Fin du transit du gaz russe en Europe via l'Ukraine

Cette photo prise le 21 mai 2014 montre une vue des gazoducs du site de stockage souterrain de Bilche-Volytsko-Uherske, le plus grand d'Europe, non loin du village de Bilche, dans la région de Lviv, dans l'ouest de l'Ukraine.(Photo AFP)
Cette photo prise le 21 mai 2014 montre une vue des gazoducs du site de stockage souterrain de Bilche-Volytsko-Uherske, le plus grand d'Europe, non loin du village de Bilche, dans la région de Lviv, dans l'ouest de l'Ukraine.(Photo AFP)
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Publié le Mardi 31 décembre 2024

Fin du transit du gaz russe en Europe via l'Ukraine

  • La Moldavie a déjà commencé à éteindre ses lumières, et la Slovaquie menace l'Ukraine de représailles : l'annonce par Kiev de la fin du transit du gaz russe sur son territoire sème le trouble en Europe de l'Est.
  • Cet itinéraire représente en effet près d'un tiers du gaz russe vendu à l'Europe, détaille Phuc-Vinh Nguyen, chef du Centre énergie de l'Institut Jacques Delors.

CHISINAU : La Moldavie a déjà commencé à éteindre ses lumières, et la Slovaquie menace l'Ukraine de représailles : l'annonce par Kiev de la fin du transit du gaz russe sur son territoire sème le trouble en Europe de l'Est.

Aucune livraison n'est prévue mercredi 1^(er) janvier, selon des données publiées mardi par l'opérateur ukrainien GTSOU, qui actent l'expiration d'un contrat établi en 2019 entre la compagnie Naftogaz et le géant russe Gazprom.

Dans ce contexte, le cours du gaz européen a atteint la barre symbolique des 50 euros le mégawattheure, un niveau jamais atteint depuis plus d'un an.

Si la dépendance du continent s'est nettement réduite depuis le début de la guerre en Ukraine, les États d'Europe de l'Est continuent toutefois à s'approvisionner fortement auprès de Moscou.

Une manne que le président Volodymyr Zelensky veut tarir en cessant d'acheminer le gaz en provenance de Russie.

Cet itinéraire représente en effet près d'un tiers du gaz russe vendu à l'Europe, détaille Phuc-Vinh Nguyen, chef du Centre énergie de l'Institut Jacques Delors.

Le reste est acheminé par le gazoduc TurkStream et son prolongement, Balkan Stream, sous la mer Noire, vers la Bulgarie, la Serbie et la Hongrie, ou par cargaisons de gaz naturel liquéfié (GNL).

- « Chantage énergétique » en Moldavie.

La situation est la plus critique en Moldavie : cette ex-république soviétique a déclaré l'état d'urgence après l'échec des négociations avec Gazprom. Le groupe russe invoque un différend financier et refuse d'envisager d'autres routes à ce stade.

Dans la capitale, Chisinau, où la plupart des illuminations de Noël vont être éteintes, des habitants confient leur « peur ».

« C'est terrible, personne ne sait ce qui va se passer. J'ai acheté des bougies et un générateur », explique à l'AFP Cristina, une étudiante de 21 ans qui a refusé de donner son nom de famille.

Le groupe russe a déjà arrêté une grande partie de ses livraisons après le début de la guerre en Ukraine et n'alimentait jusqu'ici que la région séparatiste prorusse de Transdnistrie. Mais sa centrale thermique permet toujours de fournir 70 % de l'électricité consommée par tout le pays, l'un des plus pauvres d'Europe.

« Le Kremlin a une nouvelle fois recours au chantage énergétique afin d'influer sur les élections législatives de 2025 et de fragiliser notre trajectoire européenne », a réagi Maia Sandu, présidente de la République de Moldavie, réélue en novembre après un scrutin assombri par des accusations d'ingérences russes.

Elle a proposé « une aide humanitaire » aux habitants de Transdnistrie, qui vont se retrouver sans chauffage en plein hiver, mais les autorités locales ont refusé, espérant une résolution rapide du conflit.

Selon Alexandru Flenchea, un ancien responsable gouvernemental spécialiste de cette région, « la Transdnistrie n'est rien d'autre qu'un dommage collatéral » dans la stratégie de déstabilisation mise en œuvre par la Russie.

En utilisant « l'arme géopolitique du gaz », Vladimir Poutine « mène un travail de sape, il nourrit le ressentiment de la population pour faire en sorte d'infléchir le soutien à l'Ukraine et semer les graines de discorde au niveau européen », confirme Phuc-Vinh Nguyen.

Le gouvernement moldave a annoncé des mesures drastiques pour réduire la consommation d'électricité, notamment en limitant l'éclairage des bâtiments publics et l'usage des ascenseurs, et il envisage d'acheter l'électricité manquante auprès de la Roumanie voisine.

L'UE « préparée », la Slovaquie indignée.

L'Union européenne se montre quant à elle sereine, alors que les quelque 14 milliards de m^(3) transitant annuellement via l'Ukraine représentent seulement 5 % de ses importations totales de gaz.

« Le flux doit être stoppé au 1^(er) janvier et l'UE y est préparée », a déclaré mardi la Commission à l'AFP. Elle invoque des infrastructures européennes capables de transporter du gaz non russe « par d'autres voies ».

Dans un rapport publié mi-décembre, Bruxelles jugeait l'impact « limité ».

Après que l'Autriche a décidé, en décembre, de résilier son contrat à long terme avec Gazprom, seule la Slovaquie est affectée.

Son dirigeant, Robert Fico, crie au scandale et s'est rendu à Moscou pour rencontrer Vladimir Poutine.

« Accepter la décision unilatérale du président ukrainien est totalement irrationnel et erroné », a-t-il plaidé dans une lettre à Bruxelles, dénonçant « un impact financier majeur ».

En guise de représailles, le Premier ministre slovaque a menacé d'interrompre l'approvisionnement en électricité dont le pays a besoin pour faire face aux bombardements de ses infrastructures énergétiques.

La Hongrie, elle aussi restée proche du Kremlin, reçoit l'essentiel de ses importations de gaz russe via TurkStream et la décision de Kiev ne la touchera que marginalement.


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Frappes ukrainiennes sur les raffineries et forte demande: en Russie, l'essence devient chère

Début septembre, le prix de la tonne d'AI-95, l'un des carburants sans-plomb les plus populaires en Russie, s'est envolé pour atteindre plus de 82.000 roubles (environ 826 euros), tutoyant des records, selon les données de la bourse de Saint-Pétersbourg. (AFP)
Début septembre, le prix de la tonne d'AI-95, l'un des carburants sans-plomb les plus populaires en Russie, s'est envolé pour atteindre plus de 82.000 roubles (environ 826 euros), tutoyant des records, selon les données de la bourse de Saint-Pétersbourg. (AFP)
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  • Mercredi, le média Izvestia évoquait des "interruptions d'approvisionnement" dans "plus de dix régions" de Russie, l'un des principaux producteurs de pétrole au monde
  • A Moscou, vitrine de la Russie, pas de pénurie mais une hausse qui a propulsé le litre de sans-plomb 95 à plus de 66 roubles (0,67 euro)

MOSCOU: "Doucement mais sûrement": Oleg fait le plein d'essence à Moscou et vitupère contre la hausse des prix nourrie par une demande accrue et les frappes ukrainiennes contre les infrastructures pétrolières, secteur clé de l'économie russe que les Occidentaux veulent sanctionner.

"Tout le monde l'a remarqué", tonne Oleg, retraité de 62 ans: les prix des carburants vont crescendo à la pompe. Au 1er septembre, l'essence au détail coûtait 6,7% de plus que fin 2024, selon Rosstat, l'agence nationale des statistiques.

Ce renchérissement s'inscrit dans un contexte de hausse générale des prix, avec une inflation annuelle qui a été de 8,14% en août, à l'heure où la Russie intensifie l'offensive qu'elle a lancée en 2022 en Ukraine.

Début septembre, le prix de la tonne d'AI-95, l'un des carburants sans-plomb les plus populaires en Russie, s'est envolé pour atteindre plus de 82.000 roubles (environ 826 euros), tutoyant des records, selon les données de la bourse de Saint-Pétersbourg.

Et depuis le début de l'été, les réseaux sociaux sont saturés de vidéos montrant des files d'attente devant les stations-service de l'Extrême-Orient russe, en Crimée - région que la Russie a annexée au détriment de Kiev en 2014 -, et dans certaines régions du sud proches de l'Ukraine, pour cause de pénurie.

Mercredi, le média Izvestia évoquait des "interruptions d'approvisionnement" dans "plus de dix régions" de Russie, l'un des principaux producteurs de pétrole au monde.

Raffineries frappées 

A Moscou, vitrine de la Russie, pas de pénurie mais une hausse qui a propulsé le litre de sans-plomb 95 à plus de 66 roubles (0,67 euro). Ce prix, qui reste bien inférieur à ceux affichés dans de nombreux pays européens, surprend le consommateur russe, habitué à ne pas payer cher l'essence et au revenu moyen moindre.

Artiom, un Moscovite qui ne souhaite pas donner son nom de famille, observe cette augmentation "depuis le début de l'année". "Pour des personnes ordinaires, 300 ou 400 roubles en plus par plein (3 à 4 euros, ndlr), cela commence à être sensible", dit-il.

Sur le site Gazeta.ru, Igor Iouchkov, analyste au Fonds national de sécurité énergétique, met en avant l'augmentation d'"environ 16%" du droit d'accise (impôt indirect) depuis le 1er janvier et la baisse de subsides versés aux compagnies pétrolières.

Car, comme l'explique à l'AFP Sergueï Teriochkine, expert en questions énergétiques, "plus les subventions sont faibles, plus la rentabilité est faible", ce qui pousse les pétroliers à "répercuter" ces pertes sur les prix au détail.

La demande a, elle, été dopée par les départs en vacances et les engins agricoles.

Restent - surtout - les frappes contre les raffineries et dépôts de pétrole que l'Ukraine a multipliées afin de toucher Moscou au portefeuille et d'entraver sa capacité à financer son offensive.

"Les frappes ont ciblé de grandes raffineries dans la partie européenne de la Russie", notamment dans les régions de Samara, Riazan, Volgograd et Rostov, énumère Alexandre Kots, journaliste russe spécialiste des questions militaires, sur Telegram.

"Ce n'est rien!" 

L'une de ces attaques, à la mi-août, a touché la raffinerie de Syzran, dans la région de Samara, selon l'état-major ukrainien. Le complexe se trouve à plus de 800 km de la frontière ukrainienne. Il est présenté par Kiev comme le "plus important du système Rosneft", géant russe des hydrocarbures.

Moscou n'a pas quantifié l'impact de ces frappes, mais dans le journal Kommersant, l'analyste Maxime Diatchenko parle d'une baisse de la production "de près de 10%" depuis le début de l'année.

"C'est rien!", assure Alexandre, un homme d'affaires moscovite, après avoir rempli le réservoir de sa berline allemande. "Une frappe, deux frappes, trois frappes, ça n'est rien pour le marché en général ou pour les prix".

"Le pays a besoin d'argent. L'augmentation du prix de l'essence, c'est une façon d'augmenter le revenu de l'Etat", estime de son côté Vladimir, un Moscovite de 50 ans.

Pour tenter de stabiliser la situation, Moscou a prolongé une interdiction d'"exporter de l’essence pour les automobiles" jusque fin octobre.

La Russie reste par ailleurs un exportateur majeur de pétrole brut, des exportations que les Occidentaux entendent étouffer pour tarir une des principales sources de financement de l'offensive russe en Ukraine, pays qui compte l'Union européenne comme principale alliée.