Soulagement au Liban: le mandat de la FINUL prolongé sans modifications

Un vif soulagement au Liban après la décision de reconduire le mandat de la FINUL sans changements (AFP)
Un vif soulagement au Liban après la décision de reconduire le mandat de la FINUL sans changements (AFP)
Short Url
Publié le Vendredi 30 août 2024

Soulagement au Liban: le mandat de la FINUL prolongé sans modifications

  • Mikati salue les efforts des États-Unis et de la France pour le consensus au Conseil de sécurité de l’ONU 
  • Israël frappe près d'un centre de secouristes du Hezbollah

BEYROUTH: Le Liban a réitéré jeudi son soutien à la FINUL, la force de maintien de la paix de l'ONU.

Dans une déclaration, le ministère des Affaires étrangères a confirmé son "engagement constant  envers la FINUL pour "une stabilité durable" à la frontière sud.

Il a précisé: "Le fondement de cet engagement est l’application de la résolution 1701 de l’ONU et des résolutions internationales connexes. Celles-ci défendent la souveraineté et l'intégrité territoriale du Liban, exigent le retrait israélien au-delà des frontières reconnues et de tous les territoires libanais encore occupés, et demandent l’arrêt des agressions et violations continues contre le Liban."

Cette déclaration fait suite à une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU prolongeant le mandat de la FINUL d’une année supplémentaire dans le sud du Liban.

Créée pour superviser le retrait des forces israéliennes du sud du Liban suite à l'invasion de 1978, la FINUL maintient sa présence dans la région depuis cette époque.

Depuis octobre 2023, le front sud est le théâtre d'affrontements continus entre les forces israéliennes et le Hezbollah, en infraction à la résolution 1701 de l'ONU que la FINUL est chargée d'appliquer sur le terrain.

À l'unanimité, les 15 membres du Conseil de sécurité ont approuvé la reconduction du mandat de la FINUL sans en altérer les missions, respectant ainsi la requête libanaise.

Najib Mikati, Premier ministre par intérim, a exprimé sa gratitude envers les États-Unis "pour leur compréhension des particularités libanaises et leur engagement à maintenir les missions de la FINUL, surtout dans ce contexte délicat".

Il a aussi salué "la France pour son rôle déterminant dans l'obtention d'un consensus sur ce dossier, ainsi que pour son soutien constant au Liban et à sa stabilité".

Mikati a également remercié "l'Algérie pour avoir mené la campagne en faveur de la décision de prolongation et pour son soutien indéfectible au Liban dans tous les domaines."

Le Conseil de sécurité a appelé à "des mesures immédiates de désescalade pour restaurer le calme le long de la Ligne bleue", exhortant au respect de celle-ci.

Mikati a réitéré "l'engagement du Liban envers les résolutions internationales, particulièrement la 1701".

Hadi Hachem, Chargé d'affaires libanais à l'ONU, a décrit des négociations "ardues, Israël plaidant pour une extension de 4 à 6 mois".

"Malgré cela, grâce au consensus du Conseil de sécurité et à l'aide des amis du Liban, nous avons obtenu un an, avec un appel à la 'cessation des hostilités' et à la 'désescalade'", a-t-il précisé.

"L'inclusion du droit humanitaire et de la protection des civils et des enfants est une victoire majeure", a souligné Hachem.

"L'unanimité du vote, en accord avec les attentes du Liban reflète la confiance envers le Liban et l'intérêt international pour sa sécurité", a-t-il conclu.


Sur le front sud, les hostilités se sont poursuivies malgré une relative désescalade depuis dimanche dernier.

L'armée israélienne a annoncé jeudi avoir mené des raids contre des bâtiments militaires du Hezbollah dans le village frontalier de Kfarkila et des attaques d’artillerie contre des avant-postes à Yarine.

Jeudi matin, Kfarkila a essuyé quatre raids israéliens, ravageant plusieurs habitations et biens de résidents évacués.

L’après-midi, Israël a frappé le secteur de Kassaret Al-Oroush sur le mont Al-Rihan.

L’artillerie israélienne a aussi bombardé les périphéries de Wazzani, Jebbayn, Yarine, Aita Al-Shaab et Deir Mimas.

Des chasseurs israéliens ont brisé le mur du son survolant le Sud-Liban et la banlieue de Beyrouth.

Dans une série de communiqués, le Hezbollah a affirmé avoir "mené une offensive avec des essaims de drones d'assaut contre le quartier général de la 210e division du Golan dans les casernes de Nafah. L'opération a visé avec précision les positions et les quartiers des officiers et soldats."

Bien qu'aucune victime n'ait été signalée jeudi, le ministère de la Santé a dénoncé la frappe israélienne survenue la veille au soir près du centre des volontaires de la défense civile à Blida. Ce centre est rattaché à l'Organisation de santé islamique, elle-même liée au Hezbollah.

Dans un communiqué, le Hezbollah a accusé Israël de "persister dans ses attaques contre les infrastructures de santé". Il cite le récent bombardement près du centre de volontaires de Blida, qui a endommagé trois véhicules de secours et de déblaiement. "Les secouristes ont échappé miraculeusement à la mort", affirme le groupe.

Le centre a essuyé des tirs d'obus de 155 mm peu après le retour des volontaires d'une mission de déblaiement à Mhaibib, où des bombardements avaient causé d'importants dégâts.

La semaine précédente, l'aviation et l'artillerie israéliennes avaient pris pour cible les équipes de l'organisation à Naqoura.

Le ministère a déclaré que "les équipes de santé accomplissent leur devoir humanitaire, et les cibler ainsi que leurs installations est une violation flagrante de toutes les conventions, normes et lois internationales".
 


Soudan: craintes de la poursuite des exactions à El-Facher

Des enfants et des familles déplacés d'El-Fasher dans un camp où ils se sont réfugiés pour échapper aux combats entre les forces gouvernementales et le RSF, à Tawila, dans la région du Darfour. (UNICEF via AP)
Des enfants et des familles déplacés d'El-Fasher dans un camp où ils se sont réfugiés pour échapper aux combats entre les forces gouvernementales et le RSF, à Tawila, dans la région du Darfour. (UNICEF via AP)
Short Url
  • Des massacres se poursuivent à El-Facher, dernière grande ville du Darfour tombée aux mains des Forces de soutien rapides (FSR) après 18 mois de siège
  • La situation est décrite comme « apocalyptique » par les diplomaties allemande et britannique, tandis que l’ONU réclame des enquêtes rapides sur les atrocités et que plus de 65 000 civils ont fui la ville, désormais en ruines

Port-Soudan: De nouvelles images satellites et l'ONG Médecins sans frontières (MSF) suggèrent samedi la poursuite des massacres dans la ville soudanaise d'El-Facher, près d'une semaine après sa prise par les paramilitaires.

Alors que les informations sur des violences contre les civils se multiplient, les chefs de la diplomatie allemande et britannique ont alerté sur une situation "absolument apocalyptique" et "véritablement terrifiante" sur le terrain.

Après 18 mois de siège, les Forces de soutien rapides (FSR, paramilitaires) de Mohamed Daglo ont pris dimanche El-Facher, dernière grande ville du Darfour (ouest) qui échappait encore à leur contrôle dans leur guerre contre l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane.

Selon le Laboratoire de recherche humanitaire de l'université de Yale, qui analyse des vidéos et des images satellites, les dernières images datant de vendredi ne "montrent aucun mouvement à grande échelle" à El-Facher, ce qui suggère que la majorité de sa population est "morte, capturée ou cachée".

Le laboratoire a identifié au moins 31 groupes d'objets correspondant à des corps humains entre lundi et vendredi, dans différents quartiers, sur des sites universitaires et des sites militaires. "Les indices montrant que les massacres se poursuivent sont clairement visibles", conclut-il.

- "Tuées, retenues, pourchassées" -

MSF a lui aussi dit craindre samedi qu'un "grand nombre de personnes" y soient toujours "en grave danger de mort" et que les civils soient empêchés par les FSR et leurs alliés "d'atteindre des zones plus sûres" comme Tawila.

Des milliers de personnes ont déjà fui El-Facher pour cette ville située à environ 70 km à l'ouest, et où les équipes de MSF se sont préparées à faire face à un afflux massif de déplacés et de blessés.

Des survivants ont raconté à l'ONG que les personnes ont été séparées selon leur sexe, âge ou identité ethnique présumée, et que beaucoup sont toujours détenues contre rançon. Un survivant a rapporté des "scènes horribles" où des combattants écrasaient des prisonniers avec leurs véhicules.

"Le nombre de personnes arrivées à Tawila est très faible (...) Où sont toutes les personnes manquantes, qui ont déjà survécu à des mois de famine et de violence à El-Facher?" s'interroge Michel-Olivier Lacharité, responsable des opérations d'urgence chez MSF. "D'après ce que nous disent les patients, la réponse la plus probable, bien qu'effrayante, est qu'elles sont tuées, retenues et pourchassées lorsqu'elles tentent de fuir", relate-t-il.

Au total, plus de 65.000 civils ont fui El-Facher, où des dizaines de milliers de personnes sont encore piégées, selon l'ONU. Avant l'assaut final des paramilitaires, la ville comptait environ 260.000 habitants.

- "Apocalyptique" -

Depuis dimanche, plusieurs vidéos sur les réseaux sociaux montrent des hommes en uniforme des FSR procédant à des exécutions sommaires à El-Facher, les paramilitaires affirmant que plusieurs de ces enregistrements ont été "fabriqués" par des sites liés à l'armée.

Les paramilitaires ont affirmé jeudi avoir arrêté plusieurs de leurs combattants soupçonnés d'exactions lors de la prise d'El-Facher, l'ONU réclamant vendredi des enquêtes "rapides et transparentes" après des "témoignages effroyables" d'atrocités dans cette localité.

S'exprimant en marge d'une conférence à Bahreïn, le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul, a décrit samedi la situation à El-Facher comme "absolument apocalyptique", évoquant comme l'ONU la "pire crise humanitaire du monde". "Les FSR se sont publiquement engagés à protéger les civils et devront rendre compte de leurs actions", a-t-il ajouté.

"Les informations qui nous parviennent du Darfour ces derniers jours sont véritablement terrifiantes", a déclaré son homologue britannique Yvette Cooper, évoquant les "atrocités commises, exécutions de masse, famine et le viol comme arme de guerre".

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle l'est et le nord du pays, et les FSR, désormais maîtres de l'ensemble du Darfour, une région vaste comme la France métropolitaine.

Les pourparlers en vue d'une trêve, menés depuis plusieurs mois par un groupe réunissant les Etats-Unis, l'Egypte, les Emirats arabes unis et l'Arabie saoudite, sont dans l'impasse, selon un responsable proche des négociations.

Les FSR ont reçu armes et drones des Emirats arabes unis, selon des rapports de l'ONU, tandis que l'armée bénéficie de l'appui de l'Egypte, de l'Arabie saoudite, de l'Iran et de la Turquie, selon des observateurs. Tous nient toute implication.


Le président libanais accuse Israël de répondre à son offre de négociations en intensifiant ses attaques

Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
Short Url
  • Le président libanais Joseph Aoun accuse Israël d’avoir répondu à son offre de négociations par une intensification des frappes, qui ont tué deux personnes dans le sud du Liban
  • En visite à Beyrouth, le ministre allemand Johann Wadephul appelle à un retrait israélien du sud du Liban et à un désarmement du Hezbollah, condition jugée essentielle pour la reprise du dialogue

BEYROUTH: Le président libanais, Joseph Aoun, a accusé Israël de répondre à l'offre de négociations du Liban par une intensification de ses frappes, les dernières ayant tué vendredi deux hommes dans le sud du pays selon Beyrouth.

"Le Liban est prêt à des négociations pour mettre fin à l'occupation israélienne, mais toute négociation (...) a besoin d'une volonté réciproque, ce qui n'est pas le cas", a affirmé M. Aoun à l'issue d'un entretien avec le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul.

Le chef de l'Etat s'était déjà prononcé le 13 octobre pour des négociations entre les deux pays voisins, toujours formellement en état de guerre, et qui ont émergé en novembre dernier d'un an de conflit meurtrier entre Israël et le Hezbollah libanais.

Israël "répond à cette option en menant davantage d'attaques contre le Liban (...) et en intensifiant la tension", a déploré M. Aoun

Selon le ministère de la Santé libanais, deux personnes ont été tuées vendredi lors de deux frappes israéliennes dans le sud du pays.

L'Agence nationale d'information libanaise (Ani, officielle) a indiqué qu'un drone avait notamment visé un homme à moto dans le village de Kounine.

L'armée israélienne a affirmé avoir tué un "responsable de la maintenance du Hezbollah", qui oeuvrait selon elle à rétablir des infrastructures du mouvement pro-iranien.

La veille, une unité israélienne s'était introduite dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

M. Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

- "Condition sine qua non" -

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban disant viser des cibles du mouvement chiite, et a intensifié ses raids ces derniers jours.

L'armée israélienne se maintient aussi dans cinq positions dans le sud du Liban.

Selon un bilan de l'AFP basé sur des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées en octobre.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Le chef de la diplomatie allemande a apporté son soutien au président libanais, affirmant qu'il exhorterait son homologue israélien, Gideon Saar, à retirer l'armée israélienne du sud du Liban.

"Il doit y avoir un retrait des troupes israéliennes. Je comprends qu'Israël ait besoin de sécurité (...) Mais nous avons maintenant besoin d'un processus de confiance mutuelle. Et je m'engage à ce que les deux parties se parlent", a dit le ministre allemand.

Il a également "encouragé le gouvernement libanais à veiller à ce qu'un processus crédible, compréhensible et rapide de désarmement du Hezbollah soit mis en place", une "tâche colossale" mais, a-t-il estimé, "la condition sine qua non" pour régler les relations avec Israël.

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.


Israël a rendu à Gaza 30 corps de Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages 

Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Short Url
  • "Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès
  • Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre

GAZA: Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza.

"Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès.

Les otages avaient été enlevés lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui avait déclenché la guerre dans la bande Gaza.

Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre.

Depuis cette date, le Hamas a également rendu deux dépouilles d'otages non-israéliens, un Thaïlandais et un Népalais.

Le mouvement islamiste a jusqu'à présent restitué les restes de 17 des 28 corps qui se trouvaient encore à Gaza et auraient dû être rendus au début de la trêve, assurant que localiser les autres dépouilles est "complexe" dans le territoire dévasté par deux ans de guerre.

Des équipes égyptiennes autorisées à entrer dans le territoire palestinien par Israël participent aux recherches avec des engins de chantiers.

Lundi soir, le Hamas avait rendu à Israël les restes d'un otage, identifié comme étant ceux d'Ofir Tzarfati, dont une partie de la dépouille avait déjà été récupérée en deux fois.

Les retards successifs dans la remise des corps des otages ont provoqué la colère du gouvernement israélien, qui a accusé le Hamas de violer l'accord de trêve. Et les familles des otages ont exigé des mesures plus sévères pour contraindre le groupe palestinien à se conformer à l'accord.

Dix corps d'otages du 7-Octobre seraient encore à Gaza, ainsi que celui d'un soldat mort durant une guerre en 2014. Tous sont israéliens sauf un Tanzanien et un Thaïlandais.

Par ailleurs, à deux reprises depuis le 10 octobre, Israël a mené des bombardements massifs sur Gaza en représailles à des tirs qui ont tué trois de ses soldats. Le 19 octobre, les bombardements israéliens avaient fait au moins 45 morts et mardi 104.

Le Hamas, qui dément avoir tiré sur les soldats israéliens, a accusé Israël de violer le cessez-le-feu.