En bannissant Trump, Twitter relance le débat sur la régulation des géants du net

Le compte Twitter du président américain Donald Trump apparaît suspendu sur un écran d'iPhone. (AFP)
Le compte Twitter du président américain Donald Trump apparaît suspendu sur un écran d'iPhone. (AFP)
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Publié le Lundi 11 janvier 2021

En bannissant Trump, Twitter relance le débat sur la régulation des géants du net

  • La décision de Twitter de suspendre «de façon permanente» le compte personnel du président républicain (88 millions d'abonnés) est «un tremblement de terre», estime auprès de l'AFP l'universitaire Florence G'sell, spécialiste du droit numérique
  • Une mesure unilatérale justifiée par un «risque de nouvelles incitations à la violence» deux jours après l'assaut du Capitole par ses partisans, rapidement suivie par Facebook, Instagram et Snapchat, et qui a provoqué une pluie de réactions

PARIS : Bannir Trump de Twitter est «problématique»: ce n'est pas un partisan du président sortant américain qui l'écrit mais la chancelière Angela Merkel, l'une des nombreuses réactions provoquées par la spectaculaire décision du réseau social, qui a relancé un débat international sur la régulation des géants du net.

Un «tremblement de terre»

La décision de Twitter de suspendre «de façon permanente» le compte personnel du président républicain (88 millions d'abonnés) est «un tremblement de terre», estime auprès de l'AFP l'universitaire Florence G'sell, spécialiste du droit numérique.

Une mesure unilatérale justifiée par un «risque de nouvelles incitations à la violence» deux jours après l'assaut du Capitole par ses partisans, rapidement suivie par Facebook, Instagram et Snapchat, et qui a provoqué une pluie de réactions à l'échelle mondiale, relançant le débat sur la puissance et la régulation des géants du net.

Et les critiques ne sont pas venues que des partisans du président républicain.

La chancelière allemande Angela Merkel a jugé «problématique» cette éviction des principales plateformes numérique, a indiqué lundi son porte-parole. «Il est possible d'interférer dans la liberté d'expression, mais selon les limites définies par le législateur, et non par la décision d'une direction d'entreprise», a-t-il ajouté.

«La régulation des géants du numérique ne peut pas se faire par l'oligarchie numérique elle-même», a déploré le ministre français de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire. 

L'opposant russe Alexeï Navalny a dénoncé  - sur Twitter - «un acte de censure» basé sur «l'émotion et des préférences politiques». Kate Ruane de la puissante association américaine de défense des droits civiques ACLU a elle estimé «que tout le monde devrait s'inquiéter quand ces entreprises ont le pouvoir de retirer des personnes de leurs plateformes qui sont devenues indispensables à l'expression de milliards d'individus».

«11 septembre des réseaux sociaux» 

Le commissaire européen Thierry Breton, qui a présenté mi-décembre deux projets européens de législation pour tenter de mettre fin aux dérives des géants du numérique, a de son côté comparé la décision de Twitter à un «11 septembre des réseaux sociaux».

Depuis leur création, les réseaux sociaux se sont toujours abrités derrière la Section 230 du «Communications Decency Act» de la législation américaine, qui empêche les poursuites judiciaires liées aux contenus publiés par des tiers et les exonère de responsabilité civile et pénale en ne retenant que leur rôle d'hébergeur.

«Le dogme de la section 230, qui est le dogme sur lequel les réseaux sociaux ont constitué leur force depuis 2000 (...) vient de s'effondrer, et c'est un monument qui s'effondre dans l'espace informationnel», a déclaré le commissaire européen lundi. «Pour la première fois dans l'histoire des réseaux sociaux, cet acte reconnaît donc par ceux qui sont les principaux acteurs qu'ils ont une responsabilité éditoriale».

«C'est une censure encadrée par les conditions générales» des réseaux sociaux, dont ces derniers restent seuls maîtres,  nuance l'avocate spécialiste du numérique Christiane Féral-Schuh. «Aux Etats-Unis, le 1er amendement protège les citoyens américains contre toute atteinte à leur liberté d'expression, mais la Cour Suprême a également considéré que les acteurs privés pouvaient modérer comme ils le voulaient leurs espaces de discussions», rappelle-t-elle, interrogée par l'AFP.

Quel encadrement législatif?

«Cela donne une justification totale à ce que nous avons fait depuis un an, cette régulation des réseaux sociaux (...) qui répond très précisément à ce type de questions. Et si jamais elle était mise en œuvre, jamais ce qui s'est passé aux Etats-Unis n'aurait pu se produire», a assuré M. Breton lundi auprès de journalistes.

«Les textes législatifs ne suffiront pas à réguler le problème», estime au contraire Christiane Féral-Schuhl. «Il y a un problème transnational et on a besoin de collaborer avec ces acteurs, sous le contrôle a posteriori du juge, puis de faire appliquer ces décisions à l'intérieur de nos frontières».

Reste donc à savoir ce que fera l'administration Biden, après une audition particulièrement tendue en novembre des fondateurs de Facebook et Twitter au Sénat américain, autour de la désormais fameuse «section 230».

Pour Florence G'sell, «ce qui est prévu en Europe et qui pourrait beaucoup intéresser les Américains, c'est de mettre en place une procédure dans la mise en œuvre des décisions de modération, une faculté de contestation de ces décisions, et la possibilité de saisir une instance tierce pour régler le litige».

Pour cela «il faut légiférer» en Europe comme aux Etats-Unis, et «clarifier quel régime s'applique aux responsables politiques, mais aussi plus largement à tous les acteurs du débat public», explique-t-elle. «Je pense que les plates-formes sont prêtes à collaborer. Mais il ne faut pas être naïf, il y a des enjeux financiers énormes, elles ont beaucoup profité de la polarisation».

             


Trump a écrit au président israélien pour lui demander de gracier Netanyahu

Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
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  • "Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël
  • "Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu

JERUSALEM: Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence.

M. Herzog a reçu "ce matin" une lettre de Donald Trump, "l'invitant à envisager d'accorder une grâce" à M. Netanyahu, détaille un communiqué du bureau présidentiel, qui précise que "toute personne souhaitant obtenir une grâce présidentielle doit présenter une demande officielle".

M. Netanyahu est poursuivi dans son pays pour corruption et est régulièrement entendu dans le cadre d'au moins trois procédures judiciaires, dans lesquels aucun jugement n'a encore été rendu.

"Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël, "sa contribution considérable au retour des otages, à la refonte de la situation au Moyen-Orient et à Gaza en particulier, et à la garantie de la sécurité de l'Etat d'Israël", précise le communiqué.

Aussitôt plusieurs personnalités politiques israéliennes ont réagi.

"Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu.

Une députée également d'extrême-droite mais dans l'opposition, Yulia Malinovsky, du parti Israel Beitenou ("Israël est notre maison" en hébreu), a de son côté suggéré que le président américain faisait cette demande dans le cadre d'un accord avec M. Netanyahu sur des sujets relatifs au cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Quant au dirigeant de l'opposition, Yaïr Lapid, du parti centriste Yesh Atid ("il y a un futur", en hébreu), il a taclé M. Netanyahu en écrivan sur X: "rappel: la loi israélienne stipule que la première condition pour obtenir une grâce est l'aveu de culpabilité et l'expression de remords pour les actes commis".

Lors d'un discours au Parlement israélien le 13 octobre, M. Trump avait déjà suggéré qu'une grâce lui soit accordée.

"J'ai une idée. Monsieur le président (Isaac Herzog), pourquoi ne pas lui accorder une grâce? Ce passage n'était pas prévu dans le discours (...) Mais j'aime bien ce monsieur", avait dit le président américain dans son allocution, mettant en avant qu'il a été "l'un des plus grands" dirigeants "en temps de guerre".

 


Famine: l'ONU alerte sur «16 zones critiques» où la situation s'aggrave

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.  L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".  Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations. L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante". Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
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  • Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue
  • "Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM

ROME: Des millions de personnes supplémentaires dans le monde pourraient être confrontées à la famine ou au risque de famine, ont averti mercredi les deux organes de l'ONU dédiés à l'alimentation et à l'agriculture, dans un contexte tendu par la limitation des financements.

Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue.

"Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM, tous deux basés à Rome, dans un communiqué commun.

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.

L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".

Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh.

"Nous sommes au bord d'une catastrophe alimentaire totalement évitable qui menace de provoquer une famine généralisée dans de nombreux pays", a mis en garde Cindy McCain, directrice générale du PAM, citée dans le communiqué, ajoutant que "ne pas agir maintenant ne fera qu'aggraver l'instabilité".

Le financement de l'aide humanitaire est "dangereusement insuffisant", alerte également le rapport, précisant que sur les 29 milliards de dollars nécessaires pour venir en aide aux populations vulnérables, seuls 10,5 milliards ont été reçus, précipitant notamment l'aide alimentaire aux réfugiés "au bord de la rupture".

Le PAM indique avoir réduit son assistance aux réfugiés et aux personnes déplacées en raison des coupes budgétaires et suspendu les programmes d'alimentation scolaire dans certains pays.

La FAO prévient de son côté que les efforts pour protéger les moyens de subsistance agricoles sont menacés et alerte sur la nécessité d'un financement urgent pour les semences et les services de santé animale.

"La prévention de la famine n’est pas seulement un devoir moral – c’est un investissement judicieux pour la paix et la stabilité à long terme", a rappelé le directeur général de la FAO, Qu Dongyu.

 


UE: quatre pays bénéficiaires de l'aide à la répartition des migrants

Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
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  • La Commission européenne propose de relocaliser au moins 30.000 demandeurs d’asile depuis l’Italie, l’Espagne, la Grèce et Chypre vers d’autres États membres pour alléger la pression migratoire sur ces pays
  • Les 27 pays de l’UE doivent désormais négocier : chaque État devra soit accueillir des migrants, soit verser 20.000 € par personne — un débat déjà tendu entre pays réticents

BRUXELLES: La Commission européenne a annoncé mardi que l'Italie, l'Espagne, la Grèce et Chypre devraient recevoir de l'aide pour répartir ailleurs au moins 30.000 demandeurs d'asile et ainsi alléger la "pression migratoire" pesant sur ces pays.

Cette annonce va ouvrir des négociations délicates entre les 27 États membres de l'Union européenne (UE), dont nombre d'entre eux se montrent réticents à l'idée d'en accueillir.

L'UE a adopté en 2024 une réforme de sa politique sur la migration et l'asile, qui va bientôt entrer en vigueur.

L'élément clé est un nouveau système de "solidarité" visant à aider les pays méditerranéens considérés par Bruxelles comme étant sous "pression migratoire".

Les autres pays devront soit accueillir une partie des demandeurs d'asile en provenance de ces pays, soit leur verser une aide financière de 20.000 euros par migrant.

Les États membres ont cherché à influencer la décision de la Commission, ce qui a retardé son annonce d'un mois.

"La Grèce et Chypre subissent une forte pression migratoire du fait du niveau disproportionné des arrivées au cours de l'année écoulée", a déclaré mardi la Commission dans un communiqué.

"L'Espagne et l'Italie subissent également une forte pression migratoire du fait d'un nombre disproportionné d'arrivées à la suite d'opérations de sauvetage et de recherche en mer durant la même période", a-t-elle ajouté.

Cette annonce servira de base aux négociations entre États membres sur le nombre supplémentaire de demandeurs d'asile que chacun est disposé à accueillir, ou le montant de l'aide financière qu'il est prêt à apporter.

Certains pays ont déjà assuré qu'ils n'accueilleraient personne dans le cadre de ce dispositif et qu'ils se limiteraient à verser de l'argent.

Au moins 30.000 migrants devront être "relocalisés" chaque année dans le cadre du nouveau système. Le nombre définitif reste à déterminer, et la décision de qui ira où doit être prise d'ici fin décembre.