Frappes israéliennes sur le Liban, après l'échec d'un appel au cessez-le-feu

L'armée israélienne a annoncé vendredi avoir mené "des dizaines de frappes" contre le Hezbollah. Ici, un immeuble visé de plein fouet dans la plaine de la Békaa dans l'Est du Liban. (AFP)
L'armée israélienne a annoncé vendredi avoir mené "des dizaines de frappes" contre le Hezbollah. Ici, un immeuble visé de plein fouet dans la plaine de la Békaa dans l'Est du Liban. (AFP)
Short Url
Publié le Vendredi 27 septembre 2024

Frappes israéliennes sur le Liban, après l'échec d'un appel au cessez-le-feu

  • L'escalade militaire s'est aggravée depuis la vague d'explosions meurtrières des appareils de transmission du Hezbollah, attribuée à Israël, les 17 et 18 septembre au Liban
  • Mercredi, le chef d'état-major de l'armée israélienne, le général Herzi Halevi, a demandé aux soldats de se préparer pour une possible incursion terrestre au Liban

BEYROUTH: Israël a mené vendredi des dizaines de frappes aériennes au Liban contre le Hezbollah, qui a tiré des roquettes vers le territoire israélien, après l'échec d'un appel international au cessez-le-feu parrainé par les Etats-Unis et la France.

Depuis lundi, les bombardements massifs menés par Israël contre le mouvement libanais, soutenu par l'Iran et allié du Hamas palestinien, ont fait plus de 700 morts au Liban, selon les autorités, dont de nombreux civils.

Face à l'escalade militaire qui menace d'entraîner le Proche-Orient dans la guerre, les Etats-Unis et la France, rejoints par de nombreux pays occidentaux et arabes, ont lancé un appel à un cessez-le-feu de 21 jours, rejeté jeudi par Israël qui a promis de combattre le Hezbollah "jusqu'à la victoire".

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, doit prononcer un discours vers 13H30 GMT devant l'Assemblée générale des Nations unies à New York.

L'armée israélienne a annoncé vendredi avoir mené "des dizaines de frappes" contre le Hezbollah, dont les roquettes visent presque quotidiennement le nord d'Israël depuis l'attaque sans précédent lancée le 7 octobre 2023 par le Hamas sur le sol israélien, qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza.

Le puissant mouvement libanais a promis de continuer ses attaques "jusqu'à la fin de l'agression à Gaza".

Au total, plus de 1.500 personnes ont été tuées au Liban depuis le début des tirs transfrontaliers il y a près d'un an, selon les autorités de ce pays, soit plus que les 1.200 morts en 33 jours de guerre entre Israël et le Hezbollah en 2006.

« La guerre à nos portes »

Vendredi, l'armée israélienne a annoncé avoir visé "des infrastructures terroristes" du Hezbollah "dans de nombreux secteurs du sud du Liban" et riposté à un tir de roquettes vers Haïfa, le grand port du nord d'Israël.

Le Hezbollah a revendiqué des tirs sur le secteur de Kyriat Ata, dans la baie d'Haïfa, qui abrite de nombreuses industries, notamment de défense.

L'armée a également indiqué avoir intercepté quatre drones tirés depuis le Liban vers la zone frontalière de Rosh Hanikra.

Le mouvement a affirmé de son côté avoir tiré des roquettes sur Tibériade, une ville de Basse Galilée à une trentaine de kilomètres au sud de la frontière, en riposte aux frappes "sauvages" d'Israël contre les localités et les civils libanais.

Cinq militaires syriens ont par ailleurs été tués dans une frappe israélienne sur une position proche de la frontière avec le Liban, selon l'agence officielle Sana.

Les bombardements israéliens ont jeté 118.000 personnes cette semaine sur les routes au Liban, selon l'ONU, dont des dizaines de milliers sont entrées en Syrie.

Hassan Slim est parti avec sa mère, cherchant refuge dans ce pays en miettes après des années de guerre civile. "On évitait la Syrie à cause de la guerre, mais aujourd'hui la guerre est à nos portes", a confié ce chômeur libanais de 24 ans.

Rejetant l'appel international au cessez-le-feu, Benjamin Netanyahu a assuré jeudi que l'armée poursuivrait son combat contre le Hezbollah "avec toute la force nécessaire".

Son ministre des Affaires étrangères, Israël Katz, a affirmé que ce combat continuerait "jusqu'à la victoire" et qu'il n'y aurait "pas de cessez-le-feu dans le nord".

« Guerre dévastatrice »

Le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin a mis en garde jeudi contre une "guerre totale" qui "serait dévastatrice pour Israël et le Liban", estimant qu'un cessez-le-feu pourrait aussi permettre de conclure un accord de trêve à Gaza.

Israël avait annoncé à la mi-septembre avoir déplacé le "centre de gravité" de ses opérations, concentrées jusque là sur la bande de Gaza, vers le nord du pays, pour permettre le retour de dizaines de milliers d'habitants qui ont fui depuis près d'un an les tirs de roquettes du Hezbollah.

L'escalade militaire s'est aggravée depuis la vague d'explosions meurtrières des appareils de transmission du Hezbollah, attribuée à Israël, les 17 et 18 septembre au Liban, puis une frappe israélienne le 20 septembre sur la banlieue sud de Beyrouth qui a décapité l'unité d'élite du mouvement.

Mercredi, le chef d'état-major de l'armée israélienne, le général Herzi Halevi, a demandé aux soldats de se préparer pour une possible incursion terrestre au Liban.

Selon le gouvernement israélien, 9.360 roquettes et missiles ont été tirés sur Israël en près d'un an.

"C'est une véritable angoisse. Nous ne savons pas ce qui va se passer, si les roquettes vont se rapprocher, si elles vont atteindre Haïfa", a témoigné Fida Khoury, une habitante de cette ville âgée de 28 ans.

L'armée israélienne a par ailleurs annoncé avoir intercepté un missile tiré dans la nuit de jeudi à vendredi depuis le Yémen, d'où les rebelles houthis, eux aussi soutenus par l'Iran, ont déjà lancé plusieurs attaques contre Israël.

Pendant ce temps, Israël poursuit son offensive dans la bande de Gaza, lancée le 7 octobre 2023 en riposte à l'attaque du Hamas qui a entraîné la mort de 1.205 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les chiffres officiels israéliens incluant les otages morts ou tués à Gaza.

Sur 251 personnes enlevées, 97 sont toujours retenues à Gaza dont 33 sont déclarées mortes par l'armée.

En représailles, Israël a promis de détruire le Hamas, au pouvoir dans le territoire palestinien depuis 2007 et qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne.

Son offensive à Gaza a fait jusqu'à présent 41.534 morts, majoritairement des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU, et y a provoqué un désastre humanitaire.


Liban: deux morts dans une frappe israélienne à Baalbeck 

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
Short Url
  • L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco
  • Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes

BEYROUTH: Au moins deux personnes ont été tuées mercredi dans une frappe israélienne contre une voiture dans la ville de Baalbeck, dans l'est du Liban, a indiqué le ministère libanais de la Santé.

L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco.

Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes.

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien.

Sous pression américaine et craignant une intensification des frappes israéliennes, le gouvernement libanais a ordonné le mois dernier à l'armée d'élaborer un plan visant à désarmer le Hezbollah, sorti très affaibli par la guerre.

Selon Beyrouth, l'armée libanaise doit achever ce désarmement d'ici trois mois en ce qui concerne le sud du pays, proche de la frontière avec Israël.

 


Attaques israéliennes à Doha: le Qatar s'entretient avec la présidente de la CPI

L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
Short Url
  • Le Qatar explore des recours légaux contre Israël après une frappe à Doha ayant tué plusieurs membres du Hamas et un agent de sécurité qatari
  • Bien que simple observateur à la CPI, Doha intensifie ses démarches diplomatiques et judiciaires pour demander des comptes à Israël

DOHA: Un haut représentant du Qatar a rencontré mercredi la présidente de la Cour pénale internationale (CPI) alors que Doha cherche à engager des poursuites contre Israël après des frappes sans précédent sur son territoire, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères qatari.

Mohammed Al-Khulaifi, qui a été chargé d'entreprendre d'éventuelles démarches légales après l'attaque israélienne, s'est entretenu avec la juge Tomoko Akane à La Haye, a indiqué le ministère.

Le pays du Golfe explore "toutes les voies juridiques et diplomatiques disponibles pour s'assurer que les responsables de l'attaque israélienne contre le Qatar rendent des comptes", a précisé jeudi auprès de l'AFP un responsable qatari, s'exprimant sous couvert d'anonymat en raison de la sensibilité des discussions.

Le Qatar, en tant qu'État observateur à la CPI, ne peut pas saisir directement la cour.

La frappe meurtrière menée la semaine dernière à Doha, visant des dirigeants du mouvement islamiste palestinien Hamas, a déclenché une vague de critiques à l'international, les Nations unies condamnant une "violation choquante du droit international". Elle a aussi valu à Israël une rare réprobation du président américain Donald Trump.

Israël et le Qatar, pays médiateur dans les négociations en vue d'une trêve à Gaza, sont tous deux alliés des États-Unis.

Le Hamas a affirmé que ses principaux dirigeants politiques, installés au Qatar avec l'aval de Washington depuis 2012, avaient survécu à l'attaque qui a tué cinq de ses membres, ainsi qu'un membre des forces de sécurité qataries.

À l'issue d'un sommet extraordinaire lundi à Doha, la Ligue arabe et l'Organisation de la coopération islamique ont appelé "tous les Etats (...) à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël et à engager des poursuites à son encontre".

En 2024, la CPI a émis des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, pour crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza.

L'offensive israélienne, qui a fait plus de 65.000 morts dans le territoire palestinien selon les chiffres du Hamas, fiables selon l'ONU, a été déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.

La CPI a également émis des mandats d'arrêt contre l'ancien ministre israélien de la Défense Yoav Gallant et le commandant militaire du Hamas Mohammed Deif, tué depuis par Israël.


L'Arabie saoudite et le Pakistan signent un pacte de défense mutuelle

Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Short Url
  • Le pacte marque une étape majeure dans le renforcement des liens sécuritaires et économiques entre deux alliés de longue date
  • L'accord de Riyad transforme des décennies de coopération militaire en un engagement sécuritaire contraignant

​​​​​ISLAMABAD : Le Pakistan et l’Arabie saoudite ont signé mercredi un « Accord stratégique de défense mutuelle », s’engageant à considérer toute agression contre l’un des deux pays comme une attaque contre les deux, renforçant ainsi la dissuasion conjointe et solidifiant des décennies de coopération militaire et sécuritaire.

Cet accord intervient moins de deux semaines après les frappes aériennes israéliennes à Doha visant des dirigeants du Hamas, un événement ayant intensifié les tensions régionales et souligné l’urgence pour les États du Golfe de renforcer leurs partenariats sécuritaires.

L'accord de Riyad marque également une volonté des deux gouvernements de formaliser leurs liens militaires de longue date en un engagement contraignant.

Le pacte a été signé lors de la visite officielle du Premier ministre Shehbaz Sharif à Riyad, où il a rencontré le prince héritier et Premier ministre Mohammed ben Salmane au palais Al-Yamamah. Accompagnés de ministres et responsables militaires de haut niveau, les deux dirigeants ont passé en revue ce que le bureau de Sharif a qualifié de relation « historique et stratégique » entre les deux nations, en discutant également des développements régionaux.

« L’accord stipule que toute agression contre l’un des deux pays sera considérée comme une agression contre les deux », a déclaré le communiqué conjoint.

Il décrit le pacte comme un reflet de l’engagement commun des deux gouvernements à renforcer la coopération en matière de défense et à œuvrer pour la sécurité et la paix dans la région et dans le monde.

Depuis des décennies, l’Arabie saoudite et le Pakistan entretiennent des liens étroits sur les plans politique, militaire et économique. Le Royaume accueille plus de 2,5 millions de ressortissants pakistanais — la plus grande communauté d’expatriés pakistanais — et a souvent soutenu financièrement Islamabad lors de crises économiques. La coopération en matière de défense a inclus des formations, des achats d’armes et des exercices militaires conjoints.

Le nouvel accord formalise cette coopération sous la forme d’un engagement de défense mutuelle, une étape qui, selon de nombreux analystes, place cette relation au même niveau que d’autres partenariats stratégiques dans la région.

Bien que le communiqué n’ait pas précisé les mécanismes de mise en œuvre, il a souligné que l’accord visait à développer les aspects de la coopération en matière de défense et à renforcer la dissuasion conjointe face à toute agression.

Cette visite intervient également alors que le Pakistan cherche à renforcer ses liens avec les États du Golfe, dans un contexte de défis économiques persistants.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.pk