Le Premier ministre libanais appelle à un cessez-le-feu avec Israël

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, à gauche, rencontre le Premier ministre libanais, Najib Mikati, à Beyrouth, au Liban, le lundi 30 septembre 2024. (AP)
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, à gauche, rencontre le Premier ministre libanais, Najib Mikati, à Beyrouth, au Liban, le lundi 30 septembre 2024. (AP)
Short Url
Publié le Mardi 01 octobre 2024

Le Premier ministre libanais appelle à un cessez-le-feu avec Israël

  • «La solution est de mettre fin à l'agression israélienne contre le Liban et de relancer l'appel lancé par les États-Unis et la France... en faveur d'un cessez-le-feu», dit M. Mikati
  • M. Barrot, ministre français des Affaires étrangères s'est entretenu avec des responsables, des hommes politiques, des chefs religieux et des membres de l'armée au Liban

BEYROUTH: Le Premier ministre libanais Najib Mikati a appelé à un cessez-le-feu lundi dans le cadre des combats entre Israël et le Hezbollah soutenu par l'Iran, lors d'une rencontre avec le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, à Beyrouth.

Selon un communiqué de son bureau, M. Mikati a déclaré: «La solution est de mettre fin à l'agression israélienne contre le Liban et de relancer l'appel lancé par les États-Unis et la France... en faveur d'un cessez-le-feu.»

Alors qu'Israël déploie des troupes en vue d'une éventuelle invasion terrestre au Liban et que les déplacements de population se poursuivent dans le sud, la Bekaa et la banlieue sud de Beyrouth, M. Barrot s'est entretenu à Beyrouth avec des responsables libanais, des hommes politiques, des chefs religieux et des membres de l'armée.

Dans un communiqué publié par l'ambassade de France, M. Barrot affirme que «face à l'escalade du conflit entre Israël et le Hezbollah, la France se tient aux côtés du Liban et reste attachée à la protection des civils et à la sécurité de ses citoyens».

M. Barrot a mis en avant «le soutien de la France pour le Liban et son peuple», ajoutant que «son pays tient à soutenir l'armée libanaise et à l'aider dans ces moments critiques».

L'avion transportant le fonctionnaire français à Beyrouth avait apporté «12 tonnes de médicaments et de matériel médical pour répondre aux urgences et aux besoins médicaux généraux, notamment en matière de soins pédiatriques».

L'ambassade a précisé que l'opération de secours était menée en coopération avec l'Union européenne.

Lors de sa rencontre avec le patriarche maronite Béchara Boutros al-Raï, M. Barrot a mis l'accent sur «l'importance de l'élection d'un président comme fondement et priorité, tout en soulignant la nécessité de mettre fin à la guerre».

Walid Ghayyad, responsable médiatique au patriarcat, a déclaré que la visite de M. Barrot était «une visite de solidarité et de reconnaissance visant à faire avancer des questions essentielles».

Lors de sa rencontre avec M. Barrot, M. Mikati a réaffirmé que «la solution passe par l'arrêt de l'agression israélienne contre le Liban et par le retour à l'appel au cessez-le-feu lancé par les États-Unis et la France, avec le soutien de l'Union européenne, des pays arabes et des pays étrangers».

Il a souligné que «la priorité est la mise en œuvre de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies».

Il a ajouté: «Une fois le cessez-le-feu en vigueur, nous sommes prêts à envoyer l'armée dans la zone située au sud du fleuve Litani pour qu'elle remplisse pleinement ses fonctions en coordination avec les forces internationales de maintien de la paix dans le sud.»

M. Barrot a évoqué la «priorité d'élire un président et d'œuvrer à l'arrêt des affrontements armés».

Lors de sa rencontre avec le ministre de la Santé, Firas Abiad, M. Barrot a annoncé «le lancement d'une aide humanitaire d'urgence d'un montant de 10 millions d'euros pour soutenir le travail des organisations humanitaires sur le terrain, notamment la Croix-Rouge libanaise».

Les réunions diplomatiques ont eu lieu alors que le président des Émirats arabes unis, cheikh Mohammed ben Zayed al-Nahyane, a ordonné l'envoi d'une aide humanitaire d'urgence au peuple libanais, d'une valeur de 100 millions de dollars, a rapporté l'agence de presse des Émirats arabes unis.

Lors de la première apparition d'un responsable du Hezbollah depuis l'assassinat du secrétaire général Hassan Nasrallah vendredi dernier, le cheikh Naïm Qassem, secrétaire général adjoint du groupe, a déclaré dans un discours télévisé: «Nous allons choisir un nouveau secrétaire général dès que possible et nous pourvoirons les postes de direction.»

«Nos frères poursuivent leur travail selon la structure organisée et travaillent avec des plans alternatifs pour les individus et les dirigeants.»

«Dans la structure du Hezbollah, il y a des adjoints pour les dirigeants et des solutions de rechange en cas d'incapacité d'un dirigeant à pourvoir quelque poste que ce soit.»

M. Qassem a ajouté: «Malgré la perte de plusieurs dirigeants, les attaques contre les civils et les grands sacrifices, jamais nous n’abandonnerons nos positions.»

«La résistance islamique continuera à affronter l'ennemi israélien en soutenant Gaza et la Palestine et en défendant le Liban et son peuple.»

Qassem a souligné que «le Hezbollah reste engagé dans sa lutte et nous sommes tout à fait prêts à nous engager sur le terrain et à entrer dans cette bataille», affirmant que «nous en sortirons victorieux».

Cette attitude de défi est intervenue alors qu'Israël a tué le chef du Hamas au Liban, Fateh Cherif Abou al-Amine, à l'intérieur du camp d'El-Buss dans la ville de Tyr.

Sa femme, Oumayya Ibrahim Abdel Hamid, son fils Amine et sa fille Wafaa ont également été tués lors de la frappe aérienne qui a visé sa résidence.

Le Hamas a déclaré qu'Abou al-Amine était «un membre de la direction du Hamas à l'étranger».

Une attaque contre des dirigeants palestiniens au Liban a eu lieu à l'aube lorsqu'un drone israélien a pris pour cible un appartement résidentiel dans le quartier de Cola, au centre de Beyrouth, qui est proche des camps palestiniens de la ville.

Le Front populaire de libération de la Palestine a déclaré que trois de ses membres avaient été tués dans l'attentat, qui a fait au total quatre morts et quatre blessés, selon le ministère de la Santé.

Des dizaines de civils continuent d'être tués à la suite de frappes aériennes israéliennes visant des immeubles résidentiels.

En outre, des bombardements ont visé les routes d'approvisionnement du Hezbollah dans les hautes montagnes libanaises, en particulier celles qui relient la Bekaa à d'autres régions. La route d'Aïnata-Al-Arz a également été bombardée pour la première fois.

Cinq membres de la défense civile de l'Organisation islamique de la santé, affiliée au Hezbollah, ont été tués tôt lundi lors d'une frappe aérienne visant leurs installations dans la ville de Sohmor, dans la région de la Bekaa occidentale.

Selon le ministère de la Santé, le bilan des victimes d'une frappe aérienne sur un immeuble résidentiel de la ville d'Aïn al-Dalab, à l'est de la ville de Sidon, s'élève à 45 morts et 70 blessés.

Trois personnes ont été tuées lors d'un autre raid lundi à la périphérie de Bnaafoul, dans le district de Sidon.

D'autres raids sur des villes du district de Tyr ont fait un mort et plusieurs blessés.

Dans la région de Hermel, dans la Bekaa, deux missiles ont frappé des bâtiments résidentiels, causant la mort de 12 personnes et blessant 20 membres de la famille Hassan al-Jawhari.

L'armée israélienne a également effectué un raid sur le poste frontière syrien de Jdeidet Yabous avec le Liban, visant un groupe transportant des membres du Hezbollah à travers la frontière, ce qui a conduit à l'assassinat du responsable du transport du groupe et de son chauffeur.

En représailles, le Hezbollah a déclaré avoir bombardé la base de Naoura avec une salve de missiles Fadi-2.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La compagnie aérienne Emirates interdit les bipeurs à bord

Un Airbus A380 de la compagnie Emirates à destination de Dubaï se prépare à décoller. (AFP)
Un Airbus A380 de la compagnie Emirates à destination de Dubaï se prépare à décoller. (AFP)
Short Url
  • La compagnie aérienne Emirates, la plus importante du Moyen-Orient, a interdit à ses passagers de transporter des bipeurs et des talkies-walkies, après la vague d'explosions au Liban mi-septembre, dans une attaque contre le Hezbollah imputée à Israël
  • Selon un communiqué d'Emirates publié vendredi, "tous les passagers voyageant sur des vols à destination, en provenance ou via Dubaï (où est basée l'entreprise) ont interdiction de transporter des bipeurs et des talkies-walkies

DUBAI: La compagnie aérienne Emirates, la plus importante du Moyen-Orient, a interdit à ses passagers de transporter des bipeurs et des talkies-walkies, après la vague d'explosions au Liban mi-septembre de ces petits boitiers dans une attaque contre le Hezbollah imputée à Israël.

Selon un communiqué d'Emirates publié vendredi, "tous les passagers voyageant sur des vols à destination, en provenance ou via Dubaï (où est basée l'entreprise) ont interdiction de transporter des bipeurs et des talkies-walkies dans leurs bagages ou en cabine".

Le 17 septembre, des explosions simultanées de bipeurs utilisés par le Hezbollah, mouvement islamiste libanais pro-iranien, ont fait des dizaines de morts et des milliers de blessés au Liban.

Les bipeurs et talkies-walkies permettent de recevoir messages et alertes sonores en utilisant leur propre fréquence radio, hors réseaux de téléphonie mobile, sans risquer d'être écouté.

Par ailleurs, Emirates a prolongé la suspension de ses vols vers l'Iran et l'Irak jusqu'à mardi - en vigueur depuis l'attaque iranienne de missiles lancée mardi contre Israël - et vers le Liban jusqu'au 15 octobre, alors que l'armée israélienne bombarde le pays.


Liban: missions périlleuses pour récupérer les animaux dans les maisons bombardées

Un activiste de l'ONG Animals Lebanon s'occupe d'un chat abandonné par ses propriétaires qui ont fui lors des frappes israéliennes dans la banlieue sud de Beyrouth, dans un refuge pour animaux, le 3 octobre 2024. (AFP)
Un activiste de l'ONG Animals Lebanon s'occupe d'un chat abandonné par ses propriétaires qui ont fui lors des frappes israéliennes dans la banlieue sud de Beyrouth, dans un refuge pour animaux, le 3 octobre 2024. (AFP)
Short Url
  • "Entrer, sauver et partir", résume Maggie Shaarawi, vice-présidente de l'association Animaux du Liban, qui prend de gros risques pour se rendre dans la banlieue sud
  • "Les gens ont dû évacuer dans la hâte. Leurs chats, stressés par les bombardements, se sont cachés" et n'ont pu être emportés par leurs maîtres, raconte-t-elle

BEYROUTH: Dans les quartiers dévastés de la banlieue sud de la capitale libanaise, des volontaires se faufilent entre les décombres pour une périlleuse mission: ramener les animaux laissés par leurs propriétaires partis dans la précipitation sous les bombes israéliennes.

"Entrer, sauver et partir", résume Maggie Shaarawi, vice-présidente de l'association Animaux du Liban, qui prend de gros risques pour se rendre dans la banlieue sud, aujourd'hui désertée et toujours pilonnée par les bombardements israéliens.

"Les gens ont dû évacuer dans la hâte. Leurs chats, stressés par les bombardements, se sont cachés" et n'ont pu être emportés par leurs maîtres, raconte-t-elle.

Cette semaine, Mme Shaarawi et deux autres volontaires se sont rendus dans la banlieue pour récupérer huit chats traumatisés, à la demande désespérée de leur propriétaire.

En appel vidéo, la femme voilée d'un foulard blanc les a guidés dans la maison dévastée pour tenter d'attraper Fifi, Leo, Blacky, Teddy, Tanda, Ziki, Kitty et Masha.

"Nous les avons tous retrouvés!" s'exclame, triomphante, Mme Shaarawi.

A toute vitesse, les trois volontaires, cage à chats à la main, ont réussi à faire sortir les félins terrorisés de leurs cachettes et les ont rassemblés. Alors qu'ils se préparaient à fouiller une autre maison, une frappe a retenti, les contraignant à filer.

"C'est la première fois que c'est tombé si près de nous. Nous avons eu de la chance de nous en sortir vivants", raconte Mme Shaarawi.

Traumatisés 

Depuis le 23 septembre, Israël a lancé une campagne de bombardements dans le sud, l'est du Liban, et dans la banlieue sud de Beyrouth, fief du mouvement pro-iranien Hezbollah. Plus de 1.100 personnes ont été tuées dans ces raids et plus d'un million d'autres déplacées, selon des chiffres officiels libanais.

Beaucoup de ces familles déplacées, dont nombre dorment aujourd'hui dans la rue à Beyrouth ont fui avec leurs animaux domestiques. D'autres ont refusé de partir pour ne pas les laisser derrière eux. Ceux qui n'ont pas pu faire autrement en appellent désormais aux services de l'association de Mme Shaarawi.

Une femme leur a ainsi demandé de retrouver ses 21 chats. D'autres familles ayant fui loin de Beyrouth sollicitent l'association, mais récupérer les clés de leurs maisons s'avère un autre casse-tête

"Jusqu'ici, nous avons récupéré 120 animaux dans la banlieue sud, et 60 dans le sud", dit Mme Shaarawi.

"La guerre est traumatisante pour les animaux comme pour les gens. Ils sont bombardés tous les jours et ne comprennent pas ce qui se passe", constate-t-elle. "Ils attendent que leurs maîtres reviennent".

Les félins récupérés par Animaux du Liban sont ensuite mis à l'abri dans les locaux de l'association à Beyrouth, en attendant que leurs propriétaires viennent les chercher.

Récupérer les animaux dans les maisons bombardées n'est pas simple, la peur "transforme les chats en tigres", raconte Mme Shaarawi.

Parfois, les volontaires n'arrivent pas à temps. Lors d'une de leurs missions cette semaine, visant à récupérer trois chats, ils ont trouvé l'un d'entre eux rigidifié par la mort, sa fourrure blanche devenue noire dans la poussière du bombardement. Les deux autres félins étaient introuvables.


En Syrie, le chef de la diplomatie iranienne insiste sur un cessez-le feu au Liban et à Gaza

Le ministre syrien des Affaires étrangères Bassam al-Sabbagh (à droite) rencontre son homologue iranien Abbas Araghchi à Damas le 5 octobre 2024. (AFP)
Le ministre syrien des Affaires étrangères Bassam al-Sabbagh (à droite) rencontre son homologue iranien Abbas Araghchi à Damas le 5 octobre 2024. (AFP)
Short Url
  • Le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi, en visite dans la capitale syrienne Damas, a insisté samedi sur la nécessité d'un cessez-le-feu au Liban et dans la bande de Gaza
  • Il s'agit de la première d'un haut responsable iranien dans la région depuis la mort le 27 septembre du chef du Hezbollah pro-iranien, Hassan Nasrallah, dans une frappe israélienne près de Beyrouth

DAMAS: Le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi, en visite dans la capitale syrienne Damas, a insisté samedi sur la nécessité d'un cessez-le-feu au Liban et dans la bande de Gaza.

"La question la plus importante aujourd'hui est le cessez-le-feu, particulièrement au Liban, et à Gaza", a déclaré M. Araghchi à des journalistes en arrivant samedi à Damas après une visite la veille à Beyrouth, la capitale libanaise.

Il s'agit de la première d'un haut responsable iranien dans la région depuis la mort le 27 septembre du chef du Hezbollah pro-iranien, Hassan Nasrallah, dans une frappe israélienne près de Beyrouth.

"Il y a des initiatives, il y a des consultations, dont nous espérons qu'elles seront couronnées de succès", a-t-il dit, sans plus de précisions.

"Malheureusement les hostilités et les crimes du régime sioniste (Israël) continuent. Ce régime ne connaît pas d'autre langage que celui de la force, de la guerre", a ajouté M. Araghchi, en exhortant "la communauté internationale à faire cesser ces crimes".

Paris et Washington, rejoints par des pays arabes, occidentaux et européens, ont appelé en septembre à un cessez-le-feu immédiat de 21 jours entre Israël et le Hezbollah au Liban pour "donner une chance à la diplomatie".

Une initiative ignorée par Israël, qui a à l'inverse intensifié ses frappes et spectaculairement tué Hassan Nasrallah.

L'escalade au Liban intervient après un an d'échanges de tirs transfrontaliers, qui ont déplacé des dizaines de milliers d'habitants des deux côtés de la frontière.

D'après les autorités libanaises, plus de 2.000 personnes ont été tuées au Liban depuis octobre 2023, dont plus d'un millier depuis le 23 septembre. Le gouvernement libanais estime à environ 1,2 million le nombre de déplacés.

Plus de 300.000 personnes, en majorité des réfugiés syriens, ont quitté le Liban pour entrer en Syrie depuis le 23 septembre, selon des chiffre officiels.