Fin des JO, mais pas forcément de la trêve politique

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Publié le Samedi 10 août 2024

Fin des JO, mais pas forcément de la trêve politique

  • Le rideau sur les JO dimanche va-t-il sonner la fin de la trêve politique ?
  • Emmanuel Macron, qui n'a toujours pas nommé de Premier ministre cinq semaines après les législatives, semble peu pressé de franchir le pas, même si la pression va aller crescendo

PARIS: Le rideau sur les JO dimanche va-t-il sonner la fin de la trêve politique ? Emmanuel Macron, qui n'a toujours pas nommé de Premier ministre cinq semaines après les législatives, semble peu pressé de franchir le pas, même si la pression va aller crescendo.

Rien dans l'emploi du temps du chef de l'Etat, en vacances au fort de Brégançon, ne laisse présager un quelconque frémissement politique au sortir des Jeux de Paris qui ont enchanté le monde 17 jours durant.

Il va certes faire un aller-retour pour la cérémonie de clôture dimanche au Stade de France, et pour une réception, lundi à l'Elysée, avec les acteurs impliqués dans l'organisation du plus grand événement sportif mondial.

Suivront le 80e anniversaire du Débarquement de Provence le 15 août et la traditionnelle sortie du couple présidentiel sur son lieu de vacances, à Bormes-les-Mimosas, le 17 août pour la commémoration de la libération de la commune en 1944.

Mais à l'image de la torpeur estivale qui enveloppe l'Hexagone, rien ne filtre des consultations en cours à Brégançon. "Il réfléchit encore", pointe tout au plus un proche du président.

Pendant ce temps, le gouvernement démissionnaire de Gabriel Attal continue d'expédier les affaires courantes, sans aucune visibilité sur la fin de sa mission.

Un potentiel conseil des ministres, un temps esquissé lundi, a été remisé. "Celui qui vous dit qu’il a des échos est soit un menteur, soit un affabulateur", résume, fataliste, un membre du gouvernement.

Beaucoup misent pourtant sur la fenêtre qui s'ouvre avant les Jeux paralympiques (28 août-8 septembre) pour esquisser une sortie de crise après la dissolution ratée de l'Assemblée nationale qui n'a débouché sur aucune majorité stable.

« Pression interne »

"Il ne faut pas jouer la montre. Le président a consulté, a vu beaucoup de monde. Il doit décider, choisir une stratégie", lance un cadre du camp macroniste qui espère un Premier ministre "avant le 25 août".

"La pression interne va être assez forte car il va bien falloir sortir un budget" en septembre, renchérit une source ministérielle, qui s'interroge toutefois sur la tentation de surfer encore un peu sur "l’état de grâce des Jeux".

In fine, les Français doivent aussi "sentir que leur vote se concrétise", concède-t-on dans le camp du président, où certains misent sur une annonce autour du 20 août.

Emmanuel Macron a lui-même renvoyé à la fin de la "trêve olympique", soit la "mi-août" pour nommer, "en fonction des discussions", un Premier ministre susceptible de bâtir une majorité large et stable.

Sauf que les discussions engagées entre les macronistes et la Droite républicaine avancent à pas comptés.

Et que les socialistes, susceptibles de faire l'appoint, restent pour l'heure arrimés à l'alliance du Nouveau Front populaire, qui revendique haut et fort Matignon après être arrivée en tête au second tour des législatives.

Emmanuel Macron estime de son côté qu'un tel gouvernement, alliant gauche modérée et Insoumis, serait immédiatement renversé et poursuit son meccano pour tenter de trouver une majorité plus solide autour du bloc central.

« Feuille blanche »

Xavier Bertrand, Michel Barnier, Jean-Louis Boorlo à droite, Bernard Cazeneuve à gauche : les mêmes noms reviennent avec insistance, le camp macroniste ne pouvant lui-même prétendre à Matignon après son échec cuisant aux législatives.

"Ce ne serait pas aberrant qu’on finisse sur un de ces noms-là. Ils sont légitimes. Après, une surprise n’est jamais à exclure", relève, philosophe, le proche du président.

En 2020, Emmanuel Macron était allé chercher Jean Castex, un haut fonctionnaire inconnu du grand public, pour succéder à Edouard Philippe.

La perle rare, si tel est le cas, devra allier autorité morale et expérience politique, un défi pas simple à relever.

Quoi qu'il en soit, le nouveau Premier ministre une fois nommé, aura la lourde tâche de conclure à la fois un "contrat de gouvernement" et un casting gouvernemental.

"Soit un nom est en tête depuis 15 jours, la personne est au courant et elle a eu le temps d’avancer en sous-main. Dans ce cas en 48 heures, le gouvernement peut être nommé", relève un conseiller ministériel.

"Soit la réflexion est encore en cours à Brégançon et le Premier ministre nommé va œuvrer à partir d’une feuille blanche. Ce qui peut durer", avertit-il.

 


Commerce: Macron dit préférer une politique "coopérative" avec la Chine aux droits de douane

Le président français Emmanuel Macron attend avant d'accueillir le président roumain à l'Élysée, à Paris, le 9 décembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron attend avant d'accueillir le président roumain à l'Élysée, à Paris, le 9 décembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron privilégie une approche coopérative avec la Chine pour corriger des déséquilibres commerciaux « non viables », tout en gardant l’option de droits de douane si Pékin ne réagit pas
  • Il appelle l’UE à renforcer sa compétitivité, à mieux mobiliser son épargne et à promouvoir l’euro

PARIS: Emmanuel Macron, qui avait menacé d'imposer à la Chine des droits de douane européens dans les "prochains mois", appelle dans une tribune publiée mardi dans le Financial Times à privilégier une approche "coopérative" avec Pékin pour résorber les déséquilibres commerciaux qui ne sont "plus viables".

"Imposer des droits de douane et des quotas sur les importations chinoises serait une réponse non coopérative", dit le président français dans le quotidien des affaires britannique.

"Nous devons reconnaître que ces déséquilibres sont à la fois le résultat d'une faible productivité européenne et de la politique chinoise d'une croissance tirée par les exportations. Poursuivre dans cette voie risque d'entraîner un conflit commercial grave, mais la Chine et l'UE ont toutes deux les moyens de corriger ces déséquilibres", plaide-t-il.

Au retour de son déplacement en Chine début décembre, Emmanuel Macron avait affirmé avoir prévenu les dirigeants chinois que "s'ils ne réagissaient pas" pour réduire leur excédent commercial qui ne cesse d'augmenter avec l'Union européenne, les Européens seraient "contraints, dans les tout prochains mois, de prendre des mesures fortes" comme "par exemple des droits de douane sur les produits chinois".

"Je préfère de loin la coopération, mais je plaiderai en faveur de cette dernière solution si nécessaire", explique-t-il dans le Financial Times, tout en se montrant plus conciliant.

"Je suis toutefois convaincu qu'en tenant véritablement compte des besoins et des intérêts de chacun, nous pouvons établir un agenda macroéconomique international qui profitera à tous", ajoute-t-il en effet, rappelant que "la résolution des déséquilibres mondiaux sera au cœur de l'agenda de la présidence française du G7" en 2026.

Pour montrer que l'Europe est prête à faire sa part dans cette approche "coopérative", le président français prône "un nouveau programme économique fondé sur la compétitivité, l'innovation et la protection" au niveau des Vingt-Sept.

"Afin de financer les investissements dont nous avons besoin, l'Europe doit tirer parti de son pool d'épargne d'environ 30.000 milliards d'euros", en en dirigeant une plus grande partie vers les entreprises européennes, estime-t-il.

"L'Europe devrait également chercher à renforcer le rôle international de l'euro à travers le développement de stablecoins en euros et l'introduction d'un euro numérique", ajoute-t-il parmi les mesures proposées.

Emmanuel Macron entend porter ces positions aussi lors du prochain Conseil européen, jeudi à Bruxelles.


Dermatose: Lecornu demande «une accélération de la stratégie vaccinale», va recevoir les syndicats

Sébastien Lecornu a demandé mardi une "accélération de la stratégie vaccinale" contre la dermatose nodulaire contagieuse qui touche les élevages, et recevra "dans la semaine" les syndicats agricoles dont certains contestent la gestion par le gouvernement de cette épizootie, a annoncé son entourage à l'issue d'une réunion sur le sujet. (AFP)
Sébastien Lecornu a demandé mardi une "accélération de la stratégie vaccinale" contre la dermatose nodulaire contagieuse qui touche les élevages, et recevra "dans la semaine" les syndicats agricoles dont certains contestent la gestion par le gouvernement de cette épizootie, a annoncé son entourage à l'issue d'une réunion sur le sujet. (AFP)
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  • Le Premier ministre tiendra une deuxième réunion à ce sujet à 17H30 avec les mêmes ministres et des préfets en visioconférence
  • Il a demandé à son gouvernement "une clarification et une accélération de la stratégie vaccinale qui doit davantage tenir compte de la réalité de chaque département" pour "protéger nos éleveurs et l'élevage français"

PARIS: Sébastien Lecornu a demandé mardi une "accélération de la stratégie vaccinale" contre la dermatose nodulaire contagieuse qui touche les élevages, et recevra "dans la semaine" les syndicats agricoles dont certains contestent la gestion par le gouvernement de cette épizootie, a annoncé son entourage à l'issue d'une réunion sur le sujet.

Le Premier ministre tiendra une deuxième réunion à ce sujet à 17H30 avec les mêmes ministres et des préfets en visioconférence. Il a demandé à son gouvernement "une clarification et une accélération de la stratégie vaccinale qui doit davantage tenir compte de la réalité de chaque département" pour "protéger nos éleveurs et l'élevage français", appelant à "garantir" une "disponibilité des doses" de vaccins "plus forte".

Il a également demandé un "état des lieux des contrôles sur les transports interdits d'animaux", "un plan d’accompagnement pour les petits élevages" ainsi qu'"un plan de repeuplement adapté à l’Occitanie".


Ultime vote sur le budget de la Sécurité sociale à l'Assemblée

Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (au centre) s'exprime lors d'une déclaration gouvernementale sur la stratégie de défense nationale à l'Assemblée nationale, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (au centre) s'exprime lors d'une déclaration gouvernementale sur la stratégie de défense nationale à l'Assemblée nationale, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
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  • L’Assemblée devrait adopter définitivement le budget de la Sécurité sociale 2026, fruit de compromis, malgré une majorité introuvable et sans 49.3
  • Le budget de l’État reste très incertain : déficit visé à 5% du PIB, fortes divergences sur les recettes, CMP à haut risque

PARIS: Sauf surprise, l'Assemblée nationale devrait définitivement adopter mardi le budget de la Sécurité sociale pour 2026, un succès arraché à force de concessions par Sébastien Lecornu, qui risque toutefois de ne pas réussir le même pari pour le budget de l'Etat, à l'issue bien plus incertaine.

Alors qu'approche la date butoir du 31 décembre, l'heure est aux dernières tractations pour les parlementaires, au terme de longues semaines de débats. Tous les yeux sont désormais braqués sur le projet de loi de finances (PLF), avec des négociations décisives jusqu'au week-end.

Il y a une semaine pourtant, beaucoup doutaient d'une possible adoption du premier des deux textes budgétaires, la loi de financement de la Sécurité sociale, qui doit notamment acter la suspension de la réforme des retraites.

Pour le PS, qui a érigé cette mesure en condition de sa non-censure, l'étape doit marquer le succès de sa stratégie de négociation avec l'exécutif, à rebours du reste de la gauche. Et pour le Premier ministre, elle couronnerait au moins temporairement sa méthode du compromis.

Après un dernier passage express au Sénat vendredi, le texte revient mardi dans l'hémicycle, où les députés devront renouveler le scrutin serré de la semaine dernière (247 voix contre 234), à haut risque en l'absence de majorité et de 49.3.

Les socialistes, quoique dans l'opposition, avaient consenti à massivement voter pour. Hésitant jusqu'au dernier moment à voter contre, les Ecologistes s'étaient en majorité abstenus. Et malgré les consignes d'abstention de leur parti, 18 députés LR et 9 Horizons l'avaient soutenu.

Au gouvernement, une issue semblable est attendue mardi, même s'il "faut veiller à ce qu'il n'y ait pas de démobilisation" dans l'hémicycle, concède un ministre.

Les syndicats FO et CGT ont appelé à des rassemblements devant l'Assemblée, critiquant notamment la limitation de la durée des arrêts maladie, ou une taxe sur les mutuelles dont ils craignent la répercussion sur les cotisations.

Le texte prévoit par ailleurs la création d'un nouveau congé de naissance, ou d'un "réseau France santé" voulu par M. Lecornu pour l'accès aux soins.

Le gouvernement a vu sa copie profondément remaniée par les députés, qui ont supprimé le gel des pensions de retraite et minima sociaux, et contraint l'exécutif à renoncer à doubler les franchises médicales.

Le déficit anticipé pour la Sécurité sociale est de 19,4 milliards d'euros en 2026 (contre 23 milliards en 2025). Mais au prix de transferts de 4,5 milliards d'euros des caisses de l'Etat vers celles de la Sécu.

- Négociations députés-sénateurs -

Des transferts qui contribuent à compliquer l'équation pour le budget de l'Etat, où ils doivent être compensés.

La copie du budget de l'Etat adoptée lundi au Sénat, qui a peiné à trouver des économies significatives dans les dépenses, porterait le déficit à 5,3% du PIB. Or le gouvernement a placé l'objectif à 5%.

Une commission mixte paritaire (CMP) réunissant sept députés et sept sénateurs doit tenter de trouver un accord vendredi et possiblement samedi, une opération périlleuse au vu des divergences entre les deux chambres.

L'Assemblée avait massivement rejeté le texte en première lecture.

Les négociations avant et pendant la CMP porteront notamment sur la question des recettes, alors que les socialistes réclament des mesures de justice fiscale, quand la droite se montre intransigeante dans son refus de nouveaux prélèvements.

"Il ne pourra pas y avoir d'accord sur un budget qui augmenterait considérablement les impôts et ne réduirait pas significativement la dette", insiste le chef des Républicains Bruno Retailleau.

Même si l'ancien socle commun, majoritaire au sein de la CMP, trouve un accord, il faudra encore qu'il puisse être adopté la semaine prochaine à l'Assemblée.

Et ce alors que les socialistes promettent cette fois de s'abstenir au mieux, et les Écologistes de voter contre.

Autres possibilités: utiliser le 49.3 en s'assurant d'une non-censure dans la foulée -- comme le plaident l'ancienne Première ministre Élisabeth Borne ou l'ex-président François Hollande -- ou se résoudre à une loi spéciale, avec une reprise des négociations en janvier.

Une dernière option loin de remporter l'enthousiasme général.

"Il faut que ça s'arrête cette séquence budgétaire", estime un cadre socialiste. "On connaît toutes les données du problème. Si le compromis est possible, alors il faut qu'il ait lieu maintenant."