine du drame.

Depuis le 1er janvier, plus de 39.000 personnes sont arrivées sur les côtes anglaises à bord de petites embarcations, selon les données britanniques, soit plus que sur la totalité de 2024.

Plus de la moitié des personnes arrivées clandestinement au Royaume-Uni entre septembre 2024 et septembre 2025 sont de cinq nationalités: Érythréens (la nationalité la plus représentée), Afghans, Iraniens, Soudanais et Somaliens.

Le gouvernement travailliste britannique, sous pression de l'extrême-droite, a annoncé ce mois-ci une réforme qui durcit fortement sa politique d'asile et d'immigration, espérant ainsi décourager les arrivées irrégulières de migrants sur ces "small boats", qu'il peine à endiguer.


France: des ONG inquiètes d'une baisse de l'aide au développement

Le docteur Bertrand Chatelain (à gauche), de l'ONG Médecins du Monde (MdM), examine un réfugié lors d'une opération de maraudage dans le camp de migrants du quartier Stalingrad à Paris, le 12 juillet 2023. (AFP)
Le docteur Bertrand Chatelain (à gauche), de l'ONG Médecins du Monde (MdM), examine un réfugié lors d'une opération de maraudage dans le camp de migrants du quartier Stalingrad à Paris, le 12 juillet 2023. (AFP)
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  • Plusieurs ONG françaises alertent sur un désengagement de la France en matière d’aide au développement, dans un contexte mondial déjà marqué par une baisse générale de la solidarité internationale
  • Les organisations humanitaires redoutent des conséquences majeures pour des millions de personnes

PARIS: Plusieurs ONG françaises, dont Médecins du Monde, ont critiqué vendredi un "désengagement croissant" de Paris envers la solidarité internationale, le gouvernement entendant amputer, dans le prochain budget, l'aide au développement de 700 millions d'euros, dans un contexte international tendu.

Sandrine Simon, directrice santé et plaidoyer de Médecins du Monde, critique une décision qui va "à l'encontre des engagements" de la France dans ce secteur. Elle évoque sa "grande inquiétude" et son "incompréhension".

En France, où l'aide publique au développement a été réduite ces dernières années, les coupes envisagées dans le projet de loi de finances 2026 s'élèvent à 700 millions d'euros, pour un montant alloué de 3,7 milliards d'euros.

"A chaque fois qu'il y a ne serait-ce qu'un million d'euros qui est coupé, on sait qu'il y a des milliers, voire des millions de personnes derrière qui sont affectées", alerte Anne Bideau, directrice générale de Plan International France, rappelant une "tendance à la baisse de l'aide publique au développement un peu partout dans le monde".

"on sait que les conséquences vont être dramatiques, donc on est extrêmement inquiets", ajoute Mme Bideau auprès de l'AFP.

Début 2025, le démantèlement de l'Agence américaine pour le développement international (USAID), sous l'impulsion du président républicain Donald Trump, avait provoqué une onde de choc internationale.

Mais la fin de l'USAID avait mis en exergue une tendance de fond: le montant accordé par 32 pays riches de l'OCDE et l'Union européenne à l'aide au développement a diminué en 2024 de 7,1% (en terme réel) à 212,1 milliards de dollars, selon une estimation de l'OCDE, une première en six ans.

"On a des crises à répétition, le Soudan, Gaza etc. Il y a une augmentation des besoins et il y a une réduction de l'aide", déplore pour sa part Stéphane Doyon, de Médecins Sans Frontières, ONG qui n'est pas financée par le gouvernement français.

En France, cette coupe est justifiée "par l'effort nécessaire sur les finances publiques - et pas pour des raisons idéologiques comme aux Etats-Unis", affirme une source diplomatique à l'AFP, rappelant qu'elle n'a pas encore été votée.

"Entre la loi de finances 2024 et le projet de loi de finances 2026, on aurait une baisse de moitié de l'aide publique au développement", a calculé la Coordination Sud, qui regroupe des associations françaises de solidarité internationale.

Avec des conséquences concrètes pour les ONG qui comptent sur le soutien de l'Etat.

"Nous espérions recevoir de l'argent de l'Agence française de développement qui vient de nous annoncer qu'ils ne nous soutiendraient pas l'année prochaine", explique Sandrine Simon, de Médecins du Monde, au moment où l'ONG elle-même programme avec "un niveau d'incertitudes très important ce budget 2026, bien au-delà des années passées."

Dans le pire des scénarios, avec des coupes budgétaires massives, plus de 22 millions de personnes pourraient mourir de causes évitables d'ici à 2030, selon une étude menée par des chercheurs espagnols, brésiliens et mozambicains.