Après un combat, controverse sur le genre d'une boxeuse algérienne

La Française Wassila Lkhadiri célèbre sa victoire contre l'Irlandaise Daina Moorehouse lors des huitièmes de finale de la boxe féminine des 50 kg aux Jeux Olympiques de Paris 2024 à la North Paris Arena, à Villepinte, le 1er août 2024. (AFP)
La Française Wassila Lkhadiri célèbre sa victoire contre l'Irlandaise Daina Moorehouse lors des huitièmes de finale de la boxe féminine des 50 kg aux Jeux Olympiques de Paris 2024 à la North Paris Arena, à Villepinte, le 1er août 2024. (AFP)
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Publié le Vendredi 02 août 2024

Après un combat, controverse sur le genre d'une boxeuse algérienne

  • L'abandon éclair de l'adversaire italienne d'une boxeuse algérienne admise aux JO après avoir été écartée d'une autre compétition pour avoir échoué à un test d'établissement de son genre, a suscité jeudi de vives réactions
  • Après 46 secondes de son huitième de finale et un direct au visage adressé par l'Algérienne Imane Khelif à Villepinte, au nord de Paris, l'Italienne Angela Carini (-66 kg) lève le bras, se retourne vers son coin à qui elle signifie qu'elle veut arrêter

PARIS: L'abandon éclair de l'adversaire italienne d'une boxeuse algérienne admise aux JO après avoir été écartée d'une autre compétition pour avoir échoué à un test d'établissement de son genre, a suscité jeudi de vives réactions, jusqu'à Donald Trump et Giorgia Meloni.

Après 46 secondes de son huitième de finale et un direct au visage adressé par l'Algérienne Imane Khelif à Villepinte, au nord de Paris, l'Italienne Angela Carini (-66 kg) lève le bras, se retourne vers son coin à qui elle signifie qu'elle veut arrêter.

"Je suis montée sur le ring pour combattre. Je ne me suis pas rendue mais un coup de poing m'a fait trop mal et j'ai dit +Ça suffit+", a déclaré l'Italienne, citée par l'Agence Ansa. "Je ne suis personne pour juger ou prendre une décision, si cette femme est ici, il y a une raison."

Admise dans le tournoi par le CIO, Khelif a reçu d'Algérie un soutien unanime. Citée par l'agence officielle APS, elle s'est réjouie de son "succès rapide" et a expliqué rester "concentrée sur (son) objectif d'une médaille olympique".

Mais les images de l'abandon ont déclenché une vive controverse. Sur X, la Première ministre italienne Giorgia Meloni a dénoncé "un combat qui n'était pas sur un pied d'égalité", ajoutant ne pas être "d'accord avec le CIO".

- "Taux élevés de testostérone" -

Le débat s'est aussi invité dans la campagne présidentielle aux Etats-Unis, où plusieurs responsables républicains ont désigné l'Algérienne comme étant un homme. "Je garderai les hommes hors du sport féminin!", a écrit Donald Trump en majuscule sur son réseau Truth Social.

En légende d'images du combat, un utilisateur du réseau X a écrit que la candidate démocrate "Kamala Harris soutient ceci". "Vrai. Ou alors qu'elle le démente", a renchéri le milliardaire Elon Musk, soutien de Donald Trump.

En acceptant la participation d'Imane Khelif dans les épreuves féminines de boxe, le CIO a pris une position inverse à celle de la Fédération internationale de boxe (IBA), qui l'avait écartée des Mondiaux à New Delhi en mars 2023 après qu'elle avait échoué à répondre aux tests d'éligibilité à une participation en catégorie féminine.

Selon la fiche de la boxeuse algérienne fournie par le CIO, elle avait alors été disqualifiée en raison de "taux élevés de testostérone".

Faux, a rétorqué jeudi l'IBA. Dans un communiqué, elle a expliqué que Khelif et la Taïwanaise Lin Yu-ting, qui est dans la même situation et doit combattre vendredi, "n'avaient pas été soumises à une analyse de la testostérone" mais à d'autres tests dont elle n'a pas précisé la nature.

- "Parodie" -

Le combat de jeudi "est une parodie" et "ridiculise tous les sports olympiques", a réagi la légende du tennis Martina Navratilova, qui répondait à un post de l'autrice J.K. Rowling, dont les prises de position sur les questions de genre sont controversées: "Expliquez pourquoi vous acceptez qu'un homme batte une femme en public pour votre divertissement", avait écrit la créatrice de Harry Potter.

Durant son combat, Khelif a reçu le soutien appuyé du public de l'Arena de Villepinte, avec des drapeaux algériens dans les tribunes, a constaté une journaliste de l'AFP. Mais cet appui est aussi venu d'Algérie.

Le ministre algérien des Sports, Abderrahmane Hammad, a condamné "avec la plus grande fermeté les attaques infondées de certains médias étrangers" contre la boxeuse, et "les lâches tentatives de ternir sa réputation", dans un message posté mercredi sur X.

Autre soutien de poids, celui du CIO. Tous les olympiens "respectent les règles d'éligibilité aux compétitions", a répété jeudi Mark Adams, porte-parole de l'organisation mondiale. Il est établi que toutes les boxeuses alignées aux Jeux olympiques "sont des femmes", a-t-il assuré sans donner de noms. "De nombreuses femmes peuvent avoir un taux de testostérone égal à celui des hommes, tout en étant des femmes", a-t-il affirmé.

"Comme lors des précédentes compétitions olympiques de boxe, le genre et l'âge des athlètes se fondent sur leur passeport", a assuré en soirée le CIO dans un communiqué, fustigeant les "attaques" visant les deux boxeuses et la "décision arbitraire" de 2023 de l'IBA.

Le débat va resurgir dès vendredi avec le combat de la Taïwanaise Lin contre l'Ouzbèke Sitora Turdibekova (-57 kg).

Les questions d'hyperandrogénie dans le sport ont fait irruption avec l'athlète sud-africaine Caster Semenya, 33 ans, multiple championne olympique et du monde, privée de compétition par la Fédération internationale d'athlétisme (World athletics) en raison d'un taux de testostérone particulièrement élevé.

World Athletics impose aux athlètes hyperandrogènes de faire baisser ce taux par un traitement hormonal pour pouvoir participer dans la catégorie féminine. Ce que refuse Semenya. Les procédures sont en cours.


Après «Bloquons tout» et les promesses de «rupture», les syndicats dans la rue jeudi

"Le budget va se décider dans la rue": à l'instar de la CGT, les organisations syndicales appellent à faire grève et manifester jeudi pour contester des mesures budgétaire "brutales" annoncées cet été et que le nouveau Premier ministre n'a pour l'heure pas écartées. (AFP)
"Le budget va se décider dans la rue": à l'instar de la CGT, les organisations syndicales appellent à faire grève et manifester jeudi pour contester des mesures budgétaire "brutales" annoncées cet été et que le nouveau Premier ministre n'a pour l'heure pas écartées. (AFP)
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  • Après sa rencontre avec Sébastien Lecornu lundi, la cheffe de file de la CGT, Sophie Binet, se montrait plus que jamais déterminée, malgré l'abandon de la suppression de deux jours fériés samedi
  • Dès son arrivée à Matignon, Sébastien Lecornu avait promis des "ruptures sur le fond" et "pas que sur la forme"

PARIS: "Le budget va se décider dans la rue": à l'instar de la CGT, les organisations syndicales appellent à faire grève et manifester jeudi pour contester des mesures budgétaire "brutales" annoncées cet été et que le nouveau Premier ministre n'a pour l'heure pas écartées.

Après sa rencontre avec Sébastien Lecornu lundi, la cheffe de file de la CGT, Sophie Binet, se montrait plus que jamais déterminée, malgré l'abandon de la suppression de deux jours fériés samedi. "(Il) ne s'est engagé à rien du tout. Aucune des mesures catastrophiques du musée des horreurs de M. Bayrou n'est enterrée !", a-t-elle lancé.

Dès son arrivée à Matignon, Sébastien Lecornu avait promis des "ruptures sur le fond" et "pas que sur la forme". Depuis vendredi, il reçoit les syndicats représentatifs - à l'exception de Frédéric Souillot (FO) qui souhaite le rencontrer après le 18. Mais ces derniers maintiennent leur appel à la mobilisation du 18, espérant peser de tout leur poids sur les futures orientations budgétaires.

CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, FSU et Solidaires seront ainsi unis jeudi dans la rue, pour la première fois depuis le 6 juin 2023 - date de la dernière mobilisation contre la réforme des retraites.

Les mesures avancées cet été sont "d'une brutalité sans précédent", dénonçaient-ils fin août dans un communiqué commun, regrettant que l'ancien gouvernement choisisse "encore une fois de faire payer les travailleuses et les travailleurs, les précaires, les retraité·es, les malades".

Ils pointent "des coupes dans les services publics, (...), une énième réforme de l'assurance chômage, le gel des prestations sociales et celui des salaires des fonctionnaires comme des contractuel·les, la désindexation des pensions de retraites, le doublement des franchises médicales, la remise en cause de la 5ème semaine de congés payés…".

L'abandon de la suppression de deux jours fériés, unanimement décriée par le monde syndical, constitue "une première victoire", qui "confirme que nous sommes en position de force", a estimé Sophie Binet.

Même la CFDT, pourtant peu rompue aux cortèges syndicaux, maintient sa participation: vendredi, Marylise Léon a réaffirmé que son syndicat était "plus que jamais motivé pour aller dans la rue", à l'issue de son entrevue avec Sébastien Lecornu.

"Le budget tel qu'il a commencé à être construit n'est pas compatible avec la justice sociale, fiscale et environnementale donc il y a vraiment besoin de le revoir de fond en comble", a-t-elle estimé lundi sur France Inter.

Sur la durée ? 

Sur la taxation des hauts patrimoines, revenue au cœur du débat, Mme Léon a pourtant apprécié que le Premier ministre dise être conscient de la nécessité de "faire quelque chose".

"Le budget, il va se décider dans la rue", insiste Mme Binet. Ainsi, "il faut faire une démonstration de force jeudi prochain et après", laissant entrevoir une mobilisation dans la durée.

Lundi, la CGT annonçait déjà plus de 220 manifestations, un chiffre encore amené à évoluer.

Les organisations syndicales parviendront-elles à dépasser l'affluence du mouvement citoyen "Bloquons tout" - qui a rassemblé près de 200.000 personnes le 10 septembre selon le ministère de l'Intérieur, sans toutefois parvenir à paralyser le pays ? Les manifestants du 10, parfois méfiants vis-à-vis des syndicats, participeront-ils à cette nouvelle journée ?

Aucune inquiétude côté syndical: "Nous avons déjà d'excellents retours sur la mobilisation de jeudi", assure Frédéric Souillot (FO).

"Nous avons l'objectif d'avoir un million de personnes avec nous", avance de son côté Cyril Chabanier (CFTC).

"La colère sociale est toujours là", abonde Julie Ferrua, co-déléguée générale de Solidaires.

De leur côté, les autorités s'attendent à une mobilisation plus importante que le 10 septembre et craignent la présence de plusieurs centaines de manifestants radicaux dans des cortèges. Une cellule de crise sera ouverte dès mardi au ministère de l'Intérieur.

Après le 18, ce sera le tour des agriculteurs de la FNSEA, le 26 septembre, de mener "une grande journée d'actions" autour des échanges internationaux de produits agricoles.


Lecornu va mettre fin aux "avantages à vie" des ex-ministres dès 2026

Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu participe à une réunion alors qu'il visite le centre de santé départemental à Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025. (AFP)
Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu participe à une réunion alors qu'il visite le centre de santé départemental à Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre Sébastien Lecornu concrétise une promesse phare pour réduire le « décalage » entre les élites politiques et la réalité des Français, dans un contexte de forte défiance envers sa nomination

PARIS: Fini le chauffeur et la voiture de fonction "à vie" pour les anciens de Matignon: les avantages octroyés aux ex-Premiers ministres seront "supprimés" dès 2026, a annoncé lundi Sébastien Lecornu, concrétisant l'une de ses premières promesses, très symbolique pour l'opinion.

Il n'est "pas concevable" que les anciens ministres "puissent bénéficier d'avantages à vie en raison d'un statut temporaire", a écrit le locataire de Matignon sur X, confirmant la mise en place de cette réforme dès le 1er janvier 2026.

"La protection policière ne sera accordée aux anciens Premiers ministres et ministres de l'Intérieur que pour une durée limitée, et reconduite en fonction de la réalité du risque. Tous les autres moyens mis à disposition des anciens Premiers ministres à vie le seront dorénavant pour une durée limitée", a expliqué M. Lecornu sur ce réseau social.

Sollicité par l'AFP, Matignon a expliqué que le gouvernement avait préparé une "instruction" à destination du Secrétariat général du gouvernement, en vue de revoir le décret du 20 septembre 2019, qui avait déjà restreint les privilèges accordés aux anciens Premiers ministres.

Ces derniers peuvent actuellement se voir octroyer "sur leur demande, un véhicule de fonction et un conducteur automobile", à la charge de l'Etat. Ils peuvent aussi bénéficier d'un "agent pour leur secrétariat particulier" pendant dix ans à compter de la fin de leurs fonctions et au plus tard jusqu'à ce qu'ils atteignent l'âge de 67 ans.

Des avantages qui ne s'appliquent pas pour les "ex" de Matignon lorsque ces derniers disposent déjà de ces privilèges via leur mandat (parlementaire ou local) ou leur fonction publique.

- "Mettre fin aux derniers privilèges" -

Une autre instruction du chef du gouvernement à l'attention de la Direction générale de la police nationale (DGPN) permettra de créer "un cadre" relatif à la "protection policière" des anciens Premiers ministres et ministres de l'Intérieur, a détaillé Matignon.

"On ne peut pas demander aux Français de faire des efforts si ceux qui sont à la tête de l'État n'en font pas. La réforme, ce n'est pas toujours +pour les autres+, cela crée la suspicion", avait lancé Sébastien Lecornu dans un entretien donné à plusieurs titres de la presse régionale durant le week-end.

"Beaucoup de choses ont été réglées pour les anciens présidents de la République. Je vais donc mettre fin aux derniers privilèges", avait-il encore promis, quelques jours seulement après sa prise de fonctions à Matignon, durant laquelle il s'était inquiété du "décalage" observé entre la vie politique et la vie "réelle" des Français.

Le Premier ministre, nommé mardi par Emmanuel Macron après la chute de François Bayrou, met ainsi en musique l'une de ses premières promesses, alors qu'il consulte en parallèle les forces politiques, syndicales et patronales en vue de former un gouvernement susceptible de survivre aux menaces de censure des oppositions.

Il doit aussi batailler contre une opinion publique très défiante vis-à-vis de sa nomination, même si les chiffres de confiance des Français à son égard varient selon les instituts de sondage.

Son prédécesseur, François Bayrou, avait déjà annoncé vouloir passer au crible ces privilèges ministériels: il avait confié fin août une mission à l'ex-député socialiste René Dosière pour identifier les "avantages indus, excessifs, inacceptables" dans un contexte de dérapage des finances publiques.

En réalité, l'économie à espérer de ces annonces est dérisoire par rapport aux dizaines de milliards d'euros recherchées par les gouvernements successifs. Les privilèges accordés au titre du décret de 2019 (chauffeur, secrétariat, véhicule) ont coûté 1,58 million d'euros à l'Etat en 2024, selon le gouvernement.

Un montant auquel il faut ajouter les dépenses de protection policière, évaluées à 2,8 millions d'euros par an dans un rapport parlementaire de 2019.


L’histoire de Donia, arrivée de Gaza à Paris, le quotidien morbide des Gazaouis qui ne veulent que vivre

Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous. (AFP)
Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous. (AFP)
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  • Donia Al-Amal Ismail, poète, journaliste et mère de quatre enfants, habitante de Gaza, arrivée à Paris il y a presque trois mois. Elle raconte son histoire à Arab News en français.
  • Difficile de ne pas se sentir anéantie face à ce visage doux et tendre, à ces yeux verts empreints d’une tristesse insondable.

PARIS: Depuis le début de la guerre à Gaza, les récits qui parviennent à franchir les ruines et le silence imposé sont rares.
Derrière les chiffres et les bilans atones relayés par les médias, il y a des voix : celles de civils qui ont vu leur existence basculer en quelques heures.
Parmi elles, Donia Al-Amal Ismail, poète, journaliste et mère de quatre enfants, habitante de Gaza, arrivée à Paris il y a presque trois mois. Elle raconte son histoire à Arab News en français.
Difficile de ne pas se sentir anéantie face à ce visage doux et tendre, à ces yeux verts empreints d’une tristesse insondable. Donia témoigne de ce que signifie vivre la guerre : vivre avec la peur, la faim, fuir sous les bombes, errer d’un abri de fortune à un autre.
Marcher pour ne pas crever, marcher avec le seul souci de garder en vie ses deux enfants (une fille et un garçon) restés avec elle, les deux autres étant en Égypte.
Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous.
Son récit, émouvant par-dessus tout, saccadé par de longs silences et des larmes qui coulent spontanément sur les joues, n’en est pas moins ferme : pour elle, indéniablement, Gaza est le foyer des Gazaouis qui feront tout pour reconstruire.