FORT DE FRANCE : Rodrigue Petitot, figure du mouvement contre la vie chère en Martinique, a été condamné à dix mois de prison ferme aménageable pour intimidation des maires de cette île française des Caraïbes.
À l'annonce de sa condamnation par le tribunal correctionnel de Fort-de-France, des heurts ont éclaté à l'extérieur du palais de justice, a constaté un journaliste de l'AFP.
Parmi les centaines de personnes venues soutenir le leader du Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC), plusieurs dizaines ont lancé des pierres et des bouteilles en verre sur les façades du tribunal. Les forces de l'ordre ont répliqué par des tirs de gaz lacrymogènes.
Depuis septembre, la Martinique est touchée par un mouvement social marqué par des violences pour dénoncer le coût de la vie. Près de 300 véhicules ont été brûlés, 33 bâtiments privés et six bâtiments publics incendiés, ainsi que 174 commerces cambriolés dans l'île, selon des chiffres de la préfecture.
Fin novembre, dans une vidéo diffusée en direct sur TikTok, Rodrigue Petitot dit « le R » avait exigé le départ du préfet de la Martinique et réclamé aux élus de fermer les mairies.
« Démontrez-nous que l'on peut compter sur vous. Nous allons vous attaquer. Nous allons faire un grand nettoyage, de l'extérieur comme de l'intérieur », avait-il lancé alors qu'il manifestait, cité par la radio locale RCI.
Ses avocats ont dénoncé cette condamnation. « Nous sommes surpris », a commenté Me Max Bellemare, l'un de ses trois avocats, faisant valoir la jurisprudence française sur la liberté d'expression.
C'est « un prisonnier politique », a réagi le bâtonnier Georges-Emmanuel Germany, autre avocat de M. Petitot.
La peine prononcée est inférieure aux réquisitions du ministère public qui avait réclamé 12 mois de prison ferme à l'encontre du chef du RPPRAC, interpellé jeudi et placé en détention provisoire.
« Ces propos sont des actes d'intimidation », a reproché lundi le représentant du parquet dans son réquisitoire, rappelant que le prévenu était un récidiviste et risquait de ce fait jusqu'à 20 ans de prison.
« Nous n'avons jamais appelé à la violence contre quiconque », s'est défendu Rodrigue Petitot pendant son procès.
La justice lui reproche également de s'être introduit dans la résidence du préfet en forçant l'entrée avec un véhicule en novembre, des faits qui seront jugés en janvier.
Depuis début septembre, le collectif RPPRAC réclame l'alignement des prix des produits alimentaires vendus en Martinique sur ceux pratiqués en métropole. Selon l'Institut national français de la statistique (Insee), ils sont vendus en moyenne 40 % plus cher.