Confrontés aux sanctions, les Russes se rabattent sur le tourisme interne

Des touristes visitent des stands de souvenirs dans la ville de Suzdal, au nord-est de Moscou, le 24 août 2024. (AFP)
Des touristes visitent des stands de souvenirs dans la ville de Suzdal, au nord-est de Moscou, le 24 août 2024. (AFP)
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Publié le Mercredi 04 septembre 2024

Confrontés aux sanctions, les Russes se rabattent sur le tourisme interne

  • Les voyages en Europe étant devenus compliqués et chers en raison des sanctions liées à l'offensive russe en Ukraine, le tourisme interne explose en Russie
  • Souzdal, qui fête cette année son millénaire, abrite un Kremlin aux murailles blanches, un musée d'architecture en bois à ciel ouvert et plusieurs monastères remontant, pour certains, au XIVe siècle

SOUZDAL, RUSSIE :  Les voyages en Europe étant devenus compliqués et chers en raison des sanctions liées à l'offensive russe en Ukraine, le tourisme interne explose en Russie, malgré les risques dans certaines régions, affectées par le conflit.

A Souzdal, joyau d'architecture médiévale, perdu entre des champs de blé à 200 km au nord-est de Moscou, les ruelles remplies de touristes ressemblaient à un fleuve mouvant en ce week-end de fin août.

"La nature est incroyable ici! La rivière est magnifique! Et l'architecture!", s'exclame Natalia, touriste de 58 ans venue de la région entourant la capitale russe.

Souzdal, qui fête cette année son millénaire, abrite un Kremlin aux murailles blanches, un musée d'architecture en bois à ciel ouvert et plusieurs monastères remontant, pour certains, au XIVe siècle.

Des artisans exposent leurs tapis en patchwork et leurs lapins tricotés. Des cafés invitent à déguster des délices à base de concombre (le légume roi local), qui sert à faire de la confiture, de la limonade et des glaces.

Avant l'assaut contre l'Ukraine ordonné par Vladimir Poutine en février 2022, "nous avions l'habitude de négliger les voyages en Russie, en préférant passer nos vacances à l'étranger", en Europe, raconte à l'AFP Natalia, savourant un concombre au côté de son mari Igor, 55 ans.

"On se disait toujours qu'on voyagerait à l'intérieur de la Russie quand on sera à la retraite", précise-t-elle. "Ce temps est venu. Nous avons l'âge et la vie en a aussi décidé ainsi."

- Des vacances, en dépit des drones -

Après le lancement de l'offensive en Ukraine, Bruxelles a suspendu les vols directs entre l'UE et la Russie et nombre de pays ont durci les conditions de délivrance de visas aux citoyens russes.

En plus, les prix des billets d'avion vers des pays tiers, notamment la Turquie, ont eux explosés. Enfin, les Russes n'ont plus accès à des cartes de paiement fonctionnant à l'étranger ou même utilisables en ligne sur des sites non-russes.

Selon le cabinet d'étude de marché Statista, les voyages de Russes à l'étranger, toutes destinations confondues, ont chuté de 44% entre 2019 et 2023.

A l'intérieur du pays, ce nombre a, à l'inverse, bondi de 21% sur un an en 2023, d'après le gouvernement russe.

Sur les six premiers mois de 2024, le nombre de touristes russes voyageant en Russie a augmenté de 9,35%, d'après l'agence TASS s'appuyant sur les statistiques du ministère de l'Economie.

Selon cette source, Moscou reste la destination la plus populaire, avec 5,9 millions de voyages, suivie de la région de Krasnodar (sud-ouest) riche en stations balnéaires de la mer Noire (4,3 millions de voyages).

Car, faisant fi des risques, des centaines de milliers de touristes russes continuent à se rendre dans le sud-ouest du pays, proche de l'Ukraine, malgré les frappes ukrainiennes de plus en plus fréquentes et parfois mortelles.

La péninsule ukrainienne de Crimée, annexée par Moscou en 2014, a vu son afflux touristique diminuer en 2023, après plusieurs attaques contre le pont de Kertch la reliant à la Russie et emprunté par la majorité des touristes.

Mais les autorités se veulent rassurantes et le gouverneur de Crimée a affirmé que la péninsule avait accueilli, entre janvier et juillet, plus de 3,2 millions de touristes, soit une hausse de 19% par rapport à la même période en 2023.

- "Russophobie" à l'étranger -

Aller dans le sud-ouest demande aussi plus de temps, car une dizaine d'aéroports de la région, comme ceux d'Anapa et de Guelendjik, villes prisées pour leurs plages, sont fermés depuis plus de deux ans en raison des opérations militaires.

Dès lors, beaucoup de touristes acceptent des voyages en train ou par la route de plus de 24 heures pour séjourner en bord de mer.

L'industrie touristique, devenue "très rentable", a enregistré un bénéfice d'environ 280 milliards de roubles (2,7 milliards d'euros) en 2023, soit 2,3 fois plus qu'en 2019, avant la pandémie de Covid, s'était félicité en mars le ministre russe des Finances, Anton Silouanov.

Pour le président Vladimir Poutine, le tourisme interne se développe aussi "activement" en raison de "la russophobie" encouragée par certains pays étrangers soutenant l'Ukraine.

"L'Europe, ça fait peur", confie à l'AFP Olga, 52 ans, en posant pour une photo sur les rives de la rivière Kamenka, à Souzdal. "Et c'est très cher aussi", souligne cette touriste venue avec sa fille.

En admirant les paysages idylliques de Souzdal, Natalia et Igor ne cachent toutefois pas le "chagrin" causé par l'échec de leurs projets de vacances en Europe.

"Mais nous sommes convaincus que le temps de la paix viendra et nous pourrons revenir", dit Natalia. "Et voir Rome... pour la deuxième fois", ajoute Igor.


Trump a écrit au président israélien pour lui demander de gracier Netanyahu

Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
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  • "Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël
  • "Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu

JERUSALEM: Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence.

M. Herzog a reçu "ce matin" une lettre de Donald Trump, "l'invitant à envisager d'accorder une grâce" à M. Netanyahu, détaille un communiqué du bureau présidentiel, qui précise que "toute personne souhaitant obtenir une grâce présidentielle doit présenter une demande officielle".

M. Netanyahu est poursuivi dans son pays pour corruption et est régulièrement entendu dans le cadre d'au moins trois procédures judiciaires, dans lesquels aucun jugement n'a encore été rendu.

"Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël, "sa contribution considérable au retour des otages, à la refonte de la situation au Moyen-Orient et à Gaza en particulier, et à la garantie de la sécurité de l'Etat d'Israël", précise le communiqué.

Aussitôt plusieurs personnalités politiques israéliennes ont réagi.

"Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu.

Une députée également d'extrême-droite mais dans l'opposition, Yulia Malinovsky, du parti Israel Beitenou ("Israël est notre maison" en hébreu), a de son côté suggéré que le président américain faisait cette demande dans le cadre d'un accord avec M. Netanyahu sur des sujets relatifs au cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Quant au dirigeant de l'opposition, Yaïr Lapid, du parti centriste Yesh Atid ("il y a un futur", en hébreu), il a taclé M. Netanyahu en écrivan sur X: "rappel: la loi israélienne stipule que la première condition pour obtenir une grâce est l'aveu de culpabilité et l'expression de remords pour les actes commis".

Lors d'un discours au Parlement israélien le 13 octobre, M. Trump avait déjà suggéré qu'une grâce lui soit accordée.

"J'ai une idée. Monsieur le président (Isaac Herzog), pourquoi ne pas lui accorder une grâce? Ce passage n'était pas prévu dans le discours (...) Mais j'aime bien ce monsieur", avait dit le président américain dans son allocution, mettant en avant qu'il a été "l'un des plus grands" dirigeants "en temps de guerre".

 


Famine: l'ONU alerte sur «16 zones critiques» où la situation s'aggrave

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.  L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".  Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations. L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante". Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
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  • Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue
  • "Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM

ROME: Des millions de personnes supplémentaires dans le monde pourraient être confrontées à la famine ou au risque de famine, ont averti mercredi les deux organes de l'ONU dédiés à l'alimentation et à l'agriculture, dans un contexte tendu par la limitation des financements.

Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue.

"Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM, tous deux basés à Rome, dans un communiqué commun.

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.

L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".

Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh.

"Nous sommes au bord d'une catastrophe alimentaire totalement évitable qui menace de provoquer une famine généralisée dans de nombreux pays", a mis en garde Cindy McCain, directrice générale du PAM, citée dans le communiqué, ajoutant que "ne pas agir maintenant ne fera qu'aggraver l'instabilité".

Le financement de l'aide humanitaire est "dangereusement insuffisant", alerte également le rapport, précisant que sur les 29 milliards de dollars nécessaires pour venir en aide aux populations vulnérables, seuls 10,5 milliards ont été reçus, précipitant notamment l'aide alimentaire aux réfugiés "au bord de la rupture".

Le PAM indique avoir réduit son assistance aux réfugiés et aux personnes déplacées en raison des coupes budgétaires et suspendu les programmes d'alimentation scolaire dans certains pays.

La FAO prévient de son côté que les efforts pour protéger les moyens de subsistance agricoles sont menacés et alerte sur la nécessité d'un financement urgent pour les semences et les services de santé animale.

"La prévention de la famine n’est pas seulement un devoir moral – c’est un investissement judicieux pour la paix et la stabilité à long terme", a rappelé le directeur général de la FAO, Qu Dongyu.

 


UE: quatre pays bénéficiaires de l'aide à la répartition des migrants

Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
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  • La Commission européenne propose de relocaliser au moins 30.000 demandeurs d’asile depuis l’Italie, l’Espagne, la Grèce et Chypre vers d’autres États membres pour alléger la pression migratoire sur ces pays
  • Les 27 pays de l’UE doivent désormais négocier : chaque État devra soit accueillir des migrants, soit verser 20.000 € par personne — un débat déjà tendu entre pays réticents

BRUXELLES: La Commission européenne a annoncé mardi que l'Italie, l'Espagne, la Grèce et Chypre devraient recevoir de l'aide pour répartir ailleurs au moins 30.000 demandeurs d'asile et ainsi alléger la "pression migratoire" pesant sur ces pays.

Cette annonce va ouvrir des négociations délicates entre les 27 États membres de l'Union européenne (UE), dont nombre d'entre eux se montrent réticents à l'idée d'en accueillir.

L'UE a adopté en 2024 une réforme de sa politique sur la migration et l'asile, qui va bientôt entrer en vigueur.

L'élément clé est un nouveau système de "solidarité" visant à aider les pays méditerranéens considérés par Bruxelles comme étant sous "pression migratoire".

Les autres pays devront soit accueillir une partie des demandeurs d'asile en provenance de ces pays, soit leur verser une aide financière de 20.000 euros par migrant.

Les États membres ont cherché à influencer la décision de la Commission, ce qui a retardé son annonce d'un mois.

"La Grèce et Chypre subissent une forte pression migratoire du fait du niveau disproportionné des arrivées au cours de l'année écoulée", a déclaré mardi la Commission dans un communiqué.

"L'Espagne et l'Italie subissent également une forte pression migratoire du fait d'un nombre disproportionné d'arrivées à la suite d'opérations de sauvetage et de recherche en mer durant la même période", a-t-elle ajouté.

Cette annonce servira de base aux négociations entre États membres sur le nombre supplémentaire de demandeurs d'asile que chacun est disposé à accueillir, ou le montant de l'aide financière qu'il est prêt à apporter.

Certains pays ont déjà assuré qu'ils n'accueilleraient personne dans le cadre de ce dispositif et qu'ils se limiteraient à verser de l'argent.

Au moins 30.000 migrants devront être "relocalisés" chaque année dans le cadre du nouveau système. Le nombre définitif reste à déterminer, et la décision de qui ira où doit être prise d'ici fin décembre.