Israël tue un chef militaire du Fatah au Liban, les espoirs d'une trêve s'amenuisent

De la fumée s'élève après une frappe israélienne sur une voiture dans la ville méridionale de Sidon, le 21 août 2024. (AFP)
De la fumée s'élève après une frappe israélienne sur une voiture dans la ville méridionale de Sidon, le 21 août 2024. (AFP)
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Publié le Jeudi 22 août 2024

Israël tue un chef militaire du Fatah au Liban, les espoirs d'une trêve s'amenuisent

  • Israël a intensifié ses frappes au Liban voisin, tuant mercredi un chef militaire du Fatah palestinien pour la première fois depuis le début de la guerre à Gaza
  • Le Fatah du président Mahmoud Abbas a accusé Israël de vouloir, avec "l'assassinat" de Khalil Al-Maqdah, "embraser la région", à l'heure où le secrétaire d'Etat Antony Blinken a achevé une nouvelle tournée au Proche-Orient

SAIDA: Israël a intensifié ses frappes au Liban voisin, tuant mercredi un chef militaire du Fatah palestinien pour la première fois depuis le début de la guerre à Gaza, où près de 30 Palestiniens ont péri dans des bombardements israéliens selon la Défense civile.

Le Fatah du président Mahmoud Abbas a accusé Israël de vouloir, avec "l'assassinat" de Khalil Al-Maqdah, "embraser la région", à l'heure où le secrétaire d'Etat Antony Blinken a achevé une nouvelle tournée au Proche-Orient, sans percée annoncée pour un accord de trêve à Gaza.

Quelques heures après son départ, le président américain Joe Biden a "souligné l'urgence de finaliser un accord sur un cessez-le-feu et une libération des otages" dans la bande de Gaza pendant un échange avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a fait savoir la Maison Blanche.

La conversation a aussi porté sur les "discussions à venir au Caire pour écarter les obstacles qui restent" avant d'arriver à un compromis entre Israël et le Hamas, selon la même source.

Déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël le 7 octobre, cette guerre a fait des dizaines de milliers de morts dans le territoire palestinien, où sont assiégés environ 2,4 millions d'habitants.

Allié du Hamas, le Hezbollah au Liban a ouvert le 8 octobre un front contre Israël à la frontière des deux pays, théâtre depuis d'un engrenage de violences entre le mouvement pro-iranien et l'armée israélienne.

Ces dernières 24 heures, l'armée a mené plusieurs raids au Liban, tuant six personnes, selon les autorités libanaises, dont Khalil Al-Maqdah, un chef de la branche armée du Fatah, dans une frappe contre sa voiture à Saïda (sud).

L'armée l'a accusé "d'agir pour le compte" de l'Iran, ennemi juré d'Israël, et d'implication dans des "attaques terroristes".

Le Hamas, allié de l'Iran, et le Fatah sont des rivaux depuis des décennies: les islamistes ont pris le pouvoir à Gaza en 2007 et le Fatah est basé en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.

- "N'importe quel scénario" -

Le Hezbollah a lui affirmé avoir mené une dizaine d'attaques mercredi contre des positions militaires dans le nord d'Israël et sur le Golan occupé par Israël avec des roquettes et drones explosifs.

"Nous sommes prêts à faire face à n'importe quel scénario, tant sur le plan défensif qu'offensif", a déclaré M. Netanyahu lors d'une visite dans une base du nord d'Israël.

C'est dans ce contexte explosif que M. Blinken a achevé une nouvelle tournée régionale, en avertissant que la dernière proposition de compromis américaine pour une trêve à Gaza pourrait être celle de la "dernière chance".

Le secrétaire d'Etat, qui s'est rendu en Israël, en Egypte et au Qatar, avait affirmé qu'Israël avait accepté ce plan dont les détails n'ont pas été rendus publics et demandé au Hamas de faire de même.

Le mouvement islamiste a accusé les Etats-Unis d'avoir intégré au plan de "nouvelles conditions" d'Israël, incluant le maintien des troupes israéliennes à la frontière entre Gaza et l'Egypte.

Des médias israéliens ont aussi affirmé que M. Netanyahu voulait conserver le contrôle de cette frontière, mais M. Blinken a souligné l'opposition de son pays à une "occupation à long terme de Gaza par Israël".

- "Dans quel monde" -

Le Hamas exige l'application d'un plan annoncé le 31 mai par Joe Biden, qu'il avait accepté début juillet. Il prévoit d'abord une trêve de six semaines accompagnée d'un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza et de la libération d'otages enlevés le 7 octobre, puis, dans une deuxième phase, un retrait total israélien du territoire assiégé.

De nouvelles discussions sont en principe attendues en Egypte cette semaine entre Israël et les médiateurs américain, qatari et égyptien.

Benjamin Netanyahu a souvent dit vouloir poursuivre la guerre jusqu'à la destruction du Hamas, considéré comme terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne.

Pour les Etats-Unis, un cessez-le-feu à Gaza aiderait aussi à éviter un embrasement au Moyen-Orient, après des menaces de l'Iran et de ses alliés de riposter à l'assassinat, imputé à Israël, du chef du Hamas Ismaïl Haniyeh le 31 juillet à Téhéran.

L'attaque des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d'Israël, a entraîné la mort de 1.199 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles israéliennes. Sur 251 personnes enlevées ce jour-là, 105 sont toujours retenues à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.

Dans un kibboutz du sud d'Israël, des proches ont enterré l'un des six otages morts récupérés par l'armée dans la bande de Gaza.

"Dans quel monde les familles doivent-elles supplier, crier et pleurer pour le retour de leurs proches, vivants ou tués? Ramenez-les tous", a déclaré sa mère, Esther Buchshtab.

- "Sur nos têtes" -

En riposte à l'attaque du Hamas, Israël a lancé une offensive dévastatrice à Gaza qui a fait au moins 40.223 morts, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas qui ne détaille pas le nombre de civils et combattants tués. Mais d'après l'ONU, la plupart des morts sont des femmes et des mineurs.

Mercredi, au moins 27 Gazaouis ont péri dans des bombardements israéliens, dont trois dans une frappe sur une école abritant des déplacés à Gaza-ville (nord), selon la Défense civile. L'armée a accusé le Hamas de cacher une base dans l'école.

"Reste-il une once d'humanité (dans cette guerre)?" s'est interrogé sur X Philippe Lazzarini, chef de l'Unrwa, l'agence onusienne chargée des réfugiés palestiniens.

Selon l'ONU, les multiples ordres d'évacuation israéliens poussent les habitants du territoire palestinien en proie à un désastre humanitaire "vers des zones surpeuplées et dangereuses".

"Où sont censés aller les gens? Ils (Israël, ndlr) frappent partout. Il n'y a pas de résistance ici, les bombes tombent sur la tête des gens", lance à Deir al-Balah (centre) Oum Mina Abou Mughassib, déplacée déjà cinq fois.


Israël appelle à des évacuations dans deux villages du sud du Liban en prévision de frappes

L'armée israélienne a ordonné à deux villages du sud du Liban d'évacuer les bâtiments situés à proximité de ce qu'elle qualifie de sites du Hezbollah, alors que les tensions entre Israël et les groupes militants s'intensifient. (AFP)
L'armée israélienne a ordonné à deux villages du sud du Liban d'évacuer les bâtiments situés à proximité de ce qu'elle qualifie de sites du Hezbollah, alors que les tensions entre Israël et les groupes militants s'intensifient. (AFP)
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  • L’armée israélienne a appelé les habitants de Deir Kifa et Chahour à évacuer, affirmant que des infrastructures militaires du Hezbollah s’y trouvent et annonçant des frappes imminentes
  • Malgré le cessez-le-feu de novembre 2024, Israël poursuit des attaques ciblées au Liban avec le soutien tacite des États-Unis, accusant le Hezbollah de reconstruire ses capacités militaire

JERUSALEM: L'armée israélienne a appelé mercredi la population à évacuer les zones de bâtiments abritant selon elle des installations militaires du mouvement islamiste libanais Hezbollah dans deux villages du sud du Liban, annonçant son intention de les frapper sous peu.

"Les forces [israéliennes] attaqueront prochainement des infrastructures militaires appartenant au groupe terroriste Hezbollah dans différentes zones du sud du Liban, en réponse aux tentatives illégales de l'organisation de se rétablir dans la région", annonce le colonel Avichay Adraee, porte-parole de l'armée israélienne dans un message en arabe sur X.

L'officier appelle précisément la population à évacuer sans tarder les alentours de deux bâtiments dont il précise, cartes à l'appui, la localisation dans les villages de Deir Kifa et Chahour.

Malgré un cessez-le-feu entré en vigueur en novembre 2024, à l'issue de plus d'un an d'hostilités entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne continue de mener, avec l'aval tacite des Etats-Unis, des attaques régulières au Liban contre ce qu'elle présente comme des membres ou des installations du mouvement chiite, qu'elle accuse de chercher à reconstituer ses capacités militaires.

Le Hezbollah, allié de la République islamique d'Iran - ennemi juré d'Israël, a été très affaibli par la dernière guerre avec Israël, et Washington a accru la pression ces dernières semaines sur les autorités libanaises pour qu'elles obtienne son désarment, ce que le mouvement islamiste refuse pour l'heure.


L'Arabie saoudite et les États-Unis signent des accords pour approfondir leur partenariat stratégique

La réunion a été coprésidée par le président Trump et le prince héritier Mohammed, en présence de hauts responsables saoudiens et américains. (AFP)
La réunion a été coprésidée par le président Trump et le prince héritier Mohammed, en présence de hauts responsables saoudiens et américains. (AFP)
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  • Lors de la réunion à la Maison Blanche, les deux parties ont passé en revue les relations bilatérales et discuté des efforts conjoints pour faire progresser leurs partenariats stratégiques
  • Elles ont également abordé les développements régionaux et internationaux, ainsi que les moyens de renforcer la sécurité et la stabilité régionales et mondiales

RIYAD: L'Arabie saoudite et les États-Unis ont signé mardi un certain nombre d'accords visant à renforcer leurs liens stratégiques, à l'occasion de la visite du prince héritier Mohammed bin Salman à la Maison Blanche.

Lui et le président américain Donald Trump ont signé des accords sur la défense stratégique, l'intelligence artificielle, l'énergie nucléaire, les métaux critiques, les investissements saoudiens, le partenariat financier et économique, l'éducation et la formation, et les normes de sécurité des véhicules.

Lors de la réunion à la Maison Blanche, les deux parties ont passé en revue les relations bilatérales et discuté des efforts conjoints pour faire progresser leurs partenariats stratégiques.

Elles ont également abordé les développements régionaux et internationaux, ainsi que les moyens de renforcer la sécurité et la stabilité régionales et mondiales.

La réunion était coprésidée par M. Trump et le prince héritier, et de hauts responsables saoudiens et américains y ont assisté.

L'accord de défense affirme que les deux pays sont des partenaires de sécurité capables de travailler ensemble pour faire face aux défis et menaces régionaux et internationaux, a rapporté l'agence de presse saoudienne.

Il approfondit la coordination de la défense à long terme, améliore les capacités de dissuasion et la préparation, et soutient le développement et l'intégration des capacités de défense entre les deux pays, a ajouté l'agence de presse saoudienne.

Le ministre saoudien de la défense, le prince Khalid bin Salman, a déclaré que l'accord "souligne l'engagement ferme des deux nations à approfondir leur partenariat stratégique, à renforcer la sécurité régionale et à faire progresser la paix et la stabilité dans le monde".

L'ambassadrice saoudienne aux États-Unis, la princesse Reema bint Bandar, a déclaré que les "accords stimuleront les investissements dans les deux pays, généreront des opportunités d'emploi pour les Saoudiens et les Américains, et renforceront notre engagement commun en faveur de la sécurité régionale et mondiale".

Un peu plus tôt, dans le bureau ovale, M. Trump a accueilli chaleureusement le prince héritier, qui a annoncé que les investissements américains du Royaume seraient portés à près de 1 000 milliards de dollars, contre une promesse de 600 milliards de dollars annoncée par Riyad au début de l'année.

"Aujourd'hui est un moment très important de notre histoire", a déclaré le prince héritier. "Il y a beaucoup de choses sur lesquelles nous travaillons pour l'avenir.


Un mort et trois blessés dans une attaque près de colonies en Cisjordanie

Une attaque a fait un mort et trois blessés mardi près de colonies israéliennes dans le sud de la Cisjordanie occupée, ont annoncé les services de secours israéliens et l'armée israélienne. (AFP)
Une attaque a fait un mort et trois blessés mardi près de colonies israéliennes dans le sud de la Cisjordanie occupée, ont annoncé les services de secours israéliens et l'armée israélienne. (AFP)
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  • L'attaque a eu lieu au carrefour du Goush Etzion, situé à l'entrée de colonies israéliennes, sur la route entre les villes palestiniennes de Bethléem et Hébron
  • La victime a été identifiée comme Aaron Cohen, un habitant de la colonie de Kyriat Arba, au sud du lieu de l'attaque, selon un communiqué de la mairie

TERRITOIRES PALESTINIENS: Une attaque a fait un mort et trois blessés mardi près de colonies israéliennes dans le sud de la Cisjordanie occupée, ont annoncé les services de secours israéliens et l'armée israélienne.

L'attaque a eu lieu au carrefour du Goush Etzion, situé à l'entrée de colonies israéliennes, sur la route entre les villes palestiniennes de Bethléem et Hébron, dans le sud de la Cisjordanie occupée. Cet endroit a été le théâtre de plusieurs attaques anti-israéliennes depuis fin 2015.

Le Magen David Adom (MDA), équivalent israélien de la Croix-Rouge, a annoncé le décès d'un homme d'une trentaine d'années.

La victime a été identifiée comme Aaron Cohen, un habitant de la colonie de Kyriat Arba, au sud du lieu de l'attaque, selon un communiqué de la mairie.

Le MDA a également déclaré que ses services avaient évacué dans des hôpitaux de Jérusalem trois autres personnes, dont un adolescent de 15 ans "présentant des plaies profondes" et une femme d'environ 40 ans.

L'hôpital Hadassah de Jérusalem a précisé dans un communiqué que la femme, "blessée par balle", avait été hospitalisée dans un état grave.

Selon des médias locaux, elle aurait été blessée durant l'attaque par un tir de soldats visant les assaillants.

L'armée israélienne a précisé que ses "soldats ont éliminé deux terroristes sur place" et que des explosifs ont été "découverts" dans leur véhicule. "Les soldats de l'armée israélienne procèdent à des fouilles et ont mis en place des barrages routiers encerclant la zone", a-t-elle précisé.

L'Autorité générale des affaires civiles palestiniennes a identifié les assaillants comme Imran al-Atrash et Walid Sabbarna, tous les deux âgés de 18 ans et originaires de la région d'Hébron.

"Il s'agit de la deuxième attaque au carrefour du Goush Etzion en un an qui se solde par de graves conséquences", a déclaré à la presse Yaron Rosental, président du conseil régional du Goush Etzion, un bloc de colonies dans la zone du lieu de l'attaque.

Violences records 

Plus de 500.000 Israéliens vivent aujourd'hui en Cisjordanie dans des colonies que l'ONU juge illégales au regard du droit international, au milieu de quelque trois millions de Palestiniens.

"Avec l'armée, nous ferons également payer un prix très élevé aux terroristes et à tout leur entourage, et nous renforcerons également la colonisation", a ajouté M. Rosental.

La veille, des colons extrémistes avaient attaqué le village palestinien de Jabaa, près de Bethléem, après que les forces de sécurité israéliennes ont fait démolir et évacuer l'avant-poste de colonisation juive dit de Tzour Misgavi, dans le bloc de colonies du Goush Etzion.

Les mouvements palestiniens du Hamas et du Jihad islamique, considérés comme des organisations terroristes par les Etats-Unis, l'Union européenne, et Israël, ont salué l'attaque dans des communiqués distincts.

Les violences ont explosé en Cisjordanie depuis le début de la guerre à Gaza déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël.

Selon des données officielles israéliennes, au moins 43 Israéliens, civils et soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Dans le même temps, au moins 1.006 Palestiniens, combattants et civils, y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l'AFP à partir de données de l'Autorité palestinienne.

Ces violences n'ont pas cessé avec la trêve en vigueur à Gaza depuis le 10 octobre. Selon l'ONU, la Cisjordanie a d'ailleurs connu en octobre un pic inédit de violences en près de deux décennies.