Syrie: l'ONU souligne à Jolani la nécessité d'une transition «crédible et inclusive»

L'envoyé spécial de l'ONU Geir Pedersen rencontre le chef de Hayat Tahrir Al-Sham Ahmed Al-Sharaa à Damas le 15 décembre 2024 dans cette photo fournie par le gouvernement intérimaire de la Syrie. (AFP)
L'envoyé spécial de l'ONU Geir Pedersen rencontre le chef de Hayat Tahrir Al-Sham Ahmed Al-Sharaa à Damas le 15 décembre 2024 dans cette photo fournie par le gouvernement intérimaire de la Syrie. (AFP)
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Publié le Lundi 16 décembre 2024

Syrie: l'ONU souligne à Jolani la nécessité d'une transition «crédible et inclusive»

  • Au départ prudentes, les chancelleries étrangères ont redoublé d'efforts ces derniers jours pour nouer des liens avec les nouveaux dirigeants syriens, dont Abou Mouhammad al-Jolani, le chef du groupe radical islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS)
  • "Notre haut représentant en Syrie va se rendre à Damas aujourd'hui", a annoncé lundi la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas

DAMAS: L'Union européenne envoie lundi un haut représentant à Damas pour rencontrer les dirigeants du nouveau pouvoir syrien, dominé par des islamistes, avec lequel les chancelleries étrangères multiplient les contacts, un peu plus d'une semaine après la chute de Bachar al-Assad.

Le 8 décembre, une coalition rebelle est entrée à Damas et a annoncé le renversement du pouvoir, après une offensive fulgurante qui lui a permis de s'emparer d'une grande partie du pays en onze jours. Lâché par ses alliés iranien et russe, M. Assad a fui à Moscou.

Au départ prudentes, les chancelleries étrangères ont redoublé d'efforts ces derniers jours pour nouer des liens avec les nouveaux dirigeants syriens, dont Abou Mouhammad al-Jolani, le chef du groupe radical islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS), fer de lance de l'offensive rebelle.

"Notre haut représentant en Syrie va se rendre à Damas aujourd'hui", a annoncé lundi la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas.

"Nous devons d'abord discuter du niveau de notre engagement avec les nouveaux dirigeants syriens, puis du type de mesures que nous sommes prêts à prendre pour établir des relations avec eux", a-t-elle expliqué à la presse.

Elle a souligné que l'UE jugera sur les actes "allant dans la bonne direction", et pas seulement les promesses des nouvelles autorités.

Arrivé dimanche à Damas, l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Geir Pedersen, a lui rencontré M. Jolani auquel il a souligné la nécessité d'une transition "crédible et inclusive", ont indiqué ses services.

Le Royaume-Uni a également indiqué dimanche avoir établi des "contacts diplomatiques" avec HTS, ex-branche syrienne d'Al-Qaïda qui affirme avoir rompu avec le jihadisme mais qui reste classé "terroriste" par plusieurs capitales occidentales, dont Londres et Washington.

Les Etats-Unis de leur côté avaient indiqué samedi avoir établi un "contact direct" avec HTS et la France a annoncé qu'elle enverrait une mission diplomatique mardi à Damas, la première depuis 12 ans, pour "établir de premiers contacts" avec les nouvelles autorités.

La Turquie voisine, acteur majeur dans le conflit en Syrie et soutien des nouvelles autorités, a rouvert samedi son ambassade à Damas, se disant "prête" à fournir de l'aide militaire si le nouveau gouvernement syrien le lui demandait.

"On a besoin de paix" 

Plusieurs pays et organisations avaient salué la chute d'Assad, disant cependant attendre de voir comment les nouvelles autorités, musulmanes sunnites, allaient traiter les minorités du pays multiethnique et multiconfessionnel.

Après 50 ans de règne sans partage du clan Assad, et d'une répression implacable contre tout opposant ou présumé tel, les nouvelles autorités s'emploient à rassurer la communauté internationale.

Le nouveau Premier ministre chargé de la transition jusqu'au 1er mars, Mohammad al-Bachir, a promis de "garantir les droits de tous", alors que les Syriens tentent de reprendre une vie normale.

A Lattaquié, deuxième port de Syrie sur la Méditerranée, des centaines d'hommes et quelques femmes membres des anciennes forces gouvernementales faisaient la file lundi sur plus de 200 mètres à l'extérieur de bureaux où les nouvelles autorités leur ont demandé de venir rendre les armes et s'enregistrer.

Selon le responsable des lieux, Mohamad Mustapha, 26 ans, ex-soldat originaire d'Idleb, bastion rebelle, 400 personnes se sont présentés dimanche à l'ouverture du centre.

"Nous en attendons au moins mille aujourd'hui", dit-il à l'AFP, estimant qu'"au moins dix mille ex-soldats et policiers" devraient "se présenter" dans cette province bastion de la minorité alaouite, dont est issu le président syrien déchu.

Dans le calme, les intéressés rendent pistolets, fusils automatiques, chargeurs et grenades, puis sont enregistrés.

Les nouvelles autorités procèderont à des enquêtes "sur leur passé", explique Mohamed Mustapha. "En cas de crime grave, ils seront transférés à la justice".

"On a besoin de paix, pas de nouveaux combats", confie à l'AFP Mohamad Fayoub, 37 ans, policier à Hama (centre) pendant dix ans et originaire de Lattaquié, qui s'est présenté spontanément après avoir vu l'avis sur les réseaux sociaux.

Frappes israéliennes 

Près de 14 ans de guerre civile déclenchée par la répression de manifestations prodémocratie ont laissé un lourd bilan en Syrie, d'un demi-million de morts et de six millions d'habitants ayant fui à l'étranger.

Dans ce contexte de réorganisation d'un pays dévasté et morcelé, le voisin israélien a mené d'intenses frappes dans la nuit de dimanche à lundi sur des sites militaires dans la région côtière de Tartous, dont des unités de défense aérienne et des "dépôts de missiles sol-sol", selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, OSDH.

Selon l'ONG, il s'agit des "plus lourdes" frappes israéliennes "depuis 2012" dans cette région, qui abrite une base navale russe, alors que l'armée israélienne affirme vouloir empêcher l'armement syrien de tomber aux mains d'extrémistes.

Israël a aussi approuvé dimanche un projet visant à doubler la population dans la partie du Golan syrien qu'il occupe et annexe, mais dit n'avoir aucun intérêt à entrer en conflit avec la Syrie, après avoir pris le contrôle de la zone tampon surveillée par l'ONU séparant les deux pays sur le plateau du Golan.

Ces actions "nuisent gravement aux efforts visant à établir la paix et la stabilité en Syrie", a fustigé lundi le ministère turc des Affaires étrangères, appelant la communauté internationale à "réagir".

Israël a conquis une partie du Golan, dans le sud-ouest de la Syrie, lors de la guerre israélo-arabe de 1967, et l'a annexée en 1981. Seuls les Etats-Unis, durant le premier mandat de Donald Trump, ont reconnu cette annexion en 2019.


Vision 2030: le Cabinet remercie les agences impliquées

Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, assiste à la session du Cabinet, mardi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, assiste à la session du Cabinet, mardi. (SPA)
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  • Le Conseil des ministres a souligné que la sécurité du Moyen-Orient exigeait d'accélérer la recherche d'une solution juste et globale à la question palestinienne
  • Le Conseil a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts pour accélérer le redressement économique de la République arabe syrienne

RIYAD: Le Conseil des ministres a salué les efforts des agences gouvernementales ayant contribué aux avancées réalisées dans le cadre de la Vision saoudienne 2030, alors que le Royaume se rapproche de l’atteinte de ses objectifs clés, a rapporté mardi l’Agence de presse saoudienne (SPA).

D’après le rapport annuel 2024 de la Vision, 93% des principaux indicateurs de performance ont été entièrement ou partiellement atteints depuis le lancement de l’initiative il y a neuf ans.

Le ministre des Médias, Salman al-Dosari, a précisé que le cabinet avait discuté de la troisième et dernière phase de la Vision 2030, qui débutera en 2026. Cette phase visera à pérenniser l’impact des transformations déjà engagées tout en exploitant de nouvelles opportunités de croissance.

Le Conseil des ministres a également salué le don généreux d’un milliard de riyals saoudiens (266,6 millions de dollars; 1 dollar = 0,88 euro) effectué par le prince héritier Mohammed ben Salmane, destiné à soutenir des projets de logement pour les bénéficiaires saoudiens éligibles et les familles dans le besoin.

Le cabinet a souligné que ce don illustre l’engagement constant du prince héritier à améliorer la qualité de vie des citoyens, ainsi que son intérêt soutenu pour le secteur du logement et les initiatives visant à offrir des logements décents aux familles méritantes à travers le Royaume.

Le prince Mohammed a également informé le Conseil de sa rencontre avec le roi Abdallah II de Jordanie, ainsi que de ses échanges avec le Premier ministre indien Narendra Modi.

Le cabinet a salué les résultats de la deuxième réunion du Conseil de partenariat stratégique saoudo-indien, soulignant le développement continu des relations économiques, commerciales et d’investissement entre les deux pays.

Le Conseil des ministres a souligné que la sécurité du Moyen-Orient exigeait d'accélérer la recherche d'une solution juste et globale à la question palestinienne, conformément aux résolutions de la légitimité internationale, à l'initiative de paix arabe et à la création d'un État palestinien indépendant le long des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.

Le Conseil a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts pour accélérer le redressement économique de la République arabe syrienne et a renouvelé son appel aux institutions financières régionales et internationales pour qu'elles reprennent et étendent leurs opérations dans le pays.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'Arabie saoudite condamne les actions d'Israël à Gaza devant la CIJ

 Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
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  • Tel-Aviv "continue d'ignorer" les décisions de la Cour internationale de justice, déclare le représentant du Royaume
  • M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

DUBAI : L'Arabie saoudite a condamné mardi devant la Cour internationale de justice la campagne militaire israélienne en cours à Gaza, l'accusant de défier les décisions internationales et de commettre de graves violations des droits de l'homme.

S'exprimant devant la Cour, le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, a déclaré qu'Israël "continue d'ignorer les ordres de la Cour" et a insisté sur le fait que "rien ne justifie les violations commises par Israël à Gaza".

M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

Ses remarques ont été formulées au deuxième jour des audiences de la CIJ sur les obligations humanitaires d'Israël à l'égard des Palestiniens, qui se déroulent dans le cadre d'un blocus israélien total de l'aide à la bande de Gaza, qui dure depuis plus de 50 jours.

Ces audiences s'inscrivent dans le cadre d'efforts plus larges visant à déterminer si Israël a respecté les responsabilités juridiques internationales dans sa conduite lors de la guerre contre Gaza.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Syrie: neuf morts dans des affrontements entre forces de sécurité et combattants druzes près de Damas

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
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  • Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité "
  • "La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué

DAMAS: Neuf personnes ont été tuées dans des affrontements entre les forces de sécurité syriennes et des combattants de la minorité druze à Jaramana, dans la banlieue de Damas, sur fond de tension confessionnelle, selon un nouveau bilan mardi d'une ONG.

Ces violences interviennent un mois après des massacres qui ont visé la minorité alaouite, faisant des centaines de morts, dans le pays où la coalition islamiste qui a pris le pouvoir en décembre est scrutée par la communauté internationale.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), "les forces de sécurité ont lancé un assaut" contre la banlieue à majorité druze de Jaramana, après la publication sur les réseaux sociaux d'un message vocal attribué à un druze et jugé blasphématoire envers l'islam.

L'OSDH, basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un solide réseau de sources en Syrie, a précisé que six combattants locaux de Jaramana et trois "assaillants" avaient été tués.

Plusieurs habitants de Jaramana joints au téléphone par l'AFP ont indiqué avoir entendu des échanges de tirs dans la nuit.

"Nous ne savons pas ce qui se passe, nous avons peur que Jaramana devienne un théâtre de guerre", a affirmé Riham Waqaf, une employée d'une ONG terrée à la maison avec son mari et ses enfants.

"On devait emmener ma mère à l'hôpital pour un traitement, mais nous n'avons pas pu" sortir, a ajouté cette femme de 33 ans.

Des combattants locaux se sont déployés dans les rues et aux entrées de la localité, demandant aux habitants de rester chez eux, a dit à l'AFP l'un de ces hommes armés, Jamal, qui n'a pas donné son nom de famille.

"Jaramana n'a rien connu de tel depuis des années". La ville est d'habitude bondée, mais elle est morte aujourd'hui, tout le monde est à la maison", a-t-il ajouté.

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants.

 "Respecter l'ordre public" 

Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité de ce qui s'est produit et de toute aggravation de la situation".

"La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué.

Il a dénoncé dans le même temps "toute atteinte au prophète Mahomet" et assuré que le message vocal était fabriqué "pour provoquer la sédition".

Le ministère de l'Intérieur a souligné mardi "l'importance de respecter l'ordre public et de ne pas se laisser entraîner dans des actions qui perturberaient l'ordre public".

Il a ajouté qu'il enquêtait sur le message "blasphématoire à l'égard du prophète" Mahomet pour identifier l'auteur et le traduire en justice.

Les druzes, une minorité ésotérique issue de l'islam, sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël.

Dès la chute du pouvoir de Bachar al-Assad le 8 décembre en Syrie, après plus de 13 ans de guerre civile, Israël multiplié les gestes d'ouverture envers cette communauté.

Début mars, à la suite d'escarmouches à Jaramana, Israël avait menacé d'une intervention militaire si les nouvelles autorités syriennes s'en prenaient aux druzes.

Ces propos ont été immédiatement rejetés par les dignitaires druzes, qui ont réaffirmé leur attachement à l'unité de la Syrie. Leurs représentants sont en négociation avec le pouvoir central à Damas pour parvenir à un accord qui permettrait l'intégration de leurs groupes armés dans la future armée nationale.

Depuis que la coalition islamiste dirigée par Ahmad al-Chareh, qui a été proclamé président intérimaire, a pris le pouvoir, la communauté internationale multiplie les appels à protéger les minorités.

Début mars, les régions du littoral dans l'ouest de la Syrie ont été le théâtre de massacres qui ont fait plus de 1.700 tués civils, en grande majorité des alaouites, selon l'OSDH.