Crise politique au Canada : la pression monte pour Justin Trudeau

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau s'adresse aux donateurs lors de la fête de Noël du Club Laurier au Musée canadien de l'histoire à Gatineau, Québec, le 16 décembre 2024. (Photo AFP)
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau s'adresse aux donateurs lors de la fête de Noël du Club Laurier au Musée canadien de l'histoire à Gatineau, Québec, le 16 décembre 2024. (Photo AFP)
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Publié le Mardi 17 décembre 2024

Crise politique au Canada : la pression monte pour Justin Trudeau

  • La vice-Première ministre, Chrystia Freeland, fidèle de la première heure de M. Trudeau, a expliqué la veille qu'elle partait en raison de divergences avec le Premier ministre sur la façon de gérer la guerre économique.
  • L'imposition de droits de douane de 25 % par les États-Unis, envisagée par le président élu Donald Trump, aurait des conséquences désastreuses pour le Canada, expliquent les experts.

OTTAWA : La démission fracassante de la numéro 2 du gouvernement canadien fait monter la pression sur le Premier ministre, Justin Trudeau, déjà affaibli par une popularité au plus bas, les attaques de l'opposition et les menaces de Donald Trump.

La vice-Première ministre, Chrystia Freeland, fidèle de la première heure de M. Trudeau, a expliqué la veille qu'elle partait en raison de divergences avec le Premier ministre sur la façon de gérer la guerre économique qui se profile avec le puissant allié américain.

Elle a eu des mots très durs, à l'image de ceux de l'opposition, pour dénoncer l'attitude dépensière de M. Trudeau alors que le pays est confronté à un « grand défi ».

L'imposition de droits de douane de 25 % par les États-Unis, envisagée par le président élu Donald Trump, aurait des conséquences désastreuses pour le Canada, expliquent les experts.

Les États-Unis sont en effet le premier partenaire commercial du Canada et la destination de 75 % de ses exportations. Près de 2 millions de personnes au Canada dépendent de ces exportations, sur une population de 41 millions d'habitants.

« En tant que pays, nous devons montrer de la force et de l'unité, et c'est le chaos en ce moment à Ottawa », a taclé Doug Ford, le Premier ministre de l'Ontario, évoquant la menace américaine.

« Ce n'est pas le meilleur moment pour laisser un vide », a renchéri Danielle Smith, la Première ministre de l'Alberta. « Je me demande qui sera le prochain chef… Vont-ils être capables de présenter une équipe capable de défendre le Canada », a-t-elle ajouté.

Et au sein même du parti libéral de Justin Trudeau, les voix dissidentes se font plus fortes et sont de plus en plus nombreuses.

« Disons les choses telles qu'elles sont : renvoyer la ministre des Finances qui vous a si bien servi n'est pas ce que j'appellerais un geste digne de confiance », a déclaré la députée libérale Helena Jaczek, estimant que Justin Trudeau « devrait démissionner ».

Son collègue de l'Ontario, Francis Drouin, a également estimé qu'il fallait qu'il parte après neuf années au pouvoir. « Pour moi, c'est la goutte qui a fait déborder le vase, c'est inacceptable. Le message ne passe plus et il est temps de faire le ménage », a-t-il ajouté au micro de Radio Canada.

- « Coup fatal » -

Pour la première fois, son ancien allié de gauche Jagmeet Singh lui a également demandé de démissionner au Parlement lundi.

« Au lieu de se concentrer sur les problèmes des Canadiens, Justin Trudeau et les libéraux se concentrent sur eux-mêmes. Ils se battent entre eux au lieu de se battre pour les Canadiens », a déclaré celui qui a rompu son alliance avec le Premier ministre il y a quelques semaines.

Justin Trudeau, qui a annoncé son intention de se représenter dans les mois à venir, est crédité d'un retard de plus de 20 points dans les sondages par rapport à son rival conservateur Pierre Poilievre.

L'opposition a déjà déposé, en vain, trois motions de censure contre le gouvernement, estimant celui-ci trop « faible » pour rester au pouvoir.

Les prochaines élections législatives doivent avoir lieu au plus tard le 20 octobre 2025, mais beaucoup d'analystes estiment que le gouvernement a peu de chances de tenir jusque-là, ce qui déclencherait des élections anticipées.

« Il a déjà essuyé de nombreuses frappes mais, cette fois-ci, il est vraiment difficile de ne pas y voir un coup fatal », a estimé auprès de l'AFP Frédéric Boily, professeur à l'université de l'Alberta.

Mais ce dernier serait « surpris qu'il démissionne avant Noël, parce que ça créerait encore plus de chaos ».

Lundi soir, se félicitant de la démission de Chrystia Freeland, Donald Trump a de nouveau qualifié Justin Trudeau de « gouverneur », titre désignant aux États-Unis le chef de l'exécutif d'un État fédéré.

Une moquerie qu'il avait déjà employée pour parler du Premier ministre canadien et qui irrite de nombreux Canadiens.


Trump a écrit au président israélien pour lui demander de gracier Netanyahu

Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
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  • "Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël
  • "Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu

JERUSALEM: Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence.

M. Herzog a reçu "ce matin" une lettre de Donald Trump, "l'invitant à envisager d'accorder une grâce" à M. Netanyahu, détaille un communiqué du bureau présidentiel, qui précise que "toute personne souhaitant obtenir une grâce présidentielle doit présenter une demande officielle".

M. Netanyahu est poursuivi dans son pays pour corruption et est régulièrement entendu dans le cadre d'au moins trois procédures judiciaires, dans lesquels aucun jugement n'a encore été rendu.

"Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël, "sa contribution considérable au retour des otages, à la refonte de la situation au Moyen-Orient et à Gaza en particulier, et à la garantie de la sécurité de l'Etat d'Israël", précise le communiqué.

Aussitôt plusieurs personnalités politiques israéliennes ont réagi.

"Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu.

Une députée également d'extrême-droite mais dans l'opposition, Yulia Malinovsky, du parti Israel Beitenou ("Israël est notre maison" en hébreu), a de son côté suggéré que le président américain faisait cette demande dans le cadre d'un accord avec M. Netanyahu sur des sujets relatifs au cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Quant au dirigeant de l'opposition, Yaïr Lapid, du parti centriste Yesh Atid ("il y a un futur", en hébreu), il a taclé M. Netanyahu en écrivan sur X: "rappel: la loi israélienne stipule que la première condition pour obtenir une grâce est l'aveu de culpabilité et l'expression de remords pour les actes commis".

Lors d'un discours au Parlement israélien le 13 octobre, M. Trump avait déjà suggéré qu'une grâce lui soit accordée.

"J'ai une idée. Monsieur le président (Isaac Herzog), pourquoi ne pas lui accorder une grâce? Ce passage n'était pas prévu dans le discours (...) Mais j'aime bien ce monsieur", avait dit le président américain dans son allocution, mettant en avant qu'il a été "l'un des plus grands" dirigeants "en temps de guerre".

 


Famine: l'ONU alerte sur «16 zones critiques» où la situation s'aggrave

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.  L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".  Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations. L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante". Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
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  • Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue
  • "Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM

ROME: Des millions de personnes supplémentaires dans le monde pourraient être confrontées à la famine ou au risque de famine, ont averti mercredi les deux organes de l'ONU dédiés à l'alimentation et à l'agriculture, dans un contexte tendu par la limitation des financements.

Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue.

"Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM, tous deux basés à Rome, dans un communiqué commun.

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.

L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".

Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh.

"Nous sommes au bord d'une catastrophe alimentaire totalement évitable qui menace de provoquer une famine généralisée dans de nombreux pays", a mis en garde Cindy McCain, directrice générale du PAM, citée dans le communiqué, ajoutant que "ne pas agir maintenant ne fera qu'aggraver l'instabilité".

Le financement de l'aide humanitaire est "dangereusement insuffisant", alerte également le rapport, précisant que sur les 29 milliards de dollars nécessaires pour venir en aide aux populations vulnérables, seuls 10,5 milliards ont été reçus, précipitant notamment l'aide alimentaire aux réfugiés "au bord de la rupture".

Le PAM indique avoir réduit son assistance aux réfugiés et aux personnes déplacées en raison des coupes budgétaires et suspendu les programmes d'alimentation scolaire dans certains pays.

La FAO prévient de son côté que les efforts pour protéger les moyens de subsistance agricoles sont menacés et alerte sur la nécessité d'un financement urgent pour les semences et les services de santé animale.

"La prévention de la famine n’est pas seulement un devoir moral – c’est un investissement judicieux pour la paix et la stabilité à long terme", a rappelé le directeur général de la FAO, Qu Dongyu.

 


UE: quatre pays bénéficiaires de l'aide à la répartition des migrants

Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
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  • La Commission européenne propose de relocaliser au moins 30.000 demandeurs d’asile depuis l’Italie, l’Espagne, la Grèce et Chypre vers d’autres États membres pour alléger la pression migratoire sur ces pays
  • Les 27 pays de l’UE doivent désormais négocier : chaque État devra soit accueillir des migrants, soit verser 20.000 € par personne — un débat déjà tendu entre pays réticents

BRUXELLES: La Commission européenne a annoncé mardi que l'Italie, l'Espagne, la Grèce et Chypre devraient recevoir de l'aide pour répartir ailleurs au moins 30.000 demandeurs d'asile et ainsi alléger la "pression migratoire" pesant sur ces pays.

Cette annonce va ouvrir des négociations délicates entre les 27 États membres de l'Union européenne (UE), dont nombre d'entre eux se montrent réticents à l'idée d'en accueillir.

L'UE a adopté en 2024 une réforme de sa politique sur la migration et l'asile, qui va bientôt entrer en vigueur.

L'élément clé est un nouveau système de "solidarité" visant à aider les pays méditerranéens considérés par Bruxelles comme étant sous "pression migratoire".

Les autres pays devront soit accueillir une partie des demandeurs d'asile en provenance de ces pays, soit leur verser une aide financière de 20.000 euros par migrant.

Les États membres ont cherché à influencer la décision de la Commission, ce qui a retardé son annonce d'un mois.

"La Grèce et Chypre subissent une forte pression migratoire du fait du niveau disproportionné des arrivées au cours de l'année écoulée", a déclaré mardi la Commission dans un communiqué.

"L'Espagne et l'Italie subissent également une forte pression migratoire du fait d'un nombre disproportionné d'arrivées à la suite d'opérations de sauvetage et de recherche en mer durant la même période", a-t-elle ajouté.

Cette annonce servira de base aux négociations entre États membres sur le nombre supplémentaire de demandeurs d'asile que chacun est disposé à accueillir, ou le montant de l'aide financière qu'il est prêt à apporter.

Certains pays ont déjà assuré qu'ils n'accueilleraient personne dans le cadre de ce dispositif et qu'ils se limiteraient à verser de l'argent.

Au moins 30.000 migrants devront être "relocalisés" chaque année dans le cadre du nouveau système. Le nombre définitif reste à déterminer, et la décision de qui ira où doit être prise d'ici fin décembre.