Narcotrafic : le ministre de la Justice promet à son tour une « réponse très ferme de l'État »

Le ministre français de la Justice Didier Migaud quitte le Palais présidentiel de l'Elysée après la réunion hebdomadaire du cabinet, le 1er octobre 2024. (Photo AFP)
Le ministre français de la Justice Didier Migaud quitte le Palais présidentiel de l'Elysée après la réunion hebdomadaire du cabinet, le 1er octobre 2024. (Photo AFP)
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Publié le Mardi 05 novembre 2024

Narcotrafic : le ministre de la Justice promet à son tour une « réponse très ferme de l'État »

  • Le narcotrafic constitue une menace « grandissante et gravissime » et nécessite une « réponse très ferme de l'État », a déclaré mardi le ministre de la Justice, Didier Migaud.
  • Vendredi prochain, le garde des Sceaux doit se rendre avec le ministre de l'Intérieur à Marseille, où les règlements de comptes entre narcotrafiquants sont particulièrement meurtriers et sordides.

PARIS : Le narcotrafic constitue une menace « grandissante et gravissime » et nécessite une « réponse très ferme de l'État », a déclaré mardi le ministre de la Justice, Didier Migaud, qui doit annoncer vendredi, avec Bruno Retailleau, des mesures contre ce « fléau ».

« C'est une menace grandissante et gravissime avec le recours aux méthodes ultra-violentes des cartels sud-américains », a-t-il souligné sur Franceinfo.

« Les méthodes, c'est le meurtre, c'est la corruption », qui est « un vrai sujet qu'on ne peut pas sous-estimer », a-t-il détaillé.

Vendredi prochain, le garde des Sceaux doit se rendre avec le ministre de l'Intérieur à Marseille, où les règlements de comptes entre narcotrafiquants sont particulièrement meurtriers et sordides, impliquant de jeunes tueurs de 14-15 ans. Les deux ministres doivent y annoncer plusieurs mesures ensemble.

« Nous sommes totalement en phase », a assuré M. Migaud.

À la question de savoir s'il fallait une loi sur le sujet, il a répondu « bien sûr ».

« Vous avez réalisé un travail considérable qui formule un certain nombre de propositions », a-t-il observé, en référence à la commission d'enquête sénatoriale sur le narcotrafic.

« Nous sommes tout à fait ouverts à ces propositions », a indiqué M. Migaud.

Une proposition de loi est sur le bureau du Sénat depuis juillet, et M. Retailleau a déjà dit qu'il souhaitait qu'elle soit examinée « le plus vite possible », « au plus tard en début d'année ».

Interrogé sur la question de créer un nouveau parquet national consacré à la lutte contre le narcotrafic et la criminalité organisée, comme l'avait envisagé son prédécesseur, Éric Dupond-Moretti, M. Migaud s'est dit « favorable à une organisation qui permette de lutter contre ce fléau ».

« Le parquet national peut tout à fait être une solution », a-t-il jugé, tout en indiquant que c'était « au parlement d'en décider ».

Concernant la question des consommateurs de drogue, il a estimé qu'il fallait s'attaquer au « sujet du recouvrement des amendes », mais s'est également dit « favorable à des campagnes d'information pour montrer tous les dangers de la drogue sur la santé ».


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.