Humiliation et exactions, le quotidien de la minorité arabe en Israël

Ils sont les grands oubliés du conflit israélo-palestinien, ils représentent à peu près vingt pour cent de la population israélienne, ils sont depuis 1948 arabes et israéliens, désignés comme « arabes de 48 » ou « arabes de l’intérieur ». (AFP)
Ils sont les grands oubliés du conflit israélo-palestinien, ils représentent à peu près vingt pour cent de la population israélienne, ils sont depuis 1948 arabes et israéliens, désignés comme « arabes de 48 » ou « arabes de l’intérieur ». (AFP)
Short Url
Publié le Vendredi 18 octobre 2024

Humiliation et exactions, le quotidien de la minorité arabe en Israël

  • C’est le grand dilemme que vivent les descendants des Palestiniens qui ont choisi de rester sur leurs terres à la création de l'État d’Israël et qui peinent à concilier leur identité israélienne et leur origine ethnique
  • Ce dilemme qu’ils portent tant bien que mal depuis des décennies s’est particulièrement aiguisé depuis la guerre menée par Israël contre Gaza, au lendemain du 7 octobre, puis avec l’élargissement de cette guerre au Liban

PARIS: Ils sont les grands oubliés du conflit israélo-palestinien, ils représentent à peu près vingt pour cent de la population israélienne, ils sont depuis 1948 arabes et israéliens, désignés comme « arabes de 48 » ou « arabes de l’intérieur ».

Ils sont citoyens israéliens « de pleins droits » en temps normal, mais ils sont considérés et traités comme des ennemis potentiels en temps de conflit.

C’est le grand dilemme que vivent les descendants des Palestiniens qui ont choisi de rester sur leurs terres à la création de l'État d’Israël et qui peinent à concilier leur identité israélienne et leur origine ethnique.

Ce dilemme qu’ils portent tant bien que mal depuis des décennies s’est particulièrement aiguisé depuis la guerre menée par Israël contre Gaza, au lendemain du 7 octobre, puis avec l’élargissement de cette guerre au Liban.

Depuis plus d’un an, leur quotidien est un mélange particulier de tension, d’inquiétude et d’instabilité.

Hassan Jabarin, avocat et directeur de l’organisation « Adalah » pour la défense des droits humains de la minorité arabe en Israël, dont le siège est à Haïfa, raconte à Arab News en français, l’ampleur de la schizophrénie qui s’est emparée de lui.

Depuis le début de la guerre à Gaza, il se sent pris entre deux feux, il est arabe-palestinien vivant sur un territoire qui fait partie d’Israël, et avec l’élargissement de la guerre au Liban il vit au rythme des sirènes d’alarmes et des obus qui vise la région de Haïfa depuis le Liban voisin.

Ces soucis sont multiples, puisqu’il y a ceux liés à sa propre sécurité et celle de ses proches et ceux liés à la guerre qui perdure depuis un an maintenant à Gaza et qui ne fait que s’embraser.

Pour Jabarin et ses semblables, les choses auraient été plus simples s’ils n’avaient pas à subir la discrimination qui les visent depuis le 7 octobre date à laquelle ils ont, comme d’habitude, été relégués au rang de citoyens de seconde zone, et objets de toutes sortes de suspicions.

Immédiatement après le 7 octobre, les autorités israéliennes ont interdit aux membres de la minorité arabe de participer aux manifestations contre la guerre à Gaza ou d’organiser des rassemblements de protestations.

Cette discrimination, le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou ne s’en cache pas bien au contraire, elle constitue pour son gouvernement une mesure de précaution.

Dans un discours prononcé au lendemain du 7 octobre il a affirmé clairement et sans équivoque que son gouvernement fait face simultanément à quatre fronts: un front à Gaza, un autre en Cisjordanie, un troisième au Liban et un quatrième front à l’intérieur d’Israël constitué par la minorité des Palestiniens de 48.

Immédiatement après, les autorités israéliennes ont interdit aux membres de la minorité arabe de participer aux manifestations contre la guerre à Gaza ou d’organiser des rassemblements de protestations.

Suite à cela, les autorités israéliennes ont déroulé leur arsenal de mesures répressives et sournoises, dont ils ont la parfaite maîtrise, à l’encontre de leurs citoyens arabes.

De par son métier d’avocat et défenseur des droits de l’homme, Jabarin est bien placé pour décrire la maltraitance et les exactions qui visent la communauté arabe. 

Tout d'abord, affirment les jeunes arabes, contrairement à leurs concitoyens israéliens, n’ont plus le droit de s’exprimer librement sur les réseaux sociaux, depuis la campagne d’arrestations qui a visé un grand nombre parmi eux, à cause de contenus qu’ils ont publié. 

Parmi les personnes arrêtées Jabarin cite le cas d’une jeune palestinienne qui avait publié un post disant simplement « Bonjour Gaza », et celui de deux jeunes arrêtés pour avoir protester contre le massacre perpétré par Israël contre l’hôpital Al-Ahly à Gaza, en octobre dernier

Ils ont passé six mois en prison pour l’un et quatre mois pour l’autre, et font toujours l’objet de poursuites judiciaires, pourtant souligne Jabarin, ce qu’ils ont fait ne mérite pas tant de fermeté, mais les autorités israéliennes justifient cela par « la situation d’exception » générée par le 7 octobre.

La maltraitance selon Jabarin n’épargne même pas les morts, affirmant qu’environ cinq cadavres de Palestiniens citoyens d’Israël ont été détenus par les autorités israéliennes dans le but de s’en servir dans les négociations avec le Hamas.

Il est clair indique-t-il qu’ils considèrent le cadavre d’un citoyen d’Israël comme étant le cadavre d’un ennemi étant donné qu’il s’agit d’un arabe.

Il est de même pour un nombre de jeunes femmes palestiniennes d’Israël arrêtées pour diverses raisons, et qui ont été  par la suite libérées dans le cadre des deux opérations d’échange qui ont eu lieu avec le Hamas.

« Nos conditions de vie sont celles d’une population soumise à un contexte de colonisation et notre citoyenneté est une citoyenneté de colonisation, mais nous avons au moins une liberté de mouvements ». 

Cela a permis à Israël de profiter du fait que les listes des femmes à libérer présentées par le Hamas ne sont pas nominatives, pour éviter de libérer des prisonnières palestiniennes détenues depuis de longues dates dans les geôles israéliennes.

Mais suite à cela, affirme Jabarin, ces jeunes femmes ont été stigmatisées par leurs camarades d’universités ou sur leur lieu de travail comme étant membres du Hamas puisqu’elles lui doivent leur libération.

Ceci a obligé de nombreuses étudiantes à suspendre leurs études parce qu'elles sont devenues les cibles de la colère des étudiants juifs et leur souffre-douleur.

Saisie par les familles de ces jeunes filles, la cour israélienne les a déboutés estimant que les autorités israéliennes agissent en fonction de la situation d’exception que vit le pays.

« Depuis le 7 octobre, nous sommes une minorité en danger » clame Jabarin, d’autant plus que même les avocats arabes sont visés par des actes d’accusations arbitraires preventifs, « parce qu’ils sont considérés comme des soutiens potentiels du terrorisme ».

Areen Hawari,qui  habite à Nazareth et dirige le centre de recherche en sociologie appliquée « Mada  Al-Karmel », est très suspicieuse à l’égard de sa nationalité israélienne. 

Elle affirme que « notre citoyenneté israélienne nous la mettons entre 1700 guillemets puisque nous sommes une minorité sous occupation » toutefois, « notre situation est plus facile que celles des autres composantes de la population palestinienne ».

Elle évoque la vie des habitants des camps de réfugiés, celle des détenus dans les prisons israéliennes, celle des habitants de Gaza sans oublier les conditions de vie des Palestiniens à Jérusalem et en Cisjordanie.

Cela la pousse à temporiser, « nos conditions de vie sont celles d’une population soumise à un contexte de colonisation et notre citoyenneté est une citoyenneté de colonisation, mais nous avons au moins une liberté de mouvements ». 

Hawari poursuit, « nous subissons certainement le racisme des Israéliens, nous nous exposons à des poursuites judiciaires pour le simple fait d’exprimer nos positions politiques », mais tout cela est « incomparable avec les massacres que subit notre peuple autour de nous et également au Liban ».

Contrairement à ces derniers, nous ne sommes pas confrontés à un danger physique, mais à une humiliation constante ». 

Au regard de ce contexte d’intolérance qui perdure depuis presque huit décennies, difficile d’imaginer qu’Israël parviendra un jour à coexister avec un état palestinien à ses côtés.

 


Israël a rendu à Gaza 30 corps de Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages 

Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Short Url
  • "Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès
  • Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre

GAZA: Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza.

"Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès.

Les otages avaient été enlevés lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui avait déclenché la guerre dans la bande Gaza.

Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre.

Depuis cette date, le Hamas a également rendu deux dépouilles d'otages non-israéliens, un Thaïlandais et un Népalais.

Le mouvement islamiste a jusqu'à présent restitué les restes de 17 des 28 corps qui se trouvaient encore à Gaza et auraient dû être rendus au début de la trêve, assurant que localiser les autres dépouilles est "complexe" dans le territoire dévasté par deux ans de guerre.

Des équipes égyptiennes autorisées à entrer dans le territoire palestinien par Israël participent aux recherches avec des engins de chantiers.

Lundi soir, le Hamas avait rendu à Israël les restes d'un otage, identifié comme étant ceux d'Ofir Tzarfati, dont une partie de la dépouille avait déjà été récupérée en deux fois.

Les retards successifs dans la remise des corps des otages ont provoqué la colère du gouvernement israélien, qui a accusé le Hamas de violer l'accord de trêve. Et les familles des otages ont exigé des mesures plus sévères pour contraindre le groupe palestinien à se conformer à l'accord.

Dix corps d'otages du 7-Octobre seraient encore à Gaza, ainsi que celui d'un soldat mort durant une guerre en 2014. Tous sont israéliens sauf un Tanzanien et un Thaïlandais.

Par ailleurs, à deux reprises depuis le 10 octobre, Israël a mené des bombardements massifs sur Gaza en représailles à des tirs qui ont tué trois de ses soldats. Le 19 octobre, les bombardements israéliens avaient fait au moins 45 morts et mardi 104.

Le Hamas, qui dément avoir tiré sur les soldats israéliens, a accusé Israël de violer le cessez-le-feu.


Frappe israélienne sur le sud du Liban: un mort 

Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
Short Url
  • Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé
  • Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal

BEYROUTH: Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre.

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban, affirmer viser la formation pro-iranienne.

Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé.

Israël n'a pas réagi dans l'immédiat.

Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

Le président Joseph Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

Ces derniers jours, l'aviation israélienne a intensifié ses frappes au Liban, affirmant viser des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Selon un bilan compilé par l'AFP à partir des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées depuis le début du mois.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Lors d'un entretien vendredi avec son homologue allemand Johann Wadephul, en visite à Beyrouth, le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Rajji lui a demandé "d'aider à faire pression sur Israël pour qu'il cesse ses agressions".

"Seule une solution diplomatique, et non militaire, peut assurer la stabilité et garantir le calme dans le sud", a assuré le ministre libanais, selon ses propos rapportés par l'Ani.

Il a assuré que "le gouvernement libanais poursuit la mise en œuvre progressive de sa décision de placer toutes les armes sous son contrôle".

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.

 


Liban: le chef de l'Etat demande à l'armée de «s'opposer à toute incursion israélienne»

Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
Short Url
  • Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens"
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BERYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit.

Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens".

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".