Barnier à l'Élysée pour remettre la démission de son gouvernement à Macron

Conformément à l'article 50 de la Constitution, après l'adoption d'une motion de censure par l'Assemblée nationale, "le Premier ministre doit remettre au président de la République la démission du gouvernement". (AFP)
Conformément à l'article 50 de la Constitution, après l'adoption d'une motion de censure par l'Assemblée nationale, "le Premier ministre doit remettre au président de la République la démission du gouvernement". (AFP)
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Publié le Jeudi 05 décembre 2024

Barnier à l'Élysée pour remettre la démission de son gouvernement à Macron

  • Conformément à l'article 50 de la Constitution, après l'adoption d'une motion de censure par l'Assemblée nationale, "le Premier ministre doit remettre au président de la République la démission du gouvernement"
  • Emmanuel Macron s'adressera aux Français jeudi à 20H00 dans une allocution solennelle

PARIS: Michel Barnier est arrivé jeudi matin à l'Élysée pour remettre la démission de son gouvernement à Emmanuel Macron, après avoir été renversé la veille par les députés, a constaté un journaliste de l'AFP.

Conformément à l'article 50 de la Constitution, après l'adoption d'une motion de censure par l'Assemblée nationale, "le Premier ministre doit remettre au président de la République la démission du gouvernement". Emmanuel Macron s'adressera aux Français jeudi à 20H00 dans une allocution solennelle.

 


France: ultimes négociations pour former une coalition, Macron lâché par ses alliés

 Dissolution, présidentielle anticipée... La crise politique en France s'enflamme mardi et le président Emmanuel Macron, qui a demandé au Premier ministre démissionnaire Sébastien Lecornu de poursuivre "d'ultimes négociations" pour tenter de composer une coalition, se trouve plus isolé que jamais. (AFP)
Dissolution, présidentielle anticipée... La crise politique en France s'enflamme mardi et le président Emmanuel Macron, qui a demandé au Premier ministre démissionnaire Sébastien Lecornu de poursuivre "d'ultimes négociations" pour tenter de composer une coalition, se trouve plus isolé que jamais. (AFP)
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  • Coup de théâtre, l'ancien Premier ministre (2017-2020) Édouard Philippe l'exhorte à partir avant la fin de son mandat. Il lui a demandé d'organiser "une élection présidentielle anticipée" après l'adoption d'un budget pour 2026
  • Évoquant "l'affaissement de l'État" qui n'est, selon lui, "pas tenu", cet allié traditionnel du président a estimé qu'"on ne va pas faire durer ce que nous vivons depuis six mois pendant 18 mois encore"

PARIS: Dissolution, présidentielle anticipée... La crise politique en France s'enflamme mardi et le président Emmanuel Macron, qui a demandé au Premier ministre démissionnaire Sébastien Lecornu de poursuivre "d'ultimes négociations" pour tenter de composer une coalition, se trouve plus isolé que jamais.

Coup de théâtre, l'ancien Premier ministre (2017-2020) Édouard Philippe l'exhorte à partir avant la fin de son mandat. Il lui a demandé d'organiser "une élection présidentielle anticipée" après l'adoption d'un budget pour 2026.

Évoquant "l'affaissement de l'État" qui n'est, selon lui, "pas tenu", cet allié traditionnel du président a estimé qu'"on ne va pas faire durer ce que nous vivons depuis six mois pendant 18 mois encore (jusqu'à la présidentielle de 2027, ndlr), c'est beaucoup trop long".

Déjà la veille, un autre ex-chef du gouvernement (janvier-septembre 2024), jadis très proche d'Emmanuel Macron, Gabriel Attal avait lancé l'offensive, prenant sèchement ses distances avec le chef de l'Etat dont il "ne comprend plus les décisions".

Dans le même temps, les opposants continuent de dénoncer la crise politique inédite dans laquelle la France est plongée depuis la démission surprise lundi du gouvernement de Sébastien Lecornu nommé... quatorze heures plus tôt.

Socle commun ? 

Le terrain est au moins glissant, sinon miné, pour celui qui est devenu le Premier ministre le plus éphémère de la Ve République, avant d'être à nouveau chargé lundi soir par le président de mener d'"ultimes négociations" d'ici mercredi pour "définir une plateforme d'action et de stabilité".

Le ministre de l'Intérieur démissionnaire, Bruno Retailleau, qui avait provoqué la crise en menaçant dimanche de quitter ce gouvernement pour notamment protester contre la nomination de l'ancien ministre de l'Economie Bruno Le Maire, a tempéré sa position mardi.

Il a proposé que son parti, Les Républicains, participe à un gouvernement de "cohabitation" avec la macronie à condition que LR "ne se dilue pas" dans le camp présidentiel.

Mais, dans le même temps, il a refusé de participer à une réunion mardi matin à Matignon du "socle commun", alliance entre le centre et la droite LR qui a tenu cahin-caha depuis la dissolution de l'Assemblée de 2024.

Ces nouvelles tractations, si elles devaient aboutir à un compromis, ne se traduiront pas nécessairement par une reconduction de Sébastien Lecornu à Matignon, selon l'entourage d'Emmanuel Macron.

En cas d'échec, ce dernier prendra ses "responsabilités" selon la même source, faisant planer la menace d'une nouvelle dissolution de l'Assemblée divisée en trois blocs sans majorité nette (gauche, centre et droite, et extrême droite).

Gauche dispersée 

Au tour de force de ressouder le socle commun s'ajoute la menace de censure, toujours brandie par la gauche et le Rassemblement national.

"Il peut réussir", considérait lundi soir un conseiller de l'exécutif, "s'il décroche la suspension de la réforme des retraites par exemple", une exigence des socialistes.

Le patron du Parti socialiste (PS) Olivier Faure a lui demandé "un changement de cap" avec l'arrivée d'un "gouvernement de gauche" à Matignon.

Une cohabitation également réclamée par la patronne des Ecologistes Marine Tondelier, qui souhaite toutefois se préparer "à toutes les hypothèses". Elle a ainsi proposé à "toutes" les formations de gauche, de se réunir mardi matin.

Mais le PS a annoncé dans la soirée qu'il ne participerait pas "en présence" du parti de gauche radicale LFI.

Le mouvement de Jean-Luc Mélenchon, qui plaide pour une "solution claire, nette, franche et massive", ne varie pas de sa ligne et continuera de demander la démission d'Emmanuel Macron, en brandissant l'arme de la motion de destitution dont la recevabilité doit être examinée mercredi devant le Bureau de l'Assemblée.

Quant au Rassemblement national, il ne trace lui aussi que deux chemins possibles: la dissolution "absolument incontournable", selon sa cheffe de file Marine Le Pen, et la "démission" d'Emmanuel Macron, qui serait "sage".

Le parti d'extrême droite et ses alliés ont l'intention de censurer "systématiquement tout gouvernement" jusqu'à la dissolution ou la démission.

 


Ali Akbar vendeur de journaux à la criée bientôt décoré par Macron

Chaque après-midi, une silhouette familière surgit aux abords de la place Saint-Germain-des-Prés : casquette vissée sur la tête, journaux sous le bras et voix claire, Ali Akbar entame sa tournée quotidienne. (Photo Arlette Khouri)
Chaque après-midi, une silhouette familière surgit aux abords de la place Saint-Germain-des-Prés : casquette vissée sur la tête, journaux sous le bras et voix claire, Ali Akbar entame sa tournée quotidienne. (Photo Arlette Khouri)
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  • Bientôt, celui que tout le monde connaît par son prénom sera décoré par le président Emmanuel Macron — une reconnaissance inattendue pour un homme parti de rien
  • Né au Pakistan, Ali Akbar grandit dans une famille modeste et enchaîne les petits boulots. À 20 ans, il décide de tenter sa chance ailleurs, avec pour objectif un rêve tout simple : gagner assez d’argent pour construire une maison pour sa mère

PARIS: Chaque après-midi, une silhouette familière surgit aux abords de la place Saint-Germain-des-Prés : casquette vissée sur la tête, journaux sous le bras et voix claire, Ali Akbar entame sa tournée quotidienne.
À près de 70 ans, il est le dernier vendeur de journaux à la criée de Paris, gardien d’un métier en voie d’extinction, figure incontournable du Quartier latin et mascotte du quartier pour les riverains.

Bientôt, celui que tout le monde connaît par son prénom sera décoré par le président Emmanuel Macron — une reconnaissance inattendue pour un homme parti de rien, dont la vie s’est construite au gré des hasards et des rencontres.
Sa notoriété et la sympathie spontanée qu’il suscite sont le fruit d’un don particulier : savoir jongler avec les grands titres de l’actualité et jouer sur les mots.

Né au Pakistan, Ali Akbar grandit dans une famille modeste et enchaîne les petits boulots. À 20 ans, il décide de tenter sa chance ailleurs, avec pour objectif un rêve tout simple : gagner assez d’argent pour construire une maison pour sa mère.
Il embarque à bord d’un bateau où il travaille comme serveur. Le vent l’emporte jusqu’à Rouen, où il est embauché comme plongeur dans un restaurant, dans l’espoir de repartir un jour pour la Grèce.
Mais une succession de déboires et de vexations contrarie son plan. Il décide alors de quitter Rouen pour Paris, où son errance le mène dans le Quartier latin : il l’arpente le jour, puis se réfugie la nuit sous l’un de ses ponts pour dormir.

C’est dans ce quartier qu’une rencontre va changer sa vie, lorsqu’il fait la connaissance d’un vendeur à la criée brandissant la une provocante du magazine satirique Charlie Hebdo.
Fasciné, il engage la conversation et, de fil en aiguille, rencontre l’équipe du journal. Il trouve refuge chez un couple installé près du restaurant fréquenté par l’intelligentsia parisienne, la Closerie des Lilas.
Embauché par Charlie Hebdo, il se lance dans la vente à la criée dans les rues du 6ᵉ arrondissement — un choix improvisé qui deviendra une véritable vocation.

À cette époque, ils sont une quarantaine à arpenter les trottoirs parisiens pour vendre les journaux.
« Ils ont tous disparu petit à petit, mais moi, j’adore marcher et parler aux gens, alors j’ai continué », raconte Ali à Arabnews en français.

Dans les années 1990, Charlie Hebdo change de direction, mais Ali ne s’entend pas avec la nouvelle équipe. Il décide alors de tourner la page pour rejoindre le journal Le Monde.
Pour se démarquer des autres vendeurs dans les rues animées de Saint-Germain, il invente un style bien à lui : scander de fausses “unes” inspirées de l’actualité, avec une audace hilarante.
« Avec les unes provocantes de Charlie Hebdo, je n’avais pas besoin d’en faire plus. Mais quand j’ai commencé à vendre Le Monde, j’ai décidé de caricaturer les titres pour faire rire les gens », explique-t-il.

Son cri du jour, toujours en lien avec les événements, amuse et attire les passants :
« Les talibans sont arrivés, Marine Le Pen n’est pas contente ! »
Cette théâtralité devient sa marque de fabrique et contribue à faire de lui un personnage du quartier, aussi reconnaissable que les terrasses des cafés mythiques qu’il dessert.

Sa journée commence invariablement à 12 h 30. Ses exemplaires entassés dans le panier de son vélo, il entame une tournée bien rodée qui le mène aux Deux Magots, chez Lipp, au Flore, au Récamier, ou encore au Sauvignon… autant d’adresses où l’attendent ses clients fidèles.
Au fil des décennies, Ali est devenu un repère vivant pour des générations d’étudiants, d’intellectuels et d’habitués. Il a traversé les époques, des grandes grèves étudiantes aux mutations du paysage médiatique.

En 2016, lorsque Le Monde envisage d’arrêter la vente à la criée, l’association des anciens élèves de Sciences Po lance une pétition. Grâce à cette mobilisation, Ali trouve un arrangement avec le journal et poursuit son activité.
Il y a vingt ou trente ans, Ali pouvait vendre jusqu’à 1 000 exemplaires par jour, y compris les jours fériés. La réalité est bien différente aujourd’hui : la presse papier décline, les lecteurs se font rares.
Mais l’argent n’est plus sa motivation. Il continue de vendre Le Monde et le Journal du Dimanche « pour le plaisir ».
« J’anime le quartier, et cela me maintient en forme », affirme-t-il.

Son parcours singulier a inspiré un livre paru en 2009, illustré par quelques-uns des dessinateurs les plus connus, tels que Wolinski, Cabu et Plantu.
Il a également publié deux biographies pour raconter son itinéraire hors norme et continue à transcrire quotidiennement les péripéties de ses journées parisiennes.

« Je n’ai rien cherché, je ne pensais pas qu’un jour on me remercierait pour ça », glisse-t-il avec une modestie toute naturelle.
« Cette reconnaissance de la part de l’État français, je la perçois comme une pommade sur une blessure. »

Car malgré un parcours qui lui a permis de côtoyer les plus illustres intellectuels et politiciens français, sa vie reste marquée par de nombreuses blessures, dont la plus douloureuse est sans doute « le fait d’être un déraciné ».
Bientôt décoré par le chef de l’État, Ali ne compte pourtant pas raccrocher :
« Je continuerai à vendre pour entretenir mes relations avec le voisinage, et ma santé physique. Et mentale », affirme-t-il.


Une partie de la gauche croit à Matignon, LFI demande une dissolution ou la démission de Macron

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  • Comme souvent, les Insoumis ont dégainé les premiers
  • Les Insoumis disent ne pas croire à la nomination d'un Premier ministre de gauche, après les échecs Barnier, Bayrou et Lecornu

PARIS: Après la démission choc de Sébastien Lecornu, une partie de la gauche réclame de nouveau d'être appelée à Matignon, La France insoumise proposant de son côté de refaire une alliance comme la Nupes ou le Nouveau Front populaire.

Comme souvent, les Insoumis ont dégainé les premiers. Quelques minutes après l'annonce de la démission de Sébastien Lecornu, à peine plus de 12 heures après la nomination de son gouvernement, leur leader Jean-Luc Mélenchon a proposé aux organisations fondatrices de la Nupes et du Nouveau Front populaire (PS, PCF, Ecologistes...) "une rencontre" lundi après-midi.

Le tribun insoumis a aussi de nouveau appelé à la destitution d'Emmanuel Macron, le mantra de LFI depuis le refus du président de nommer la gauche à Matignon après les législatives anticipées de 2024.

Message martelé devant la presse peu après.

"On a besoin d'une solution claire, nette, franche et massive", a insisté le fondateur de LFI, en remettant en cause "la légitimité du président de la République (...) à l'origine du chaos".

En cas de départ du président de la République et de présidentielle anticipée, les Insoumis espèrent prendre de court les autres formations politiques, même si les sondages les donnent perdants face au Rassemblement national au second tour.

Les Insoumis disent ne pas croire à la nomination d'un Premier ministre de gauche, après les échecs Barnier, Bayrou et Lecornu. "Gouvernement après gouvernement, la réponse d'Emmanuel Macron est claire. C'est toujours des gouvernements toujours plus à droite qui sont proposés", commente le député Eric Coquerel.

Leur but, au cas où cette réunion avec les autres forces de gauche se ferait, est de "convaincre un certain nombre de personnes qui, peut-être dans un premier temps étaient dubitatives sur l'opportunité de cette motion de destitution, de la soutenir désormais", a expliqué le coordinateur du mouvement de gauche radicale, Manuel Bompard.

Un moyen de mettre la pression sur les socialistes, alors que 104 députés, insoumis, écologistes et communistes, ont déjà signé la motion de destitution déposée par LFI à l'Assemblée nationale début septembre.

Et, en cas de dissolution, "nous proposons aux différentes formations politiques qui sont d'accord pour se réunir sur la base du programme du Nouveau Front populaire, de présenter des candidatures communes, porteuses de ce programme", a ajouté M. Bompard.

Mais d'autres, à gauche, sont plus optimistes sur leur chance d'accéder maintenant à Matignon sans passer par la case dissolution.

"Cohabitation" 

"Si on veut trouver la stabilité il faut une alternance, donc une cohabitation", a déclaré le porte-parole du PS Arthur Delaporte en demandant à Emmanuel Macron d'appeler la gauche à gouverner.

Concernant l'appel des Insoumis, "ce n'est pas à Jean-Luc Mélenchon de nous convoquer, ça c'est certain", a-t-il commenté sur BFMTV. "Aujourd'hui s'il s'agit de constituer un gouvernement de gauche, la présence de LFI fera qu'il sera censuré immédiatement", a-t-il souligné.

Le parti socialiste a réuni en milieu de journée sa plus haute instance pour débattre de la situation.

Son de cloche similaire chez les Ecologistes.

"Ca parait assez évident que le Parti socialiste (...) ne va pas accourir chez La France insoumise comme si de rien n'était. Ce qui a été dit et fait ces derniers temps laisse des traces", a déclaré leur secrétaire nationale Marine Tondelier sur BFMTV, en déplorant que "M. Mélenchon n'a pas porté cette ligne" unitaire.

"On envisage de pouvoir gouverner", a-t-elle ajouté en précisant que les Ecologistes "rencontreront l'ensemble de leurs partenaires dans la journée"

La députée ex-insoumise Clémentine Autain a de son côté appelé la gauche à "un sursaut": "il nous faut un accord politique durable entre toutes les forces de gauche et écologistes".

Ironiquement, son parti de l'Après, fondé avec les anciens "purgés" de la formation de M. Mélenchon, ne semble par faire partie du périmètre dessiné par les Insoumis.

Ces derniers on insisté devant la presse que leur offre s'adressait "aux formations fondatrices de la Nupes et du Nouveau Front populaire (NFP)".

L'Après n'existait pas encore à cette époque.