En dépit de la complexité du conflit, Paris ne renonce pas à aider le Liban

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Publié le Mercredi 23 octobre 2024

En dépit de la complexité du conflit, Paris ne renonce pas à aider le Liban

  • La conférence, à laquelle sont conviés les États partenaires du Liban, les Nations unies, l’Union européenne, ainsi que les organisations internationales et régionales, a pour but de mobiliser la communauté internationale à la faveur du Liban
  • La conférence va s’articuler autour des trois volets suivants: apporter une aide humanitaire urgente à la population, soutenir les forces armées libanaises – et plus largement les institutions du pays – et parvenir à un cessez-le-feu

PARIS: C’est une conférence internationale à trois volets qui s’ouvre jeudi à Paris, à l’initiative du président Emmanuel Macron, dans le but d’apporter un soutien à la population libanaise et à la souveraineté du Liban.

La conférence, à laquelle sont conviés les États partenaires du Liban, les Nations unies, l’Union européenne, ainsi que les organisations internationales et régionales, a pour but de mobiliser la communauté internationale à la faveur du Liban, pays exsangue à la suite de semaines de raids aériens israéliens intensifs et d’incursions terrestres dans le sud.

Selon le ministère français des Affaires étrangères, la conférence va s’articuler autour des trois volets suivants: apporter une aide humanitaire urgente à la population, soutenir les forces armées libanaises et plus largement les institutions du pays et poursuivre les efforts pour parvenir à un cessez- le-feu en privilégiant la solution diplomatique, sur la base de la résolution 1701.

S’il est d’ores et déjà possible d’envisager des résultats concrets concernant le volet humanitaire, la tâche semble beaucoup plus compliquée concernant les deux autres volets.

Le président français a pesé de tout son poids pour que la demande de cessez-le-feu figure dans les conclusions du dernier conseil européen à Bruxelles.

Paris affirme que le cessez-le-feu au Liban est une nécessité, d’une part pour prévenir une expansion des crises dans la région et, d’autre part, pour le Liban lui-même, et compte tenu de l’engagement de la France à ses côtés.

Le président français a pesé de tout son poids pour que la demande de cessez-le-feu figure dans les conclusions du dernier conseil européen à Bruxelles. Il l’a abordée avec le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed ben Salmane en marge du sommet informel entre l’Union européenne et le Conseil de coopération du Golfe.

Le cessez-le-feu et la recherche d’un règlement diplomatique étaient également au centre des échanges entre Macron et le président israélien Haïm Hertzog puis le Premier ministre Benjamin Netanyahou.

Cependant, Paris concède qu’il insiste depuis des mois sur un cessez-le-feu à Gaza et actuellement au Liban, sans qu'il soit simple de l'obtenir, mais il n'y a pas d'autre formule possible pour commencer à construire quelque chose qui serait bénéfique pour la sécurité de tous.

De plus, la question est de savoir comment consolider la situation au Liban-Sud, dès qu'il y a un cessez-le-feu, sachant que cette consolidation nécessite une formule de sécurité qui permet aux civils d'être protégés, de part et d'autre de la Ligne bleue.

Pour cela, Paris estime qu’il faut accélérer la manœuvre et donner des garanties aux Israéliens sur la cessation des violations de la 1701 par la partie libanaise, ce qui nécessite une posture plus robuste de la Finul et le retour de l'armée libanaise plus nombreuse, mieux équipée, et mieux soutenue au sud du fleuve Litani.

Ceci d'ailleurs est dans l'intérêt non seulement d'Israël, mais d'abord des Libanais parce que les Libanais doivent pouvoir être gouvernés par les autorités légitimes au Liban, ce qui fait dire à Paris que ce sont des affaires complexes, qu’il faut traiter avec des mesures de rangs différents, qui exigent un engagement politique, des moyens opérationnels et des moyens financiers. 

L’autre question épineuse est de savoir comment régler la crise libanaise interne et permettre de consolider les institutions libanaises et d’élire un président de la République, après une vacance de près de deux ans

À tout cela s'ajoutent les difficultés que Paris tout comme la communauté internationale rencontrent avec Netanyahou qui n'entend pas les messages qui lui sont adressés et qu’il faut sans cesse répéter. 

En dépit de cela, Paris est déterminé à travailler avec les Israéliens, pour tenter d’apporter des réponses en vue de l’adoption d’un cessez-le-feu, en leur disant attention, vous remportez certainement des victoires importantes, mais, l’essentiel, c'est la paix et la sécurité pour tous dans la région.

L’autre question épineuse est de savoir comment régler la crise libanaise interne et permettre de consolider les institutions libanaises et d’élire un président de la République, après une vacance de près de deux ans.

À ce sujet, Paris plaide pour une formule politique soutenable, qui permettra de traiter les problèmes essentiels du pays et de rassembler toutes les confessions et tous les partis. Elle souligne que l’élimination du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, par Israël, ne signifie pas que le parti lui-même a disparu d’un coup.

Cette conférence se tient alors que deux responsables américains, le secrétaire d'État Anthony Blinken et l’émissaire présidentiel américain Amos Hochstein se sont rendus dans la région, dans le but de tenter de mettre fin à la guerre au Liban et à Gaza.

Difficile de juger du degré de convergence des approches française et américaine sur le fond, surtout en raison de la campagne pour les élections présidentielles américaines qui limite la marge de manœuvre du président sortant Joe Biden.

Entretemps, les États-Unis ont fait savoir qu’ils seront représentés à la conférence de Paris par un haut fonctionnaire, ce qui laisse planer le doute concernant leur engagement dans la réussite de cette conférence.

 


La "loi spéciale" au Parlement, rendez-vous en janvier pour reparler budget

Le Premier ministre français Sébastien Lecornu et le ministre français de l'Économie et des Finances Roland Lescure quittent l'Élysée après la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre français Sébastien Lecornu et le ministre français de l'Économie et des Finances Roland Lescure quittent l'Élysée après la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
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  • Faute d’accord sur le budget de l’État, le Parlement vote une loi spéciale pour reconduire provisoirement le budget 2025 et assurer le fonctionnement de l’État
  • Les débats budgétaires reprendront en janvier, sur fond de déficit élevé, de tensions politiques et de discussions autour d’un possible recours au 49.3

PARIS: Le Parlement pose une rustine sur ses désaccords budgétaires. L'Assemblée nationale et le Sénat devraient voter tour à tour mardi la "loi spéciale" présentée par le gouvernement pour continuer de financer provisoirement l'État et les administrations.

Les votes des deux assemblées ponctuent deux mois et demi de débats budgétaires qui se soldent par un échec partiel pour le Premier ministre Sébastien Lecornu.

Le dialogue privilégié engagé par le Premier ministre avec le Parti socialiste a permis l'adoption du budget de la Sécurité sociale pour 2026, au prix de concessions sur les retraites et le financement de la Sécurité sociale.

Mais les profondes divergences entre l'Assemblée nationale et le Sénat, tenu par des partis de droite et du centre hostiles à tout prélèvement supplémentaire, ont empêché l'approbation du second texte budgétaire, celui sur le financement de l'État.

Les parlementaires se retrouveront donc en début d'année pour de nouvelles joutes sur ce texte, alors que la France est confrontée à un endettement croissant et que les discussions budgétaires n'ont pas permis de dessiner une trajectoire de réduction des déficits.

"Nous devrons au plus vite, en janvier, donner un budget à la nation" qui "devra tenir l'objectif de 5% de déficit et financer nos priorités", a déclaré Emmanuel Macron lundi soir lors du Conseil des ministres, selon la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon.

"L'Élysée commence à s'impatienter", glissait lundi un cadre du camp gouvernemental.

Rentré d'Abou Dhabi où il était allé célébrer Noël avec les troupes françaises, Emmanuel Macron a présidé lundi soir un Conseil des ministres de crise pour la présentation de la loi spéciale.

- Pas de dépense nouvelle -

Le texte reconduit temporairement le budget de 2025, il permet de lever l'impôt et de payer les fonctionnaires. Mais il ne comprend pas de dépenses nouvelles, y compris sur la défense, érigée en priorité face à la menace russe.

Ce projet de loi spéciale devrait être voté mardi en toute fin d'après-midi par l'Assemblée nationale, puis dans la soirée par le Sénat. A l'unanimité ou presque. Avant d'être promulgué dans les jours suivants par le chef de l'État.

Déjà l'an dernier, l'exécutif avait dû y avoir recours après la chute du gouvernement de Michel Barnier, renversé par une motion de censure sur le budget de la Sécurité sociale. Les deux textes budgétaires 2025 avaient finalement été approuvés au mois de février, quelques semaines après l'arrivée de François Bayrou à Matignon.

Anticipant la reprise des débats en janvier, Sébastien Lecornu a reçu dimanche et lundi les forces politiques, à l'exception de la France insoumise et du Rassemblement national. Un ballet devenu habituel de responsables politiques exprimant leurs exigences et lignes rouges rue de Varenne, à l'issue de ces entretiens.

Le premier secrétaire du PS Olivier Faure a appelé à un budget qui ne fasse pas "peser les efforts sur les plus modestes" et préserve les investissements en matière d'écologie.

Quant à la cheffe des députés écologistes Cyrielle Châtelain, elle s'est inquiétée d'une copie budgétaire trop calquée sur les positions du Sénat. En cas de 49.3, les Ecologistes choisiront "la censure", a-t-elle prévenu.

Car on reparle de plus en plus de cet outil constitutionnel permettant de faire adopter un texte sans vote, sauf motion de censure.

Écarté par le Premier ministre à la demande des socialistes, qui le jugent brutal, il est évoqué avec insistance par des responsables de droite et du bloc central qui lui demandent de revenir sur son engagement.

Il faudrait alors pour le gouvernement trouver avec les socialistes des conditions de non-censure. Pour espérer enfin tourner la page du débat budgétaire.

Mais pour l'heure, Sébastien Lecornu s'y refuse, jugeant le projet de budget "encore votable sans intervention du gouvernement", selon Mme Bregeon.


France: Conseil des ministres spécial pour tenter de sortir de l'impasse budgétaire

Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (au centre) s'exprime lors d'une déclaration gouvernementale sur la stratégie de défense nationale à l'Assemblée nationale, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (au centre) s'exprime lors d'une déclaration gouvernementale sur la stratégie de défense nationale à l'Assemblée nationale, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron convoque un conseil des ministres extraordinaire pour présenter une loi spéciale afin d’assurer le financement de l’État face à l’impasse budgétaire
  • Les discussions sur un budget 2026 reprendront rapidement : le gouvernement vise une adoption d’ici fin janvier, dans un contexte de fortes divergences

PARIS: Le président français Emmanuel Macron préside lundi un conseil des ministres extraordinaire qui devrait conduire à l'adoption rapide par le Parlement d'une loi spéciale, destinée à financer l'Etat et ses administrations malgré l'impasse budgétaire.

Le Premier ministre Sébastien Lecornu doit poursuivre dans la journée de lundi ses consultations des différentes formations politiques "pour trouver les conditions d'une solution".

Une commission de sénateurs et députés a échoué vendredi à trouver un accord sur le projet de loi de finances pour l'année à venir.

A l'issue de ces discussions, un conseil des ministres de crise destiné à présenter le projet de loi spéciale est prévu en fin de journée, au retour du président Emmanuel Macron d'Abou Dhabi, où le chef d'État a annoncé devant des militaires français le coup d'envoi de la construction du futur porte-avions destiné à remplacer le Charles De Gaulle.

Dans la foulée, les commissions des Finances de l'Assemblée nationale et du Sénat auditionneront lundi soir et mardi le ministre de l'Économie Roland Lescure et la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin, sur ce projet de loi. L'objectif est que ce texte spécial puisse être voté mardi par les deux chambres.

Mais il faudra dès la rentrée reprendre les discussions pour tenter de trouver un budget 2026, car la loi spéciale "c'est un service minimum", a martelé Amélie de Montchalin.

La ministre a indiqué dimanche soir sur la chaîne BFMTV que l'objectif est d'adopter une véritable loi de finance 2026 avant "la fin janvier", y compris avec "quelques hausses d'impôts", une des demandes notamment du Parti socialiste - partenaire privilégié de Sébastien Lecornu lors de l'examen du budget de la Sécurité sociale, et à qui il a concédé notamment la suspension de la réforme des retraites.

Reste qu'après deux mois de discussions qui n'ont pas permis d'aboutir, le doute subsiste sur la capacité du Premier ministre à obtenir ce compromis, entre une droite sénatoriale attachée aux économies et aux baisses d'impôts et une Assemblée où la gauche réclame plus de recettes et moins de coupes budgétaires.


Macron donne le coup d'envoi du futur porte-avions lors du Noël avec les troupes

Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux troupes françaises lors d'une cérémonie à la base du 5e régiment de cuirassiers à Zayed Military City, près d'Abou Dhabi, le 21 décembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux troupes françaises lors d'une cérémonie à la base du 5e régiment de cuirassiers à Zayed Military City, près d'Abou Dhabi, le 21 décembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux troupes françaises lors d'une cérémonie à la base du 5e régiment de cuirassiers à Zayed Military City, près d'Abou Dhabi, le 21 décembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux troupes françaises lors d'une cérémonie à la base du 5e régiment de cuirassiers à Zayed Military City, près d'Abou Dhabi, le 21 décembre 2025. (AFP)
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  • Plus grand et plus puissant, ce bâtiment symbolise l’ambition stratégique et industrielle de la France, malgré les contraintes budgétaires et les débats sur l’évolution des menaces

ABOU DHABI: Emmanuel Macron a donné dimanche le coup d'envoi de la construction du futur porte-avions français destiné à remplacer le Charles De Gaulle et qui doit entrer en service en 2038.

"Ce nouveau porte-avions sera l'illustration de la puissance de notre nation, puissance de l'industrie, de la technique, puissance au service de la liberté sur les mers et dans les remous du temps", a-t-il assuré.

L'annonce du lancement officiel de la construction était très attendue malgré l'impasse budgétaire dans laquelle se trouve le gouvernement, alors que le mur d'investissements nécessaires et l'évolution des menaces mettent le projet sous pression.

"Conformément aux deux dernières lois de programmation militaire, et après un examen complet et minutieux, j'ai décidé de doter la France d'un nouveau porte-avions", a annoncé le chef de l'Etat français lors du Noël avec les troupes à Abou Dhabi.

"La décision de lancer en réalisation ce très grand programme a été prise cette semaine", a-t-il ajouté.

Lui aussi à propulsion nucléaire, le nouveau porte-avions sera beaucoup plus massif que l'actuel. Il fera près de 80.000 tonnes pour environ 310 mètres de long, contre 42.000 tonnes pour 261 mètres pour le Charles De Gaulle. Avec un équipage de 2.000 marins, il pourra embarquer 30 avions de combat.

Le risque d'un "choc dans trois, quatre ans" face à la Russie évoqué par les armées fait craindre que les budgets ne filent vers des priorités plus pressantes.

De récents propos du chef d'état-major des armées, le général Fabien Mandon, jugeant qu'on "ne peut pas se contenter de reproduire un outil qui a été conçu à la moitié du siècle dernier", semblent mettre aussi en question le concept du porte-avions.

Le général a notamment souligné le "besoin de permanence à la mer" du bâtiment et sa capacité d'emport de "drones de tous types".

Un seul bâtiment, en l'occurence le Charles De Gaulle, est disponible 65% du temps, selon la Marine. Un décalage de la construction et donc de l'entrée en service de son successeur laisserait la Marine sans porte-avions.

Une étude menée à l'occasion du prochain arrêt technique majeur du Charles De Gaulle permettra de dire en 2029 si le bâtiment peut être prolongé de quelques années au-delà de 2038, en fonction de l'état de ses chaufferies nucléaires et de sa structure.

Le président français Emmanuel Macron a fait cette annonce lors d'une visite aux Emirats arabes unis, allié militaire avec lequel Paris souhaite renforcer son "partenariat stratégique" et dont il espère plus de coopération dans sa lutte contre le narcotrafic.