Le distributeur Auchan prévoit de supprimer près de 2.400 emplois en France

Des voitures sont garées devant le supermarché Auchan de Woippy, dans le nord-est de la France, le 5 novembre 2024. (AFP)
Des voitures sont garées devant le supermarché Auchan de Woippy, dans le nord-est de la France, le 5 novembre 2024. (AFP)
Short Url
Publié le Mercredi 06 novembre 2024

Le distributeur Auchan prévoit de supprimer près de 2.400 emplois en France

  • Le distributeur nordiste Auchan a présenté mardi à ses représentants du personnel un projet de plan social menaçant un total de 2.389 emplois en France, pour tenter de se relancer après plusieurs années difficiles
  • Au programme aussi, la fermeture de trois entrepôts assurant l'activité de livraison directe à domicile, à Paris, Lille et Lyon, qui entraînerait 224 suppressions de postes

PARIS: Le distributeur nordiste Auchan a présenté mardi à ses représentants du personnel un projet de plan social menaçant un total de 2.389 emplois en France, pour tenter de se relancer après plusieurs années difficiles.

L'enseigne de la galaxie Mulliez a présenté aux représentants de ses plus de 53.000 salariés en France des projets de plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) majeurs.

"C'est catastrophique. Ça va laisser beaucoup, beaucoup de salariés dans la difficulté, de familles", s'est indigné Franck Martineau, délégué syndical FO Auchan Retail.

Le plan social devra être "à la hauteur du sacrifice demandé aux salariés, avec un maximum de reclassements", a souligné Gilles Martin, délégué CFDT Groupe Auchan-France.

Les syndicats, épinglant le manque de "stratégie dans la longueur" de la direction, sont pessimistes quant aux chances d'éviter la "casse" des emplois. Les négociations doivent se poursuivre la "semaine prochaine", après l'ouverture du plan social.

- "Mutualisation" -

Auchan prévoit une cure d'amaigrissement à différents niveaux.

D'abord, une mutualisation de fonctions support entre différentes entités au sein de ses sièges (784 postes potentiellement concernés).

Ensuite, une organisation "plus agile et autonome" de son réseau de magasins, pour un possible total de 915 postes menacés.

Au programme aussi, la fermeture de trois entrepôts assurant l'activité de livraison directe à domicile, à Paris, Lille et Lyon, qui entraînerait 224 suppressions de postes.

Enfin, la fermeture d'une petite dizaine de magasins "dont les foyers de pertes sont tels qu'on a du mal à voir une issue à brève échéance", selon une source proche de la direction. Soit 466 postes menacés, principalement dans trois hypermarchés à Clermont-Ferrand, Woippy (Moselle) et Bar-le-Duc, et un supermarché à Aurillac.

Au total, 2.389 postes sont menacés.

"J'ai le souci de savoir ce qu'on a fait dans ces groupes de l'argent public qu'on leur a donné", a commenté mardi le Premier ministre Michel Barnier, répondant à une question sur le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) dont avaient profité Auchan et le fabricant de pneumatiques Michelin, qui prévoit de son côté 1.200 suppressions de postes.

Joint par l'AFP, Auchan a répondu que "la réduction de charges annuelle de 83 millions accordée au titre du CICE entre 2013 et 2018 a été intégralement utilisée pour les objectifs ciblés par ce dispositif," notamment la redistribution "du pouvoir d'achat à ses collaborateurs".

L'entreprise indique par ailleurs avoir "payé 258 millions d'impôts et de taxes (hors taxes collectées: TVA, taxes sur les alcools, TICPE) et 607 millions d'euros de charges sociales pour la part patronale" au seul titre de 2023, "contribuant ainsi" aux finances publiques.

De son côté, le ministre de l'Economie Antoine Armand compte "s'assurer" que "la priorité de cette transformation (d'Auchan) est bien l'emploi".

Sur X, le président de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand a affirmé avoir demandé "une rencontre rapide" avec la direction d'Auchan "pour discuter de l'avenir des emplois".

La direction d'Auchan espère limiter le nombre de licenciements secs via un accompagnement des collaborateurs concernés, des formations de reconversion, des congés de reclassement et un plan de départs volontaires.

Elle prévoit aussi la création de 114 postes dans les activités de "drive" (récupération des achats en ligne) et 205 au sein des fonctions support.

- "Un moyen, pas une finalité" -

Auchan Retail avait déjà annoncé en septembre 2020 la suppression de 1.475 postes en France, après un plan de départs volontaires de plus de 500 postes en janvier de la même année.

Longtemps considéré comme l'un des acteurs les mieux-disants au niveau social dans la grande distribution, Auchan enchaîne les mauvais exercices économiques, et sa holding Elo Groupe a annoncé en juillet une perte nette de près d'un milliard d'euros sur les six premiers mois de 2024.

Plusieurs facteurs expliquent les difficultés d'Auchan en France: sa part de marché d'abord, à 9,1% au dernier pointage, qui en fait le cinquième acteur du marché français, loin derrière le leader E.Leclerc (24,1%).

Cette position limitant son pouvoir de négociation avec les fournisseurs, Auchan a formé une alliance avec Intermarché pour acheter en commun, afin d'améliorer ses conditions d'achat sur le long terme (dix ans).

De plus, Auchan fonctionne sur un modèle intégré - il est propriétaire de ses magasins -, contrairement à des enseignes comme E.Leclerc et Intermarché qui réunissent des indépendants. Ce modèle intégré génère des coûts de fonctionnement plus élevés.

Le groupe prévoit de réduire de 25% la taille de 65 magasins, visant des surfaces plus petites de 8.000 m².


Automobile: les équipementiers français pressent Bruxelles d'imposer un contenu local

 Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Short Url
  • Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe
  • Mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie"

PARIS: Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi.

Dans cette missive adressée à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et datée du 12 décembre, les dirigeants des équipementiers Valeo, Forvia et OPmobility demandent à la Commission "des mesures claires sur le contenu local lors des annonces du 16 décembre".

Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe, mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie", écrivent Christophe Périllat (Valeo), Martin Fisher (Forvia) et Félicie Burelle (OPmobility).

"Les perspectives actuelles indiquent que 350.000 emplois et 23% de la valeur ajoutée des automobiles dans l'UE sont en danger d'ici 2030 si des mesures fortes ne sont pas prises de manière urgente", ajoutent-ils.

Ces équipementiers soutiennent "la position des ministres français en faveur de +flexibilités ciblées+ dans la réglementation sur (les émissions de) CO2 si elle est assortie de conditions de critères de contenu local, dans l'intérêt des emplois, du savoir-faire dans l'automobile" et de "l'empreinte carbone" en Europe.

Les constructeurs automobiles européens et l'Allemagne notamment réclament depuis des semaines de nets assouplissements dans l'interdiction de vendre des voitures neuves thermiques ou hybrides prévue à partir de 2035.

Les annonces de la Commission sont attendues mardi après-midi.

La semaine dernière, plusieurs ministres français avaient envoyé une lettre aux commissaires européens pour dire qu'ils acceptaient des "flexibilités ciblées", à condition qu'elles s'accompagnent d'une règlementation incitative à la production en Europe.

"On est prêt à faire preuve de flexibilité", avait ensuite expliqué Roland Lescure, ministre français de l'Economie. "Si vous voulez vendre encore un peu de moteurs thermiques en 2035 très bien, mais il faut qu’ils soient faits en Europe", avec "au moins 75% de la valeur ajoutée faite en Europe", avait-il ajouté.


Espagne: amende de 64 millions d'euros contre Airbnb pour avoir publié des annonces de logements interdits

Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
Short Url
  • L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation
  • "Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux"

MADRID: Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays.

En Espagne, les plateformes de location de courte durée suscitent un vif débat, surtout dans les grandes villes touristiques, où de nombreux habitants leur reprochent de contribuer à la flambée des loyers.

L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation, ajoutant que la plateforme basée aux Etats-Unis devait désormais "corriger les manquements constatés en supprimant les contenus illégaux".

"Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux", a critiqué le ministre de la Consommation, Pablo Bustinduy, cité dans le communiqué.

"Aucune entreprise en Espagne, aussi grande ou puissante soit-elle, n'est au-dessus des lois", a-t-il poursuivi.

L'Espagne a accueilli en 2024 un nombre record de 94 millions de visiteurs, ce qui en fait la deuxième destination touristique dans le monde derrière la France. Ce chiffre pourrait être battu cette année.

Mais si le tourisme est un moteur de l'économie, de nombreux Espagnols dénoncent la congestion des infrastructures, la disparition des commerces traditionnels, remplacés par des boutiques touristiques, et surtout la flambée des loyers, les propriétaires de logements se tournant vers la location touristique, y compris sur Airbnb, nettement plus rentable.

Face à cette poussée de colère, plusieurs régions et municipalités ont annoncé des mesures ces derniers mois, à l'image de la mairie de Barcelone (nord-est), qui a promis de ne pas renouveler les licences de quelque 10.000 appartements touristiques, qui expireront en novembre 2028.

 


La RATP se cherche un ou une présidente

Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Short Url
  • Après le départ de Jean Castex à la SNCF, l’Élysée s’apprête à nommer rapidement le nouveau président ou la nouvelle présidente de la RATP
  • Plusieurs profils circulent, tandis que la régie fait face à d’importants défis

PARIS: Après le départ de Jean Castex à la SNCF, la RATP se cherche un ou une présidente, dont la nomination pourrait intervenir "rapidement", selon des sources concordantes.

L'annonce se fera par communiqué de l'Elysée en vertu de l'article 13 de la Constitution qui prévoit que le président de la République nomme aux emplois civils et militaires de l'Etat.

Suivront, deux semaines plus tard, deux auditions de l'impétrant devant les sénateurs, puis devant les députés. Les parlementaires ont la possibilité de s'opposer au candidat d'Emmanuel Macron s'ils réunissent trois cinquième de leurs votes cumulés contre le nom choisi par l'Elysée.

En revanche, si le candidat est adoubé par le Parlement, son nom est proposé en conseil d'administration comme nouvel administrateur, puis confirmé dans la foulée par un décret suivant le conseil des ministres.

Depuis l'arrivée de l'ancien Premier ministre Jean Castex à la tête de la SNCF début novembre, les rumeurs se multiplient sur le nom de celui ou celle qui sera chargé de lui succéder aux commandes de la Régie autonome des transports parisiens, vieille dame créée le 21 mars 1948 et désormais plongée dans le grand bain de l'ouverture à la concurrence.

Les articles de presse pèsent les différents "profils" pressentis, politiques ou techniques qui pourraient "faire le job".

Les noms qui reviennent le plus souvent sont ceux de Xavier Piechaczyk, président du directoire du distributeur d'électricité RTE et ex-conseiller énergie-transport de Jean-Marc Ayrault et François Hollande, Alain Krakovitch, actuel directeur des TGV et Intercités à SNCF Voyageurs, Jean-François Monteils, président du directoire de la Société des grands projets (SGP) et selon la Tribune, Valérie Vesque-Jeancard, présidente de Vinci Airways et directrice déléguée de Vinci Airports.

"Si le nom sort de l'Elysée avant la fin de l'année, cela permettrait au PDG de prendre ses fonctions fin janvier-début février" souligne un fin connaisseur des milieux ferroviaires qui requiert l'anonymat.

- "Aller vite" -

"Une entreprise industrielle comme la RATP ne peut pas rester sans pilote très longtemps" souligne une autre source, proche du dossier, qui requiert aussi l'anonymat, avant d'ajouter "il faut aller vite, car c'est aussi une boite politique, la RATP".

Une entreprise aux enjeux d'autant plus complexes, que malgré son ancrage initial parisien, la RATP dépend du financement de la région Ile-de-France pour ses matériels, s'étend de plus en plus loin dans la banlieue, voire en métropole, et gère des réseaux de transports dans 16 pays sur les cinq continents.

En France, elle est notamment pressentie pour gérer les transports ferroviaires régionaux autour de Caen en Normandie à partir de 2027 après avoir répondu - via sa filiale RATP Dev - à des appels d'offre d'ouverture à la concurrence.

A Paris, la RATP est en train d'introduire progressivement de nouveaux matériels sur son réseau. Le nouveau métro MF19 construit par Alstom, ira d'abord sur la ligne 10 puis sept autres lignes (7 bis, 3 bis, 13 d'ici 2027, puis 12, 8, 3 et 7 d'ici 2034).

L'ensemble du processus prendra une dizaine d'années environ de travaux de modernisation sur les lignes concernées: beaucoup d'ingénierie fine à organiser pour réaliser les travaux pendant la nuit sans interrompre le trafic diurne et de désagréments pour les voyageurs.

A échéance plus lointaine, le ou la future patronne devra déterminer la stratégie du groupe dans les nouvelles ouvertures à la concurrence qui se dessinent: les tramway en 2030 puis le métro en 2040.

Sur le réseau de bus francilien, où la RATP a d'ores et déjà perdu son monopole, elle est parvenue à conserver l'exploitation de 70% des lignes d'autobus qu'elle gérait à l'issue des dernières vagues d'appels d'offre de mise en concurrence qui se sont achevées cet automne.

En particulier, elle continue d'exploiter via RATP Dev tous les bus de Paris intra-muros et a engagé un processus de verdissement de sa flotte de bus, financé par Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports.

Ses concurrents Keolis (filiale de la SNCF), Transdev et l'italien ATM ont pris les rênes le 1er novembre des lignes remportées.