Liban: 100 morts, 400 blessés après plus de 300 frappes israéliennes sur le sud et l'est du pays

Les correspondants de l'AFP dans le sud et l'est du pays ont fait état de frappes intenses. (AFP)
Les correspondants de l'AFP dans le sud et l'est du pays ont fait état de frappes intenses. (AFP)
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Publié le Lundi 23 septembre 2024

Liban: 100 morts, 400 blessés après plus de 300 frappes israéliennes sur le sud et l'est du pays

  • L'agence ANI a indiqué que "les avions de guerre ennemis avaient lancé (...) plus de 80 frappes aériennes en une demi-heure", visant le secteur de Nabatiyeh, dans le sud du Liban
  • Elle a aussi rapporté "des raids intenses dans vallée de la Békaa", dans l'est du pays et plus en profondeur dans le territoire libanais

BEYROUTH: Le ministère libanais de la Santé a annoncé dans un nouveau bilan que 100 personnes avaient été tuées et plus de 400 autres blessées dans les frappes intensives israéliennes sur le sud du pays lundi, le plus lourd bilan en près d'un an de violences.

"Les frappes israéliennes sur les localités et les villages du sud ont fait selon un dernier bilan 100 morts et plus de 400 blessés", dont des enfants, des femmes et des secouristes, a indiqué le ministère dans un communiqué. Un bilan précédent faisait état de 50 morts.

L'agence ANI a indiqué que "les avions de guerre ennemis avaient lancé (...) plus de 80 frappes aériennes en une demi-heure", visant le secteur de Nabatiyeh, dans le sud du Liban. 

Elle a aussi rapporté "des raids intenses dans vallée de la Békaa", dans l'est du pays et plus en profondeur dans le territoire libanais.

De son côté, l'armée israélienne a indiqué avoir ciblé lundi plus de 300 sites du Hezbollah au Liban, où le mouvement islamiste tire des roquettes sur le territoire israélien en soutien au Hamas palestinien en guerre contre Israël dans la bande de Gaza.

"Plus de 300 sites du Hezbollah ont été ciblés" depuis lundi matin, a déclaré l'armée dans un communiqué. Plus tôt, elle avait évoqué environ 150 frappes de 06H30 à 07H30 (03H30 à 04H30 GMT).

Les correspondants de l'AFP dans le sud et l'est du pays ont fait état de frappes intenses.

Une source du Hezbollah, qui a requis l'anonymat, a déclaré que les frappes dans la vallée de la Bekaa visaient l'est et l'ouest de la région.

L'armée israélienne avait conseillé tôt lundi aux citoyens libanais de "s'éloigner des cibles" du Hezbollah dans le sud du Liban, ajoutant que les frappes visant le mouvement islamiste allaient "se poursuivre dans un avenir proche" et que celles-ci seraient "plus importantes et plus précises".

Le puissant Hezbollah pro-iranien a ouvert le 8 octobre 2023 un front contre Israël en "soutien" au Hamas, son allié, jurant de continuer à attaquer Israël "jusqu'à la fin de l'agression" dans la bande de Gaza, où Israël est en guerre contre le mouvement palestinien depuis le 7 octobre.

Les échanges de tirs ont gagné en intensité depuis la vague d'explosions spectaculaires des appareils de transmission du Hezbollah, attribuées à Israël, qui a fait 39 morts et 2.931 blessés mardi et mercredi dans les fiefs du mouvement au Liban, selon les autorités libanaises.

Vendredi, une frappe israélienne dans la banlieue sud de Beyrouth a décapité la force d'élite du Hezbollah, dont 16 membres ont été tués. Le raid a fait 45 morts au total dont des civils, selon les autorités libanaises.

Israël conseille aux citoyens libanais de « s'éloigner des cibles » du Hezbollah dans le sud du Liban

L'armée israélienne a conseillé lundi aux Libanais de "s'éloigner des cibles" du Hezbollah dans le sud du Liban, ajoutant que les frappes visant le mouvement islamiste allaient "se poursuivre dans un avenir proche" et qu'elles seraient "plus importantes et plus précises".

Il s'agit du premier avertissement de ce type adressé à la population libanaise par l'armée israélienne depuis le début de la guerre le 7 octobre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas dans la bande de Gaza, au lendemain de laquelle le Hezbollah a commencé à tirer des roquettes sur le territoire israélien, affirmant soutenir ainsi son allié du Hamas et les Palestiniens de Gaza.

"Nous conseillons aux civils des villages libanais situés à l'intérieur ou à proximité de bâtiments et de zones utilisés par le Hezbollah à des fins militaires, tels que ceux utilisés pour stocker des armes, de se mettre immédiatement à l'abri pour leur propre sécurité", a déclaré le porte-parole de l'armée, le contre-amiral Daniel Hagari, lors d'un point presse.

L'armée israélienne a mené lundi matin de nouvelles frappes visant des sites du Hezbollah, et les bombardements vont se poursuivre "dans un avenir proche" avec "des frappes plus importantes et plus précises contre les cibles terroristes" du Hezbollah, a-t-il encore dit.

Lors d'un briefing un peu plus tard avec des journalistes, un responsable militaire israélien a souligné que l'appel lancé à la population libanaise était le premier du genre.

"C'est la première fois que nous lançons ce genre d'avertissement de cette manière", a-t-il dit.

"Si vous vous trouvez dans une maison où il y a une roquette ou un missile de croisière, sortez immédiatement", a déclaré le responsable en référence à cet appel, ajoutant que l'armée effectuait une surveillance "depuis les airs" pour évaluer si son avertissement à la population libanaise était suivi d'effet.

Le responsable a par ailleurs souligné que l'armée israélienne se concentrait actuellement "uniquement sur la campagne aérienne" contre le Hezbollah, dont les fiefs se trouvent dans le sud du Liban, dans la banlieue sud de Beyrouth et dans l'est du pays.

Le premier objectif de l'opération est de "réduire les menaces" du Hezbollah, le deuxième de repousser le Hezbollah de la frontière israélienne au nord, et le troisième de détruire les infrastructures construites près de la frontière par l'unité Radwan, la force d'élite du Hezbollah, a-t-il détaillé.

Le responsable a également indiqué que les frappes "préventives" d'Israël avaient déjà entravé la capacité du Hezbollah à tirer des roquettes.

"Nous le faisons depuis longtemps déjà, mais nous le faisons de manière intense depuis deux jours (...), et c'est l'une des raisons pour lesquelles le nombre (de roquettes tirées) est en baisse", a-t-il affirmé.

Le Hezbollah annonce avoir bombardé trois cibles dans le nord d'Israël "en réponse" aux frappes intensives

Le Hezbollah a annoncé lundi avoir lancé des roquettes sur trois cibles dans le nord d'Israël, après que l'armée israélienne a dit avoir visé plus de 300 sites du mouvement islamiste pro-iranien au Liban.

"En réponse aux attaques de l'ennemi israélien qui ont visé les régions du sud et de la Békaa", les combattants du Hezbollah ont "bombardé deux positions militaires israéliennes ainsi que les complexes de l'industrie militaire Rafael", a indiqué le Hezbollah dans un communiqué.

 

Le ministère de la Santé appelle les hôpitaux du sud et de l'est à cesser les opérations non urgentes

Le ministère de la Santé a demandé lundi aux hôpitaux du sud et de l'est du Liban de suspendre toutes les opérations non urgentes afin d'accueillir les blessés atteints par les frappes intensives israéliennes.

Le ministère "demande à tous les hôpitaux" du sud et de l'est du Liban de "suspendre toutes les interventions chirurgicales non urgentes afin de libérer des capacités pour soigner les blessés, en raison de l'escalade de l'agression israélienne contre le Liban", précise un communiqué.

Ecoles fermées lundi et mardi dans les zones ciblées par les raids 

Le ministre de l'Education libanais, Abbas Halabi, a annoncé la fermeture des écoles lundi et mardi dans les zones ciblées par les frappes israéliennes, dans le sud et l'est du pays, et dans la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah.

Dans un communiqué, le ministre a décrété "la fermeture des écoles publiques et privées" lundi et mardi dans le sud et l'est du pays, cible d'intenses frappes israéliennes, ainsi que dans la banlieue sud de Beyrouth, visée vendredi par un raid meurtrier, en raison "de la situation militaire et sécuritaire".


Israël: des élus favorables à une loi instaurant la peine de mort pour les «terroristes»

 La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
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  • Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative
  • La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture

JERUSALEM: La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir.

La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture.

Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative.

Dans une note explicative de la commission, il est indiqué que "son objectif est de couper le terrorisme à sa racine et de créer une forte dissuasion".

Le texte propose qu'un "terroriste reconnu coupable de meurtre motivé par le racisme ou la haine (...) soit condamné à la peine de mort - de manière obligatoire", ajoutant que cette peine serait "non optionnelle".

La proposition de loi a été présentée par une élue du parti Otzma Yehudit (Force Juive) d'Itamar Ben Gvir.

Ce dernier a menacé de cesser de voter avec la coalition de droite de Benjamin Netanyahu si ce projet de loi n'était pas soumis à un vote parlementaire d'ici le 9 novembre.

"Tout terroriste qui se prépare à commettre un meurtre doit savoir qu'il n'y a qu'une seule punition: la peine de mort", a dit le ministre lundi dans un communiqué.

M. Ben Gvir avait publié vendredi une vidéo de lui-même debout devant une rangée de prisonniers palestiniens allongés face contre terre, les mains attachées dans le dos, dans laquelle il a appelé à la peine de mort.

Dans un communiqué, le Hamas a réagi lundi soir en affirmant que l'initiative de la commission "incarne le visage fasciste hideux de l'occupation sioniste illégitime et constitue une violation flagrante du droit international".

"Nous appelons les Nations unies, la communauté internationale et les organisations pertinentes des droits de l'Homme et humanitaires à prendre des mesures immédiates pour arrêter ce crime brutal", a ajouté le mouvement islamiste palestinien.

Le ministère palestinien des Affaires étrangères et des expatriés, basé à Ramallah, a également dénoncé cette décision, la qualifiant de "nouvelle forme d'extrémisme israélien croissant et de criminalité contre le peuple palestinien".

"C'est une étape dangereuse visant à poursuivre le génocide et le nettoyage ethnique sous le couvert de la légitimité", a ajouté le ministère.


Frappes israéliennes sur le sud du Liban: deux morts 

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
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  • Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé
  • Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani

BEYROUTH: Des frappes israéliennes sur le sud du Liban ont tué lundi deux personnes et blessé sept autres, a indiqué le ministère libanais de la Santé, au lendemain de la menace d'Israël d'intensifier ses attaques contre le Hezbollah pro-iranien.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024, Israël continue de mener des attaques régulières contre les bastions du Hezbollah. Et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a accusé dimanche le Hezbollah de tenter de se "réarmer".

Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé.

Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani.

Sur place, un photographe de l'AFP a vu des pompiers tenter d'éteindre l'incendie de la voiture visée qui s'est propagé à d'autres véhicules à proximité. Des ouvriers ramassaient les bris de verre des devantures de commerces endommagées, a-t-il également constaté.

Une autre frappe sur un village de la région de Bint Jbeil a fait un mort, selon le ministère de la Santé.

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah.

Des centaines de personnes ont participé à leurs funérailles dimanche dans la ville de Nabatiyé, scandant "Mort à Israël".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth, mais il demeure financièrement résilient et armé.

Les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, ce que le Hezbollah refuse.

"Nous attendons du gouvernement libanais qu'il fasse ce qu'il s'est engagé à faire, c'est-à-dire désarmer le Hezbollah, mais il est clair que nous exercerons notre droit à l'autodéfense comme convenu dans les termes du cessez-le-feu", avait averti le Premier ministre israélien dimanche.


La Turquie mobilise ses partenaires musulmans autour de Gaza

La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
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  • Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël
  • "Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens

ISTANBUL: La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien.

Les ministres de ces sept pays (Turquie, Arabie saoudite, Qatar, Emirats arabes unis, Jordanie, Pakistan et Indonésie), tous membres de l'organisation de la coopération islamique (OCI), avaient été reçus par Donald Trump fin septembre à New York en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, avant la présentation du plan de paix américain six jours plus tard.

Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 10 octobre, alors que "le Hamas semble déterminé" à respecter l'accord, estime-t-il.

"Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens.

En amont de cette réunion, le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan a reçu samedi une délégation du bureau politique du Hamas emmenée par Khalil al-Hayya, le négociateur en chef du mouvement islamiste palestinien.

Selon des responsables du ministère des Affaires étrangères, M. Fidan doit appeler à la mise en place de mécanismes permettant aux Palestiniens d'assurer la sécurité et la gouvernance de Gaza.

"Agir avec prudence" 

"Nous devons mettre fin au massacre à Gaza. Un cessez-le-feu à lui seul ne suffit pas", a insisté M. Fidan lors d'un forum à Istanbul.

"Nous devons reconnaître que Gaza doit être gouvernée par les Palestiniens et agir avec prudence", a encore souligné le ministre turc, plaidant de nouveau pour une solution à deux Etats.

Le chef de la diplomatie turque accuse Israël de chercher des prétextes pour rompre le cessez-le-feu.

Mais les efforts d'Ankara, qui multiplie les contacts diplomatiques avec les pays de la région et cherche à infléchir la position pro-israélienne des Etats-Unis, sont vus d'un mauvais œil par Israël qui juge Ankara trop proche du Hamas.

Les dirigeants israéliens ont exprimé à plusieurs reprises leur refus de voir la Turquie participer à la force internationale de stabilisation à Gaza.

En vertu du plan de Donald Trump, sur lequel est basé l'accord de cessez-le-feu, cette force de stabilisation, formée principalement de troupes de pays arabes et musulmans, doit se déployer à Gaza à mesure que l'armée israélienne s'en retirera.

Seuls des pays jugés "impartiaux" pourront rejoindre cette force, a cependant prévenu le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar.

Autre signe de la méfiance du gouvernement israélien : une équipe de secouristes turcs dépêchée pour participer à la recherche de corps, y compris israéliens, dans les ruines de Gaza, attendait toujours en fin de semaine dernière le feu vert israélien pour entrer dans le territoire palestinien, selon Ankara.