Inquiet sur les droits de douane, Trudeau rencontre Trump en Floride

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau rentre à son hôtel après avoir rencontré le président élu américain Donald Trump, à West Palm Beach, en Floride, le 29 novembre 2024. Le Premier ministre canadien Justin Trudeau est arrivé en Floride le 29 novembre pour un dîner avec Donald Trump dans la propriété Mar-a-Lago du président élu, alors que le nouveau dirigeant américain a promis des droits de douane sur les importations canadiennes. (AFP)
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau rentre à son hôtel après avoir rencontré le président élu américain Donald Trump, à West Palm Beach, en Floride, le 29 novembre 2024. Le Premier ministre canadien Justin Trudeau est arrivé en Floride le 29 novembre pour un dîner avec Donald Trump dans la propriété Mar-a-Lago du président élu, alors que le nouveau dirigeant américain a promis des droits de douane sur les importations canadiennes. (AFP)
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Publié le Samedi 30 novembre 2024

Inquiet sur les droits de douane, Trudeau rencontre Trump en Floride

  • Le Premier ministre canadien Justin Trudeau s'est déplacé en Floride vendredi pour rencontrer Donald Trump, qui a suscité l'inquiétude chez les voisins des Etats-Unis en les menaçant d'une hausse drastique des droits de douane
  • Lundi, le président élu a dit vouloir imposer au Mexique et au Canada des droits de douane de 25% sur l'ensemble des produits importés aux Etats-Unis

West Palm Beach, États-Unis: Le Premier ministre canadien Justin Trudeau s'est déplacé en Floride vendredi pour rencontrer Donald Trump, qui a suscité l'inquiétude chez les voisins des Etats-Unis en les menaçant d'une hausse drastique des droits de douane.

Lundi, le président élu a dit vouloir imposer au Mexique et au Canada des droits de douane de 25% sur l'ensemble des produits importés aux Etats-Unis, une annonce qui a secoué les deux pays et fait craindre une vaste guerre commerciale.

C'est probablement pour tenter d'éviter de telles hostilités économiques que Justin Trudeau a effectué vendredi un déplacement surprise à West Palm Beach pour rencontrer en personne le prochain président américain, qui retourne à la Maison Blanche le 20 janvier.

Une source gouvernementale canadienne a confirmé à l'AFP qu'il était venu dîner avec Donald Trump à Mar-a-Lago, la résidence du milliardaire.

Le dirigeant canadien n'a pas répondu aux journalistes en rentrant à son hôtel après la rencontre.

- Représailles? -

Face aux annonces de Donald Trump, le Canada n'a pas tardé à réagir. Ottawa examine dès à présent la possibilité d'imposer des droits de douane supplémentaires sur certains articles américains en représailles, selon une source gouvernementale.

Car plus des trois quarts des exportations canadiennes en valeur (592 milliards de dollars canadiens soit 400 milliards d'euros) sont allées vers les Etats-Unis en 2023. Et en termes d'emploi, près de 2 millions de personnes au Canada dépendent des exportations sur une population d'environ 41 millions d'habitants.

Vendredi, devant la presse, Justin Trudeau a laissé entendre qu'il n'avait pas de doute sur l'intention de Donald Trump de mettre en oeuvre cette hausse annoncée en arrivant au pouvoir.

"Lorsque Donald Trump fait de telles déclarations, il a l'intention de les mettre à exécution", a déclaré le Premier ministre libéral, devancé dans les sondages par son opposant conservateur à quelques mois des élections canadiennes.

Lors du premier mandat Trump, les Etats-Unis avaient imposé des tarifs douaniers de 25% sur les importations d'acier et de 10% sur celles d'aluminium, auxquels Ottawa avait répondu en ciblant certains produits.

Qu'importe l'accord de libre-échange Canada-Etats-Unis-Mexique (USMCA), Donald Trump avait fait durant sa campagne des droits de douane la colonne vertébrale de sa politique économique.

- Mexique -

Lundi, l'ancien et prochain président a promis qu'il maintiendra cette surtaxe "jusqu'à ce que les drogues, en particulier le fentanyl, et tous les immigrants illégaux arrêtent cette invasion de notre pays!".

Il s'est entretenu mercredi avec la présidente du Mexique Claudia Sheinbaum, mais leur appel téléphonique a donné lieu à des interprétations divergentes.

L'Américain a assuré que son homologue avait accepté de "stopper l'immigration" clandestine en direction des Etats-Unis. Mais Mme Sheinbaum l'a contredit, en rappelant que la position du Mexique "n'est pas de fermer les frontières".

Elle a aussi menacé d'augmenter à son tour les tarifs douaniers mexicains sur les produits américains, déplorant que cette guerre commerciale menace la compétitivité, l'inflation et l'emploi en Amérique du Nord.

Sur le départ, Joe Biden a lui jugé les déclarations de Donald Trump "contre-productives". Ces pays voisins sont des "alliés", a déclaré jeudi le président américain, et "la dernière chose à faire est de commencer à gâcher ces relations".

Donald Trump a également annoncé lundi vouloir augmenter de 10% les droits de douane sur les produits en provenance de Chine.

Depuis qu'il a battu la démocrate Kamala Harris dans les urnes le 5 novembre et sans attendre d'être investi le 20 janvier à Washington, Donald Trump a reçu plusieurs responsables chez lui en Floride: le secrétaire général de l'Otan Mark Rutte, le patron de Meta Mark Zuckerberg ou encore le président argentin Javier Milei.


Ukraine: "prêts" sur les garanties de sécurité, les Européens vont tester les engagements de Trump

Le président français Emmanuel Macron (C,D) tient une réunion de travail avec le président ukrainien au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 3 septembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron (C,D) tient une réunion de travail avec le président ukrainien au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 3 septembre 2025. (AFP)
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  • Réunis à Paris autour d’Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky, les alliés européens de l’Ukraine actent leur volonté de garantir la sécurité de Kiev, tout en pressant les États-Unis de formaliser leur propre engagement
  • Vladimir Poutine, soutenu par la Chine et la Corée du Nord, rejette toute intervention étrangère et affirme que la Russie poursuivra ses objectifs militaires en Ukraine

PARIS: Les soutiens européens de l'Ukraine se réunissent jeudi pour tester l'engagement des Etats-Unis pour la sécurité future de l'Ukraine, alors que les efforts de paix de Donald Trump patinent et que Vladimir Poutine, fort de ses soutiens internationaux, paraît plus inflexible que jamais

Le président français Emmanuel Macron copréside à 10H30 (08H30 GMT) à l'Elysée une réunion de la "Coalition des volontaires", qui rassemble les principaux soutiens militaires de Kiev - une trentaine de pays, essentiellement européens - en présence de son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.

Les dirigeants s'entretiendront ensuite par téléphone à 14H00 (12H00 GMT) avec Donald Trump. Avec deux sujets à l'ordre du jour: un appel à plus de sanctions américaines contre la Russie et les contributions de chacun aux garanties de sécurité futures à apporter à l'Ukraine.

Outre M. Zelensky, le président finlandais Alexander Stubb sera présent à l'Elysée, de même que les Premiers ministres polonais Donald Tusk, espagnol Pedro Sanchez, danoise Mette Frederiksen ou encore les présidents des institutions de l'Union européenne Ursula von der Leyen et Antonio Costa.

Le Premier ministre britannique Keir Starmer, coprésident de la réunion, interviendra en visioconférence de même que les autres dirigeants européens, de l'Allemand Friedrich Merz à l'Italienne Georgia Meloni.

- Réserves -

Les Européens vont acter qu'ils sont "prêts" sur l'octroi de garanties de sécurité à l'Ukraine, pour mieux signifier qu'ils attendent désormais des gestes concrets des Américains dans le même sens.

"Nous sommes prêts pour ces garanties de sécurité. L'Europe est au rendez-vous, pour la première fois avec ce niveau d'engagement et d'intensité", a déclaré le président français en accueillant son homologue ukrainien dès mercredi soir à l'Elysée pour un tête-à-tête.

Les alliés de l'Ukraine attendent maintenant "de voir ce que les Américains souhaitent apporter concernant leur participation", a renchéri le secrétaire général de l'Otan, Mark Rutte, à Bruxelles.

La Coalition des volontaires est disposée à contribuer au renforcement de l'armée ukrainienne, voire pour certains pays - dont la France, le Royaume-Uni et la Belgique - à déployer des soldats en Ukraine, une fois un cessez-le-feu conclu, pour dissuader la Russie de toute nouvelle agression.

Mais certains alliés se sont montrés hésitants dans l'attente de la contribution américaine, que plusieurs pays européens jugent indispensable avant tout engagement de leur part.

Jusqu'à un cessez-le-feu, "il n'y aura certainement pas de déploiement de troupes en Ukraine et même après, j'ai des réserves considérables à ce sujet concernant l'Allemagne", a lancé le chancelier Merz sur la chaîne Sat1.

La Russie a répété jeudi qu'elle n'accepterait aucune "intervention étrangère quelle qu'en soit la forme", la porte-parole de sa diplomatie Maria Zakharova qualifiant les protections demandées par Kiev de "garanties de danger pour le continent européen".

- "A l'offensive" -

Donald Trump a promis lors d'une réunion avec six dirigeants européens le 18 août à Washington que les Etats-Unis apporteraient des garanties de sécurité, sans préciser lesquelles.

Ce "filet de sécurité" américain, ou "backstop" en anglais, pourrait prendre différentes formes - renseignement, soutien logistique, communications -, le président américain ayant exclu l'envoi de troupes américaines au sol.

Il a affirmé mercredi qu'il "se passerait quelque chose" si Vladimir Poutine ne répondait pas à ses attentes, deux semaines après leur rencontre en Alaska qui n'a abouti à aucun progrès substantiel sur une issue à la guerre en Ukraine.

En attendant, Vladimir Poutine, qui affiche un retour en force sur la scène internationale avec une présence très remarquée mercredi au côté du président chinois Xi Jinping et du dirigeant nord-coréen Kim Jong Un à Pékin, après le sommet d'Anchorage le 15 août avec Donald Trump, multiplie les déclarations offensives.

Moscou atteindra ses objectifs en Ukraine par la voie militaire si les négociations avec Kiev échouent, a-t-il averti depuis la Chine, assurant que ses troupes demeuraient "à l'offensive" sur l'ensemble du front.

Au même moment, la Russie lançait une vaste attaque avec plus de 500 drones et missiles sur l'Ukraine, tuant au moins neuf personnes et privant des milliers de foyers d'électricité.

"Malheureusement, nous n'avons pas encore vu de signes de la part de la Russie indiquant qu'ils veulent mettre fin à la guerre", a déploré Volodymyr Zelensky à Paris, se disant toutefois convaincu que l'Europe et les Etats-Unis aideraient Kiev à "accroître la pression sur la Russie pour avancer vers une solution diplomatique".


Turquie: nouveau coup judiciaire contre le principal parti d'opposition

Un tribunal turc a révoqué mardi la direction d'Istanbul du principal parti de l'opposition, le CHP, pour des irrégularités présumées lors de son congrès en 2023. Une décision dénoncée comme "un coup d'Etat judiciaire" par le parti qui va faire appel. (AFP)
Un tribunal turc a révoqué mardi la direction d'Istanbul du principal parti de l'opposition, le CHP, pour des irrégularités présumées lors de son congrès en 2023. Une décision dénoncée comme "un coup d'Etat judiciaire" par le parti qui va faire appel. (AFP)
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  • Le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) a remporté une large victoire face à l'AKP du président Recep Tayyip Erdogan lors des élections municipales de 2024 et progresse dans les sondages
  • Le tribunal annule les résultats du congrès provincial du CHP, excluant son chef à Istanbul, Özgür Celik, ainsi que 195 membres de la direction et délégués de ce parti

ISTANBUL: Un tribunal turc a révoqué mardi la direction d'Istanbul du principal parti de l'opposition, le CHP, pour des irrégularités présumées lors de son congrès en 2023. Une décision dénoncée comme "un coup d'Etat judiciaire" par le parti qui va faire appel.

Cette mesure apparaît comme un nouvel épisode de la guerre que livrent les autorités turques au premier parti d'opposition et surtout à ses figures populaires, dont le maire d'Istanbul emprisonné, Ekrem Imamoglu.

Le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) a remporté une large victoire face à l'AKP du président Recep Tayyip Erdogan lors des élections municipales de 2024 et progresse dans les sondages.

Dans son jugement, dont l'AFP a pu consulter une copie, le tribunal annule les résultats du congrès provincial du CHP, excluant son chef à Istanbul, Özgür Celik, ainsi que 195 membres de la direction et délégués de ce parti.

Par ces procédures, l'objectif est d'évincer l'actuel président du parti, Özgür Özel, en faisant annuler le résultat du congrès national du CHP.

S'exprimant mardi soir à l'issue d'une réunion d'urgence des instances du parti à Ankara, M.Özel a juré de "ne pas capituler" et dénoncé une "décision politiquement et légalement nulle et non avenue".

"Nous sommes confrontés à un coup d'Etat judiciaire", a-t-il enchainé lors d'un entretien à la chaine de télévision privée Halk TV, accusant les autorités de vouloir "modifier les résultats électoraux par voie de justice".

"Ils menacent de me retirer la direction du parti. Je vais me battre en retour". a-t-il promis.

Pression judiciaire croissante 

Le CHP subit une pression judiciaire croissante via un grand nombre d'enquêtes et d'interpellations visant ses élus, accusés de corruption, comme au sein de la municipalité d'Istanbul, la plus riche et la plus importante ville de Turquie, dont le maire est depuis mars derrière les barreaux.

L'arrestation de l'édile, Ekrem Imamoglu, figure populaire de l'opposition et principal adversaire potentiel du président Recep Tayyip Erdogan à la prochaine échéance présidentielle, avait déclenché un mouvement de contestation inédit dans ce pays depuis douze ans.

Sont de fait suspendues mardi "toutes les décisions prises au cours du congrès provincial d'Istanbul" du CHP qui avait eu lieu le 8 octobre 2023, d'après le jugement rendu.

La mesure suppose également "la réintégration temporaire" des personnes élues lors du précédent congrès ou la nomination d'un comité provisoire qui serait jugé approprié par le tribunal.

Au congrès d'octobre 2023, Özgür Celik, élu à la direction du parti à Istanbul avec le soutien d'Ekrem Imamoglu, l'avait emporté face à son concurrent, Cemal Canpolat, un proche de l'ancien président du CHP, Kemal Kilicdaroglu.

Ce dernier avait été le candidat malheureux de l'opposition à la présidentielle de 2023.

Le parquet a ouvert une enquête contre M. Celik et neuf autres responsables du parti pour des allégations de "fraude électorale", ce qui peut leur valoir jusqu'à trois ans de prison.

Pour l'analyste politique Berk Esen joint par l'AFP, la décision de mardi contre la direction d'Istanbul est une "répétition" avant une nouvelle procédure judiciaire contre le CHP lui-même, afin de l'affaiblir en tant que force d'opposition dans la perspectives des prochaines élections.

M. Esen y voit le signe d'une "évolution vers une autocratie totale (qui) signale la fin du multipartisme dans le pays tel que nous le connaissons".

"Le gouvernement prend des mesures calculées pour éliminer Ekrem Imamoglu, qu'il considère comme la seule véritable menace électorale, et pour réduire le CHP à une opposition sous contrôle", assure-t-il.

 


Les «doubles standards» occidentaux sur Gaza et l'Ukraine sont un «échec» : Premier ministre espagnol

 Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez s'adresse aux journalistes après une réunion avec le roi Felipe VI d'Espagne au Palais Marivent à Palma de Majorque, le 29 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez s'adresse aux journalistes après une réunion avec le roi Felipe VI d'Espagne au Palais Marivent à Palma de Majorque, le 29 juillet 2025. (AFP)
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  • Pedro Sanchez : Gaza représente "l'un des épisodes les plus sombres des relations internationales" de ce siècle
  • Son pays encourage l'Europe à prendre des mesures plus sévères à l'encontre d'Israël

LONDRES : La politique de deux poids deux mesures de l'Occident sur l'Ukraine et Gaza menace sa position mondiale, a déclaré le premier ministre espagnol au Guardian.

Pedro Sanchez, qui a accusé Israël de commettre un génocide à Gaza, s'exprimait avant de s'entretenir avec son homologue britannique Keir Starmer à Londres mercredi.

M. Sanchez s'est réjoui que d'autres pays européens suivent l'Espagne dans la reconnaissance d'un État palestinien, mais il a critiqué la réaction générale du continent à la guerre.

"C'est un échec", a-t-il déclaré. "C'est un échec. La réalité, c'est aussi qu'au sein de l'UE, certains pays sont divisés sur la manière d'influencer Israël.

"Mais à mon avis, ce n'est pas acceptable et nous ne pouvons pas durer plus longtemps si nous voulons accroître notre crédibilité face à d'autres crises, comme celle à laquelle nous sommes confrontés en Ukraine.

Il a ajouté : "Les racines de ces guerres sont complètement différentes mais, en fin de compte, le monde regarde l'UE et la société occidentale et demande : "Pourquoi faites-vous deux poids deux mesures quand il s'agit de l'Ukraine et quand il s'agit de Gaza ?"

M. Sanchez a déclaré qu'il encourageait l'Europe à prendre des mesures plus sévères à l'encontre d'Israël, y compris sur le plan financier.

"Ce à quoi nous assistons actuellement à Gaza est peut-être l'un des épisodes les plus sombres des relations internationales du 21ème siècle, et à cet égard, je dois dire que l'Espagne a été très active au sein de l'UE et de la communauté internationale", a-t-il ajouté.

"Au sein de l'UE, ce que nous avons fait jusqu'à présent, c'est préconiser la suspension du partenariat stratégique que l'UE entretient avec Israël.