LYON : L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) inaugure mardi à Lyon son Académie, où les soignants du monde entier pourront se former aux dernières avancées de la médecine et se préparer aux prochaines urgences sanitaires.
Le directeur de cette puissante agence de l'ONU, Tedros Adhanom Ghebreyesus, et le président Emmanuel Macron sont attendus sur le nouveau campus de 11 000 m^(2), situé dans le « biodistrict » de Gerland, dans le sud de la ville, et financé par la France.
L'objectif est d'y former 16 000 personnes par an grâce à des technologies de pointe telles que la réalité virtuelle et l'intelligence artificielle. Le sous-sol de son bâtiment aux lignes futuristes permettra de mener des exercices de simulation à grande échelle.
Une plateforme numérique permettra de toucher un public plus large : l'OMS vise trois millions d'apprenants d'ici 2028 grâce à des cours en ligne dans les six langues officielles de l'organisation (l'anglais, l'arabe, le français, le chinois, l'espagnol et le russe).
Les formations, d'une vingtaine d'heures en moyenne, s'adressent d'abord aux professionnels de santé (médecins, infirmiers, pharmaciens, etc.), mais aussi aux agents de l'OMS, aux chercheurs et aux décideurs du secteur. Elles portent sur la surveillance épidémiologique, la gestion des urgences sanitaires et la prise en charge de victimes en grand nombre.
- Bonnes pratiques -
L'idée de cette Académie, qui remonte à 2019, part du constat que le monde n'atteindra sans doute pas les objectifs de développement durable en matière de santé fixés pour 2030.
L'organisation souligne également que « mettre en œuvre de nouvelles consignes sanitaires dans le domaine de la santé prend souvent une décennie, alors que la base de connaissances médicales double tous les trois mois ».
C'est ainsi qu'est née l'idée de renforcer la formation continue des soignants, afin d'harmoniser leurs connaissances des avancées scientifiques et de les aider à les intégrer dans leurs pratiques.
« La pandémie de Covid-19 a réaffirmé ce besoin », souligne le Dr Tedros, cité dans ce document. Et les épidémies actuelles de mpox, Marburg ou H5N1 rappellent l'urgence de se préparer à la prochaine catastrophe sanitaire.
Dans ce contexte, la formation initiale et les cours en salle de classe ne peuvent plus répondre seuls aux enjeux du futur », note le directeur de l'OMS.
L'Académie de Lyon doit également « participer à la rétention du personnel de santé », a ajouté son directeur exécutif, David Atchoarena, lors d'une présentation à la presse.
Malgré des efforts significatifs, et l'existence de 65 millions de professionnels de santé dans le monde, il y aura toujours un « déficit » planétaire de soignants d'environ dix millions en 2030, selon l'OMS.
- 120 millions -
Outre sa trentaine d'encadrants et leurs élèves, l'Académie de l'OMS accueillera également des chercheurs et des conférences pour favoriser les échanges.
Situé sur le pôle de recherches en technologies de Lyon, où l'organisation avait déjà un bureau, le campus est entouré de groupes pharmaceutiques comme Sanofi Pasteur et d'établissements scientifiques de pointe comme le laboratoire P4 Jean Mérieux ou le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC).
« Lyon, ce n'est pas par hasard. C'est vraiment un investissement historique grâce aux acteurs locaux, diversifiés et très impliqués », souligne Anne-Claire Amprou, ambassadrice pour la France en Santé Mondiale.
L'inauguration du campus s'accompagne d'ailleurs d'une cinquantaine d'événements visant à faire découvrir au public l'expertise lyonnaise et française dans ce domaine.
La France, dont le président a beaucoup milité pour que cette Académie s'implante à Lyon, en a financé les travaux à hauteur de 120 millions d'euros.
Pour assurer son fonctionnement à moyen terme, l'OMS prévoit de mobiliser d'autres États membres, le secteur privé et des fondations.