Des Arabes israéliens licenciés ou poursuivis pour des publications sur les réseaux sociaux

Des personnes déplacées se rassemblent pour la prière du vendredi midi dans la cour d'une école de l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 20 octobre 2023. (AFP).
Des personnes déplacées se rassemblent pour la prière du vendredi midi dans la cour d'une école de l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 20 octobre 2023. (AFP).
Short Url
Publié le Vendredi 20 octobre 2023

Des Arabes israéliens licenciés ou poursuivis pour des publications sur les réseaux sociaux

  • Chaque jour, la police publie des informations sur des personnes arrêtées pour avoir écrit ou aimé des publications sur les réseaux sociaux
  • Parmi elles des internautes ayant partagé des vidéos d'Israéliens tués lors de l'attaque du Hamas, selon la police

HAIFA : Des membres de la minorité arabe d'Israël et des Palestiniens de Jérusalem-Est ont été licenciés, renvoyés de leurs universités ou interpellés pour des publications sur les réseaux sociaux exprimant leur solidarité avec la bande de Gaza, selon des témoignages et la police israélienne.

Ces mesures surviennent en pleine guerre entre le Hamas et Israël, déclenchée par l'attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien le 7 octobre.

Dalal Abu Amna s'est rendue il y a quatre jours dans un commissariat de la ville de Nazareth (nord) pour "porter plainte après avoir reçu des centaines de messages de menaces de mort en anglais et en hébreu la visant elle et sa famille", raconte à l'AFP son avocate, Abir Bakr.

A la place, cette chanteuse et neurologue à Haïfa a été brièvement arrêtée pour un "commentaire sur Facebook", selon l'avocate: "Ils l'ont menottée (...) traitée avec mépris et humiliée. Ils veulent intimider les gens et donner une leçon à travers Dalal."

"Il n'y a pas d'autre vainqueur que Dieu", avait écrit Dalal Abu Amna, qui compte également plus de 340 000 abonnés sur Instagram. La police israélienne a expliqué dans un communiqué l'avoir arrêtée pour "incitation à la violence" et "comportement susceptible de troubler l'ordre public".

Mercredi, un tribunal a ordonné sa libération et son assignation à résidence chez sa mère à Nazareth, jusqu'au 23 octobre, ainsi qu'une caution de 2 500 shekels (environ 585 euros), avec l'interdiction d'écrire sur la guerre pendant 45 jours.

Chaque jour, la police publie des informations sur des personnes arrêtées pour avoir écrit ou aimé des publications sur les réseaux sociaux. Parmi elles des internautes ayant partagé des vidéos d'Israéliens tués lors de l'attaque du Hamas, selon la police.

Plus de 1 400 personnes ont été tuées sur le territoire israélien par le mouvement islamiste palestinien depuis le 7 octobre, en majorité des civils fauchés par balles, brûlés vifs ou morts de mutilations au premier jour de l'attaque menée depuis Gaza, selon les autorités israéliennes.

Dans la bande de Gaza, plus de 3 700 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans les bombardements incessants menés par l'armée israélienne, selon le ministère de la Santé du Hamas à Gaza.

Licenciements

Assurant craindre des représailles, des Palestiniens de Jérusalem-Est, occupée et annexée par Israël depuis 1967, et des Arabes israéliens, descendants des Palestiniens restés sur leurs terres à la création d'Israël en 1948, ont refusé de répondre à l'AFP.

La police israélienne a annoncé mercredi avoir "appréhendé 76 individus" à Jérusalem-Est notamment pour "soutien à des organisations terroristes" sur les réseaux sociaux.

Parmi eux un avocat, un cuisinier licencié d'un restaurant israélien ou encore un imam.

Des avocats ont signalé la détention d'un jeune homme pendant cinq jours pour avoir partagé des photos d'enfants gazaouis accompagnées de la mention "Mon cœur est avec vous".

Hassan Jabareen, directeur du Centre Adalah, un groupe de défense des minorités arabes, dit à l'AFP qu'"il y a beaucoup de gens de droite qui portent plainte contre des citoyens arabes".

L'avocate Bakr affirme, elle, que "les traductions des plaignants de l'arabe vers l'hébreu sont souvent erronées et conduisent à des interprétations décontextualisées".

Le chef de la police, Kobi Shabtai, a annoncé l'interdiction des "manifestations contre la guerre", mesure qualifiée d'illégale par Adalah.

Selon le quotidien de gauche Haaretz, étudiants et travailleurs en Israël font face à des licenciements et des poursuites judiciaires.

L'état d'urgence en vigueur "constitue un terreau fertile pour les violations des droits individuels, en particulier la liberté d'expression", a estimé le journal mercredi dans un éditorial. Haaretz affirme que des "citoyens arabes exprimant des opinions divergentes de la tendance générale ont été licenciés".

"Depuis le début de la guerre, environ 150 travailleurs et environ 200 étudiants (arabes) ont été renvoyés" pour des publications sur les réseaux sociaux en soutien à la population de la bande de Gaza, dit à l'AFP Jaafar Farah, directeur de l'association des droits humains Mousawat (égalité).

"Les autorités remplissent leur rôle en sanctionnant les quelques personnes exprimant leur solidarité avec les organisations terroristes", ont réagi mercredi les présidents d'universités israéliennes dans un message au ministre de l'Education.

Un hôpital de Petah Tekva a confirmé le licenciement d'un médecin pour un message "soutenant le terrorisme", et une enseignante arabe a été renvoyée d'une école de Tibériade (nord) pour avoir "aimé" la page "Oeil sur la Palestine" sur Instagram, selon un groupe d'avocats. "Si elle veut enseigner, qu'elle le fasse à Gaza", a répondu le maire par intérim de Tibériade, Boaz Youssef.


L'armée israélienne dit avoir tué trois membres du Hezbollah dans le sud du Liban

Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah. (AFP)
Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah. (AFP)
Short Url
  • "Les terroristes ont participé à des tentatives visant à rétablir les infrastructures" du mouvement libanais, en violation de l'accord de cessez-le-feu de novembre 2024
  • Puis dans un autre communiqué, l'armée a précisé avoir tué "un terroriste" dans la région de Jwaya, qui avait "activé des agents (du Hezbollah) au sein des services de sécurité libanais".

JERUSALEM: L'armée israélienne a déclaré avoir tué dimanche trois membres du Hezbollah dans le sud du Liban, Beyrouth faisant état également de trois morts dans des frappes israéliennes dans la région.

"Depuis ce matin (dimanche), l'armée a frappé trois terroristes du Hezbollah dans plusieurs zones du sud du Liban", a précisé l'armée israélienne dans un communiqué.

"Les terroristes ont participé à des tentatives visant à rétablir les infrastructures" du mouvement libanais, en violation de l'accord de cessez-le-feu de novembre 2024, a-t-elle ajouté.

L'armée a ensuite affirmé avoir "éliminé" deux d'entre eux "en moins d'une heure", dans les régions de Yater et Bint Jbeil (sud du Liban).

Puis dans un autre communiqué, l'armée a précisé avoir tué "un terroriste" dans la région de Jwaya, qui avait "activé des agents (du Hezbollah) au sein des services de sécurité libanais".

Le ministère libanais de la Santé avait auparavant fait état de trois morts dans des frappes israéliennes à Yater, Safad Al-Battikh et Jwaya.

Un cessez-le-feu est en vigueur depuis novembre 2024 après plus d'un an d'hostilités entre Israël et le mouvement islamiste libanais, en marge de la guerre à Gaza.

Malgré cette trêve, Israël mène régulièrement des frappes au Liban, notamment dans le sud, bastion du Hezbollah, affirmant viser des membres et des infrastructures du mouvement libanais pour l'empêcher de se réarmer.

Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah.

L'armée libanaise est censée achever d'ici la fin de l'année le démantèlement, prévu par l'accord de cessez-le-feu, des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe pro-iranien, et tarir les sources de financement de la formation islamiste.

Israël maintient cinq positions dans la zone, malgré son retrait du territoire libanais prévu par l'accord de cessez-le-feu.

Dans un discours samedi, le chef du Hezbollah, Naim Qassem, qui a rejeté à plusieurs reprises la perspective d'un désarmement du mouvement, a déclaré que celui-ci "ne permettra pas à Israël d'atteindre son objectif" de mettre fin à la résistance, "même si le monde entier s'unit contre le Liban".

 


Un an après la chute d’Assad, les Syriens affichent un fort soutien à al-Chareh

Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
Short Url
  • Un sondage révèle un optimisme croissant et un large soutien aux progrès du gouvernement après la chute d’Assad
  • L’Arabie saoudite apparaît comme le pays étranger le plus populaire, Trump reçoit également un soutien marqué

LONDRES : Alors que les Syriens ont célébré cette semaine le premier anniversaire de la chute de Bachar Al-Assad, une enquête menée dans le pays révèle un soutien massif au nouveau président et place l’Arabie saoudite comme principal partenaire international apprécié.

L’ancien président avait fui le pays le 8 décembre 2024, après une offensive éclair de l’opposition jusqu’à Damas, mettant fin à 14 ans de guerre civile.

La campagne était menée par Ahmad al-Chareh, aujourd’hui président du pays, qui s’efforce de stabiliser la Syrie et de rétablir des relations avec ses partenaires internationaux.

Ces efforts ont été salués dans un sondage récemment publié, montrant que 81 % des personnes interrogées ont confiance dans le président et 71 % dans le gouvernement national.

Les institutions clés bénéficient également d’un fort soutien : plus de 70 % pour l’armée et 62 % pour les tribunaux et le système judiciaire.

L’enquête a été menée en octobre et novembre par Arab Barometer, un réseau de recherche américain à but non lucratif.

Plus de 1 200 adultes sélectionnés aléatoirement ont été interrogés en personne à travers le pays sur une large gamme de sujets, notamment la performance du gouvernement, l’économie et la sécurité.

Le large soutien exprimé envers al-Chareh atteint un niveau enviable pour de nombreux gouvernements occidentaux, alors même que la Syrie fait face à de profondes difficultés.

Le coût de la reconstruction dépasse les 200 milliards de dollars selon la Banque mondiale, l’économie est dévastée et le pays connaît encore des épisodes de violence sectaire.

Al-Chareh s’efforce de mettre fin à l’isolement international de la Syrie, cherchant l’appui de pays de la région et obtenant un allègement des sanctions américaines.

Un soutien clé est venu d’Arabie saoudite, qui a offert une aide politique et économique. Le sondage place le Royaume comme le pays étranger le plus populaire, avec 90 % d’opinions favorables.

Le Qatar recueille lui aussi une forte popularité (plus de 80 %), suivi de la Turquie (73 %).

La majorité des personnes interrogées — 66 % — expriment également une opinion favorable envers les États-Unis, saluant la décision du président Donald Trump d’assouplir les sanctions et l’impact attendu sur leur vie quotidienne.

Après sa rencontre avec al-Chareh à Washington le mois dernier, Trump a annoncé une suspension partielle des sanctions, après en avoir déjà assoupli plusieurs volets.

Le sondage montre que 61 % des Syriens ont une opinion positive de Trump — un niveau supérieur à celui observé dans une grande partie du Moyen-Orient.

En revanche, l’enthousiasme est bien moindre concernant les efforts américains pour normaliser les relations entre la Syrie et Israël.

Seuls 14 % soutiennent cette démarche, et à peine 4 % disent avoir une opinion favorable d’Israël.

Lors du chaos provoqué par la chute d’Assad, l’armée israélienne a occupé de nouveaux territoires dans le sud de la Syrie et a mené de fréquentes attaques au cours de l’année écoulée.

Plus de 90 % des Syriens considèrent l’occupation israélienne des territoires palestiniens et les frappes contre l’Iran, le Liban et la Syrie comme des menaces critiques pour leur sécurité.

Dans Foreign Policy, Salma Al-Shami et Michael Robbins (Arab Barometer) écrivent que les résultats de l’enquête donnent des raisons d’être optimiste.

« Nous avons constaté que la population est pleine d’espoir, favorable à la démocratie et ouverte à l’aide étrangère », disent-ils. « Elle approuve et fait confiance à son gouvernement actuel. »

Mais ils notent aussi plusieurs sources d’inquiétude, notamment l’état de l’économie et la sécurité interne.

Le soutien au gouvernement chute nettement dans les régions majoritairement alaouites.

La dynastie Assad, au pouvoir pendant plus de 50 ans, était issue de la minorité alaouite, dont les membres occupaient de nombreux postes clés.

L’économie reste la principale préoccupation : seuls 17 % se disent satisfaits de sa performance, et beaucoup s’inquiètent de l’inflation, du chômage et de la pauvreté.

Quelque 86 % déclarent que leurs revenus ne couvrent pas leurs dépenses, et 65 % affirment avoir eu du mal à acheter de la nourriture le mois précédent.

La sécurité préoccupe aussi : 74 % soutiennent les efforts du gouvernement pour collecter les armes des groupes armés et 63 % considèrent l’enlèvement comme une menace critique.

À l’occasion de l’anniversaire de la chute d’Assad, lundi, al-Chareh a affirmé que le gouvernement œuvrait à construire une Syrie forte, à consolider sa stabilité et à préserver sa souveraineté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël mène une série de frappes contre le Hezbollah au Liban

Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
Short Url
  • Israël a frappé vendredi plusieurs sites du Hezbollah au sud et à l’est du Liban, ciblant notamment un camp d’entraînement de sa force d’élite al-Radwan, malgré le cessez-le-feu conclu en novembre 2024
  • Ces raids interviennent alors que l’armée libanaise doit achever le démantèlement des infrastructures militaires du Hezbollah le long de la frontière israélienne d’ici le 31 décembre

BEYROUTH: Israël a mené une série de frappes aériennes contre le sud et l'est du Liban vendredi matin, selon les médias officiels, l'armée israélienne affirmant viser des objectifs du Hezbollah pro-iranien dont un camp d'entrainement.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe islamiste libanais, Israël continue de mener des attaques régulières contre le Hezbollah, l'accusant de se réarmer.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani), les raids de vendredi, qualifiés en partie de "violents", ont visé une dizaine de lieux, certains situés à une trentaine de km de la frontière avec Israël.

Dans un communiqué, l'armée israélienne a affirmé avoir "frappé un complexe d'entrainement" de la force d'élite du Hezbollah, al-Radwan, où des membres de la formation chiite apprenaient "l'utilisation de différents types d'armes", devant servir dans "des attentats terroristes".

L'armée israélienne a également "frappé des infrastructures militaires supplémentaires du Hezbollah dans plusieurs régions du sud du Liban", a-t-elle ajouté.

L'aviation israélienne avait déjà visé certains des mêmes sites en début de semaine.

Ces frappes interviennent alors que l'armée libanaise doit achever le démantèlement le 31 décembre des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord, conformément à l'accord de cessez-le-feu.

Les zones visées vendredi se trouvent pour la plupart au nord du fleuve.

Le Hezbollah a été très affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe.