Matignon: toujours pas de fumée blanche

A quand l'épilogue? Près de deux mois après les législatives, aucune fumée blanche ne se dégageait mardi matin de l'Elysée. (AFP)
A quand l'épilogue? Près de deux mois après les législatives, aucune fumée blanche ne se dégageait mardi matin de l'Elysée. (AFP)
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Publié le Mardi 03 septembre 2024

Matignon: toujours pas de fumée blanche

  • Dans l'entourage du président, aucune information n'a filtré sur les personnalités qui pourraient encore être reçues à l'Elysée ou consultées
  • Après avoir balayé le 26 août l'option Lucie Castets, la candidate proposée par le Nouveau Front populaire (NFP), le président Macron s'est entretenu lundi avec deux prétendants possibles à Matignon

PARIS: A quand l'épilogue? Près de deux mois après les législatives, aucune fumée blanche ne se dégageait mardi matin de l'Elysée, où les consultations devant mener au choix d'un Premier ministre capable d'éviter la censure pourraient encore se prolonger.

Dans l'entourage du président, aucune information n'a filtré sur les personnalités qui pourraient encore être reçues à l'Elysée ou consultées. Et si l'on continue d'espérer une nomination mardi, c'est là aussi sans aucune garantie.

Après avoir balayé le 26 août l'option Lucie Castets, la candidate proposée par le Nouveau Front populaire (NFP), puis vu s'éloigner la perspective de rallier les Républicains dans une coalition, le président Macron s'est entretenu lundi avec deux prétendants possibles à Matignon, l'un venu de la gauche, Bernard Cazeneuve, et l'autre de la droite, Xavier Bertrand.

Il s'agissait pour le chef de l'Etat de "tester" ces deux hypothèses, autrement dit de vérifier si un gouvernement dirigé par l'un ou l'autre pourrait éviter une censure parlementaire immédiate.

Mais c'est un troisième nom, plus inattendu car inconnu du grand public, qui a émergé lundi comme possible Premier ministre: celui de Thierry Beaudet, le président du Conseil économique, social et environnemental (Cese), un profil issu de la société civile, avec une sensibilité plutôt orientée à gauche.

Certaines sources assuraient même que l'affaire était entendue dès avant ces nouveaux entretiens à l'Elysée - lesquels, dans ce scénario, n'auraient donc servi qu'à écarter formellement les ténors politiques reçus par le président.

Mais lundi soir, plusieurs proches d'Emmanuel Macron avaient eux-mêmes du mal à suivre la pensée présidentielle et aucune des principales hypothèses ne semblaient exclues, pas même celle d'un Premier ministre de droite comme Xavier Bertrand.

Alors que les dirigeants des Républicains, Laurent Wauquiez en tête, ont exclu de participer au gouvernement, voulant se présenter en opposants à la présidentielle de 2027, l'ancien chef de file des députés LR Olivier Marleix a plaidé au contraire sur LCI pour la "nomination d'un Premier ministre de droite capable de travailler avec tout le monde".

« Dans les mains de Macron »

Emmanuel Macron a déjà échangé avec Thierry Beaudet la semaine dernière dans le cadre de ses discussions institutionnelles.

"C'est une option très sérieuse", a assuré à l'AFP un proche du chef de l'Etat qui connaît "très bien" cet instituteur de formation, qui a fait sa carrière dans le secteur mutualiste et qui a supervisé la Convention citoyenne sur la fin de vie.

L'idée de nommer à Matignon M. Beaudet, rompu à la culture du consensus, a été accueillie avec une certaine bienveillance par les partenaires sociaux.

Mais elle a suscité moins d'enthousiasme au sein de la classe politique. Un cadre du camp présidentiel s'interroge ainsi sur la capacité de M. Beaudet à "aller dans la fosse aux lions à l'Assemblée", tandis qu'à gauche la présidente socialiste de la région Occitanie, Carole Delga, observe que l'intéressé n'a "jamais gouverné" ni "travaillé au rassemblement des forces politiques".

"Monsieur Beaudet, c'est un Premier ministre qui serait l'outil dans les mains d'Emmanuel Macron pour contourner le choix des Français", a dénoncé le vice-président du RN Sébastien Chenu sur RTL. Le Cese est "un machin qui ne sert à rien", a renchéri Eric Ciotti sur Europe1/Cnews.

Benjamin Morel, maître de conférences en droit public à l'université de Paris 2, observe pour sa part qu'un éventuel gouvernement technique dirigé par Thierry Beaudet n'est pas assuré de recueillir l'assentiment de l'Assemblée nationale. "Il faut que tous les groupes politiques puissent reconnaître qu'il n'y a pas d'autres alternatives", relève l'universitaire.

A moins que le président Macron ne sorte de son chapeau une autre piste.

Sept semaines après la démission de Gabriel Attal - dont l'équipe continue d'expédier les affaires courantes - le temps presse pour former un gouvernement de plein exercice, le budget 2025 devant être déposé au Parlement le 1er octobre au plus tard.

 


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.