Après un court bail à Matignon, Attal se projette déjà sur l'après

Le Premier ministre français sortant Gabriel Attal (C) s'exprime dans une classe de l'école primaire Jean de la Fontaine, à l'occasion de la rentrée scolaire, à Issy-les-Moulineaux, au sud de Paris, le 2 septembre 2024. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
Le Premier ministre français sortant Gabriel Attal (C) s'exprime dans une classe de l'école primaire Jean de la Fontaine, à l'occasion de la rentrée scolaire, à Issy-les-Moulineaux, au sud de Paris, le 2 septembre 2024. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
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Publié le Jeudi 05 septembre 2024

Après un court bail à Matignon, Attal se projette déjà sur l'après

  • Gabriel Attal promis jeudi de "continuer" à "tisser" le "lien" qui l'unit aux Français, dans un message posté sur X après la nomination de son successeur.
  • Néanmoins le plus jeune Premier ministre de la Ve République s'est trouvé, à 35 ans, dans une situation inédite : celle d'avoir été démissionnaire pendant 51 jours, du jamais vu.

PARIS : Resté 8 mois à Matignon, l'ambitieux Gabriel Attal, remplacé mardi par l'ancien ministre de droite Michel Barnier, se projette déjà sur la suite, avec la présidentielle dans le viseur, fort d'une popularité qui a peu faibli et de la conquête de son camp, de l'Assemblée nationale au parti.

Il a promis jeudi de "continuer" à "tisser" le "lien" qui l'unit aux Français, dans un message posté sur X après la nomination de son successeur.

"Jeune et talentueux, Gabriel Attal fait partie de ceux à qui on pense pour l'avenir", témoigne un soutien, même si la prise de la présidence du groupe des députés de son camp, "à la hussarde", et ses visées sur le parti "ne lui créent pas que des amis".

Avec la casquette de député, le Premier ministre démissionnaire a passé cet été de longues heures à l'Assemblée pour consolider ce groupe de députés très éprouvés par la dissolution mais qui ont apprécié son investissement dans la campagne des législatives.

Non sans faire grincer quelques dents. "Quand vous avez des ambitions vous avez forcément des adversaires", ajoute le même allié.

Au-delà de l'Assemblée, Gabriel Attal aurait aussi des visées sur le riche parti Renaissance, aussi brigué par sa prédécesseure Élisabeth Borne, elle-même soutenue par d'autres poids lourds de la macronie, dont l'ex ministre de l'Intérieur, issu de la droite, Gérald Darmanin.

- "Pas collectif" -

"Attal est très gourmand, il profite du moment", résume un responsable du parti. Pour conquérir le parti, il mise sur le soutien des militants et des députés "versus les cadres".

"Mais à un moment il aura quand même besoin de soutiens, de faire une équipe s'il veut faire une écurie présidentielle", met en garde le même, qui lui reproche de ne "pas jouer collectif".

"Il veut tout contrôler", grince une ministre. Lors d'une réunion de la direction du parti début août, Gabriel Attal n'a pas obtenu d'accélération du calendrier pour avancer la date du congrès, qui aurait pu faciliter son élection à la tête du mouvement.

Il soigne depuis ses arrières: il a vu la ministre Aurore Bergé qui soutenait l'idée d'une direction collégiale du groupe à l'Assemblée, et rencontré la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, dont la réélection avait suscité des remous dans le camp macroniste.

Gabriel Attal ne détient pas le record du mandat le plus court rue de Varenne, qui revient à l'ex socialiste Bernard Cazeneuve (5 mois), un temps envisagé pour lui succéder.

Néanmoins le plus jeune Premier ministre de la Ve République s'est trouvé, à 35 ans, dans une situation inédite : celle d'avoir été démissionnaire pendant 51 jours, du jamais vu.

Cet été il a ainsi alternativement endossé le costume de Premier ministre chargé des affaires courantes pendant les Jeux olympiques, et celui de chef de groupe préparant un "pacte de coalition".

- "Corps et âmes" -

Malgré ce court bail, Gabriel Attal espère laisser sa marque sur plusieurs dossiers comme l'éducation, "mère des batailles". "Ce qui se joue ici dans les salles de classes, c'est l'avenir de notre pays", a-t-il souligné lundi, lors d'un de ses derniers déplacements dans sa circonscription des Hauts-de-Seine pour la rentrée scolaire.

Pendant que l’Élysée nommait Michel Barnier, l'ancien ministre de l'Education nationale a participé à une marche blanche contre le harcèlement dans les Yvelines.

Il a souhaité que son successeur "transforme l'essai" des chantiers qu'il n'a pu terminer. Son bilan sur l'école fera partie des quatre à cinq thématiques qu'il entend mettre en avant lors de la passation, selon son entourage.

Coupé dans son élan par la dissolution, sur laquelle Emmanuel Macron ne l'a pas consulté, Gabriel Attal assure s'être "battu corps et âme pour éviter le pire" aux législatives, soit une victoire de l'extrême droite, en prenant la direction de la campagne et en prônant le désistement face au Rassemblement national.

Le camp présidentiel a évité ainsi la déroute: l'ex majorité, avec ses trois composantes Renaissance, MoDem et Horizons, a perdu certes une centaine de députés mais s'est hissée contre toute attente à la deuxième place derrière la gauche et devant le RN.

Gabriel Attal a aussi pris ses distances avec Emmanuel Macron, qui l'avait présenté comme l'un de ses potentiels héritiers, en appelant les Français à le "choisir" comme Premier ministre aux élections législatives. En attendant la présidentielle ?


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.