Gaza: près de 60% des bâtiments endommagés ou détruits

Depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza entre Israël et le Hamas palestinien il y a un an, l'offensive israélienne a causé, outre un lourd bilan humain et une grave crise humanitaire, un niveau de destructions "sans parallèle" dans le monde ces dernières années. (AFP)
Depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza entre Israël et le Hamas palestinien il y a un an, l'offensive israélienne a causé, outre un lourd bilan humain et une grave crise humanitaire, un niveau de destructions "sans parallèle" dans le monde ces dernières années. (AFP)
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Publié le Dimanche 22 septembre 2024

Gaza: près de 60% des bâtiments endommagés ou détruits

  • l'offensive israélienne a causé, outre un lourd bilan humain et une grave crise humanitaire, un niveau de destructions "sans parallèle" dans le monde ces dernières années.
  • D'après Amnesty international, sur 58 km2 longeant la frontière du territoire palestinien avec Israël, c'est plus de 90% des bâtiments qui semblent avoir été "détruits ou gravement endommagés" entre octobre 2023 et mai 2024.

PARIS : Depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza entre Israël et le Hamas palestinien il y a un an, l'offensive israélienne a causé, outre un lourd bilan humain et une grave crise humanitaire, un niveau de destructions "sans parallèle" dans le monde ces dernières années.

- 169.000 bâtiments endommagés ou détruits -

D'après les analyses satellites des chercheurs américains Corey Scher et Jamon Van Den Hoek, au 13 septembre 2024, 58,7% des bâtiments de la bande de Gaza avaient été endommagés ou détruits, soit près de 169.000 en tout. Les plus importantes destructions sont survenues au cours des deux/trois premiers mois du conflit.

Depuis le 7 octobre et l'attaque sans précédent menée par le Hamas sur le sol israélien, qui a entraîné la mort côté israélien de 1.205 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens et incluant les otages morts ou tués en captivité dans la bande de Gaza, l'armée israélienne pilonne sans relâche ce territoire exigu de 365 kilomètres carrés et densément construit.

La campagne militaire israélienne de représailles sur la bande de Gaza a fait jusqu'à présent plus de 41.000 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.

- La ville de Rafah à moitié détruite -

Dans le nord, la ville de Gaza, qui comptait 600.000 habitants avant la guerre, n'est que désolation avec près des trois quarts (73,9%) de ses bâtiments touchés.

A Rafah, dans l'extrême sud, jouxtant la frontière avec l'Egypte, où les troupes de l'armée israélienne sont engagées au sol depuis le début du mois de mai, 46,3% des bâtiments ont été touchés (contre 33,9% en avril). De plus en plus de façades d'immeubles ou de maisons sont éventrées ou totalement détruites.

Et d'après Amnesty international, sur 58 km2 longeant la frontière du territoire palestinien avec Israël, c'est plus de 90% des bâtiments qui semblent avoir été "détruits ou gravement endommagés" entre octobre 2023 et mai 2024.

- Moins d'un hôpital sur deux opérationnel -

Les hôpitaux sont souvent pris pour cible par l'armée israélienne, qui ne cesse d'accuser les combattants du Hamas de s'en servir comme bases pour s'abriter ou lancer des attaques. Les assauts israéliens sur l'hôpital al-Chifa, le plus grand hôpital de Gaza, l'a réduit à une "coquille vide avec des tombes", selon l'OMS.

Au 20 août, seuls 16 des 36 hôpitaux (44%) étaient "partiellement" opérationnels, selon l'OMS.

Pour les lieux de cultes, en combinant des données de l'Unosat et de OpenStreetMap, il ressort que 70% des mosquées ont été endommagées ou détruites.

- Près de 85% des écoles endommagées -

Les bâtiments scolaires, qui servent de refuge aux déplacés notamment ceux sur lesquels flotte le drapeau bleu de l'ONU, payent également un lourd tribut, l'armée israélienne accusant le Hamas de les utiliser pour cacher des combattants.

L'Unicef comptabilise, au 6 juillet, au moins 477 écoles ayant subi des dégâts, soit près de 85% des 564 établissements répertoriés. Parmi elles, 133 ont été endommagées (potentiellement sévèrement) et 344 directement touchées.

En septembre, le Fonds mondial des Nations unies pour l'Education dans les situations d'urgence et de crise, "Education Cannot Wait", faisait état de près de 90% des bâtiments scolaires "endommagés ou détruits" et d'un système éducatif "décimé".

- Et 68% des surfaces agricoles -

Selon des images du centre satellitaire de l'ONU, datant du 27 août, 68% des surfaces agricoles ont été endommagées, soit 102 km2. Dans le gouvernorat de Gaza Nord, 78%, et dans celui de Rafah, 57%.

La destruction des biens agricoles (comprenant les systèmes d'irrigation, les fermes d'élevage, les vergers, les machines et les installations de stockage) est encore plus importante avec entre 80 et 96% "décimés" dès le début de l'année 2024, selon un rapport de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement publié en septembre.

Le réseau routier est lui endommagé à 68% avec au total 1.190 km de routes détruites, 415 km sévèrement endommagées et 1.440 km modérément endommagées, d'après une "analyse préliminaire" d'Unosat sur des données au 18 août.

"C'est inimaginable le niveau de souffrance à Gaza, le niveau de morts et de destruction n'a pas de parallèle avec ce que j'ai pu voir depuis que je suis secrétaire général", a déclaré en septembre Antonio Guterres, à ce poste depuis début 2017.


Le pape appelle à «de nouvelles approches» au Moyen-Orient pour rejeter la violence

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  • Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage"
  • "Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix"

BEYROUTH: Le pape Léon XIV a appelé mardi, devant 150.000 personnes réunies pour une messe en plein air à Beyrouth, à "de nouvelles approches au Moyen-Orient" meurtri par les conflits, pour y faire prévaloir la paix.

Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage".

"Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix", a déclaré le souverain pontife.

Affirmant "prier spécialement pour le Liban bien-aimé", il a demandé "à la communauté internationale de ne ménager aucun effort pour promouvoir des processus de dialogue et de réconciliation" dans cette région meurtrie par les conflits.

La visite du chef de l'église catholique a donné un souffle d'espoir au Liban, qui a connu une guerre meurtrière avec Israël il y a un an et craint une nouvelle escalade malgré le cessez-le-feu.

Léon XIV a également appelé les dirigeants "dans tous les pays marqués par la guerre et la violence" à "écouter le cri" des "peuples qui appellent à la paix".

S'adressant aux "chrétiens du Levant, citoyens à part entière de ces terres", le pape leur a dit: "ayez du courage. Toute l'Église vous regarde avec affection et admiration".


Une plainte en France pour «entrave» au travail des reporters à Gaza

Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
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  • "Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination"
  • "Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse"

PARIS: Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza.

Ces faits pourraient selon ces organisations constituer des "crimes de guerre", pour lesquels le parquet national antiterroriste à Paris peut enquêter, dès lors qu'ils sont commis contre des Français.

"Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination dans un contexte international où les atteintes à la liberté de la presse sont devenues structurelles", soulignent les plaignants dans la centaine de pages de leur requête, rendue publique par franceinfo.

"Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse", a commenté Me Louise El Yafi, l'une des avocates à l'origine de la plainte.

Elle "souligne aussi l'insécurité croissante visant les journalistes français en Cisjordanie (...). Ces atteintes, en violation du droit international humanitaire, relèvent également de crimes de guerre", ajoute sa consoeur Me Inès Davau.

Un journaliste français travaillant pour plusieurs rédactions francophones, qui a tenu à garder l'anonymat, porte lui aussi plainte: il dénonce son "agression" par des colons lors d'un reportage dans les territoires occupés.

Reporters sans frontières (RSF) a décompté plus de 210 journalistes tués depuis le début des opérations militaires israéliennes à Gaza, en représailles à l'attaque du 7 octobre 2023 par le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Depuis le début de la guerre, les autorités israéliennes ont empêché les journalistes de médias étrangers d'entrer de manière indépendante à Gaza, autorisant seulement au cas par cas une poignée de reporters à accompagner leurs troupes.

En France, plusieurs plaintes ont été déposées en lien avec le conflit. Elles visent notamment des soldats franco-israéliens d'une unité d'élite de l'armée israélienne, l'entreprise française d'armement Eurolinks ou encore des Franco-Israéliens qui se rendraient complices du crime de colonisation.

Suite à une plainte, le parquet national antiterroriste a aussi demandé à un juge d'instruction parisien d'enquêter pour "crimes de guerre" dans le dossier de la mort de deux enfants français dans un bombardement israélien à Gaza en octobre 2023.


Trump avertit Israël de ne pas «interférer» avec la Syrie

Une incursion vendredi des forces israéliennes dans un village du sud de la Syrie avait fait 13 morts, selon Damas, tandis que l'armée israélienne a affirmé avoir visé un groupe islamiste. (AFP)
Une incursion vendredi des forces israéliennes dans un village du sud de la Syrie avait fait 13 morts, selon Damas, tandis que l'armée israélienne a affirmé avoir visé un groupe islamiste. (AFP)
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  • Le président américain a échangé au téléphone avec Benjamin Netanyahu et l'a de nouveau invité à la Maison Blanche, ont affirmé les services du Premier ministre israélien peu après l'avertissement lancé par Donald Trump
  • "Il est très important qu'Israël maintienne un dialogue fort et véritable avec la Syrie, que rien ne vienne interférer avec l'évolution de la Syrie en un Etat prospère"

WASHINGTON: Donald Trump a mis en garde Israël lundi contre toute ingérence en Syrie qui risquerait de compromettre la transition du pays arabe en "Etat prospère", après une incursion vendredi de forces israéliennes dans le sud de la Syrie.

Le président américain a échangé au téléphone avec Benjamin Netanyahu et l'a de nouveau invité à la Maison Blanche, ont affirmé les services du Premier ministre israélien peu après l'avertissement lancé par Donald Trump.

"Il est très important qu'Israël maintienne un dialogue fort et véritable avec la Syrie, que rien ne vienne interférer avec l'évolution de la Syrie en un Etat prospère", a déclaré le président américain sur sa plateforme Truth Social, affirmant que les Etats-Unis étaient "très satisfaits des résultats affichés" par Damas.

Une incursion vendredi des forces israéliennes dans un village du sud de la Syrie avait fait 13 morts, selon Damas, tandis que l'armée israélienne a affirmé avoir visé un groupe islamiste.

Depuis la chute il y a près d'un an du président Bachar al-Assad, renversé par une coalition islamiste, Israël a mené des centaines de frappes et conduit des incursions en Syrie. L'opération de vendredi est la plus meurtrière de celles-ci et le ministère syrien des Affaires étrangères a dénoncé un "crime de guerre".

Donald Trump avait reçu début novembre à la Maison Blanche le nouveau chef d'Etat syrien, Ahmad al-Chareh, pour une visite cordiale, au cours de laquelle l'ancien jihadiste avait annoncé que son pays rejoindrait la coalition internationale contre le groupe Etat islamique (EI). Le président américain, qui a levé les sanctions contre Damas, pousse également pour qu'un accord de sécurité soit conclu entre Israël et la Syrie.

"Le nouveau président de la Syrie, Ahmad al-Chareh, travaille de manière assidue pour s'assurer que des bonnes choses arrivent et que la Syrie et Israël aient à l'avenir une relation longue et prospère ensemble", a déclaré lundi Donald Trump dans son post sur Truth Social.

"C'est une opportunité historique, et elle s'ajoute au SUCCÈS, déjà atteint, pour la PAIX AU MOYEN-ORIENT", a-t-il affirmé.

Invitation 

Lors de leur échange par téléphone lundi, Benjamin Netanyahu et Donald Trump ont évoqué un "élargissement" des accords de paix régionaux, selon un communiqué des services du Premier ministre israélien publié dans la foulée du post de Donald Trump.

"Trump a invité le Premier ministre Netanyahu à une rencontre à la Maison Blanche dans un avenir proche", ont-ils ajouté.

Benjamin Netanyahu a déjà effectué davantage de visites auprès de Donald Trump que n'importe quel autre dirigeant étranger depuis le retour du républicain au pouvoir.

"Les deux dirigeants ont souligné l'importance et le devoir de désarmer le Hamas et de démilitariser la bande de Gaza", précise le communiqué.

Depuis la chute de Bachar al-Assad, Israël a déployé des troupes dans la zone démilitarisée sur le plateau du Golan, au-delà de la ligne de démarcation entre la partie de ce territoire syrien annexée unilatéralement par Israël en 1981 et le reste de la Syrie.

Israël attache une "importance immense" à sa présence militaire dans la zone tampon en Syrie, avait déclaré le 19 novembre son Premier ministre, Benjamin Netanyahu, lors d'une visite à des soldats israéliens déployés dans cette zone censée être sous le contrôle de l'ONU.

Cette visite avait été dénoncée par Damas et par l'ONU.

Pendant l'été, des contacts de haut niveau entre responsables israéliens et syriens ont eu lieu, avec l'aide de Paris et Washington, les deux parties indiquant vouloir parvenir à un accord de sécurité.

Mais Benjamin Netanyahu exige pour cela une démilitarisation de toute la partie du territoire syrien courant du sud de Damas jusqu'à la ligne de démarcation de 1974, instituée après la guerre israélo-arabe de 1973.