PARIS : Des couleurs dans tous les sens et des silhouettes adoucies : la Semaine de la mode masculine de Paris, qui s'achève dimanche, s'est révélée très créative et a soufflé un vent de fraîcheur contre la morosité ambiante.
Malgré une actualité pesante et les turbulences économiques que traverse le secteur du luxe, cette Fashion Week a été qualifiée de « shot de créativité qui fait un bien fou » par Alice Feillard, directrice des achats Homme aux Galeries Lafayette.
Adrien Communier, chef de rubrique mode chez GQ France, confirme que cette saison printemps-été 2026 « est beaucoup plus créative que les précédentes, qui étaient un peu plus ternes ».
Outre des looks plus inspirés, les deux spécialistes ont noté un climat plus apaisé, Alice Feillard soulignant la « bonne humeur » et l'« optimisme », tandis qu'Adrien Communier évoquait une « ambiance plus légère ».
« Comme il y a eu beaucoup de débuts, il y a eu beaucoup de renouveau. Et, du coup, je trouve que les gens étaient plus curieux », ajoute-t-il.
Après un défilé remarqué pour femmes en mars, Julian Klausner a notamment fait sensation jeudi avec sa première collection masculine chez Dries Van Noten, tandis que les débuts très attendus de Jonathan Anderson chez Dior ont été acclamés vendredi.
Sur le podium, ce regain d'imagination s'est notamment illustré par une explosion de couleurs. Exit les tons marron et les pastels : l'été prochain se déclinera dans une palette de couleurs beaucoup plus profonde.
Saint Laurent a donné le ton dès le premier jour avec du violet, du bleu foncé, de l'orange et du vert mousse, suivi dans la foulée par les inspirations indiennes de Pharrell Williams chez Louis Vuitton.
Le fuchsia intense et le rouge sang chez Dries Van Noten ont également marqué les esprits, tandis que Kenzo a bombardé le podium de rose bonbon, de bleu piscine et de jaune poussin.
Chez Dior Homme, la couleur se faisait plus rare, mais toujours intense — comme ce vert forêt éclatant sur un manteau trapèze. Les teintes s’exprimaient parfois sous forme d’imprimés : motif tigre chez Kenzo, ambiance safari enfantin chez Louis Vuitton, et floraisons élégantes chez Dior.
L’imprimé se déclinait également dans un style géométrique très pop et années 1970 chez Comme des Garçons Plus. Cette esthétique s’est largement retrouvée chez Amiri, Saint Laurent ou encore Junya Watanabe, notamment avec ses pantalons flare. Les rayures, elles, faisaient une apparition discrète mais généralisée, sans jamais dominer les silhouettes.
Globalement, la mode masculine semble renouer avec une grande souplesse : pantalons évasés, longues vestes, chemises ouvertes, le tout dans une ambiance résolument détendue, souvent marquée par une tendance pyjama.
« Il y a une espèce de nonchalance un peu assumée, un peu prestigieuse, d’avoir une silhouette très souple et toujours extrêmement bien pensée », observe Adrien Communier. Le néo-dandy de la saison dernière adopte ainsi une allure plus relâchée.
« C’est toujours le tailoring, ce style fondé sur le costume, qui reste omniprésent dans les collections, mais il se fluidifie. Il y a encore ce formalisme, mais beaucoup plus décontracté, qui reste très élégant, assoupli », ajoute Alice Feillard.
Côté accessoires, les sacs dominent, qu’ils soient portés à la main ou à l’épaule, aussi bien pour une soirée que pour un week-end.
Enfin, aux pieds, c’est le grand retour des tongs ,vues chez Officine Générale, Auralee ou même Hermès, « qui se portent de façon presque formelle », note Adrien Communier. Une preuve de plus que le chic et le décontracté ne sont plus incompatibles.