Destituer Macron ? La menace brandie par LFI tuée dans l'oeuf par ses partenaires

Le président français Emmanuel Macron assiste à la cérémonie marquant le 80e anniversaire du débarquement des Alliés en Provence pendant la Seconde Guerre mondiale, au cimetière national de Boulouris (« nécropole nationale ») à Boulouris-sur-Mer, dans le sud-est de la France, le 15 août 2024. (Photo AFP)PolitiqueGouvernementParlementPartisLFIPS
Le président français Emmanuel Macron assiste à la cérémonie marquant le 80e anniversaire du débarquement des Alliés en Provence pendant la Seconde Guerre mondiale, au cimetière national de Boulouris (« nécropole nationale ») à Boulouris-sur-Mer, dans le sud-est de la France, le 15 août 2024. (Photo AFP)PolitiqueGouvernementParlementPartisLFIPS
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Publié le Dimanche 18 août 2024

Destituer Macron ? La menace brandie par LFI tuée dans l'oeuf par ses partenaires

  • LFI avait allumé la mèche samedi soir par un texte énonçant le "coup de force institutionnel contre la démocratie" attribué à Emmanuel Macron, coupable de ne pas "tenir compte du résultat politique" des élections législatives anticipées.
  • En dressant les herses, les partenaires de LFI annihilent une procédure déjà complexe à faire aboutir: elle nécessite de convaincre Assemblée et Sénat de se constituer en "Haute cour", avant de voter sur la destitution en tant que telle.

PARIS : La menace agitée par La France insoumise d'engager une procédure de destitution à l'encontre d'Emmanuel Macron a fait long feu: ses partenaires de gauche s'en sont désolidarisés dimanche, ouvrant un nouvel épisode de discorde à l'heure où le Nouveau Front populaire cherche toujours à briguer Matignon.

LFI avait allumé la mèche samedi soir par un texte énonçant le "coup de force institutionnel contre la démocratie" attribué à Emmanuel Macron, coupable de ne pas "tenir compte du résultat politique" des élections législatives anticipées qui ont placé la gauche unie en tête (193 députés), loin toutefois de la majorité absolue (289 député). Mais le PS a soufflé dessus dimanche midi.

La proposition d'initier une destitution d'Emmanuel Macron "n'engage que leur mouvement" et non l'ensemble de la gauche unie au sein du Nouveau Front populaire, a écrit Olivier Faure sur X, répondant ainsi à l'initiative parue dans La Tribune dimanche du leader des Insoumis Jean-Luc Mélenchon, du coordinateur de LFI Manuel Bompard et la cheffe des députés Mathilde Panot.

Et le patron du PS d'ajouter: "la réponse à une nomination d'un (Premier ministre) qui ne serait pas conforme à la tradition républicaine, est la censure".

Dans la foulée, les autres partenaires de gauche ont fait savoir à l'AFP leur circonspection face à la piste lancée par LFI. Dessinant une divergence tactique, alors que chacun cherche à accroître la pression sur Emmanuel Macron qui tarde à désigner un nouveau gouvernement et a balayé l'hypothèse de nommer à Matignon la représentante du NFP, Lucie Castets.

"L’entêtement d’Emmanuel Macron qui continue à revendiquer qu'il ne changera pas de cap est inquiétant. Chacun y réagit à sa manière", a souligné la patronne des Ecologistes Marine Tondelier.

"Pour ce qui est des Ecologistes, nous consacrons toute notre énergie à ce que Lucie Castets soit nommée dans les plus brefs délais", a-t-elle renchéri.

Même prise de distance au Parti communiste, où l'on observe que "LFI choisit de se lancer dans la présidentielle dès maintenant. C’est leur choix".

"Pour nous ce n’est pas la priorité. Avant d’envisager une nouvelle présidentielle, faisons respecter le résultat des législatives", plaide encore le PCF, qui sera reçu par Emmanuel Macron, avec ses alliés du NFP, Mme Castets, et les autres forces politiques, vendredi prochain à l'Elysée.

- "Chienlit" -

Même si les Insoumis avaient affirmé qu'ils souhaitaient voir leur démarche s'accomplir sur une "base aussi collective que possible", plusieurs voix à gauche ont fustigé son caractère "solitaire".

"Ou comment rendre service au Président avec une menace constitutionnellement et politiquement impraticable, qui divise légitimement la gauche (à nouveau mise devant le fait accompli)", a ainsi déploré le député PS Jérôme Guedj, y voyant "du Mélenchon pur jus".

"Quels que soient les désaccords avec le Président de la République, brandir la menace d’une destitution n’aboutit qu’à brutaliser les rapports politiques, rendre impossible toute forme d’échange dans une période qui l’impose pourtant et diviser la gauche", a abondé l'ancien ministre de la Santé macroniste Aurélien Rousseau, désormais député au sein du NFP.

En dressant les herses, les partenaires de LFI annihilent une procédure déjà complexe à faire aboutir: elle nécessite de convaincre Assemblée et Sénat de se constituer en "Haute cour", avant de voter sur la destitution en tant que telle, à chaque fois à la majorité des deux tiers.

L'épisode ouvre également une brèche dans une alliance qui tangue voire chavire régulièrement depuis deux ans. Au grand bonheur des macronistes, qui espèrent encore désarrimer les socio-démocrates afin de tenter de former une large coalition.

"Il y a urgence désormais pour la gauche française de se séparer des Insoumis qui ne veulent que la chienlit", a ainsi appuyé dimanche le ministre démissionnaire de l'Intérieur Gérald Darmanin, en mettant en garde face à "l'anarchie" dans laquelle LFI voudrait supposément "faire plonger la France".

"Destituer le Président pour cause de non-respect de la volonté mélenchonienne ? Lunaire! LFI tire encore la gauche vers l'extrémisme et sort du champ républicain", a insisté le ministre démissionnaire de la Justice Eric Dupond-Moretti.


Dans le tumulte ambiant, la voix de la France mérite une plus grande écoute

Depuis Oslo, Emmanuel Macron déclare sans ambiguïté : « Il n’y a pas de légalité à ces frappes américaines en Iran », une affirmation qui tranche radicalement avec l’attitude de Washington. (AFP)
Depuis Oslo, Emmanuel Macron déclare sans ambiguïté : « Il n’y a pas de légalité à ces frappes américaines en Iran », une affirmation qui tranche radicalement avec l’attitude de Washington. (AFP)
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  • L’attaque iranienne perpétrée hier, contre une base américaine au Qatar en riposte aux frappes des bombardiers américains sur des sites nucléaires en Iran, a failli plonger le monde dans engrenage incontrôlable
  • À ceux qui rêvent d’un changement de régime à Téhéran, le chef de l’État français oppose la réalité tragique des interventions militaires qui ont déstabilisé et continuent à le faire, des régions entières

PARIS: Alors que le monde est en proie aux fracas des armes, aux lignes de fracture idéologiques et à la tentation de la force brute, la France fait entendre sa propre voix, celle de la raison, du droit et de la diplomatie. 

Bien que cette position semble de plus en plus marginalisée, notamment les États-Unis et Israël, elle demeure essentielle, car dans l’effondrement progressif de l’ordre international, il faut encore croire à la possibilité d’un chemin pacifique. 

Cette possibilité est aujourd’hui incarnée par la France alors que les Américains et les Israéliens avancent dans une logique d’affrontement militaire.

Depuis Oslo, Emmanuel Macron déclare sans ambiguïté : « Il n’y a pas de légalité à ces frappes américaines en Iran », une affirmation qui tranche radicalement avec l’attitude de Washington, qui cherche depuis plusieurs semaines à imposer un nouvel ordre régional à coups de missiles. 

L’attaque iranienne perpétrée hier, contre une base américaine au Qatar en riposte aux frappes des bombardiers américains sur des sites nucléaires en Iran, a failli plonger le monde dans engrenage incontrôlable, mais au lieu de s’aligner, la France s’est élevée contre cette spirale.

À ceux qui rêvent d’un changement de régime à Téhéran, le chef de l’État français oppose la réalité tragique des interventions militaires qui ont déstabilisé et continuent à le faire, des régions entières.

Évoquant les erreurs passées, de l’intervention militaire américaine en Irak en 2003 à la campagne franco-britannique en Libye, Macron rappelle un principe fondamental, « on ne sauve pas un peuple contre lui-même ».

La position française prend plus de relief, dans un contexte où l’Union européenne elle-même peine à parler d’une seule voix,

Tandis que certains dirigeants européens, comme le chancelier allemand Friedrich Merz, saluent le « courage » d’Israël face au « terrorisme iranien », Paris se montre plus mesuré. 

La chef de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, tente bien de préserver une ligne commune en réunissant les Vingt-Sept, mais les divisions internes sont profondes. 

Quinze États membres ont exprimé leur soutien à Israël, tandis que d’autres s’indignent des initiatives unilatérales de la Commission européenne, notamment les prises de position très partiales de sa présidente d’Ursula von der Leyen.

La France, elle, refuse cette polarisation brutale, fidèle à son engagement historique dans le dossier nucléaire iranien, elle prône une solution diplomatique, forte d’une expertise construite au fil de plus de dix ans de négociations.

Elle rappelle l’urgence d’encadrer non seulement le programme nucléaire, mais aussi le programme balistique iranien. 

Les efforts français ne se limitent pas à des déclarations, depuis les frappes du 13 juin, Macron et ses ministres ont multiplié les contacts avec les dirigeants régionaux : Arabie saoudite, Émirats, Qatar, Oman. 

Des messages de retenue ont été adressés aussi bien à Téhéran qu’à Tel-Aviv, et même à Washington.

 À deux reprises, Macron s’est entretenu avec le président iranien pour éviter toute escalade, il a également eu des échanges directs avec le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, mettant en garde contre toute velléité de régime par la force, rappelant que cela ne pourrait qu’aboutir à un plus grand chaos.

La France plaide pour une relance des négociations, et pousse également à une reprise du dialogue sur une éventuelle zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, proposition ancienne mais toujours d’actualité, même si Israël refuse de reconnaître son propre arsenal nucléaire.

Face à la gravité de la situation, la France tente de maintenir un cap, alors que l’unité européenne est de plus en plus vacillante, en raison de la poursuite injustifiée de la guerre à Gaza.

L’Irlande, l’Espagne et, plus récemment, les Pays-Bas ont demandé à revoir les accords commerciaux avec l’État hébreu, même une voix aussi conservatrice que celle du chancelier allemand admet ne « plus comprendre » les opérations militaires israéliennes.

Pourtant, en l’absence de consensus clair, aucune sanction n’est encore envisageable, la présidente de la Commission européenne ne peut aller plus loin sans mandat des États membres. 

Pendant ce temps, le fracas des armes continue, rendant la voix française d’autant plus isolée mais aussi d’autant plus précieuse.

L’annonce par le président Trump d’un cessez-le-feu entre Israël et l’Iran est saluée par Paris comme une « ouverture à saisir ». 

La France appelle dans un communiqué publié par le ministère des affaires étrangères, toutes les parties à respecter l’arrêt des hostilités et à s’engager sur le seul chemin viable, celui de la diplomatie. 

Elle réaffirme que l’Iran ne doit jamais détenir l’arme nucléaire, mais que les inquiétudes sur ses activités doivent trouver des réponses par la négociation, non par la guerre.

Cette voix, aussi minoritaire soit-elle aujourd’hui, porte en elle une vision du monde, elle repose sur le respect du droit international, sur la conviction et les principes.

En tenant cette ligne, la France ne défend pas seulement ses intérêts ou ses citoyens, elle défend aussi une certaine idée de la communauté internationale, de l’équilibre des puissances et de la paix. 

Si le cessez-le-feu tient bon, sauvant provisoirement le régime iranien et confirmant qu'Israël et les États-Unis n’hésitent plus à employer la force sans limite, les efforts de la France pour promouvoir une solution diplomatique pourraient enfin trouver un écho.


Gaza: des ONG , dont MSF mettent en garde la Fondation GHF contre une complicité de crimes de guerres

Figurent parmi les signataires la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), le Centre palestinien pour les droits humains, le Centre américain pour les droits constitutionnels ou encore la Commission internationale des juristes. (Source Médecins sans Frontières)
Figurent parmi les signataires la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), le Centre palestinien pour les droits humains, le Centre américain pour les droits constitutionnels ou encore la Commission internationale des juristes. (Source Médecins sans Frontières)
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  • La pénurie orchestrée par les autorités israéliennes prive les Palestiniens d’eau et de soins, et les met en danger immédiat, alors que des blessés affluent par centaines dans les structures médicales.
  • Plusieurs organisations de défense des droits humains ont appelé lundi la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), dont les distributions d'aide donnent lieu à des scènes chaotiques et meurtrières, à cesser ses opérations

NATIONS-UNIES: Plusieurs organisations de défense des droits humains ont appelé lundi la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), dont les distributions d'aide donnent lieu à des scènes chaotiques et meurtrières, à cesser ses opérations, mettant en garde contre des risques de complicité de "crimes de guerre".

"Ce nouveau modèle de distribution d'aide privatisée, militarisée, représente un changement radical et dangereux par rapport aux opérations humanitaires internationales établies", écrivent ces 15 organisations dans une lettre ouverte, dénonçant un système "déshumanisant et meurtrier".

"Nous appelons la GHF et toutes les organisations et individus qui ont soutenu ou soutiennent le travail de la GHF et les sociétés militaires privées" opérant dans ses centres de distribution "à cesser leurs opérations".

"Ne pas le faire pourrait exposer ces organisations et leurs responsables, représentants et agents à des responsabilités criminelles et civiles pour complicité de crimes en vertu du droit international, y compris crimes de guerre, crimes contre l'humanité, ou génocide, en violation du droit international, du droit américain et d'autres juridictions nationales", mettent en garde ces organisations.


France: la surveillante tuée reçoit la Légion d'honneur à titre posthume

La surveillante de collège poignardée à mort en France par un élève le 10 juin a reçu, à titre posthume, la Légion d'honneur, la plus haute distinction honorifique du pays, selon un décret publié mardi par le le Journal officiel. (AFP)
La surveillante de collège poignardée à mort en France par un élève le 10 juin a reçu, à titre posthume, la Légion d'honneur, la plus haute distinction honorifique du pays, selon un décret publié mardi par le le Journal officiel. (AFP)
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  • La semaine dernière, le ministère de l'Education avait indiqué qu'elle recevrait aussi le titre de commandeur des Palmes académiques, la plus ancienne distinction décernée à titre civil
  • Les obsèques de la jeune femme de 31 ans ont eu lieu le 17 juin dans une stricte intimité familiale à Sarcey, un petit village du nord-ouest où elle vivait

PARIS: La surveillante de collège poignardée à mort en France par un élève le 10 juin a reçu, à titre posthume, la Légion d'honneur, la plus haute distinction honorifique du pays, selon un décret publié mardi par le le Journal officiel.

La semaine dernière, le ministère de l'Education avait indiqué qu'elle recevrait aussi le titre de commandeur des Palmes académiques, la plus ancienne distinction décernée à titre civil. La qualité de pupille de la Nation, qui offre une protection matérielle et morale particulière aux enfants de victimes d'actes de terrorisme, sera attribuée à son fils.

Les obsèques de la jeune femme de 31 ans ont eu lieu le 17 juin dans une stricte intimité familiale à Sarcey, un petit village du nord-ouest où elle vivait.

Le collégien de 14 ans interpellé immédiatement après les faits a été inculpé pour meurtre aggravé par la circonstance que sa victime était chargée d'une mission de service public, et placé en détention provisoire.

Du fait de sa minorité, il encourt une peine de 20 ans de prison.

Le meurtre a eu lieu à l'entrée du collège, alors que des gendarmes procédaient à un contrôle inopiné des sacs des élèves, pour saisir d'éventuelles armes blanches. Un gendarme a été blessé à la main lors des faits.

Durant sa garde à vue, le suspect a confié aux enquêteurs avoir voulu tuer une surveillante, "n'importe laquelle".

Ce nouveau drame en milieu scolaire a eu un grand retentissement en France, dans les sphères politique et éducative en particulier.