France: Un socialiste pour Matignon?

Le Premier ministre français Gabriel Attal quitte la salle après avoir prononcé un discours à la suite des premiers résultats du second tour des élections législatives françaises à Matignon à Paris le 7 juillet 2024. (AFP)
Le Premier ministre français Gabriel Attal quitte la salle après avoir prononcé un discours à la suite des premiers résultats du second tour des élections législatives françaises à Matignon à Paris le 7 juillet 2024. (AFP)
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Publié le Lundi 02 septembre 2024

France: Un socialiste pour Matignon?

  • Le président de la République recevra, ce lundi matin, l’ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve
  • Cazeneuve est connu du grand public pour avoir occupé les fonctions de ministre de l’Intérieur, puis de Premier ministre, sous la présidence de François Hollande

PARIS: Le flou entretenu par le palais de l’Élysée autour du nom de la personnalité qui succédera au Premier ministre démissionnaire Gabriel Attal semble sur le point de se dissiper. 

Le président de la République recevra, ce lundi matin, l’ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve pour consultation, mais consultation ne signifie pas nécessairement nomination tant la tâche est compliquée.

La France est sans Premier ministre depuis des semaines et dans cette attente les rumeurs vont bon train dans le milieu politique.

Dans l'avalanche des noms qui circulent, deux profils semblent bien placés et captent l'attention, il s'agit de l'ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve  qualifié de « favori officieux » et celui du maire de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) Karim Bouamrane.

Tous deux sont socialistes, tous deux sont critiques à l’égard de « La France insoumise » (LFI), parti d’extrême gauche dirigé par Jean-Luc Mélenchon, tous deux sont susceptibles de ne pas provoquer une majorité parlementaire qui ne leur soit hostile, la comparaison s’arrête là.

Cazeneuve est connu du grand public, pour avoir occupé les fonctions de ministre de l’Intérieur, puis de Premier ministre, sous la présidence de François Hollande. C’est un connaisseur du sérail politique et des rouages de l'État.

Bouamrane, d’origine marocaine, a un parcours plus modeste d’élu local, fonction qu’il occupe depuis 2020. Il est un pur produit de la méritocratie à la française.

Il a été propulsé sur le devant de la scène dans la foulée des Jeux olympiques de Paris, avec la présence du village des athlètes dans sa commune. 

Deux parcours parallèles qui ont chacun autant d’atouts pour combler le vide créé par la démission d’Attal depuis le 16 juillet dernier, à la veille de la première réunion du nouveau Parlement français, issu des législatives anticipées du 7 juillet.

La composition du nouveau Parlement de trois blocs de taille relativement proche et tous dépourvus de majorité absolue, a rendu la désignation du nouveau Premier ministre proche du casse-tête.

Le but du président Emmanuel Macron étant de confier la tête du nouveau gouvernement à une figure capable de rassembler au-delà de son camp politique dans le but d’assurer une stabilité institutionnelle.

Bernard Cazeneuve coche bien des cases

Les consultations du président avec les forces politiques françaises, n’ont pas permis de désigner la perle rare, qui sera chargée de gérer les affaires du pays. Elles ont, en revanche, servi à établir une ébauche de son profil.

Selon ce profil, pour s’assurer une majorité parlementaire confortable, le nouveau Premier ministre devra être soutenu par la gauche, être accepté par le groupe centriste « Ensemble pour la République » (formation proche de Macron) et le groupe de droite « Les Républicains », sans provoquer l’ire du groupe d’extrême droite le « Rassemblement national ».

Sur la base de ces critères, Cazeneuve (61 ans), ancien maire de Cherbourg, coche bien des cases. En effet, sa gestion des attentats terroristes du 13 novembre 2015, lorsqu’il occupait la fonction de ministre de l’Intérieur lui valent le respect de la droite et de l’extrême droite.

Son action à la tête du gouvernement de décembre 2016 à mai 2017 avait contribué à assurer à l’ancien président François Hollande, une fin de mandat paisible, lui valant la sympathie des socialistes, ou du moins de la frange qui ne s’accroche pas à l’alliance avec Mélenchon.

Cependant, avec son animosité vis-à-vis de Mélenchon et de LFI, il s'est attiré les foudres de ce parti. De plus, son nom circule, alors que Macron a fermé la porte de Matignon à la candidate des Insoumis, Lucie Castets.

Sans doute par souci de préserver ses chances, Cazeneuve se montre très prudent, et assure à qui veut l’entendre qu’il n’a pas été approché par l’Élysée  et refuse de commenter son éventuelle désignation « pour ne pas ajouter de la confusion à la confusion » selon ses termes.

Karim Bouamrane, le « visage d’une autre gauche »

Pourtant les médias français indiquent que selon les proches de Cazeneuve, il serait très tenté par un retour à Matignon et il sent qu’il est à la hauteur de l’enjeu.

Bouamrane, l’autre favori, est fils d’immigré marocain (51 ans), polyglotte et chef d’entreprise en cybersécurité. Il a également travaillé dans la Silicon Valley aux États-Unis, avant d’accéder à sa fonction de maire.

Tout comme Cazeneuve, Bouamrane est en divergence avec LFI mais pour une multitude de raisons – politiques, sociales et économiques.

Contrairement à Mélenchon qui rejette fermement un gouvernement de coalition, Bouamrane estime que le futur gouvernement « doit être représentatif du poids de chacune des formations républicaines », sans pour autant renier sa famille politique dont il dit vouloir solliciter l'aval s’il est désigné comme Premier ministre.

Il estime qu'être socialiste implique « de trouver les chemins du compromis, mais non pas de la compromission », car au regard de la situation du pays, « on ne peut pas arriver aujourd’hui avec uniquement une vision monolithique ».

D’autre part, à travers son parcours de maire, dans une commune réputée difficile, il s’est distingué par son intransigeance concernant les questions de sécurité et a pour cela plaidé pour un renforcement des effectifs de la police municipale.

Son action lui a valu d’être décrit comme étant le « visage d’une autre gauche ». D’ailleurs, dans des déclarations à la presse, il s’en prend à une gauche complètement démagogique dont les valeurs sont portées « par des enfants d’aristocrates ou de bourgeois ».

Et il affirme que cette gauche « n’était pas là quand mon père a connu le chômage et que nous vivions dans un logement insalubre ».

Mais bien sûr, tout comme Cazeneuve, Bouamrane se montre prudent sur ses chances d’accéder au poste de Premier ministre, tout en admettant être en contact avec des proches du Président avec qui il débat de certains dossiers.


Motion de censure: Le Pen attend la dissolution avec une «impatience croissante»

 Marine Le Pen a dénoncé jeudi à l'Assemblée nationale l'"année noire fiscale" que représentera pour les Français "l'année blanche" inscrite dans le budget du gouvernement, disant attendre "la dissolution avec une impatience croissante". (AFP)
Marine Le Pen a dénoncé jeudi à l'Assemblée nationale l'"année noire fiscale" que représentera pour les Français "l'année blanche" inscrite dans le budget du gouvernement, disant attendre "la dissolution avec une impatience croissante". (AFP)
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  • Ce budget est "l'acte ultime, nous l'espérons, d'un système politique à bout de souffle", a affirmé la présidente des députés Rassemblement national en défendant la motion de censure de son parti contre le gouvernement de Sébastien Lecornu
  • Elle a dénoncé au passage l'"insondable sottise des postures" qui pourrait le "sauver"

PARIS: Marine Le Pen a dénoncé jeudi à l'Assemblée nationale l'"année noire fiscale" que représentera pour les Français "l'année blanche" inscrite dans le budget du gouvernement, disant attendre "la dissolution avec une impatience croissante".

Ce budget est "l'acte ultime, nous l'espérons, d'un système politique à bout de souffle", a affirmé la présidente des députés Rassemblement national en défendant la motion de censure de son parti contre le gouvernement de Sébastien Lecornu. Elle a dénoncé au passage l'"insondable sottise des postures" qui pourrait le "sauver".

"Poursuite du matraquage fiscal" avec 19 milliards d'impôts supplémentaires, "gel du barème" de l'impôt sur le revenu qui va rendre imposables "200.000 foyers" supplémentaires, "poursuite de la gabegie des dépenses publiques", "absence totale d'efforts sur l'immigration" ou sur "l'aide médicale d'Etat", ce budget "est un véritable musée de toutes les horreurs coincées depuis des années dans les tiroirs de Bercy", a-t-elle estimé.

Raillant le premier secrétaire du PS Olivier Faure, qui a accepté d'épargner le gouvernement en échange de la suspension de la réforme des retraites sans savoir par "quel véhicule juridique" et sans assurance que cela aboutisse, elle s'en est pris aussi à Laurent Wauquiez, le chef des députés LR, qui préfère "se dissoudre dans le socialisme" plutôt que de censurer.

"Désormais, ils sont tous d'accord pour concourir à éviter la tenue d'élections", "unis par la terreur de l'élection", a-t-elle dit.


A peine installé, Lecornu affronte deux motions de censure

Si le gouvernement de Sébastien Lecornu survit, les débats autour du budget, dont le texte a été présenté en Conseil des ministres mardi, pourront enfin commencer à l'Assemblée. (AFP)
Si le gouvernement de Sébastien Lecornu survit, les débats autour du budget, dont le texte a été présenté en Conseil des ministres mardi, pourront enfin commencer à l'Assemblée. (AFP)
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  • Sans recours au 49.3, que M. Lecornu s'est engagé à ne pas utiliser, la bataille entre une gauche désunie, un socle commun fracturé et l'extrême droite s'annonce dantesque, dans des délais très contraints
  • Les socialistes se réservent d'ailleurs la possibilité de censurer le gouvernement au cours des discussions

PARIS: Un dernier obstacle avant d'entamer l'examen du budget: deux motions de censure contre le gouvernement de Sébastien Lecornu, l'une de LFI et l'autre du RN, seront débattues par les députés jeudi matin, et devraient être rejetées, dans un scrutin serré, faute de soutien du PS.

Le Parti socialiste a pris sa décision après avoir obtenu mardi satisfaction sur plusieurs revendications clés, dont l'annonce par le Premier ministre, dans sa déclaration de politique générale, de la suspension de la réforme des retraites.

Un débat commun aux deux motions débutera à 09H00 dans l'hémicycle jeudi, et devrait durer environ deux heures trente. Le scrutin sera ensuite ouvert pour trente minutes sur une motion, puis l'autre.

Si la gauche ne soutiendra pas la motion du RN, la motion insoumise devrait elle recueillir les voix de l'extrême droite ainsi que des députés écologistes et communistes.

Manqueraient alors environ une vingtaine de députés pour atteindre la majorité (289 voix) qui ferait tomber le gouvernement, tout juste nommé dimanche.

"Je pense qu'il manque une poignée de voix et que la sagesse peut revenir à certains", a estimé mardi Marine Le Pen, qui défendra la motion de son groupe et de ses alliés ciottistes. Leur texte défend la nécessité d'une dissolution pour "sortir" le pays "de l'impasse".

Combien de députés franchiront le pas en s'affranchissant de la consigne de leur parti?

Chez les LR "deux ou trois" devraient voter la censure, selon une source au groupe.

"Quelques votes pour" sont également possibles chez les indépendants Liot, selon une source au sein du groupe centriste.

Chez les socialistes, le patron du parti Olivier Faure et le chef des députés Boris Vallaud ont appelé leurs troupes à s'en tenir à la ligne décidée de façon "quasi-unanime".

Mais le député Paul Christophe a fait savoir qu'il censurerait malgré tout: "mon sujet c'est la justice fiscale et le pouvoir d'achat, il n'y a pas d'engagement du gouvernement sur ces sujets", a-t-il dit à l'AFP.

Cinq autres députés ultramarins du groupe PS ont également annoncé censurer.

"Un leurre" 

Le socialiste Pierrick Courbon dit lui hésiter. Il s'inquiète que la suspension de la réforme des retraites, qui passera selon M. Lecornu par un amendement au projet de loi de financement de la sécurité sociale, implique que les socialistes soutiennent ce texte pour qu'il soit adopté. Or "le PLFSS du budget Macron" n'obtiendra "jamais ma voix", confie-t-il à l'AFP.

Un argument d'ailleurs repris en choeur par La France insoumise. "Vous vous apprêtez à commettre une monumentale erreur", a lancé lundi dans l'hémicycle le député Louis Boyard à l'adresse des socialistes.

"Le débat ouvert sur un éventuel décalage de la réforme des retraites est un leurre, comme l'a été avant lui le +conclave+ de François Bayrou", soutient la motion de censure insoumise, qui sera défendue jeudi par Aurélie Trouvé.

Lors de la première motion de censure contre le gouvernement Bayrou, qui n'avait pas abouti, huit socialistes avaient voté pour malgré la consigne de leur parti.

M. Bayrou avait finalement perdu un vote de confiance début septembre, devenant le deuxième Premier ministre à tomber depuis la dissolution de l'Assemblée en 2024, après la censure de Michel Barnier en décembre.

Si le gouvernement de Sébastien Lecornu survit, les débats autour du budget, dont le texte a été présenté en Conseil des ministres mardi, pourront enfin commencer à l'Assemblée.

La commission des Finances s'en emparera lundi, et il devrait arriver dans l'hémicycle vendredi.

Sans recours au 49.3, que M. Lecornu s'est engagé à ne pas utiliser, la bataille entre une gauche désunie, un socle commun fracturé et l'extrême droite s'annonce dantesque, dans des délais très contraints.

Les socialistes se réservent d'ailleurs la possibilité de censurer le gouvernement au cours des discussions.

Un député Horizons résume: "Je ne pense pas que le gouvernement sera censuré demain, mais il sera très fragile."


Darmanin veut mettre les victimes «au centre» du système judiciaire

"Les victimes sont les grands oubliés de l'action publique", a déclaré le ministre de la Justice dans un entretien diffusé mardi soir sur LCI. (AFP)
"Les victimes sont les grands oubliés de l'action publique", a déclaré le ministre de la Justice dans un entretien diffusé mardi soir sur LCI. (AFP)
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  • "Il y aura un tarif minimum, pour parler très populaire, d'un an de prison ferme pour tous ceux qui ont agressé physiquement un policier, un gendarme, un élu local (...) un magistrat, quelqu'un qui représente l'autorité de l'Etat"
  • "Aujourd'hui, le minimal, c'est zéro. Demain, le minimal ce sera, sans récidive, au premier fait, un an de prison ferme"

PARIS: Le garde des Sceaux Gérald Darmanin a annoncé mardi soir avoir donné instruction de placer les "victimes au centre" du système judiciaire et précisé son projet de loi prévoyant une "peine minimum" d'un an de prison pour toute agression d'une personne dépositaire de l'autorité publique.

"Les victimes sont les grands oubliés de l'action publique", a déclaré le ministre de la Justice dans un entretien diffusé mardi soir sur LCI.

Gérald Darmanin a assuré avoir pris une instruction ministérielle qui prendra effet "lundi prochain", exigeant que toute victime puisse être "reçue à (sa) demande" par les instances judiciaires ou encore qu'une notification lui soit adressée pour la prévenir "quand (son) agresseur sort de prison".

"Il est normal, si vous êtes victime de viol (...) que vous puissiez savoir quand la personne va sortir de prison", a illustré le garde des Sceaux.

"On va changer totalement le paradigme du ministère de la Justice. Au lieu de mettre l'accusé au centre, nous allons mettre la victime au centre", a encore souligné M. Darmanin.

Il a également précisé les contours d'un projet de loi pour instaurer une "peine minimum" d'un an de prison pour tout agresseur d'une personne dépositaire de l'autorité publique.

"Il y aura un tarif minimum, pour parler très populaire, d'un an de prison ferme pour tous ceux qui ont agressé physiquement un policier, un gendarme, un élu local (...) un magistrat, quelqu'un qui représente l'autorité de l'Etat", a-t-il affirmé.

"Aujourd'hui, le minimal, c'est zéro. Demain, le minimal ce sera, sans récidive, au premier fait, un an de prison ferme", a-t-il insisté, espérant une entrée en vigueur en "début d'année prochaine" après un vote au Parlement.

Gérald Darmanin veut aussi légiférer pour qu'une peine de sursis ne puisse être prononcée qu'une seule fois avant le prononcé d'une peine de prison ferme, pour lutter contre les multirécidivistes.

"Les gens auront un seul sursis. Et puis s'ils en ont un deuxième, c'est directement la case prison ou c'est directement l'application de la peine de sursis, par exemple le travail d'intérêt général", a-t-il prôné lors de cet entretien donné après le discours de politique générale de Sébastien Lecornu.

"Si nous ne corrigeons pas nos excès, si nous ne faisons pas preuve d'humilité, si nous ne disons pas que nous nous sommes trompés (...), je crois que nous courons le grand danger d'être éliminés totalement de la vie politique française et de laisser aux Français le choix entre l'extrême droite et l'extrême gauche" lors de la présidentielle de 2027, a-t-il ajouté.